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Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
densnewzealand a écrit:Merci encore à Scalp de nous proposer tous ces articles sur le site.
Bon si je résume , un point attire mon attention entre autres, et les sujets sont nombreux, le concensus est le suivant, pas de descente cette année, et top 16 pour les recettes la saison suivante. Celà dit c'est pas le plus compliqué à trouver.
Mais pour le haut du championnat et sa fin, on fait comment ?. Et si on ne peux pas reprendre? Je sais il y à pire en ce moment, j'ai lu une option qui mérite débat, pas de titre attribué mais conservation des points acquis et reprise de la prochaine saison avec le classement actuel , donc un titre sur deux ans. Cà permet une équité sportive, le soucis dans le cas d'un top 16 cette option n'est pas possible. Bon çà va pas etre simple, j'en conviens.
La solution de reprendre avec les points de cette année me parait intéressante...
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Re: Rugby et Coronavirus
Ovale Masqué vous fait découvrir le meilleur film sur le rugby de tous les temps…
https://actu.fr/sports/rugby/pro/ovale-masque-vous-fait-decouvrir-meilleur-film-sur-rugby-tous-temps_32446584.html
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Re: Rugby et Coronavirus
Coronavirus : le directeur général de la Premiership veut que la saison aille à son terme
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Coronavirus-le-directeur-general-de-la-premiership-veut-que-la-saison-aille-a-son-terme/1121923
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/france/2020/03/23/chloroquine-la-presomption-d-antidote_1782819
Chloroquine, la présomption d’antidote
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Le professeur Didier Raoult, lundi à Marseille. Photo Olivier Monge. Myop
Une molécule utilisée contre le paludisme est-elle efficace contre le Covid-19 ? C’est ce qu’affirment certains médecins et politiques qui, face à l’urgence, veulent l’administrer immédiatement à des patients. Sans même attendre les résultats de l’essai clinique européen qui vient d’être lancé.
On ne parle que d’elle, on y croit fort. Et en cette seconde semaine de confinement généralisé, alors que la France compte désormais 860 morts (186 de plus en vingt-quatre heures) et plus de 2 000 patients en réanimation, la chloroquine est à deux doigts d’être présentée comme le remède miracle contre le coronavirus, et des grincheux retarderaient coupablement sa distribution alors que l’hécatombe se poursuit. Ainsi, tout ce week-end et encore lundi, des déclarations définitives se sont multipliées sur cette molécule largement utilisée à travers le monde depuis cinquante ans pour ses vertus antipaludéennes, ainsi que pour le traitement de maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a exhorté dimanche le gouvernement à ne pas «prendre de retard» et à prescrire le médicament «en milieu hospitalier». Le maire de Nice, Christian Estrosi (LR), lui-même contaminé par le coronavirus, a dit le même jour qu’il avait «envie qu’on fasse confiance» au Pr Didier Raoult, le promoteur acharné de ce traitement (lire son portrait page 4). Plusieurs services hospitaliers ont expliqué qu’ils allaient désormais le prescrire.
Le Haut Conseil de santé publique a cependant recommandé de ne pas utiliser la chloroquine, sauf dans les formes graves, a fait savoir lundi soir Olivier Véran. Le ministre de la Santé était déjà resté prudent samedi : «Aujourd’hui, je n’ai aucune donnée suffisamment validée scientifiquement, médicalement, pour tendre à une recommandation. Si les résultats étaient concluants, tout est prêt pour aller vers une voie thérapeutique.» Et de mettre en garde : «L’histoire de maladies virales est peuplée de fausses bonnes nouvelles, peuplée de déceptions, de prises de risques inconsidérées aussi.»
Contre-pied et nouvel essai
Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a pour sa part confirmé qu’un vaste essai clinique européen permettrait d’étudier les éventuels effets de l’hydroxychloroquine (un dérivé de la chloroquine) sur les malades du Covid-19. Jamais en reste, le Pr Didier Raoult a annoncé qu’il n’attendrait pas les résultats. «Je m’en fiche, a-t-il affirmé dimanche dans le Parisien. Comme n’importe quel docteur, à partir du moment où l’on a montré qu’un traitement était efficace, je trouve immoral de ne pas l’administrer. C’est aussi simple que ça.»
L’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille que dirige Didier Raoult a annoncé le même jour que serait proposé «un traitement par l’association hydroxychloroquine + azithromycine pour tous les patients infectés au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic». Au passage, le médecin prend ouvertement le contre-pied de la doctrine nationale en matière de tests, en promettant dans son communiqué de tester chaque malade fébrile. Depuis le début de la crise, il critique, de fait, vertement la stratégie française : «On a pris une stratégie qui n’est pas la stratégie du reste du monde technologique. Qui est très basse. Qui est de très peu tester.» Fort de la capacité de tests inégalée en France de son IHU (1 500 dépistages par jour, là où la capacité nationale atteint environ 4 000 tests), lui se targue de dépister plus de monde, et pas seulement les cas graves. Son modèle, c’est Séoul. «Ils ont réussi à maîtriser l’épidémie en faisant ça : dépistage, traitement.» Exactement ce qu’il promet aujourd’hui. Résultat, dès lundi matin, une foule s’est pressée devant l’IHU (lire ci-contre).
De fait, rien n’empêche Raoult d’administrer le traitement avant qu’il ne soit validé par les autorités sanitaires. «Chaque médecin a ses convictions médicales, scientifiques, personnelles», explique un soignant d’un hôpital parisien. «Aujourd’hui, tous les médecins sont habilités à prescrire du Plaquénil [nom sous lequel est commercialisée l’hydroxychloroquine, ndlr], confirme la Direction générale de la santé. Il faut qu’ils précisent que c’est hors "autorisation de mise sur le marché". Le médecin prend donc toute la responsabilité s’il y a un souci.»
Depuis lundi matin, la communauté scientifique est en tout cas passée à l’attaque. Un essai clinique européen contre le Covid-19 a été lancé, destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux, dont la chloroquine. Ce sera un essai majeur, qui inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères. Baptisé Discovery et coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium Reacting, il est piloté par Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. «Nous avons analysé les données issues de la littérature scientifique concernant les coronavirus Sars et Mers ainsi que les premières publications sur le Sars-CoV2 émanant de la Chine pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester : le remdésivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et l’hydroxychloroquine», précise l’Inserm.
L’essai se veut à l’image de la situation, monté dans l’urgence, mais pouvant s’adapter. «Très rapidement, les traitements expérimentaux inefficaces dans l’essai pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche. Nous pourrons réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades», explique Florence Ader.
Formellement, il est prévu d’inclure 3 200 patients européens. «Cinq hôpitaux français participeront au départ, puis nous ouvrirons d’autres centres pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements. Avec cet essai, nous aurons des bases solides pour privilégier telle ou telle straté gie thérapeutique, sans pour autant traîner en route», insiste l’Inserm.
Histoire d’une controverse
La controverse autour de l’hydroxychloroquine a débuté en février. La France ne connaît alors que quelques cas isolés de Covid-19. Dans une «lettre» publiée par le journal BioScience Trends, deux chercheurs de l’université de Qingdao, en Chine, recommandent d’utiliser la molécule contre le nouveau coronavirus. Ils s’appuient sur un autre article affirmant que des tests in vitro ont montré l’efficacité de la chloroquine contre l’infection. La nouvelle est relayée en France par Didier Raoult, qui fait alors la tournée des médias. Aux Echos, il explique : «Finalement, cette infection est peut-être la plus simple et la moins chère à soigner de toutes les infections virales.»
L’espoir est là mais reste assez flou, sans données chiffrées. Fin février, Zhong Nanshan, un conseiller médical du gouvernement chinois, précise néanmoins que le coronavirus serait devenu indétectable en quatre jours chez des malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire de vingt jours).
En France, le 26 février, le ministère de la Santé tempère, explique «qu’aucune étude rigoureuse, publiée dans une revue internationale à comité de lecture indépendant, ne démontre l’efficacité de la chloroquine pour lutter contre l’infection au coronavirus chez l’être humain.» De remède miracle, la chloroquine vire à la quasi-fake news. Dans un article sur la recherche d’un remède contre le Covid-19, Libé cite le professeur Xavier Lescure, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat de Paris : «Un médecin doit être un saint Thomas. Il doit s’appuyer sur des faits, et là, je n’en vois pas la couleur. Par expérience, j’observe que, quand des chercheurs démontrent l’efficacité d’un traitement, ils publient leurs résultats bruts, pas de simples recommandations de traitement, comme c’est le cas. J’attends des preuves.» Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, dit aussi ses réserves : «Ce que l’on peut dire à l’heure actuelle, c’est que la molécule est active sur le virus in vitro. Mais il n’y a aucune donnée scientifiquement prouvée soutenant l’usage de la chloroquine chez les malades.»
Didier Raoult contre-attaque. Dans 20 Minutes, il lâche, vertement : «Les ragots des uns et des autres, je m’en fous. Ça ne m’intéresse pas. […] Quand on a montré qu’un médicament marchait sur une centaine de personnes alors que tout le monde est en train de faire une crise de nerfs, et qu’il y a des andouilles qui disent qu’on n’est pas sûr que ça marche, ça ne m’intéresse pas !» Et il souligne l’urgence : «On commence à avoir des cas en France, donc il faut trouver des solutions pour les traiter. On n’a pas le temps long nécessaire aux publications scientifiques et aux études cliniques.» Le 5 mars, son projet de recherche est accepté par l’Agence nationale de sécurité du médicament : 24 malades seront traités à l’hydroxychloroquine à la Timone.
Disparition du virus ?
Dix jours plus tard, c’est un Didier Raoult triomphant qui prend la parole pour présenter ses premiers résultats. Deux groupes de patients ont été testés, explique-t-il : des patients n’ayant pas reçu de traitement à Avignon et Nice et 24 patients ayant été traités au Plaquénil. Au bout de six jours, 90 % des patients de Nice et Avignon étaient encore porteurs du Sars-CoV-2, contre 25 % de ceux traités au Plaquénil. Ce qui signifie, assure l’équipe de Raoult, que 75 % des patients étaient guéris grâce à la chloroquine.
L’essai clinique est vivement critiqué par une partie du monde scientifique, pour la manière dont les résultats ont été publiés ou encore (et surtout) parce que l’essai ne portait que sur un nombre réduit de patients. Et on pointe la pauvreté des données : on ne sait de rien des malades, ni de leur situation clinique au moment où a commencé le traitement. Quant aux groupes témoins, ils ont été constitués à la va-vite, «sans que cela ne permette la moindre conclusion», lâche un chef de service parisien. Surtout, on note que dans le groupe des patients traités, quatre ont tout de même dû aller en réa.
Il n’empêche, l’opinion veut y croire. Les réticences ? De la mauvaise prudence. Il est vrai que l’épidémie se répand, que les morts commencent à abonder. Surtout, les positions de certains, au départ sceptiques, évoluent. Ainsi, Alexandre Bleibtreu, de la Pitié-Salpêtrière, opère le 12 mars sur Twitter une spectaculaire volte-face : «Chers tous, pour être transparent, j’ai dit il y a deux semaines que les données dispo sur chloroquine étaient "bullshit". A l’époque, c’était vrai. De nouvelles données venant de Marseille contredisent ce que j’ai dit et ce que je pensais.» Et d’annoncer le début du traitement par Plaquénil à la Pitié-Salpêtrière. A Libération, il explique que la molécule est désormais utilisée sur presque tous les patients hospitalisés dans son service (une cinquantaine), sauf ceux qui refusent ou qui présentent des contre-indications. D’après un autre infectiologue, d’autres médecins ont recours au traitement, sans en faire publicité et sans forcément avoir attendu les travaux du professeur marseillais.
Incertitudes
Côté autorités, les premiers résultats de Didier Raoult sont accueillis avec prudence. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, indiquait mardi dernier que «le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques, pour autant, nous n’avons pas de preuve scientifique que ce traitement fonctionne.» Et le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur du consortium pluridisciplinaire Reacting, fait part à Libé «des problèmes d’interactions médicamenteuses avec d’autres traitements chez des patients en réanimation, et l’existence d’effets secondaires de la chloroquine». Des interrogations légitimes mais qui résistent mal à la pression médiatique et à l’engouement mondial. «Même Donald Trump a tweeté sur les résultats de nos essais», se félicite Didier Raoult, zappant que le président américain a aussitôt été contredit dans son enthousiasme par son conseiller (et éminent immunologiste) Anthony Fauci.
L’essai européen va apporter rapidement des réponses, mais surtout des précisions. Car bien des questions se posent : au-delà de l’éventuelle preuve d’une efficacité antivirale de l’hydroxychloroquine, comment le prescrire ? En prévention pour empêcher la reprise de la transmission, en traitement de la maladie grave ? Et, surtout, quelle molécule choisir ? «Dire aujourd’hui à tous qu’il faut absolument prendre ce traitement miracle me semble dangereux car cela risque d’engendrer une pénurie qui pourrait avoir un impact sur les patients qui en auraient le plus besoin», s’inquiète encore un infectiologue. D’autant que depuis l’annonce des résultats de Didier Raoult, les stocks de Plaquénil ont fondu comme neige au soleil dans certains hôpitaux et pharmacies.
Eric Favereau , Service Checknews
Chloroquine, la présomption d’antidote
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Le professeur Didier Raoult, lundi à Marseille. Photo Olivier Monge. Myop
Une molécule utilisée contre le paludisme est-elle efficace contre le Covid-19 ? C’est ce qu’affirment certains médecins et politiques qui, face à l’urgence, veulent l’administrer immédiatement à des patients. Sans même attendre les résultats de l’essai clinique européen qui vient d’être lancé.
On ne parle que d’elle, on y croit fort. Et en cette seconde semaine de confinement généralisé, alors que la France compte désormais 860 morts (186 de plus en vingt-quatre heures) et plus de 2 000 patients en réanimation, la chloroquine est à deux doigts d’être présentée comme le remède miracle contre le coronavirus, et des grincheux retarderaient coupablement sa distribution alors que l’hécatombe se poursuit. Ainsi, tout ce week-end et encore lundi, des déclarations définitives se sont multipliées sur cette molécule largement utilisée à travers le monde depuis cinquante ans pour ses vertus antipaludéennes, ainsi que pour le traitement de maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a exhorté dimanche le gouvernement à ne pas «prendre de retard» et à prescrire le médicament «en milieu hospitalier». Le maire de Nice, Christian Estrosi (LR), lui-même contaminé par le coronavirus, a dit le même jour qu’il avait «envie qu’on fasse confiance» au Pr Didier Raoult, le promoteur acharné de ce traitement (lire son portrait page 4). Plusieurs services hospitaliers ont expliqué qu’ils allaient désormais le prescrire.
Le Haut Conseil de santé publique a cependant recommandé de ne pas utiliser la chloroquine, sauf dans les formes graves, a fait savoir lundi soir Olivier Véran. Le ministre de la Santé était déjà resté prudent samedi : «Aujourd’hui, je n’ai aucune donnée suffisamment validée scientifiquement, médicalement, pour tendre à une recommandation. Si les résultats étaient concluants, tout est prêt pour aller vers une voie thérapeutique.» Et de mettre en garde : «L’histoire de maladies virales est peuplée de fausses bonnes nouvelles, peuplée de déceptions, de prises de risques inconsidérées aussi.»
Contre-pied et nouvel essai
Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a pour sa part confirmé qu’un vaste essai clinique européen permettrait d’étudier les éventuels effets de l’hydroxychloroquine (un dérivé de la chloroquine) sur les malades du Covid-19. Jamais en reste, le Pr Didier Raoult a annoncé qu’il n’attendrait pas les résultats. «Je m’en fiche, a-t-il affirmé dimanche dans le Parisien. Comme n’importe quel docteur, à partir du moment où l’on a montré qu’un traitement était efficace, je trouve immoral de ne pas l’administrer. C’est aussi simple que ça.»
