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Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/didier-raoult-le-trublion-du-covid-19_6034364_3244.html
« Champion » à Marseille, savant reconnu et amateur de polémiques : Didier Raoult, le trublion du Covid-19
L’infectiologue marseillais préconise un traitement des malades sur la base d’éléments encore ténus. Savant reconnu, il divise par ses prises de position parfois iconoclastes.
Par Stéphane Foucart et Gilles Rof
En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle. Une vidéo postée sur YouTube, un essai au mieux fragile, au pire bancal, et un débat public que la panique a rendu perméable aux promesses de guérison : c’est tout ce qu’il a fallu au microbiologiste français Didier Raoult, 68 ans, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour déclencher une folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquenil. Au Maroc, les autorités commencent à en stocker ; aux Etats-Unis et ailleurs, on commence à compter les premières victimes – par intoxication – de l’engouement pour la molécule.
Dans son fief marseillais, Didier Raoult vient, lui, d’entrer au panthéon des héros locaux incarnant l’esprit rebelle de la ville, opposée à un parisianisme compassé. Un héros, voire un sauveur : devant le siège de son IHU, des centaines de personnes patientent désormais pour recevoir, et le diagnostic, et le remède. Et, toujours, ces pieds de nez à la capitale, à l’establishment, à la bienséance. Le journaliste Hervé Vaudoit, ancien de La Provence, auteur d’un livre sur le sujet (IHU Méditerranée Infection. Le défi de la recherche et de la médecine intégrées, Michel Lafon, 2018), raconte l’avoir un jour interrogé sur son changement de style, ses cheveux longs, sa barbe, sa bague de biker : « Il m’a souri et m’a répondu : “Parce que ça les fait chier.” »
Affoler tranquillement, depuis Marseille, le personnel politique et les médias parisiens semble comme un jeu. Quand le quotidien Les Echos annonce, mardi 24 mars, le scoop de sa démission du Conseil scientifique Covid-19 installé par l’Elysée le 11 mars, son institut répond aussitôt qu’il ne démissionne pas du comité. Simplement qu’il n’y viendrait plus – excusé lors des deux premières réunions, son nom n’apparaît pas dans les deux derniers avis rendus par le conseil.
Né en 1952 à Dakar d’un père médecin militaire et d’une mère infirmière, Didier Raoult ne s’insère dans la tradition familiale qu’après un parcours chaotique : indocile, rétif au système scolaire, il croise Christian Estrosi – actuellement maire LR de la ville – au lycée de Nice, où son père l’envoie après un premier exil en internat à Briançon, dans les Hautes-Alpes. Il quitte l’école en 2de, passe un bac littéraire en candidat libre et l’obtient de justesse. Il part deux ans sur les mers à bord de navires de commerce à la façon du Marius de Pagnol. Puis rentre à Marseille et débute, contraint par son père, des études à la faculté de médecine.
Goût pour la polémique et la bonne formule
« Les médecins que je fréquentais ici voulaient tous être le meilleur de Marseille, a-t-il glissé, un jour, au Provençal, qui l’interrogeait sur son attachement à sa ville. Moi, je voulais être champion du monde, à Marseille. » Controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable, le professeur de médecine est aujourd’hui convaincu d’être devenu le « champion du monde » de sa discipline. Et même si ses pairs ne partagent pas tous cette conviction, il est loin d’être le « docteur Maboule » moqué par certains. Microbiologiste de renommée internationale, il a des travaux majeurs à son actif. A commencer par ceux conduits sur les virus géants, découverts en 2003 en collaboration avec le généticien Jean-Michel Claverie (CNRS). Une percée susceptible de redessiner