L’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille que dirige Didier Raoult a annoncé le même jour que serait proposé «un traitement par l’association hydroxychloroquine + azithromycine pour tous les patients infectés au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic». Au passage, le médecin prend ouvertement le contre-pied de la doctrine nationale en matière de tests, en promettant dans son communiqué de tester chaque malade fébrile. Depuis le début de la crise, il critique, de fait, vertement la stratégie française : «On a pris une stratégie qui n’est pas la stratégie du reste du monde technologique. Qui est très basse. Qui est de très peu tester.» Fort de la capacité de tests inégalée en France de son IHU (1 500 dépistages par jour, là où la capacité nationale atteint environ 4 000 tests), lui se targue de dépister plus de monde, et pas seulement les cas graves. Son modèle, c’est Séoul. «Ils ont réussi à maîtriser l’épidémie en faisant ça : dépistage, traitement.» Exactement ce qu’il promet aujourd’hui. Résultat, dès lundi matin, une foule s’est pressée devant l’IHU (lire ci-contre).
De fait, rien n’empêche Raoult d’administrer le traitement avant qu’il ne soit validé par les autorités sanitaires. «Chaque médecin a ses convictions médicales, scientifiques, personnelles», explique un soignant d’un hôpital parisien. «Aujourd’hui, tous les médecins sont habilités à prescrire du Plaquénil [nom sous lequel est commercialisée l’hydroxychloroquine, ndlr], confirme la Direction générale de la santé. Il faut qu’ils précisent que c’est hors "autorisation de mise sur le marché". Le médecin prend donc toute la responsabilité s’il y a un souci.»
Depuis lundi matin, la communauté scientifique est en tout cas passée à l’attaque. Un essai clinique européen contre le Covid-19 a été lancé, destiné à évaluer quatre traitements expérimentaux, dont la chloroquine. Ce sera un essai majeur, qui inclura au moins 800 patients français atteints de formes sévères. Baptisé Discovery et coordonné par l’Inserm dans le cadre du consortium Reacting, il est piloté par Florence Ader, infectiologue dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon. «Nous avons analysé les données issues de la littérature scientifique concernant les coronavirus Sars et Mers ainsi que les premières publications sur le Sars-CoV2 émanant de la Chine pour aboutir à une liste de molécules antivirales à tester : le remdésivir, le lopinavir en combinaison avec le ritonavir, ce dernier traitement étant associé ou non à l’interféron bêta, et l’hydroxychloroquine», précise l’Inserm.
L’essai se veut à l’image de la situation, monté dans l’urgence, mais pouvant s’adapter. «Très rapidement, les traitements expérimentaux inefficaces dans l’essai pourront être abandonnés et remplacés par d’autres molécules qui émergeront de la recherche. Nous pourrons réagir en temps réel, en cohérence avec les données scientifiques les plus récentes, afin de mettre en évidence le meilleur traitement pour nos malades», explique Florence Ader.
Formellement, il est prévu d’inclure 3 200 patients européens. «Cinq hôpitaux français participeront au départ, puis nous ouvrirons d’autres centres pour arriver au moins à une vingtaine d’établissements. Avec cet essai, nous aurons des bases solides pour privilégier telle ou telle straté gie thérapeutique, sans pour autant traîner en route», insiste l’Inserm.
Histoire d’une controverse
La controverse autour de l’hydroxychloroquine a débuté en février. La France ne connaît alors que quelques cas isolés de Covid-19. Dans une «lettre» publiée par le journal BioScience Trends, deux chercheurs de l’université de Qingdao, en Chine, recommandent d’utiliser la molécule contre le nouveau coronavirus. Ils s’appuient sur un autre article affirmant que des tests in vitro ont montré l’efficacité de la chloroquine contre l’infection. La nouvelle est relayée en France par Didier Raoult, qui fait alors la tournée des médias. Aux Echos, il explique : «Finalement, cette infection est peut-être la plus simple et la moins chère à soigner de toutes les infections virales.»
L’espoir est là mais reste assez flou, sans données chiffrées. Fin février, Zhong Nanshan, un conseiller médical du gouvernement chinois, précise néanmoins que le coronavirus serait devenu indétectable en quatre jours chez des malades traités par chloroquine (alors que le temps moyen chez des patients dans d’autres études serait de l’ordre de douze, voire de vingt jours).
En France, le 26 février, le ministère de la Santé tempère, explique «qu’aucune étude rigoureuse, publiée dans une revue internationale à comité de lecture indépendant, ne démontre l’efficacité de la chloroquine pour lutter contre l’infection au coronavirus chez l’être humain.» De remède miracle, la chloroquine vire à la quasi-fake news. Dans un article sur la recherche d’un remède contre le Covid-19, Libé cite le professeur Xavier Lescure, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Bichat de Paris : «Un médecin doit être un saint Thomas. Il doit s’appuyer sur des faits, et là, je n’en vois pas la couleur. Par expérience, j’observe que, quand des chercheurs démontrent l’efficacité d’un traitement, ils publient leurs résultats bruts, pas de simples recommandations de traitement, comme c’est le cas. J’attends des preuves.» Alexandre Bleibtreu, infectiologue à la Pitié-Salpêtrière, dit aussi ses réserves : «Ce que l’on peut dire à l’heure actuelle, c’est que la molécule est active sur le virus in vitro. Mais il n’y a aucune donnée scientifiquement prouvée soutenant l’usage de la chloroquine chez les malades.»
Didier Raoult contre-attaque. Dans 20 Minutes, il lâche, vertement : «Les ragots des uns et des autres, je m’en fous. Ça ne m’intéresse pas. […] Quand on a montré qu’un médicament marchait sur une centaine de personnes alors que tout le monde est en train de faire une crise de nerfs, et qu’il y a des andouilles qui disent qu’on n’est pas sûr que ça marche, ça ne m’intéresse pas !» Et il souligne l’urgence : «On commence à avoir des cas en France, donc il faut trouver des solutions pour les traiter. On n’a pas le temps long nécessaire aux publications scientifiques et aux études cliniques.» Le 5 mars, son projet de recherche est accepté par l’Agence nationale de sécurité du médicament : 24 malades seront traités à l’hydroxychloroquine à la Timone.
Disparition du virus ?
Dix jours plus tard, c’est un Didier Raoult triomphant qui prend la parole pour présenter ses premiers résultats. Deux groupes de patients ont été testés, explique-t-il : des patients n’ayant pas reçu de traitement à Avignon et Nice et 24 patients ayant été traités au Plaquénil. Au bout de six jours, 90 % des patients de Nice et Avignon étaient encore porteurs du Sars-CoV-2, contre 25 % de ceux traités au Plaquénil. Ce qui signifie, assure l’équipe de Raoult, que 75 % des patients étaient guéris grâce à la chloroquine.
L’essai clinique est vivement critiqué par une partie du monde scientifique, pour la manière dont les résultats ont été publiés ou encore (et surtout) parce que l’essai ne portait que sur un nombre réduit de patients. Et on pointe la pauvreté des données : on ne sait de rien des malades, ni de leur situation clinique au moment où a commencé le traitement. Quant aux groupes témoins, ils ont été constitués à la va-vite, «sans que cela ne permette la moindre conclusion», lâche un chef de service parisien. Surtout, on note que dans le groupe des patients traités, quatre ont tout de même dû aller en réa.
Il n’empêche, l’opinion veut y croire. Les réticences ? De la mauvaise prudence. Il est vrai que l’épidémie se répand, que les morts commencent à abonder. Surtout, les positions de certains, au départ sceptiques, évoluent. Ainsi, Alexandre Bleibtreu, de la Pitié-Salpêtrière, opère le 12 mars sur Twitter une spectaculaire volte-face : «Chers tous, pour être transparent, j’ai dit il y a deux semaines que les données dispo sur chloroquine étaient "bullshit". A l’époque, c’était vrai. De nouvelles données venant de Marseille contredisent ce que j’ai dit et ce que je pensais.» Et d’annoncer le début du traitement par Plaquénil à la Pitié-Salpêtrière. A Libération, il explique que la molécule est désormais utilisée sur presque tous les patients hospitalisés dans son service (une cinquantaine), sauf ceux qui refusent ou qui présentent des contre-indications. D’après un autre infectiologue, d’autres médecins ont recours au traitement, sans en faire publicité et sans forcément avoir attendu les travaux du professeur marseillais.
Incertitudes
Côté autorités, les premiers résultats de Didier Raoult sont accueillis avec prudence. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, indiquait mardi dernier que «le ministère a souhaité étendre ces essais cliniques, pour autant, nous n’avons pas de preuve scientifique que ce traitement fonctionne.» Et le Pr Yazdan Yazdanpanah, directeur du consortium pluridisciplinaire Reacting, fait part à Libé «des problèmes d’interactions médicamenteuses avec d’autres traitements chez des patients en réanimation, et l’existence d’effets secondaires de la chloroquine». Des interrogations légitimes mais qui résistent mal à la pression médiatique et à l’engouement mondial. «Même Donald Trump a tweeté sur les résultats de nos essais», se félicite Didier Raoult, zappant que le président américain a aussitôt été contredit dans son enthousiasme par son conseiller (et éminent immunologiste) Anthony Fauci.
L’essai européen va apporter rapidement des réponses, mais surtout des précisions. Car bien des questions se posent : au-delà de l’éventuelle preuve d’une efficacité antivirale de l’hydroxychloroquine, comment le prescrire ? En prévention pour empêcher la reprise de la transmission, en traitement de la maladie grave ? Et, surtout, quelle molécule choisir ? «Dire aujourd’hui à tous qu’il faut absolument prendre ce traitement miracle me semble dangereux car cela risque d’engendrer une pénurie qui pourrait avoir un impact sur les patients qui en auraient le plus besoin», s’inquiète encore un infectiologue. D’autant que depuis l’annonce des résultats de Didier Raoult, les stocks de Plaquénil ont fondu comme neige au soleil dans certains hôpitaux et pharmacies.
Eric Favereau , Service Checknews
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/france/2020/03/23/didier-raoult-loin-du-docteur-maboul_1782821
Chloroquine : Didier Raoult, loin du «docteur Maboul»
Par Stéphanie Aubert, Correspondante à Marseille
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Didier Raoult, le 2 mars à Marseille. (Photo Ian Hanning. Rea)
Sous des allures provocatrices et malgré une personnalité iconoclaste, le responsable de l’IHU de Marseille, qui défend un traitement à l’hydroxychloroquine contre le coronavirus, est à la pointe en matière de recherche et fait autorité.
Un groupe Facebook créé samedi, intitulé «Didier Raoult vs Coronavirus» et associé à l’émoji biceps, qui frôle déjà les 70 000 adeptes. Des files d’attente devant l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille en attente d’un dépistage et d’un éventuel traitement. Des candidats aux municipales de Marseille, Martine Vassal (LR) en tête, touchés par le coronavirus qui multiplient sur les réseaux les éloges à leur sauveur. Une pétition lancée sur Change.org - près de 200 000 signatures en quelques heures - réclamant l’application sans délai des préconisations de Didier Raoult. Bref, on assiste ces jours-ci à un emballement généralisé pour le patron de l’IHU, considéré il y a encore peu comme un «docteur Maboul» par de nombreux membres de la communauté scientifique. Lundi, lors d’un entretien téléphonique avec Libération, l’intéressé balayait comme à son habitude les griefs en génie d’une autre planète : «Les médecins qui me critiquent ne sont ni dans mon champ ni dans ma catégorie de poids.» A l’image d’Alexandre Bleibtreu, épidémiologiste à la Pitié-Salpêtrière, auteur d’un spectaculaire mea culpa le 12 mars sur Twitter, ils sont de plus en plus nombreux à se convertir à la religion du professeur et de son équipe.
«Je suis une star mondiale»
Dimanche soir, «conformément au serment d’Hippocrate», ces derniers ont annoncé avoir décidé de tester «tous les malades fébriles» et de traiter ceux qui présentaient des lésions pulmonaires par l’association hydroxychloroquine (un antipaludéen courant) et azithromycine (un antibiotique tout aussi fréquemment prescrit). «Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection au Covid-19 en France», assènent Raoult et ses disciples de l’institut marseillais, à rebours des recommandations ministérielles.
Car s’il fait partie du conseil scientifique constitué par Emmanuel Macron dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Pr Raoult peine manifestement à se faire entendre, ou du moins à convaincre dans les hautes sphères médicales et au plus haut niveau de l’Etat. La faute à une réputation d’électron libre dans le monde pas si feutré de la santé. Un conflit sur le statut des IHU l’aurait notamment opposé à l’ex-patron de l’Inserm Yves Lévy - par ailleurs mari d’Agnès Buzyn. La faute aussi à un physique atypique - cheveux longs, vêtements casual sous la blouse blanche - qui le fait ressembler «au choix à un Gaulois sorti d’Astérix ou un ZZ Top qui aurait posé sa guitare au bord de la route», selon les mots de Jean-Dominique Michel, anthropologue suisse spécialiste des pratiques sanitaires, par ailleurs défenseur de la méthode Raoult.
La faute aussi et beaucoup à son profil de «grande gueule» : Didier Raoult multiplie depuis des semaines les interviews tous azimuts à coups de «je m’en fiche», comme dans le Parisien lundi à propos de la décision du gouvernement de réaliser un essai clinique de grande ampleur sur la chloroquine, ou encore dans la Provence samedi lors d’une interview à forts échos mégalos : «Dans mon monde, je suis une star mondiale, je ne suis pas du tout à contre-courant», clame Raoult, visiblement agacé par ses contradicteurs. «Il a un h-index [classement des chercheurs en fonction de leurs publications, ndlr] colossal, à la hauteur de son immodestie, décrypte un professeur de la Timone. Il a toujours eu la réputation d’être un original tout en étant extrêmement performant en matière de recherche. Il est très provocateur, mais c’est une très grosse pointure.» Provocations ou convictions, le «gourou» de la chloroquine déstabilise par des positions iconoclastes, sur le climat par exemple : il y a quelques années, dans ses chroniques dans le Point, il proclamait : «Halte au catastrophisme !»
Résultats réguliers
Comme manager, sa personnalité peut aussi poser question, voire problème. Une lettre anonyme dénonçant une situation «insupportable et dégradante», «un mal-être au travail», avait déclenché en 2017 une enquête de ses autorités de tutelle et un rapport sévère… Auquel avait répondu une pétition intitulée «Laissez-nous travailler !» - sous-entendu, en paix - initiée par des cadres de l’IHU. La même année, une affaire de harcèlement sexuel avait aussi entaché la réputation de l’institut. Dont on oublierait presque de dire, tant son chef de file le martèle, que scientifiquement parlant, il est l’un des meilleurs du monde et à l’origine de nombreuses découvertes, brevets et traitements.
Avant ça, en 2010, Raoult a été lauréat du grand prix de l’Inserm pour l’ensemble de sa carrière, au cours de laquelle ses travaux sur les virus géants (Mimivirus, découvert en 1992, et Spoutnik, en 2008) ont ouvert un champ de recherche jusque-là inexploré. Deux bactéries portent même un nom inspiré de celui du patron : la famille des Raoultella (responsables d’infections variées) et Rickettsia raoultii (transmise par les tiques et provoquant de fortes fièvres).
L’IHU obtient des résultats réguliers et importants dont son site fait la promotion dans des bulletins d’information surtitrés «Nous avons le droit d’être intelligents»… dans lesquels Raoult est interviewé par un membre de son staff. Prolixe auprès de la presse écrite et des radios, il ne «veut pas aller sur les plateaux de télé» : «Je ne parle pas dans les bistrots», assure-t-il à Libé. Pas forcément besoin, en effet. Sa conférence filmée devant ses étudiants, disponible sur le site de l’IHU, a été largement partagée sur YouTube. Didier Raoult y annonçait dès le 25 février la «fin de partie contre le coronavirus». Si une partie de la communauté scientifique émet encore des doutes, la stratégie médiatique du professeur Raoult est, elle, sans conteste, redoutablement efficace.
Chloroquine : Didier Raoult, loin du «docteur Maboul»
Par Stéphanie Aubert, Correspondante à Marseille
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Didier Raoult, le 2 mars à Marseille. (Photo Ian Hanning. Rea)
Sous des allures provocatrices et malgré une personnalité iconoclaste, le responsable de l’IHU de Marseille, qui défend un traitement à l’hydroxychloroquine contre le coronavirus, est à la pointe en matière de recherche et fait autorité.
Un groupe Facebook créé samedi, intitulé «Didier Raoult vs Coronavirus» et associé à l’émoji biceps, qui frôle déjà les 70 000 adeptes. Des files d’attente devant l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille en attente d’un dépistage et d’un éventuel traitement. Des candidats aux municipales de Marseille, Martine Vassal (LR) en tête, touchés par le coronavirus qui multiplient sur les réseaux les éloges à leur sauveur. Une pétition lancée sur Change.org - près de 200 000 signatures en quelques heures - réclamant l’application sans délai des préconisations de Didier Raoult. Bref, on assiste ces jours-ci à un emballement généralisé pour le patron de l’IHU, considéré il y a encore peu comme un «docteur Maboul» par de nombreux membres de la communauté scientifique. Lundi, lors d’un entretien téléphonique avec Libération, l’intéressé balayait comme à son habitude les griefs en génie d’une autre planète : «Les médecins qui me critiquent ne sont ni dans mon champ ni dans ma catégorie de poids.» A l’image d’Alexandre Bleibtreu, épidémiologiste à la Pitié-Salpêtrière, auteur d’un spectaculaire mea culpa le 12 mars sur Twitter, ils sont de plus en plus nombreux à se convertir à la religion du professeur et de son équipe.
«Je suis une star mondiale»
Dimanche soir, «conformément au serment d’Hippocrate», ces derniers ont annoncé avoir décidé de tester «tous les malades fébriles» et de traiter ceux qui présentaient des lésions pulmonaires par l’association hydroxychloroquine (un antipaludéen courant) et azithromycine (un antibiotique tout aussi fréquemment prescrit). «Nous pensons qu’il n’est pas moral que cette association ne soit pas incluse systématiquement dans les essais thérapeutiques concernant le traitement de l’infection au Covid-19 en France», assènent Raoult et ses disciples de l’institut marseillais, à rebours des recommandations ministérielles.
Car s’il fait partie du conseil scientifique constitué par Emmanuel Macron dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, le Pr Raoult peine manifestement à se faire entendre, ou du moins à convaincre dans les hautes sphères médicales et au plus haut niveau de l’Etat. La faute à une réputation d’électron libre dans le monde pas si feutré de la santé. Un conflit sur le statut des IHU l’aurait notamment opposé à l’ex-patron de l’Inserm Yves Lévy - par ailleurs mari d’Agnès Buzyn. La faute aussi à un physique atypique - cheveux longs, vêtements casual sous la blouse blanche - qui le fait ressembler «au choix à un Gaulois sorti d’Astérix ou un ZZ Top qui aurait posé sa guitare au bord de la route», selon les mots de Jean-Dominique Michel, anthropologue suisse spécialiste des pratiques sanitaires, par ailleurs défenseur de la méthode Raoult.
La faute aussi et beaucoup à son profil de «grande gueule» : Didier Raoult multiplie depuis des semaines les interviews tous azimuts à coups de «je m’en fiche», comme dans le Parisien lundi à propos de la décision du gouvernement de réaliser un essai clinique de grande ampleur sur la chloroquine, ou encore dans la Provence samedi lors d’une interview à forts échos mégalos : «Dans mon monde, je suis une star mondiale, je ne suis pas du tout à contre-courant», clame Raoult, visiblement agacé par ses contradicteurs. «Il a un h-index [classement des chercheurs en fonction de leurs publications, ndlr] colossal, à la hauteur de son immodestie, décrypte un professeur de la Timone. Il a toujours eu la réputation d’être un original tout en étant extrêmement performant en matière de recherche. Il est très provocateur, mais c’est une très grosse pointure.» Provocations ou convictions, le «gourou» de la chloroquine déstabilise par des positions iconoclastes, sur le climat par exemple : il y a quelques années, dans ses chroniques dans le Point, il proclamait : «Halte au catastrophisme !»
Résultats réguliers
Comme manager, sa personnalité peut aussi poser question, voire problème. Une lettre anonyme dénonçant une situation «insupportable et dégradante», «un mal-être au travail», avait déclenché en 2017 une enquête de ses autorités de tutelle et un rapport sévère… Auquel avait répondu une pétition intitulée «Laissez-nous travailler !» - sous-entendu, en paix - initiée par des cadres de l’IHU. La même année, une affaire de harcèlement sexuel avait aussi entaché la réputation de l’institut. Dont on oublierait presque de dire, tant son chef de file le martèle, que scientifiquement parlant, il est l’un des meilleurs du monde et à l’origine de nombreuses découvertes, brevets et traitements.
Avant ça, en 2010, Raoult a été lauréat du grand prix de l’Inserm pour l’ensemble de sa carrière, au cours de laquelle ses travaux sur les virus géants (Mimivirus, découvert en 1992, et Spoutnik, en 2008) ont ouvert un champ de recherche jusque-là inexploré. Deux bactéries portent même un nom inspiré de celui du patron : la famille des Raoultella (responsables d’infections variées) et Rickettsia raoultii (transmise par les tiques et provoquant de fortes fièvres).
L’IHU obtient des résultats réguliers et importants dont son site fait la promotion dans des bulletins d’information surtitrés «Nous avons le droit d’être intelligents»… dans lesquels Raoult est interviewé par un membre de son staff. Prolixe auprès de la presse écrite et des radios, il ne «veut pas aller sur les plateaux de télé» : «Je ne parle pas dans les bistrots», assure-t-il à Libé. Pas forcément besoin, en effet. Sa conférence filmée devant ses étudiants, disponible sur le site de l’IHU, a été largement partagée sur YouTube. Didier Raoult y annonçait dès le 25 février la «fin de partie contre le coronavirus». Si une partie de la communauté scientifique émet encore des doutes, la stratégie médiatique du professeur Raoult est, elle, sans conteste, redoutablement efficace.
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
Scalp- Team modo
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Re: Rugby et Coronavirus
Je mets ici des vidéos suite à l'article de Libé...
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Re: Rugby et Coronavirus
Hello,
La solution de faire la saison sur 2 ans me semble pas mal effectivement.
Il sera toujours possible de rajouter des matchs si besoin de "meubler" ou d'organiser un événement particulier, et le temps dégagé permettrait de travailler, de s'organiser, de remettre les choses à plat, repenser certaines priorités comme les urgences et morts (évitables) actuelles nous le rappellent.
Et surtout ça permet d'anticiper sur le fait que l'on ne peut pas prévoir à un mois près ce qui va se passer.
Merci Scalp !
++
La solution de faire la saison sur 2 ans me semble pas mal effectivement.
Il sera toujours possible de rajouter des matchs si besoin de "meubler" ou d'organiser un événement particulier, et le temps dégagé permettrait de travailler, de s'organiser, de remettre les choses à plat, repenser certaines priorités comme les urgences et morts (évitables) actuelles nous le rappellent.
Et surtout ça permet d'anticiper sur le fait que l'on ne peut pas prévoir à un mois près ce qui va se passer.
Merci Scalp !
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« Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou. » Abraham Maslow
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biscouette- Centre de presse
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Humeur : Consterné par le traitement réservé à MJ, la mentalité d'une partie des commentateurs (journalistes et supporters), etc.
Re: Rugby et Coronavirus
On assiste peut être à une guerre de "chapelles" ce qui n'est pas admissible dans la situation que nous vivons.
léopold- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et Coronavirus
léopold a écrit:On assiste peut être à une guerre de "chapelles" ce qui n'est pas admissible dans la situation que nous vivons.
Si effectivement c'est ça, c'est extrêmement grave, mais dans cette histoire il faut rester très prudent, comme tu dis, peut-être. Je me demande aussi si les Chinois comme le dit Raoult, nous ont dépassés scientifiquement, en virologie et qu'ils méprisent les voix habituelles de publications de leurs études, dans les classique revues de référence anglo-saxonnes. Alors quid de cette étude publiée en Chinois, est-elle de qualité, en tenons-nous compte, ou restons-nous figé dans nos conservatismes.... ?.
Sommes-nous en train de perdre un temps précieux, de perdre des vies, de bousiller notre économie, alors qu'on a une solution, les autorité sanitaires on-t-elles raison d'attendre le résultat de nos études, qui portent aussi sur d'autres molécules ?.
J'aimerais avoir la réponse à ces questions, mais pour l'instant, avec les infos que nous avons, dans ce domaine très spécifique, je trouve qu'il n'y a pas de quoi se forger une opinion solide.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/24/coronavirus-la-chloroquine-testee-avec-prudence-en-chine_6034215_3244.html
Coronavirus : la chloroquine testée avec prudence en Chine
Les chercheurs chinois ont été les premiers à rapporter des effets de l’ancienne molécule contre le SARS-CoV-2. Ils évaluent désormais l’intérêt d’une molécule proche, l’hydroxychloroquine.
Par Frédéric Lemaître Publié aujourd’hui à 10h53, mis à jour à 12h10
Utilisée en Chine depuis les années 1950 essentiellement contre le paludisme, la chloroquine l’est également depuis quelques semaines pour combattre le Covid-19 mais avec précaution. En aucun cas, elle n’est présentée par Pékin comme le remède miracle contre l’épidémie. De fait, en février, un groupe de chercheurs de l’Académie des sciences a déclaré avoir utilisé avec succès la chloroquine contre la reproduction du SARS-CoV-2. Chen Caixian, un académicien, déclare le 12 février que la chloroquine « a de bonnes capacités antivirales contre le coronavirus évaluées in vitro ».
Elle a ensuite été testée auprès de 135 malades se trouvant dans une dizaine d’hôpitaux à Pékin et dans la province du Guangdong. 130 d’entre eux ne présentaient que des symptômes bénins ou modérés, cinq avaient des symptômes sévères. Selon Xu Nanping, vice-ministre des sciences et de la technologie, aucun des 130 patients n’a vu son état s’aggraver. Quatre des cinq patients gravement atteints ont pu sortir de l’hôpital et le cinquième a vu son symptôme régresser de « grave » à « normal ». Par ailleurs, un patient de 54 ans atteint du Covid-19 a été testé négatif après avoir reçu un traitement de phosphate de chloroquine a révélé, le 17 février, Sun Yanrong, la vice-directrice du centre de biologie du ministère des sciences et technologies.
Appel à la vigilance
Le 19 février, la Commission nationale de la santé a introduit la chloroquine parmi les remèdes préconisés pour combattre le coronavirus. Mais aucun des médicaments préconisés ne doit être pris durant plus de dix jours, précise-t-elle. Or, depuis, la Chine se montre prudente. Commentant les essais effectués, Zhong Nanshan, considéré depuis la crise du SRAS comme le principal épidémiologiste chinois, a expliqué que certes des patients avaient été testés négativement, mais que les résultats n’ont pas encore été confirmés par des expériences rigoureusement contrôlées et qu’il est trop tôt pour dire si le médicament est efficace.
Dès le vendredi 21 février, la commission de la santé de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, a prévenu tous les médecins de « surveiller attentivement » les effets secondaires de la chloroquine. L’institut de virologie de l’Académie des sciences a précisé que la dose mortelle se situe entre 2 et 4 grammes par adulte et que « des effets contraires peuvent inclure la mort instantanée ». Les hôpitaux qui mènent ces tests doivent rapporter tout effet contraire.
La commission de la santé du Hubei a toutefois précisé qu’il s’agissait d’un appel à la vigilance et qu’il n’y avait pas eu de décès lié à une surdose de chloroquine. A la suite de la commission du Hubei, la Commission nationale a défini plus strictement, le 29 février, les conditions d’utilisation de la chloroquine. Le médicament ne peut plus être administré notamment aux femmes enceintes, aux personnes ayant des problèmes cardiaques ou des maladies des reins ou du foie. Il peut seulement être donné aux personnes âgées de 18 à 65 ans et durant sept jours.
« Les chercheurs doivent s’autodiscipliner, conduire des essais cliniques de manière rigoureuse et éviter tout conflit d’intérêts » Tong Chaohui, vice-président de l’hôpital de Chaoyang
Les Chinois pouvant se procurer la chloroquine sur Internet, une femme de Wuhan qui croyait, à tort, avoir le coronavirus, a dû être admise en soins intensifs à l’hôpital en raison de problèmes cardiaques, après avoir absorbé 1,8 gramme de chloroquine, a révélé le 25 février le quotidien Thepaper.
Pour Tong Chaohui, vice-président de l’hôpital de Chaoyang, à Pékin, « chaque fois qu’il y a une épidémie, les gens veulent trouver un médicament miracle pour y mettre fin, malheureusement, il n’y a jamais de médicament antiviral miracle. Les chercheurs doivent s’autodiscipliner, conduire des essais cliniques de manière rigoureuse et éviter tout conflit d’intérêts. Plus la situation est difficile, plus les scientifiques doivent protéger, de façon résolue, les fondamentaux de la science et de la médecine », écrit-il dans un journal professionnel repris par le China Daily le 5 mars.
Les scientifiques chinois se tournent désormais vers l’hydroxychloroquine, une molécule proche, destinée à lutter contre des maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et jugée moins susceptible d’induire des effets secondaires graves. C’est cette molécule qui, en France, est préconisée par le professeur Didier Raoult. Deux études récentes, l’une publiée le 9 mars dans Clinical Infectious Diseases, l’autre le 18 mars dans Cell Discovery, décrivent deux essais in vitro (et non sur des malades), qui montrent que l’hydroxychloroquine est elle aussi efficace contre le SARS-CoV-2. Les chercheurs chinois s’interrogent sur son intérêt pour traiter les formes les plus graves de Covid-19 et pour lutter contre des réactions inflammatoires sévères, appelées « orages de cytokines ».
Frédéric Lemaître(Pékin, correspondant)
Les liens vers les études indiquées dans l'article (Clinical Infectious Disease et Cell Discovery)
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/32150618
https://www.nature.com/articles/s41421-020-0156-0
Coronavirus : la chloroquine testée avec prudence en Chine
Les chercheurs chinois ont été les premiers à rapporter des effets de l’ancienne molécule contre le SARS-CoV-2. Ils évaluent désormais l’intérêt d’une molécule proche, l’hydroxychloroquine.
Par Frédéric Lemaître Publié aujourd’hui à 10h53, mis à jour à 12h10
Utilisée en Chine depuis les années 1950 essentiellement contre le paludisme, la chloroquine l’est également depuis quelques semaines pour combattre le Covid-19 mais avec précaution. En aucun cas, elle n’est présentée par Pékin comme le remède miracle contre l’épidémie. De fait, en février, un groupe de chercheurs de l’Académie des sciences a déclaré avoir utilisé avec succès la chloroquine contre la reproduction du SARS-CoV-2. Chen Caixian, un académicien, déclare le 12 février que la chloroquine « a de bonnes capacités antivirales contre le coronavirus évaluées in vitro ».
Elle a ensuite été testée auprès de 135 malades se trouvant dans une dizaine d’hôpitaux à Pékin et dans la province du Guangdong. 130 d’entre eux ne présentaient que des symptômes bénins ou modérés, cinq avaient des symptômes sévères. Selon Xu Nanping, vice-ministre des sciences et de la technologie, aucun des 130 patients n’a vu son état s’aggraver. Quatre des cinq patients gravement atteints ont pu sortir de l’hôpital et le cinquième a vu son symptôme régresser de « grave » à « normal ». Par ailleurs, un patient de 54 ans atteint du Covid-19 a été testé négatif après avoir reçu un traitement de phosphate de chloroquine a révélé, le 17 février, Sun Yanrong, la vice-directrice du centre de biologie du ministère des sciences et technologies.
Appel à la vigilance
Le 19 février, la Commission nationale de la santé a introduit la chloroquine parmi les remèdes préconisés pour combattre le coronavirus. Mais aucun des médicaments préconisés ne doit être pris durant plus de dix jours, précise-t-elle. Or, depuis, la Chine se montre prudente. Commentant les essais effectués, Zhong Nanshan, considéré depuis la crise du SRAS comme le principal épidémiologiste chinois, a expliqué que certes des patients avaient été testés négativement, mais que les résultats n’ont pas encore été confirmés par des expériences rigoureusement contrôlées et qu’il est trop tôt pour dire si le médicament est efficace.
Dès le vendredi 21 février, la commission de la santé de la province du Hubei, épicentre de l’épidémie, a prévenu tous les médecins de « surveiller attentivement » les effets secondaires de la chloroquine. L’institut de virologie de l’Académie des sciences a précisé que la dose mortelle se situe entre 2 et 4 grammes par adulte et que « des effets contraires peuvent inclure la mort instantanée ». Les hôpitaux qui mènent ces tests doivent rapporter tout effet contraire.
La commission de la santé du Hubei a toutefois précisé qu’il s’agissait d’un appel à la vigilance et qu’il n’y avait pas eu de décès lié à une surdose de chloroquine. A la suite de la commission du Hubei, la Commission nationale a défini plus strictement, le 29 février, les conditions d’utilisation de la chloroquine. Le médicament ne peut plus être administré notamment aux femmes enceintes, aux personnes ayant des problèmes cardiaques ou des maladies des reins ou du foie. Il peut seulement être donné aux personnes âgées de 18 à 65 ans et durant sept jours.
« Les chercheurs doivent s’autodiscipliner, conduire des essais cliniques de manière rigoureuse et éviter tout conflit d’intérêts » Tong Chaohui, vice-président de l’hôpital de Chaoyang
Les Chinois pouvant se procurer la chloroquine sur Internet, une femme de Wuhan qui croyait, à tort, avoir le coronavirus, a dû être admise en soins intensifs à l’hôpital en raison de problèmes cardiaques, après avoir absorbé 1,8 gramme de chloroquine, a révélé le 25 février le quotidien Thepaper.
Pour Tong Chaohui, vice-président de l’hôpital de Chaoyang, à Pékin, « chaque fois qu’il y a une épidémie, les gens veulent trouver un médicament miracle pour y mettre fin, malheureusement, il n’y a jamais de médicament antiviral miracle. Les chercheurs doivent s’autodiscipliner, conduire des essais cliniques de manière rigoureuse et éviter tout conflit d’intérêts. Plus la situation est difficile, plus les scientifiques doivent protéger, de façon résolue, les fondamentaux de la science et de la médecine », écrit-il dans un journal professionnel repris par le China Daily le 5 mars.
Les scientifiques chinois se tournent désormais vers l’hydroxychloroquine, une molécule proche, destinée à lutter contre des maladies auto-immunes comme le lupus et la polyarthrite rhumatoïde, et jugée moins susceptible d’induire des effets secondaires graves. C’est cette molécule qui, en France, est préconisée par le professeur Didier Raoult. Deux études récentes, l’une publiée le 9 mars dans Clinical Infectious Diseases, l’autre le 18 mars dans Cell Discovery, décrivent deux essais in vitro (et non sur des malades), qui montrent que l’hydroxychloroquine est elle aussi efficace contre le SARS-CoV-2. Les chercheurs chinois s’interrogent sur son intérêt pour traiter les formes les plus graves de Covid-19 et pour lutter contre des réactions inflammatoires sévères, appelées « orages de cytokines ».
Frédéric Lemaître(Pékin, correspondant)
Les liens vers les études indiquées dans l'article (Clinical Infectious Disease et Cell Discovery)
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp, il y a un article sur le Monde EXTREMEMENT critique sur les travaux du Dr Raoult. Ce n'est pas de la querelle de chapelle, ce sont des manquements graves à la limite de l'éthique.
Franchement je trouve l'attitude de Raoult à la limite de l'escroquerie....
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Re: Rugby et Coronavirus
Les Chinois qui ont un peu plus de recul que nous semblent être arrivés à la conclusion que pour l'instant, aucun médicament existant n'avait d'effet réellement significatif pour combattre ce virus. Je ne pense pas qu'on puisse soupçonner les chinois de timidité pour essayer tous les traitements possibles et imaginables (la morale et la démocratie ne les encombrent pas vraiment), et même s'interdire de se présenter en chevalier blanc sauveur de l'humanité venant proposer la solution miracle ... permettant à leurs clients de recommencer à consommer. A l'heure d'internet et d'une communication mondialisée, je trouve étonnant qu'on trouve encore des gourous affirmer qu'ils ont eux la solution, par ailleurs déjà largement connue, mais que des grands méchants leur interdisent de l'utiliser nationalement. Si cette solution existait, nos voisins espagnols et italiens seraient ils dans la panade ?
La dernière vidéo a 1 mois. Le problème est il réglé sur la canetière ?
https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/courbe-evolution-du-coronavirus-provence-alpes-cote-azur-1796747.html
La dernière vidéo a 1 mois. Le problème est il réglé sur la canetière ?
https://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes-cote-d-azur/courbe-evolution-du-coronavirus-provence-alpes-cote-azur-1796747.html
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Tombé tout jaune dans le rugby.
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Allez UBB
Re: Rugby et Coronavirus
Voici l'article en question, qui rapporte des accusations extrêmement précises (et graves) sur le protocole expérimental présenté dans la publication de l'équipe du Dr Raoult. En pratique, ceux-ci ont "massé" leurs données, déjà acquises sur un échantillon ridiculement réduit, pour conforter leur hypothèse. C'est statistiquement inacceptable, et moralement TRÈS douteux!
Le principe actif sera inclus dans le grand test européen en cours de lancement, si jamais le gourou de Marseille dit vrai on verra quelque chose. Sinon il restera dans l'histoire des Sciences au côté de Benvéniste et autres charlatans....
Sciences
Coronavirus et pandémie de Covid-19
Coronavirus : l’hydroxychloroquine, défendue par le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs
L’efficacité du Plaquenil contre le nouveau coronavirus reste très débattue. L’analyse commandée par le conseil scientifique sur le Covid-19 juge sévèrement le protocole et les résultats d’une étude du professeur de l’IHU Méditerranée infection, à Marseille.
Par Hervé Morin, Sandrine Cabut et Nathaniel Herzberg Publié aujourd’hui à 04h31, mis à jour à 10h57
Temps de Lecture 6 min.
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Des tablettes de Nivaquine et de Plaquenil, médicaments contenant de la chloroquine, le 26 février à Marseille.
Des tablettes de Nivaquine et de Plaquenil, médicaments contenant de la chloroquine, le 26 février à Marseille. GERARD JULIEN / AFP
La nature humaine a horreur du vide. En témoigne l’intérêt massif suscité par une molécule, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), présentée par certains comme la parade face au nouveau coronavirus, alors qu’aucune thérapeutique n’est pour l’instant validée. Donald Trump lui-même s’est fait médecin en chef pour enjoindre à ses concitoyens de se la faire prescrire, avant d’être démenti par sa propre administration, bien plus circonspecte.
Lundi 23 mars, au « 20 heures » de TF1, le premier ministre, Edouard Philippe, a tenté de faire retomber cette fièvre pour l’hydroxychloroquine, née de résultats très préliminaires d’une étude clinique sur un effectif modeste, conduite par le professeur Didier Raoult (IHU Méditerranée infection, Marseille). Après avoir constaté que les avis « des personnes les plus éclairées en la matière sont souvent divergents », le premier ministre s’est référé au Haut Conseil de santé publique, qui a recommandé de n’utiliser l’hydroxychloroquine que dans des cas sévères, en milieu hospitalier, et sur décision collégiale des médecins. Un arrêté va être pris en ce sens par le ministre de la santé, Olivier Véran.
Le chef du gouvernement répondait ainsi à la pression de certains élus : « La chloroquine, pourquoi ne l’utilise-t-on pas ? », s’était ainsi interrogé sur France Inter le patron des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, contaminé par le coronavirus, a indiqué à Radio J qu’il avait « envie qu’on fasse confiance » à Didier Raoult.
Ce dernier a lui-même a créé un appel d’air en annonçant, dimanche 22 mars, que son institut allait pratiquer des tests sur tous les malades fébriles qui viendraient consulter, et proposerait aux patients infectés le traitement par hydroxychloroquine combinée à un antibiotique, l’azithromycine – hors autorisation de mise sur le marché. De longues files de patients se sont aussitôt constituées près de l’IHU. Ailleurs, des médecins généralistes et hospitaliers commencent à en prescrire. D’autres mettent en garde contre des utilisations non contrôlées, potentiellement dangereuses pour les patients et néfastes à l’évaluation scientifique des effets de la molécule.
Des espoirs et des critiques
Cet engouement n’est pas que français. Plusieurs pays ont inscrit l’hydroxychloroquine dans leurs protocoles de traitement, certains constituent des réserves – au Maroc, le gouvernement a préempté les stocks de Sanofi, fabricant du Plaquenil. En France, l’industriel indique ne pas avoir reçu une telle demande des pouvoirs publics – et souligne que les patients habituellement traités contre le lupus ou une polyarthrite – les indications reconnues – doivent rester prioritaires.
Décrit sur le site de la revue International Journal of Antimicrobial Agents, l’essai clinique dirigé par Didier Raoult concentre tous les espoirs, mais aussi un grand nombre de critiques. Au point que le conseil scientifique constitué pour conseiller l’exécutif et présidé par Jean-François Delfraissy a demandé une expertise à son sujet.
Lire aussi Coronavirus : Plaquenil, le traitement de toutes les attentes
Chargée de cette mission, l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola (directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Sorbonne Université) est très critique. « Cette étude est conduite, décrite et analysée de façon non rigoureuse, avec des imprécisions et des ambiguïtés. Il s’agit d’un essai à fort risque de biais selon les standards internationaux. Dans ce contexte, il est donc impossible d’interpréter l’effet décrit comme étant attribuable au traitement par hydroxychloroquine », résume-t-elle. Dans une situation normale, selon elle, l’article n’aurait d’ailleurs pas été accepté dans une revue (rappelons ici qu’un des coauteurs de l’étude est le rédacteur en chef de la revue qui l’a accueillie).
Pour parvenir à cette conclusion, la biostatisticienne a disséqué à la fois le protocole et les résultats, et mis en évidence de nombreux points litigieux, qu’elle a consignés dans une note écrite – très détaillée et très technique – au conseil scientifique sur le Covid-19. « Concernant le calcul du nombre de sujets nécessaires, il est conduit comme si on avait une étude randomisée avec deux bras [qui compare deux groupes constitués de façon aléatoire, l’un traité et l’autre non], ce qui n’est pas le cas, et les éléments fournis ne permettent pas de reproduire ce calcul », ajoute Dominique Costagliola. Mais c’est sur la partie résultats de l’article que ses observations sont les plus inquiétantes.
Six patients sur vingt-six ont été exclus de l’analyse des résultats
Sur les vingt-six patients enrôlés dans l’essai, six sont considérés comme perdus de vue : trois sont passés en réanimation, un est décédé, un autre sorti de l’hôpital et un présentait des effets indésirables. Dans l’article, ces six sujets sont exclus de l’analyse des résultats. Un point qui fait bondir la spécialiste. « Cela pose un problème sévère, une analyse rigoureuse aurait dû considérer tout ou partie de ces cas comme des échecs, estime-t-elle. C’est par exemple ainsi qu’on analyse les essais dans le domaine du VIH. »
Autre souci de taille, les résultats de charge virale présentés par les auteurs ne sont pas conformes aux mesures réalisées : cinq des seize patients du groupe non traité n’ont en fait pas été prélevés à J + 6 et leur résultat est pourtant considéré par les auteurs comme positif (présence du virus). Alors que dans le groupe traité, où un des vingt patients n’a pas été prélevé, son résultat est noté négatif. Sur ces arguments et d’autres, Dominique Costagliola considère qu’il est impossible de juger si les deux groupes sont comparables. Surtout, « l’analyse a été conduite en vue de favoriser le bras traité » (c’est-à-dire les patients prenant de l’hydroxychloroquine), écrit-elle noir sur blanc dans sa note au conseil scientifique.
Les faiblesses pointées par la biostatisticienne sont largement partagées par la communauté scientifique, y compris hors des cénacles franco-français. Une note rédigée par trois biostatisticiens britanniques reprend les mêmes arguments. Anthony Fauci, qui dirige l’Institut national américain des maladies infectieuses, a qualifié d’« anecdotiques » les preuves d’une efficacité du Plaquenil, faute d’« essai clinique contrôlé ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face à Donald Trump, le docteur Anthony Fauci, la voix de la raison
Sur PubPeer, un site destiné à pointer des faiblesses méthodologiques dans la production scientifique, l’article de l’équipe marseillaise concentre aussi une série de questions. Contacté par Le Monde pour éclaircir ces différents points, Didier Raoult n’a pas donné suite à ces sollicitations.
Essai clinique européen sur 800 patients français
Pour faire avancer le débat, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a demandé, lundi 23 mars, aux auteurs de l’étude de lui donner accès aux données brutes, individuelles, des personnes ayant participé à l’essai. « C’est une procédure banale aujourd’hui pour des jeux de données d’importance extrême, ce qui est le cas de l’étude de Didier Raoult », justifie ce médecin, qui effectue la démarche en tant que président du conseil scientifique de la fondation Cochrane (une organisation internationale indépendante, dont la mission est de favoriser la prise de décision éclairée par des données probantes).
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coronavirus : comment la communauté scientifique se mobilise
L’intérêt, explique-t-il, est de comprendre ce qui a été fait, de réanalyser les données d’une façon différente, pour mieux préciser quelles populations pourraient le plus bénéficier de ce traitement et guider d’autres études si elles sont nécessaires. « Aujourd’hui, la transposition de cette étude à la pratique n’est pas une évidence totale et simple », estime Philippe Ravaud, tout en rappelant que Didier Raoult dispose, dans son domaine, d’une reconnaissance mondiale.
A défaut d’avoir convaincu, l’infectiologue marseillais a été entendu : la piste de l’hydroxychloroquine, ouverte au départ par des Chinois, va être évaluée à plus grande échelle. Ainsi, lors de la conférence de presse – organisée par Skype – de présentation de l’essai clinique européen Discovery, coordonné par l’Inserm, et portant sur 800 patients français, les professeurs Florence Ader et Bruno Lina ont évoqué l’inclusion de l’hydroxychloroquine parmi les quatre traitements testés.
Ils n’ont pas prononcé le nom de Didier Raoult. L’essai est « adaptatif », a souligné Florence Ader : « Si nous observons une absence d’efficacité ou trop peu d’efficacité sur l’un ou l’autre des traitements, on pourra arrêter et basculer vers d’autres molécules d’intérêt. » Premiers résultats espérés dans quelques semaines.
Le principe actif sera inclus dans le grand test européen en cours de lancement, si jamais le gourou de Marseille dit vrai on verra quelque chose. Sinon il restera dans l'histoire des Sciences au côté de Benvéniste et autres charlatans....
Sciences
Coronavirus et pandémie de Covid-19
Coronavirus : l’hydroxychloroquine, défendue par le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs
L’efficacité du Plaquenil contre le nouveau coronavirus reste très débattue. L’analyse commandée par le conseil scientifique sur le Covid-19 juge sévèrement le protocole et les résultats d’une étude du professeur de l’IHU Méditerranée infection, à Marseille.
Par Hervé Morin, Sandrine Cabut et Nathaniel Herzberg Publié aujourd’hui à 04h31, mis à jour à 10h57
Temps de Lecture 6 min.
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Des tablettes de Nivaquine et de Plaquenil, médicaments contenant de la chloroquine, le 26 février à Marseille.
Des tablettes de Nivaquine et de Plaquenil, médicaments contenant de la chloroquine, le 26 février à Marseille. GERARD JULIEN / AFP
La nature humaine a horreur du vide. En témoigne l’intérêt massif suscité par une molécule, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), présentée par certains comme la parade face au nouveau coronavirus, alors qu’aucune thérapeutique n’est pour l’instant validée. Donald Trump lui-même s’est fait médecin en chef pour enjoindre à ses concitoyens de se la faire prescrire, avant d’être démenti par sa propre administration, bien plus circonspecte.
Lundi 23 mars, au « 20 heures » de TF1, le premier ministre, Edouard Philippe, a tenté de faire retomber cette fièvre pour l’hydroxychloroquine, née de résultats très préliminaires d’une étude clinique sur un effectif modeste, conduite par le professeur Didier Raoult (IHU Méditerranée infection, Marseille). Après avoir constaté que les avis « des personnes les plus éclairées en la matière sont souvent divergents », le premier ministre s’est référé au Haut Conseil de santé publique, qui a recommandé de n’utiliser l’hydroxychloroquine que dans des cas sévères, en milieu hospitalier, et sur décision collégiale des médecins. Un arrêté va être pris en ce sens par le ministre de la santé, Olivier Véran.
Le chef du gouvernement répondait ainsi à la pression de certains élus : « La chloroquine, pourquoi ne l’utilise-t-on pas ? », s’était ainsi interrogé sur France Inter le patron des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, contaminé par le coronavirus, a indiqué à Radio J qu’il avait « envie qu’on fasse confiance » à Didier Raoult.
Ce dernier a lui-même a créé un appel d’air en annonçant, dimanche 22 mars, que son institut allait pratiquer des tests sur tous les malades fébriles qui viendraient consulter, et proposerait aux patients infectés le traitement par hydroxychloroquine combinée à un antibiotique, l’azithromycine – hors autorisation de mise sur le marché. De longues files de patients se sont aussitôt constituées près de l’IHU. Ailleurs, des médecins généralistes et hospitaliers commencent à en prescrire. D’autres mettent en garde contre des utilisations non contrôlées, potentiellement dangereuses pour les patients et néfastes à l’évaluation scientifique des effets de la molécule.
Des espoirs et des critiques
Cet engouement n’est pas que français. Plusieurs pays ont inscrit l’hydroxychloroquine dans leurs protocoles de traitement, certains constituent des réserves – au Maroc, le gouvernement a préempté les stocks de Sanofi, fabricant du Plaquenil. En France, l’industriel indique ne pas avoir reçu une telle demande des pouvoirs publics – et souligne que les patients habituellement traités contre le lupus ou une polyarthrite – les indications reconnues – doivent rester prioritaires.
Décrit sur le site de la revue International Journal of Antimicrobial Agents, l’essai clinique dirigé par Didier Raoult concentre tous les espoirs, mais aussi un grand nombre de critiques. Au point que le conseil scientifique constitué pour conseiller l’exécutif et présidé par Jean-François Delfraissy a demandé une expertise à son sujet.
Lire aussi Coronavirus : Plaquenil, le traitement de toutes les attentes
Chargée de cette mission, l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola (directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Sorbonne Université) est très critique. « Cette étude est conduite, décrite et analysée de façon non rigoureuse, avec des imprécisions et des ambiguïtés. Il s’agit d’un essai à fort risque de biais selon les standards internationaux. Dans ce contexte, il est donc impossible d’interpréter l’effet décrit comme étant attribuable au traitement par hydroxychloroquine », résume-t-elle. Dans une situation normale, selon elle, l’article n’aurait d’ailleurs pas été accepté dans une revue (rappelons ici qu’un des coauteurs de l’étude est le rédacteur en chef de la revue qui l’a accueillie).
Pour parvenir à cette conclusion, la biostatisticienne a disséqué à la fois le protocole et les résultats, et mis en évidence de nombreux points litigieux, qu’elle a consignés dans une note écrite – très détaillée et très technique – au conseil scientifique sur le Covid-19. « Concernant le calcul du nombre de sujets nécessaires, il est conduit comme si on avait une étude randomisée avec deux bras [qui compare deux groupes constitués de façon aléatoire, l’un traité et l’autre non], ce qui n’est pas le cas, et les éléments fournis ne permettent pas de reproduire ce calcul », ajoute Dominique Costagliola. Mais c’est sur la partie résultats de l’article que ses observations sont les plus inquiétantes.
Six patients sur vingt-six ont été exclus de l’analyse des résultats
Sur les vingt-six patients enrôlés dans l’essai, six sont considérés comme perdus de vue : trois sont passés en réanimation, un est décédé, un autre sorti de l’hôpital et un présentait des effets indésirables. Dans l’article, ces six sujets sont exclus de l’analyse des résultats. Un point qui fait bondir la spécialiste. « Cela pose un problème sévère, une analyse rigoureuse aurait dû considérer tout ou partie de ces cas comme des échecs, estime-t-elle. C’est par exemple ainsi qu’on analyse les essais dans le domaine du VIH. »
Autre souci de taille, les résultats de charge virale présentés par les auteurs ne sont pas conformes aux mesures réalisées : cinq des seize patients du groupe non traité n’ont en fait pas été prélevés à J + 6 et leur résultat est pourtant considéré par les auteurs comme positif (présence du virus). Alors que dans le groupe traité, où un des vingt patients n’a pas été prélevé, son résultat est noté négatif. Sur ces arguments et d’autres, Dominique Costagliola considère qu’il est impossible de juger si les deux groupes sont comparables. Surtout, « l’analyse a été conduite en vue de favoriser le bras traité » (c’est-à-dire les patients prenant de l’hydroxychloroquine), écrit-elle noir sur blanc dans sa note au conseil scientifique.
Les faiblesses pointées par la biostatisticienne sont largement partagées par la communauté scientifique, y compris hors des cénacles franco-français. Une note rédigée par trois biostatisticiens britanniques reprend les mêmes arguments. Anthony Fauci, qui dirige l’Institut national américain des maladies infectieuses, a qualifié d’« anecdotiques » les preuves d’une efficacité du Plaquenil, faute d’« essai clinique contrôlé ».
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Sur PubPeer, un site destiné à pointer des faiblesses méthodologiques dans la production scientifique, l’article de l’équipe marseillaise concentre aussi une série de questions. Contacté par Le Monde pour éclaircir ces différents points, Didier Raoult n’a pas donné suite à ces sollicitations.
Essai clinique européen sur 800 patients français
Pour faire avancer le débat, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a demandé, lundi 23 mars, aux auteurs de l’étude de lui donner accès aux données brutes, individuelles, des personnes ayant participé à l’essai. « C’est une procédure banale aujourd’hui pour des jeux de données d’importance extrême, ce qui est le cas de l’étude de Didier Raoult », justifie ce médecin, qui effectue la démarche en tant que président du conseil scientifique de la fondation Cochrane (une organisation internationale indépendante, dont la mission est de favoriser la prise de décision éclairée par des données probantes).
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L’intérêt, explique-t-il, est de comprendre ce qui a été fait, de réanalyser les données d’une façon différente, pour mieux préciser quelles populations pourraient le plus bénéficier de ce traitement et guider d’autres études si elles sont nécessaires. « Aujourd’hui, la transposition de cette étude à la pratique n’est pas une évidence totale et simple », estime Philippe Ravaud, tout en rappelant que Didier Raoult dispose, dans son domaine, d’une reconnaissance mondiale.
A défaut d’avoir convaincu, l’infectiologue marseillais a été entendu : la piste de l’hydroxychloroquine, ouverte au départ par des Chinois, va être évaluée à plus grande échelle. Ainsi, lors de la conférence de presse – organisée par Skype – de présentation de l’essai clinique européen Discovery, coordonné par l’Inserm, et portant sur 800 patients français, les professeurs Florence Ader et Bruno Lina ont évoqué l’inclusion de l’hydroxychloroquine parmi les quatre traitements testés.
Ils n’ont pas prononcé le nom de Didier Raoult. L’essai est « adaptatif », a souligné Florence Ader : « Si nous observons une absence d’efficacité ou trop peu d’efficacité sur l’un ou l’autre des traitements, on pourra arrêter et basculer vers d’autres molécules d’intérêt. » Premiers résultats espérés dans quelques semaines.
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Scalp, il y a un article sur le Monde EXTREMEMENT critique sur les travaux du Dr Raoult. Ce n'est pas de la querelle de chapelle, ce sont des manquements graves à la limite de l'éthique.
Franchement je trouve l'attitude de Raoult à la limite de l'escroquerie....
Je ne parlais pas de l'étude de Raoult, ça c'est très documenté et effectivement, c'est une étude sur laquelle on ne peut pas se baser, je me posais la question sur l'étude Chinoise, les deux articles que j'ai posté en suivant, apportent des éléments de réponse.
Dernière édition par Scalp le Mar 24 Mar - 13:07, édité 1 fois
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:léopold a écrit:On assiste peut être à une guerre de "chapelles" ce qui n'est pas admissible dans la situation que nous vivons.
Si effectivement c'est ça, c'est extrêmement grave, mais dans cette histoire il faut rester très prudent, comme tu dis, peut-être. Je me demande aussi si les Chinois comme le dit Raoult, nous ont dépassés scientifiquement, en virologie et qu'ils méprisent les voix habituelles de publications de leurs études, dans les classique revues de référence anglo-saxonnes. Alors quid de cette étude publiée en Chinois, est-elle de qualité, en tenons-nous compte, ou restons-nous figé dans nos conservatismes.... ?.
Sommes-nous en train de perdre un temps précieux, de perdre des vies, de bousiller notre économie, alors qu'on a une solution, les autorité sanitaires on-t-elles raison d'attendre le résultat de nos études, qui portent aussi sur d'autres molécules ?.
J'aimerais avoir la réponse à ces questions, mais pour l'instant, avec les infos que nous avons, dans ce domaine très spécifique, je trouve qu'il n'y a pas de quoi se forger une opinion solide.
Scalp, il n'y a rien de sérieux qui montre que cette molécule est LA solution. De toute façon, comme dans la plupart des maladies virales (le HIV en est la démonstration la plus éclatante), il n'y a jamais UNE molécule qui est LA solution. On a sorti la chloroquine pour toutes les infections virales de ces dernières années (Zika, Ebola,... ), c'est plus la pierre philosophale qu'un médicament!!
Les graves manques de l'étude de Raoult n'incitent en tout cas aucunement à se fier à lui. La chloroquine va être testée sérieusement, en suivant cette fois-ci un protocole rigoureux, et on en saura plus dans les semaines qui viennent.
De toute façon, il ne faut pas se faire d'illusions, la seule méthode pour venir à bout de l'épidémie ce sera le vaccin, et lui pour arriver il mettra certainement au moins 18 mois.
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Scalp a écrit:léopold a écrit:On assiste peut être à une guerre de "chapelles" ce qui n'est pas admissible dans la situation que nous vivons.
Si effectivement c'est ça, c'est extrêmement grave, mais dans cette histoire il faut rester très prudent, comme tu dis, peut-être. Je me demande aussi si les Chinois comme le dit Raoult, nous ont dépassés scientifiquement, en virologie et qu'ils méprisent les voix habituelles de publications de leurs études, dans les classique revues de référence anglo-saxonnes. Alors quid de cette étude publiée en Chinois, est-elle de qualité, en tenons-nous compte, ou restons-nous figé dans nos conservatismes.... ?.
Sommes-nous en train de perdre un temps précieux, de perdre des vies, de bousiller notre économie, alors qu'on a une solution, les autorité sanitaires on-t-elles raison d'attendre le résultat de nos études, qui portent aussi sur d'autres molécules ?.
J'aimerais avoir la réponse à ces questions, mais pour l'instant, avec les infos que nous avons, dans ce domaine très spécifique, je trouve qu'il n'y a pas de quoi se forger une opinion solide.
Scalp, il n'y a rien de sérieux qui montre que cette molécule est LA solution. De toute façon, comme dans la plupart des maladies virales (le HIV en est la démonstration la plus éclatante), il n'y a jamais UNE molécule qui est LA solution. On a sorti la chloroquine pour toutes les infections virales de ces dernières années (Zika, Ebola,... ), c'est plus la pierre philosophale qu'un médicament!!
Les graves manques de l'étude de Raoult n'incitent en tout cas aucunement à se fier à lui. La chloroquine va être testée sérieusement, en suivant cette fois-ci un protocole rigoureux, et on en saura plus dans les semaines qui viennent.
De toute façon, il ne faut pas se faire d'illusions, la seule méthode pour venir à bout de l'épidémie ce sera le vaccin, et lui pour arriver il mettra certainement au moins 18 mois.
krahk, je t'avais répondu plus haut, comme dis, je me posais la question sur l’étude Chinoise, je me suis ensuite répondu, en quelque sorte, avec les deux articles que j'ai posté en suivant, du monde et de France Inter, qui apportent des infos à ce sujet.
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:krahknardz a écrit:Scalp, il y a un article sur le Monde EXTREMEMENT critique sur les travaux du Dr Raoult. Ce n'est pas de la querelle de chapelle, ce sont des manquements graves à la limite de l'éthique.
Franchement je trouve l'attitude de Raoult à la limite de l'escroquerie....
Je ne parlais pas de l'étude de Raoult, ça c'est très documenté et effectivement c'est une étude sur laquelle on ne peut pas se baser, je me posais la question sur l'étude Chinoise, les deux articles que j'ai posté en suivant, apportent des éléments de réponse.
Deux études IN VITRO. Ça fait une différence absolument colossale avec des études IN VIVO. Des molécules actives in vitro, les labos en ont plein les tiroirs sur plein de maladies. De là à passer le stade 2 (expérimentation in vivo sur des modèles animaux) puis le stade 3 (expérimentations en double aveugle sur des malades humains), on parle d'un taux de rejet de 99 molécules sur 100, voire de 999 molécules sur 1000!!
De toute façon, laissons la polémique aux politicards ignorants. Les chercheurs en médecine sont des personnes comme les autres, qui travaillent d'arrache-pied pour essayer de mettre au point des tests, des vaccins et trouver des molécules actives contre le virus. Si jamais la chloroquine ou ses dérivés sont effectivement actifs contre le virus chez le malade, l'étude qui vient d'être lancée permettra de le déterminer. Oui, si ça se révèle actif il y aura des vies qui auront pu être sauvées qui ne le seront pas. Mais si ça ne l'est pas, il y aura aussi des vies sauvées parce qu'on aura évité d'éventuels effets secondaires mortels. Donc on ne peut pas juste dire "qu'est-ce qu'on a à perdre".
Sur l'étude chinoise, je te rassure, ça fait déjà quelques années qu'on considère la littérature scientifique en chinois comme de la littérature qui doit être suivie. Le temps des petits chinois qui copient est révolu
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Scalp a écrit:krahknardz a écrit:Scalp, il y a un article sur le Monde EXTREMEMENT critique sur les travaux du Dr Raoult. Ce n'est pas de la querelle de chapelle, ce sont des manquements graves à la limite de l'éthique.
Franchement je trouve l'attitude de Raoult à la limite de l'escroquerie....
Je ne parlais pas de l'étude de Raoult, ça c'est très documenté et effectivement c'est une étude sur laquelle on ne peut pas se baser, je me posais la question sur l'étude Chinoise, les deux articles que j'ai posté en suivant, apportent des éléments de réponse.
Deux études IN VITRO. Ça fait une différence absolument colossale avec des études IN VIVO. Des molécules actives in vitro, les labos en ont plein les tiroirs sur plein de maladies. De là à passer le stade 2 (expérimentation in vivo sur des modèles animaux) puis le stade 3 (expérimentations en double aveugle sur des malades humains), on parle d'un taux de rejet de 99 molécules sur 100, voire de 999 molécules sur 1000!!
De toute façon, laissons la polémique aux politicards ignorants. Les chercheurs en médecine sont des personnes comme les autres, qui travaillent d'arrache-pied pour essayer de mettre au point des tests, des vaccins et trouver des molécules actives contre le virus. Si jamais la chloroquine ou ses dérivés sont effectivement actifs contre le virus chez le malade, l'étude qui vient d'être lancée permettra de le déterminer. Oui, si ça se révèle actif il y aura des vies qui auront pu être sauvées qui ne le seront pas. Mais si ça ne l'est pas, il y aura aussi des vies sauvées parce qu'on aura évité d'éventuels effets secondaires mortels. Donc on ne peut pas juste dire "qu'est-ce qu'on a à perdre".
Sur l'étude chinoise, je te rassure, ça fait déjà quelques années qu'on considère la littérature scientifique en chinois comme de la littérature qui doit être suivie. Le temps des petits chinois qui copient est révolu
Ok, j'entends tes arguments, il me semble qu'on connait bien les effets négatifs de cette molécule qu'on utilise depuis très longtemps, non ?
Combien de temps il faut compter, ou au moins approximativement, pour avoir les résultats de nos études ?
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:
Ok, j'entends tes arguments, il me semble qu'on connait bien les effets négatifs de cette molécule qu'on utilise depuis très longtemps, non ?
Combien de temps il faut compter, ou au moins approximativement, pour avoir les résultats de nos études ?
Justement, si j'ai bien compris (je ne suis pas dans la recherche médicale moi-même, même si j'ai un excellent ami qui postule justement à l'INSERM sur les pneumopathies), les effets secondaires ne sont pas anodins, et il y a toutes les chances que dans un organisme affaibli par le virus ils soient différent/exacerbés...
L'étude en cours est annoncée comme devant donner des résultats d'ici quelques semaines. Là on a des malades avec des évolutions rapides. Si on voit un effet sur l'échantillon traité à la chloroquine (ou l'hydroxychloroquine, ou la combinaison avec l'antibiotique préconisé par Raoult), qui soit statistiquement différent de l'évolution du groupe traité au placebo, alors très certainement les autorités sanitaires émettront des directives pour utiliser ce médicament dans la lutte contre le virus.
Il me semble que ce type d'études avait été tenté pour Zika et Ebola, et que dans les deux cas on avait conclu que l'effet de la chloroquine n'était pas statistiquement suffisant.
Quand je parle de signification statistique, il faut se rappeler que la statistique est enseignée en médecine, parce que ça a une importance cruciale pour savoir si un médicament, ou un traitement, ont VRAIMENT un effet (et se débarrasser de la tendance ennuyeuse des êtres humains de voir des corrélations là où elles n'existent pas, juste parce qu'ils aimeraient qu'elles y soient, ou parce que le renouvellement de leur research grant en dépend...). Une illustration:
http://www.chups.jussieu.fr/polys/biostats/poly/stats.pdf
Et les statistiques en recherche médicale sont bien plus avancées, là c'est du cours de 1ère année....
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Re: Rugby et Coronavirus
les jeux olympiques officielement reporté à 2021 donc pas de rugby à VII cet été à tokyo
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:Scalp a écrit:
Ok, j'entends tes arguments, il me semble qu'on connait bien les effets négatifs de cette molécule qu'on utilise depuis très longtemps, non ?
Combien de temps il faut compter, ou au moins approximativement, pour avoir les résultats de nos études ?
Justement, si j'ai bien compris (je ne suis pas dans la recherche médicale moi-même, même si j'ai un excellent ami qui postule justement à l'INSERM sur les pneumopathies), les effets secondaires ne sont pas anodins, et il y a toutes les chances que dans un organisme affaibli par le virus ils soient différent/exacerbés...
L'étude en cours est annoncée comme devant donner des résultats d'ici quelques semaines. Là on a des malades avec des évolutions rapides. Si on voit un effet sur l'échantillon traité à la chloroquine (ou l'hydroxychloroquine, ou la combinaison avec l'antibiotique préconisé par Raoult), qui soit statistiquement différent de l'évolution du groupe traité au placebo, alors très certainement les autorités sanitaires émettront des directives pour utiliser ce médicament dans la lutte contre le virus.
Il me semble que ce type d'études avait été tenté pour Zika et Ebola, et que dans les deux cas on avait conclu que l'effet de la chloroquine n'était pas statistiquement suffisant.
Quand je parle de signification statistique, il faut se rappeler que la statistique est enseignée en médecine, parce que ça a une importance cruciale pour savoir si un médicament, ou un traitement, ont VRAIMENT un effet (et se débarrasser de la tendance ennuyeuse des êtres humains de voir des corrélations là où elles n'existent pas, juste parce qu'ils aimeraient qu'elles y soient, ou parce que le renouvellement de leur research grant en dépend...). Une illustration:
http://www.chups.jussieu.fr/polys/biostats/poly/stats.pdf
Et les statistiques en recherche médicale sont bien plus avancées, là c'est du cours de 1ère année....
Merci krahk, ça répond à mes questions , mais je pense que je ne vais pas éplucher le doc sur les biostatistiques
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/03/24/coronavirus-suivez-la-journee-en-direct-et-posez-nous-vos-questions_6034185_3244.html
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L'Inde décrète un confinement de 21 jours
Le premier ministre indien, Narendra Modi, a ordonné mardi le confinement total de l'Inde, pays de 1,3 milliard d'habitants, pendant trois semaines pour lutter contre la pandémie de coronavirus. "A compter de minuit aujourd'hui, tout le pays va entrer en confinement. Pour sauver l'Inde, pour sauver chaque citoyen, vous, votre famille", a déclaré le chef de gouvernement indien lors d'une adresse télévisée à la nation.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/03/24/coronavirus-les-experts-face-a-la-fievre-de-la-chloroquine_6034180_1650684.html
Coronavirus : l’hydroxychloroquine, défendue par le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs
L’efficacité du Plaquenil contre le nouveau coronavirus reste très débattue. L’analyse commandée par le conseil scientifique sur le Covid-19 juge sévèrement le protocole et les résultats d’une étude du professeur de l’IHU Méditerranée infection, à Marseille.
Par Hervé Morin, Sandrine Cabut et Nathaniel Herzberg
La nature humaine a horreur du vide. En témoigne l’intérêt massif suscité par une molécule, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), présentée par certains comme la parade face au nouveau coronavirus, alors qu’aucune thérapeutique n’est pour l’instant validée. Donald Trump lui-même s’est fait médecin en chef pour enjoindre à ses concitoyens de se la faire prescrire, avant d’être démenti par sa propre administration, bien plus circonspecte.
Lundi 23 mars, au « 20 heures » de TF1, le premier ministre, Edouard Philippe, a tenté de faire retomber cette fièvre pour l’hydroxychloroquine, née de résultats très préliminaires d’une étude clinique sur un effectif modeste, conduite par le professeur Didier Raoult (IHU Méditerranée infection, Marseille). Après avoir constaté que les avis « des personnes les plus éclairées en la matière sont souvent divergents », le premier ministre s’est référé au Haut Conseil de santé publique, qui a recommandé de n’utiliser l’hydroxychloroquine que dans des cas sévères, en milieu hospitalier, et sur décision collégiale des médecins. Un arrêté va être pris en ce sens par le ministre de la santé, Olivier Véran.
Le chef du gouvernement répondait ainsi à la pression de certains élus : « La chloroquine, pourquoi ne l’utilise-t-on pas ? », s’était ainsi interrogé sur France Inter le patron des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, contaminé par le coronavirus, a indiqué à Radio J qu’il avait « envie qu’on fasse confiance » à Didier Raoult.
Ce dernier a lui-même a créé un appel d’air en annonçant, dimanche 22 mars, que son institut allait pratiquer des tests sur tous les malades fébriles qui viendraient consulter, et proposerait aux patients infectés le traitement par hydroxychloroquine combinée à un antibiotique, l’azithromycine – hors autorisation de mise sur le marché. De longues files de patients se sont aussitôt constituées près de l’IHU. Ailleurs, des médecins généralistes et hospitaliers commencent à en prescrire. D’autres mettent en garde contre des utilisations non contrôlées, potentiellement dangereuses pour les patients et néfastes à l’évaluation scientifique des effets de la molécule.
Des espoirs et des critiques
Cet engouement n’est pas que français. Plusieurs pays ont inscrit l’hydroxychloroquine dans leurs protocoles de traitement, certains constituent des réserves – au Maroc, le gouvernement a préempté les stocks de Sanofi, fabricant du Plaquenil. En France, l’industriel indique ne pas avoir reçu une telle demande des pouvoirs publics – et souligne que les patients habituellement traités contre le lupus ou une polyarthrite – les indications reconnues – doivent rester prioritaires.
Décrit sur le site de la revue International Journal of Antimicrobial Agents, l’essai clinique dirigé par Didier Raoult concentre tous les espoirs, mais aussi un grand nombre de critiques. Au point que le conseil scientifique constitué pour conseiller l’exécutif et présidé par Jean-François Delfraissy a demandé une expertise à son sujet.
Chargée de cette mission, l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola (directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Sorbonne Université) est très critique. « Cette étude est conduite, décrite et analysée de façon non rigoureuse, avec des imprécisions et des ambiguïtés. Il s’agit d’un essai à fort risque de biais selon les standards internationaux. Dans ce contexte, il est donc impossible d’interpréter l’effet décrit comme étant attribuable au traitement par hydroxychloroquine », résume-t-elle. Dans une situation normale, selon elle, l’article n’aurait d’ailleurs pas été accepté dans une revue (rappelons ici qu’un des coauteurs de l’étude est le rédacteur en chef de la revue qui l’a accueillie).
Pour parvenir à cette conclusion, la biostatisticienne a disséqué à la fois le protocole et les résultats, et mis en évidence de nombreux points litigieux, qu’elle a consignés dans une note écrite – très détaillée et très technique – au conseil scientifique sur le Covid-19. « Concernant le calcul du nombre de sujets nécessaires, il est conduit comme si on avait une étude randomisée avec deux bras [qui compare deux groupes constitués de façon aléatoire, l’un traité et l’autre non], ce qui n’est pas le cas, et les éléments fournis ne permettent pas de reproduire ce calcul », ajoute Dominique Costagliola. Mais c’est sur la partie résultats de l’article que ses observations sont les plus inquiétantes.
Six patients sur vingt-six ont été exclus de l’analyse des résultats
Sur les vingt-six patients enrôlés dans l’essai, six sont considérés comme perdus de vue : trois sont passés en réanimation, un est décédé, un autre sorti de l’hôpital et un présentait des effets indésirables. Dans l’article, ces six sujets sont exclus de l’analyse des résultats. Un point qui fait bondir la spécialiste. « Cela pose un problème sévère, une analyse rigoureuse aurait dû considérer tout ou partie de ces cas comme des échecs, estime-t-elle. C’est par exemple ainsi qu’on analyse les essais dans le domaine du VIH. »
Autre souci de taille, les résultats de charge virale présentés par les auteurs ne sont pas conformes aux mesures réalisées : cinq des seize patients du groupe non traité n’ont en fait pas été prélevés à J + 6 et leur résultat est pourtant considéré par les auteurs comme positif (présence du virus). Alors que dans le groupe traité, où un des vingt patients n’a pas été prélevé, son résultat est noté négatif. Sur ces arguments et d’autres, Dominique Costagliola considère qu’il est impossible de juger si les deux groupes sont comparables. Surtout, « l’analyse a été conduite en vue de favoriser le bras traité » (c’est-à-dire les patients prenant de l’hydroxychloroquine), écrit-elle noir sur blanc dans sa note au conseil scientifique.
Les faiblesses pointées par la biostatisticienne sont largement partagées par la communauté scientifique, y compris hors des cénacles franco-français. Une note rédigée par trois biostatisticiens britanniques reprend les mêmes arguments. Anthony Fauci, qui dirige l’Institut national américain des maladies infectieuses, a qualifié d’« anecdotiques » les preuves d’une efficacité du Plaquenil, faute d’« essai clinique contrôlé ».
Sur PubPeer, un site destiné à pointer des faiblesses méthodologiques dans la production scientifique, l’article de l’équipe marseillaise concentre aussi une série de questions. Contacté par Le Monde pour éclaircir ces différents points, Didier Raoult n’a pas donné suite à ces sollicitations.
Essai clinique européen sur 800 patients français
Pour faire avancer le débat, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a demandé, lundi 23 mars, aux auteurs de l’étude de lui donner accès aux données brutes, individuelles, des personnes ayant participé à l’essai. « C’est une procédure banale aujourd’hui pour des jeux de données d’importance extrême, ce qui est le cas de l’étude de Didier Raoult », justifie ce médecin, qui effectue la démarche en tant que président du conseil scientifique de la fondation Cochrane (une organisation internationale indépendante, dont la mission est de favoriser la prise de décision éclairée par des données probantes).
L’intérêt, explique-t-il, est de comprendre ce qui a été fait, de réanalyser les données d’une façon différente, pour mieux préciser quelles populations pourraient le plus bénéficier de ce traitement et guider d’autres études si elles sont nécessaires. « Aujourd’hui, la transposition de cette étude à la pratique n’est pas une évidence totale et simple », estime Philippe Ravaud, tout en rappelant que Didier Raoult dispose, dans son domaine, d’une reconnaissance mondiale.
A défaut d’avoir convaincu, l’infectiologue marseillais a été entendu : la piste de l’hydroxychloroquine, ouverte au départ par des Chinois, va être évaluée à plus grande échelle. Ainsi, lors de la conférence de presse – organisée par Skype – de présentation de l’essai clinique européen Discovery, coordonné par l’Inserm, et portant sur 800 patients français, les professeurs Florence Ader et Bruno Lina ont évoqué l’inclusion de l’hydroxychloroquine parmi les quatre traitements testés.
Ils n’ont pas prononcé le nom de Didier Raoult. L’essai est « adaptatif », a souligné Florence Ader : « Si nous observons une absence d’efficacité ou trop peu d’efficacité sur l’un ou l’autre des traitements, on pourra arrêter et basculer vers d’autres molécules d’intérêt. » Premiers résultats espérés dans quelques semaines.
Coronavirus : l’hydroxychloroquine, défendue par le Pr Didier Raoult, divise les chercheurs
L’efficacité du Plaquenil contre le nouveau coronavirus reste très débattue. L’analyse commandée par le conseil scientifique sur le Covid-19 juge sévèrement le protocole et les résultats d’une étude du professeur de l’IHU Méditerranée infection, à Marseille.
Par Hervé Morin, Sandrine Cabut et Nathaniel Herzberg
La nature humaine a horreur du vide. En témoigne l’intérêt massif suscité par une molécule, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), présentée par certains comme la parade face au nouveau coronavirus, alors qu’aucune thérapeutique n’est pour l’instant validée. Donald Trump lui-même s’est fait médecin en chef pour enjoindre à ses concitoyens de se la faire prescrire, avant d’être démenti par sa propre administration, bien plus circonspecte.
Lundi 23 mars, au « 20 heures » de TF1, le premier ministre, Edouard Philippe, a tenté de faire retomber cette fièvre pour l’hydroxychloroquine, née de résultats très préliminaires d’une étude clinique sur un effectif modeste, conduite par le professeur Didier Raoult (IHU Méditerranée infection, Marseille). Après avoir constaté que les avis « des personnes les plus éclairées en la matière sont souvent divergents », le premier ministre s’est référé au Haut Conseil de santé publique, qui a recommandé de n’utiliser l’hydroxychloroquine que dans des cas sévères, en milieu hospitalier, et sur décision collégiale des médecins. Un arrêté va être pris en ce sens par le ministre de la santé, Olivier Véran.
Le chef du gouvernement répondait ainsi à la pression de certains élus : « La chloroquine, pourquoi ne l’utilise-t-on pas ? », s’était ainsi interrogé sur France Inter le patron des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, contaminé par le coronavirus, a indiqué à Radio J qu’il avait « envie qu’on fasse confiance » à Didier Raoult.
Ce dernier a lui-même a créé un appel d’air en annonçant, dimanche 22 mars, que son institut allait pratiquer des tests sur tous les malades fébriles qui viendraient consulter, et proposerait aux patients infectés le traitement par hydroxychloroquine combinée à un antibiotique, l’azithromycine – hors autorisation de mise sur le marché. De longues files de patients se sont aussitôt constituées près de l’IHU. Ailleurs, des médecins généralistes et hospitaliers commencent à en prescrire. D’autres mettent en garde contre des utilisations non contrôlées, potentiellement dangereuses pour les patients et néfastes à l’évaluation scientifique des effets de la molécule.
Des espoirs et des critiques
Cet engouement n’est pas que français. Plusieurs pays ont inscrit l’hydroxychloroquine dans leurs protocoles de traitement, certains constituent des réserves – au Maroc, le gouvernement a préempté les stocks de Sanofi, fabricant du Plaquenil. En France, l’industriel indique ne pas avoir reçu une telle demande des pouvoirs publics – et souligne que les patients habituellement traités contre le lupus ou une polyarthrite – les indications reconnues – doivent rester prioritaires.
Décrit sur le site de la revue International Journal of Antimicrobial Agents, l’essai clinique dirigé par Didier Raoult concentre tous les espoirs, mais aussi un grand nombre de critiques. Au point que le conseil scientifique constitué pour conseiller l’exécutif et présidé par Jean-François Delfraissy a demandé une expertise à son sujet.
Chargée de cette mission, l’épidémiologiste et biostatisticienne Dominique Costagliola (directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, Sorbonne Université) est très critique. « Cette étude est conduite, décrite et analysée de façon non rigoureuse, avec des imprécisions et des ambiguïtés. Il s’agit d’un essai à fort risque de biais selon les standards internationaux. Dans ce contexte, il est donc impossible d’interpréter l’effet décrit comme étant attribuable au traitement par hydroxychloroquine », résume-t-elle. Dans une situation normale, selon elle, l’article n’aurait d’ailleurs pas été accepté dans une revue (rappelons ici qu’un des coauteurs de l’étude est le rédacteur en chef de la revue qui l’a accueillie).
Pour parvenir à cette conclusion, la biostatisticienne a disséqué à la fois le protocole et les résultats, et mis en évidence de nombreux points litigieux, qu’elle a consignés dans une note écrite – très détaillée et très technique – au conseil scientifique sur le Covid-19. « Concernant le calcul du nombre de sujets nécessaires, il est conduit comme si on avait une étude randomisée avec deux bras [qui compare deux groupes constitués de façon aléatoire, l’un traité et l’autre non], ce qui n’est pas le cas, et les éléments fournis ne permettent pas de reproduire ce calcul », ajoute Dominique Costagliola. Mais c’est sur la partie résultats de l’article que ses observations sont les plus inquiétantes.
Six patients sur vingt-six ont été exclus de l’analyse des résultats
Sur les vingt-six patients enrôlés dans l’essai, six sont considérés comme perdus de vue : trois sont passés en réanimation, un est décédé, un autre sorti de l’hôpital et un présentait des effets indésirables. Dans l’article, ces six sujets sont exclus de l’analyse des résultats. Un point qui fait bondir la spécialiste. « Cela pose un problème sévère, une analyse rigoureuse aurait dû considérer tout ou partie de ces cas comme des échecs, estime-t-elle. C’est par exemple ainsi qu’on analyse les essais dans le domaine du VIH. »
Autre souci de taille, les résultats de charge virale présentés par les auteurs ne sont pas conformes aux mesures réalisées : cinq des seize patients du groupe non traité n’ont en fait pas été prélevés à J + 6 et leur résultat est pourtant considéré par les auteurs comme positif (présence du virus). Alors que dans le groupe traité, où un des vingt patients n’a pas été prélevé, son résultat est noté négatif. Sur ces arguments et d’autres, Dominique Costagliola considère qu’il est impossible de juger si les deux groupes sont comparables. Surtout, « l’analyse a été conduite en vue de favoriser le bras traité » (c’est-à-dire les patients prenant de l’hydroxychloroquine), écrit-elle noir sur blanc dans sa note au conseil scientifique.
Les faiblesses pointées par la biostatisticienne sont largement partagées par la communauté scientifique, y compris hors des cénacles franco-français. Une note rédigée par trois biostatisticiens britanniques reprend les mêmes arguments. Anthony Fauci, qui dirige l’Institut national américain des maladies infectieuses, a qualifié d’« anecdotiques » les preuves d’une efficacité du Plaquenil, faute d’« essai clinique contrôlé ».
Sur PubPeer, un site destiné à pointer des faiblesses méthodologiques dans la production scientifique, l’article de l’équipe marseillaise concentre aussi une série de questions. Contacté par Le Monde pour éclaircir ces différents points, Didier Raoult n’a pas donné suite à ces sollicitations.
Essai clinique européen sur 800 patients français
Pour faire avancer le débat, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a demandé, lundi 23 mars, aux auteurs de l’étude de lui donner accès aux données brutes, individuelles, des personnes ayant participé à l’essai. « C’est une procédure banale aujourd’hui pour des jeux de données d’importance extrême, ce qui est le cas de l’étude de Didier Raoult », justifie ce médecin, qui effectue la démarche en tant que président du conseil scientifique de la fondation Cochrane (une organisation internationale indépendante, dont la mission est de favoriser la prise de décision éclairée par des données probantes).
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Ils n’ont pas prononcé le nom de Didier Raoult. L’essai est « adaptatif », a souligné Florence Ader : « Si nous observons une absence d’efficacité ou trop peu d’efficacité sur l’un ou l’autre des traitements, on pourra arrêter et basculer vers d’autres molécules d’intérêt. » Premiers résultats espérés dans quelques semaines.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/live/2020/03/24/coronavirus-suivez-la-journee-en-direct-et-posez-nous-vos-questions_6034185_3244.html
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Pour le conseil scientifique, prolonger le confinement est "indispensable"
Dans son avis du 23 mars, rendu public mardi sur le site du ministère de la santé et des solidarités, le conseil scientifique aidant le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire considère qu'il est "indispensable de prolonger le confinement". Les onze membres du conseil estiment que le confinement durera vraisemblablement six semaines à compter de son lancement (le mardi 17 mars) :
Etant donné les incertitudes scientifiques mentionnées sur la dynamique de l’épidémie, il n’est pas encore possible d’anticiper précisément l’évolution de ces indicateurs clés, et donc de proposer une date de sortie de confinement. Le confinement durera vraisemblablement au moins six semaines à compter de sa mise en place.
Il est important de noter que l'avis du conseil scientifique reste consultatif. Aucune décision n'a été pour l'instant prise par le gouvernement au sujet d'une prolongation des mesures de confinement.
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Pour le conseil scientifique, prolonger le confinement est "indispensable"
Dans son avis du 23 mars, rendu public mardi sur le site du ministère de la santé et des solidarités, le conseil scientifique aidant le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire considère qu'il est "indispensable de prolonger le confinement". Les onze membres du conseil estiment que le confinement durera vraisemblablement six semaines à compter de son lancement (le mardi 17 mars) :
Etant donné les incertitudes scientifiques mentionnées sur la dynamique de l’épidémie, il n’est pas encore possible d’anticiper précisément l’évolution de ces indicateurs clés, et donc de proposer une date de sortie de confinement. Le confinement durera vraisemblablement au moins six semaines à compter de sa mise en place.
Il est important de noter que l'avis du conseil scientifique reste consultatif. Aucune décision n'a été pour l'instant prise par le gouvernement au sujet d'une prolongation des mesures de confinement.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/didier-raoult-le-trublion-du-covid-19_6034364_3244.html
« Champion » à Marseille, savant reconnu et amateur de polémiques : Didier Raoult, le trublion du Covid-19
L’infectiologue marseillais préconise un traitement des malades sur la base d’éléments encore ténus. Savant reconnu, il divise par ses prises de position parfois iconoclastes.
Par Stéphane Foucart et Gilles Rof
En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle. Une vidéo postée sur YouTube, un essai au mieux fragile, au pire bancal, et un débat public que la panique a rendu perméable aux promesses de guérison : c’est tout ce qu’il a fallu au microbiologiste français Didier Raoult, 68 ans, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour déclencher une folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquenil. Au Maroc, les autorités commencent à en stocker ; aux Etats-Unis et ailleurs, on commence à compter les premières victimes – par intoxication – de l’engouement pour la molécule.
Dans son fief marseillais, Didier Raoult vient, lui, d’entrer au panthéon des héros locaux incarnant l’esprit rebelle de la ville, opposée à un parisianisme compassé. Un héros, voire un sauveur : devant le siège de son IHU, des centaines de personnes patientent désormais pour recevoir, et le diagnostic, et le remède. Et, toujours, ces pieds de nez à la capitale, à l’establishment, à la bienséance. Le journaliste Hervé Vaudoit, ancien de La Provence, auteur d’un livre sur le sujet (IHU Méditerranée Infection. Le défi de la recherche et de la médecine intégrées, Michel Lafon, 2018), raconte l’avoir un jour interrogé sur son changement de style, ses cheveux longs, sa barbe, sa bague de biker : « Il m’a souri et m’a répondu : “Parce que ça les fait chier.” »
Affoler tranquillement, depuis Marseille, le personnel politique et les médias parisiens semble comme un jeu. Quand le quotidien Les Echos annonce, mardi 24 mars, le scoop de sa démission du Conseil scientifique Covid-19 installé par l’Elysée le 11 mars, son institut répond aussitôt qu’il ne démissionne pas du comité. Simplement qu’il n’y viendrait plus – excusé lors des deux premières réunions, son nom n’apparaît pas dans les deux derniers avis rendus par le conseil.
Né en 1952 à Dakar d’un père médecin militaire et d’une mère infirmière, Didier Raoult ne s’insère dans la tradition familiale qu’après un parcours chaotique : indocile, rétif au système scolaire, il croise Christian Estrosi – actuellement maire LR de la ville – au lycée de Nice, où son père l’envoie après un premier exil en internat à Briançon, dans les Hautes-Alpes. Il quitte l’école en 2de, passe un bac littéraire en candidat libre et l’obtient de justesse. Il part deux ans sur les mers à bord de navires de commerce à la façon du Marius de Pagnol. Puis rentre à Marseille et débute, contraint par son père, des études à la faculté de médecine.
Goût pour la polémique et la bonne formule
« Les médecins que je fréquentais ici voulaient tous être le meilleur de Marseille, a-t-il glissé, un jour, au Provençal, qui l’interrogeait sur son attachement à sa ville. Moi, je voulais être champion du monde, à Marseille. » Controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable, le professeur de médecine est aujourd’hui convaincu d’être devenu le « champion du monde » de sa discipline. Et même si ses pairs ne partagent pas tous cette conviction, il est loin d’être le « docteur Maboule » moqué par certains. Microbiologiste de renommée internationale, il a des travaux majeurs à son actif. A commencer par ceux conduits sur les virus géants, découverts en 2003 en collaboration avec le généticien Jean-Michel Claverie (CNRS). Une percée susceptible de redessiner les contours du monde vivant, et qui a généré de très nombreux travaux en virologie, en génétique, en biologie de l’évolution. Dans les années 1980, ses travaux pionniers sur les rickettsies – de petites bactéries intracellulaires – lui ont également valu une grande reconnaissance.
« On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort. Nous sommes clairement en rivalité, mais ça ne m’empêche pas de le respecter en tant que scientifique, raconte Jean-Michel Claverie. Je suis d’ailleurs assez choqué des attaques personnelles dont il est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre. » Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires.
Dans sa chronique au Point, il a annoncé la fin du changement climatique à plusieurs reprises, sans succès : en 2013 (« Les prédictions climatiques sont absurdes ! »), puis en 2014 (« La Terre ne se réchauffe plus ! »), avant d’enchaîner sur plusieurs textes climatosceptiques. Il a aussi revisité de façon toute personnelle la question du trou dans la couche d’ozone, assurant que celui-ci était la cause d’un… refroidissement du climat.
Même dans son domaine de recherche, son goût pour la polémique et la bonne formule, son jeu du contre-pied permanent l’emmènent parfois sur un terrain glissant. Le 21 janvier, alors que les autorités chinoises s’apprêtent à boucler la province du Hubei, il déclare sur la chaîne YouTube de son institut que l’inquiétude à propos du Covid-19 est « délirante ». « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio, raillait-il alors. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité. »
Statistique contestée
Jusqu’à la mi-février, il continuera, dans ses vidéos, à relativiser la situation, affirmant que c’est « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Anthony Fauci, le grand immunologiste américain, conseiller de la Maison Blanche ? « Il a dû devenir gâteux », déclare-t-il. C’est aussi par une vidéo postée sur YouTube qu’il défraie la chronique, quelques jours plus tard, en prophétisant la « fin de partie » du Covid-19 grâce à la chloroquine. Il n’y a, alors, aucune donnée probante publiquement disponible pour étayer une telle affirmation.
Plus grave, notent certains : des chercheurs affiliés à son IHU ont publié, début mars, dans Antiviral Research, une synthèse de littérature indiquant que, jusqu’à présent, les effets encourageant in vitro de la chloroquine et de ses dérivés sur des virus, n’avaient jamais été confirmés in vivo. Et que, dans le cas du chikungunya, la molécule avait même eu des effets paradoxaux, aggravant la maladie. Des réserves dont Didier Raoult ne tient nul compte dans sa parole publique.
Les données n’existent pas encore : il faut donc en produire. En un temps record, c’est chose faite avec la publication, le 20 mars, dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, d’un essai mené en quinze jours sur une trentaine de patients atteints par le coronavirus. Las ! L’étude est éreintée par de nombreux spécialistes. Un patient traité à l’hydroxychloroquine est mort mais n’a pas été inclus dans l’analyse, pas plus que trois autres dont l’état s’est aggravé et qui ont dû être placés en soins intensifs… et ce alors qu’aucun des patients non traités n’est mort ou n’a été conduit en réanimation. Critères d’enrôlement peu clairs, statistique contestée, groupes traités et témoins trop différents pour être comparables, hiatus inexpliqués entre les courbes présentées en vidéo et celles publiées… les commentaires assassins affluent.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par le professeur de médecine : publier à tout prix
Au point que certains se demandent comment une telle étude a pu être acceptée pour publication par une revue à comité de lecture. De nombreux chercheurs relèvent un conflit d’intérêts patent : la revue ayant publié l’essai a pour éditeur en chef un collaborateur de Didier Raoult, Jean-Marc Rolain, également cosignataire de l’étude en question, de même que responsable de la « valorisation » de l’IHU Méditerranée Infection. Une situation peu conforme aux standards de la publication scientifique.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par Didier Raoult : publier à tout prix. Selon la base de données Scopus, il totalisait, mardi 24 mars, 3 062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique. Un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année). Ce qui en fait le microbiologiste le plus cité au niveau international — le « champion du monde », aurait-il peut-être dit s’il avait répondu à nos sollicitations avant le bouclage de cet article.
Là encore, le professeur Raoult est son propre et plus redoutable ennemi. Car, dans la communauté savante, l’énormité de tels chiffres ne fait plus guère illusion : « Comment croire qu’un scientifique puisse participer réellement à des recherches débouchant sur quasi une publication par semaine ? », interroge à son propos le biologiste et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, dans son dernier ouvrage (Malscience. De la fraude dans les labos, Seuil, 2016). En outre, plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs.
Ses meilleurs soutiens sont politiques
Des stratégies de publication qui finissent par occulter ses études parues, dans des conditions normales, dans les meilleures revues internationales. Au point qu’en 2018 l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS ont retiré leur label aux unités de recherche de son IHU. « Quand Agnès Buzyn est devenue ministre de la santé, Didier Raoult a été un des premiers à monter au créneau pour dénoncer un possible conflit d’intérêts du fait de la situation de son mari [Yves Lévy], directeur de l’Inserm, assure Hervé Vaudoit. Et, au moment où Lévy a voulu être prolongé, il est remonté au créneau. L’IHU a perdu le label Inserm dans la bataille. »
Les cercles parisiens ont-ils intrigué contre le tempétueux infectiologue marseillais ? Tous ses soutiens, à Marseille, en sont convaincus. « Le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur [Hcéres] n’était pas très bon et celui du Comité national de la recherche scientifique [CoNRS] ne l’était pas non plus, rétorque un cadre du CNRS. Nous avons malgré tout envisagé de garder le label CNRS à certaines équipes, mais une affaire de harcèlement sexuel [impliquant un chercheur qui a depuis quitté l’institut] nous a conduits à renoncer. » A plusieurs reprises, des plaintes ont attiré l’attention des organismes de tutelle de l’IHU. Le journal local d’investigation Marsactu a d’ailleurs révélé, à l’été 2017, qu’une lettre d’une douzaine de chercheurs leur avait été adressée, alertant sur la pression pesant sur certains personnels.
Une pression qui peut conduire au pire. En 2012, la revue Science a ainsi révélé qu’en 2006 une suspicion de fraude, impliquant un article de l’équipe de Didier Raoult, avait conduit l’American Society for Microbiology à l’interdire de publication pendant un an, lui et son équipe, dans toutes les revues éditées par la société savante. Une information qui était demeurée confidentielle jusqu’en 2012 et dont la révélation a ulcéré le chercheur marseillais.
Ses meilleurs soutiens sont politiques. Sur les réseaux sociaux ou les chaînes d’information, Christian Estrosi, Renaud Muselier, président de la région Sud, Gilbert Collard, eurodéputé apparenté RN, l’ancien député PS de l’Essonne Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France, ou encore les élus marseillais testés positif et traités à l’hydroxychloroquine : tous lui apportent un indéfectible soutien. De même qu’une bonne part de l’extrême droite. Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et médecin urgentiste, M. Muselier le connaît de longue date et assure avoir personnellement insisté auprès du président de la République pour qu’il l’intègre à son Conseil scientifique. « On se connaît depuis près de quarante ans, dit-il. Je l’ai rencontré alors que j’étais étudiant et lui assistant enseignant. C’est un ami et un partenaire. C’est un génie. Il est porteur de cette idée de la grandeur de la France, de la liberté d’expression, et de la liberté de penser. Sa vision est très gaulliste. »
Didier Raoult, selon Hervé Vaudoit, « aime la baston et il gagne souvent ». « Il a toujours parlé mal, il est provocant. Il dégage une certaine arrogance et cela lui a parfois coûté cher. » Les prochaines semaines diront s’il avait raison de plaider pour un maillage du territoire français par des structures consacrées aux maladies infectieuses, comme celle qu’il dirige. Elles seront cruciales, pour lui et son institut. Soit les essais cliniques lancés lui donnent raison sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et conforteront sa stature de savant précurseur et incontournable. Soit ils le démentent et le ramèneront à un statut de simple bateleur qu’il ne mérite pas. En attendant, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Cochrane France) lui a demandé, dimanche 22 mars, les données brutes de son essai sur l’hydroxychloroquine. Mardi soir, il n’avait toujours rien reçu. Et là encore, le premier critique de Didier Raoult n’est autre que Didier Raoult lui-même, qui écrivait, en 2015 dans Le Point, reprenant les idées d’un professeur de Harvard : « Pour redonner confiance dans les études scientifiques », il faut « mettre plus systématiquement les données brutes à disposition de tous ».
« Champion » à Marseille, savant reconnu et amateur de polémiques : Didier Raoult, le trublion du Covid-19
L’infectiologue marseillais préconise un traitement des malades sur la base d’éléments encore ténus. Savant reconnu, il divise par ses prises de position parfois iconoclastes.
Par Stéphane Foucart et Gilles Rof
En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle. Une vidéo postée sur YouTube, un essai au mieux fragile, au pire bancal, et un débat public que la panique a rendu perméable aux promesses de guérison : c’est tout ce qu’il a fallu au microbiologiste français Didier Raoult, 68 ans, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour déclencher une folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquenil. Au Maroc, les autorités commencent à en stocker ; aux Etats-Unis et ailleurs, on commence à compter les premières victimes – par intoxication – de l’engouement pour la molécule.
Dans son fief marseillais, Didier Raoult vient, lui, d’entrer au panthéon des héros locaux incarnant l’esprit rebelle de la ville, opposée à un parisianisme compassé. Un héros, voire un sauveur : devant le siège de son IHU, des centaines de personnes patientent désormais pour recevoir, et le diagnostic, et le remède. Et, toujours, ces pieds de nez à la capitale, à l’establishment, à la bienséance. Le journaliste Hervé Vaudoit, ancien de La Provence, auteur d’un livre sur le sujet (IHU Méditerranée Infection. Le défi de la recherche et de la médecine intégrées, Michel Lafon, 2018), raconte l’avoir un jour interrogé sur son changement de style, ses cheveux longs, sa barbe, sa bague de biker : « Il m’a souri et m’a répondu : “Parce que ça les fait chier.” »
Affoler tranquillement, depuis Marseille, le personnel politique et les médias parisiens semble comme un jeu. Quand le quotidien Les Echos annonce, mardi 24 mars, le scoop de sa démission du Conseil scientifique Covid-19 installé par l’Elysée le 11 mars, son institut répond aussitôt qu’il ne démissionne pas du comité. Simplement qu’il n’y viendrait plus – excusé lors des deux premières réunions, son nom n’apparaît pas dans les deux derniers avis rendus par le conseil.
Né en 1952 à Dakar d’un père médecin militaire et d’une mère infirmière, Didier Raoult ne s’insère dans la tradition familiale qu’après un parcours chaotique : indocile, rétif au système scolaire, il croise Christian Estrosi – actuellement maire LR de la ville – au lycée de Nice, où son père l’envoie après un premier exil en internat à Briançon, dans les Hautes-Alpes. Il quitte l’école en 2de, passe un bac littéraire en candidat libre et l’obtient de justesse. Il part deux ans sur les mers à bord de navires de commerce à la façon du Marius de Pagnol. Puis rentre à Marseille et débute, contraint par son père, des études à la faculté de médecine.
Goût pour la polémique et la bonne formule
« Les médecins que je fréquentais ici voulaient tous être le meilleur de Marseille, a-t-il glissé, un jour, au Provençal, qui l’interrogeait sur son attachement à sa ville. Moi, je voulais être champion du monde, à Marseille. » Controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable, le professeur de médecine est aujourd’hui convaincu d’être devenu le « champion du monde » de sa discipline. Et même si ses pairs ne partagent pas tous cette conviction, il est loin d’être le « docteur Maboule » moqué par certains. Microbiologiste de renommée internationale, il a des travaux majeurs à son actif. A commencer par ceux conduits sur les virus géants, découverts en 2003 en collaboration avec le généticien Jean-Michel Claverie (CNRS). Une percée susceptible de redessiner les contours du monde vivant, et qui a généré de très nombreux travaux en virologie, en génétique, en biologie de l’évolution. Dans les années 1980, ses travaux pionniers sur les rickettsies – de petites bactéries intracellulaires – lui ont également valu une grande reconnaissance.
« On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort. Nous sommes clairement en rivalité, mais ça ne m’empêche pas de le respecter en tant que scientifique, raconte Jean-Michel Claverie. Je suis d’ailleurs assez choqué des attaques personnelles dont il est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre. » Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires.
Dans sa chronique au Point, il a annoncé la fin du changement climatique à plusieurs reprises, sans succès : en 2013 (« Les prédictions climatiques sont absurdes ! »), puis en 2014 (« La Terre ne se réchauffe plus ! »), avant d’enchaîner sur plusieurs textes climatosceptiques. Il a aussi revisité de façon toute personnelle la question du trou dans la couche d’ozone, assurant que celui-ci était la cause d’un… refroidissement du climat.
Même dans son domaine de recherche, son goût pour la polémique et la bonne formule, son jeu du contre-pied permanent l’emmènent parfois sur un terrain glissant. Le 21 janvier, alors que les autorités chinoises s’apprêtent à boucler la province du Hubei, il déclare sur la chaîne YouTube de son institut que l’inquiétude à propos du Covid-19 est « délirante ». « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio, raillait-il alors. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité. »
Statistique contestée
Jusqu’à la mi-février, il continuera, dans ses vidéos, à relativiser la situation, affirmant que c’est « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Anthony Fauci, le grand immunologiste américain, conseiller de la Maison Blanche ? « Il a dû devenir gâteux », déclare-t-il. C’est aussi par une vidéo postée sur YouTube qu’il défraie la chronique, quelques jours plus tard, en prophétisant la « fin de partie » du Covid-19 grâce à la chloroquine. Il n’y a, alors, aucune donnée probante publiquement disponible pour étayer une telle affirmation.
Plus grave, notent certains : des chercheurs affiliés à son IHU ont publié, début mars, dans Antiviral Research, une synthèse de littérature indiquant que, jusqu’à présent, les effets encourageant in vitro de la chloroquine et de ses dérivés sur des virus, n’avaient jamais été confirmés in vivo. Et que, dans le cas du chikungunya, la molécule avait même eu des effets paradoxaux, aggravant la maladie. Des réserves dont Didier Raoult ne tient nul compte dans sa parole publique.
Les données n’existent pas encore : il faut donc en produire. En un temps record, c’est chose faite avec la publication, le 20 mars, dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, d’un essai mené en quinze jours sur une trentaine de patients atteints par le coronavirus. Las ! L’étude est éreintée par de nombreux spécialistes. Un patient traité à l’hydroxychloroquine est mort mais n’a pas été inclus dans l’analyse, pas plus que trois autres dont l’état s’est aggravé et qui ont dû être placés en soins intensifs… et ce alors qu’aucun des patients non traités n’est mort ou n’a été conduit en réanimation. Critères d’enrôlement peu clairs, statistique contestée, groupes traités et témoins trop différents pour être comparables, hiatus inexpliqués entre les courbes présentées en vidéo et celles publiées… les commentaires assassins affluent.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par le professeur de médecine : publier à tout prix
Au point que certains se demandent comment une telle étude a pu être acceptée pour publication par une revue à comité de lecture. De nombreux chercheurs relèvent un conflit d’intérêts patent : la revue ayant publié l’essai a pour éditeur en chef un collaborateur de Didier Raoult, Jean-Marc Rolain, également cosignataire de l’étude en question, de même que responsable de la « valorisation » de l’IHU Méditerranée Infection. Une situation peu conforme aux standards de la publication scientifique.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par Didier Raoult : publier à tout prix. Selon la base de données Scopus, il totalisait, mardi 24 mars, 3 062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique. Un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année). Ce qui en fait le microbiologiste le plus cité au niveau international — le « champion du monde », aurait-il peut-être dit s’il avait répondu à nos sollicitations avant le bouclage de cet article.
Là encore, le professeur Raoult est son propre et plus redoutable ennemi. Car, dans la communauté savante, l’énormité de tels chiffres ne fait plus guère illusion : « Comment croire qu’un scientifique puisse participer réellement à des recherches débouchant sur quasi une publication par semaine ? », interroge à son propos le biologiste et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, dans son dernier ouvrage (Malscience. De la fraude dans les labos, Seuil, 2016). En outre, plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs.
Ses meilleurs soutiens sont politiques
Des stratégies de publication qui finissent par occulter ses études parues, dans des conditions normales, dans les meilleures revues internationales. Au point qu’en 2018 l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS ont retiré leur label aux unités de recherche de son IHU. « Quand Agnès Buzyn est devenue ministre de la santé, Didier Raoult a été un des premiers à monter au créneau pour dénoncer un possible conflit d’intérêts du fait de la situation de son mari [Yves Lévy], directeur de l’Inserm, assure Hervé Vaudoit. Et, au moment où Lévy a voulu être prolongé, il est remonté au créneau. L’IHU a perdu le label Inserm dans la bataille. »
Les cercles parisiens ont-ils intrigué contre le tempétueux infectiologue marseillais ? Tous ses soutiens, à Marseille, en sont convaincus. « Le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur [Hcéres] n’était pas très bon et celui du Comité national de la recherche scientifique [CoNRS] ne l’était pas non plus, rétorque un cadre du CNRS. Nous avons malgré tout envisagé de garder le label CNRS à certaines équipes, mais une affaire de harcèlement sexuel [impliquant un chercheur qui a depuis quitté l’institut] nous a conduits à renoncer. » A plusieurs reprises, des plaintes ont attiré l’attention des organismes de tutelle de l’IHU. Le journal local d’investigation Marsactu a d’ailleurs révélé, à l’été 2017, qu’une lettre d’une douzaine de chercheurs leur avait été adressée, alertant sur la pression pesant sur certains personnels.
Une pression qui peut conduire au pire. En 2012, la revue Science a ainsi révélé qu’en 2006 une suspicion de fraude, impliquant un article de l’équipe de Didier Raoult, avait conduit l’American Society for Microbiology à l’interdire de publication pendant un an, lui et son équipe, dans toutes les revues éditées par la société savante. Une information qui était demeurée confidentielle jusqu’en 2012 et dont la révélation a ulcéré le chercheur marseillais.
Ses meilleurs soutiens sont politiques. Sur les réseaux sociaux ou les chaînes d’information, Christian Estrosi, Renaud Muselier, président de la région Sud, Gilbert Collard, eurodéputé apparenté RN, l’ancien député PS de l’Essonne Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France, ou encore les élus marseillais testés positif et traités à l’hydroxychloroquine : tous lui apportent un indéfectible soutien. De même qu’une bonne part de l’extrême droite. Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et médecin urgentiste, M. Muselier le connaît de longue date et assure avoir personnellement insisté auprès du président de la République pour qu’il l’intègre à son Conseil scientifique. « On se connaît depuis près de quarante ans, dit-il. Je l’ai rencontré alors que j’étais étudiant et lui assistant enseignant. C’est un ami et un partenaire. C’est un génie. Il est porteur de cette idée de la grandeur de la France, de la liberté d’expression, et de la liberté de penser. Sa vision est très gaulliste. »
Didier Raoult, selon Hervé Vaudoit, « aime la baston et il gagne souvent ». « Il a toujours parlé mal, il est provocant. Il dégage une certaine arrogance et cela lui a parfois coûté cher. » Les prochaines semaines diront s’il avait raison de plaider pour un maillage du territoire français par des structures consacrées aux maladies infectieuses, comme celle qu’il dirige. Elles seront cruciales, pour lui et son institut. Soit les essais cliniques lancés lui donnent raison sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et conforteront sa stature de savant précurseur et incontournable. Soit ils le démentent et le ramèneront à un statut de simple bateleur qu’il ne mérite pas. En attendant, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Cochrane France) lui a demandé, dimanche 22 mars, les données brutes de son essai sur l’hydroxychloroquine. Mardi soir, il n’avait toujours rien reçu. Et là encore, le premier critique de Didier Raoult n’est autre que Didier Raoult lui-même, qui écrivait, en 2015 dans Le Point, reprenant les idées d’un professeur de Harvard : « Pour redonner confiance dans les études scientifiques », il faut « mettre plus systématiquement les données brutes à disposition de tous ».
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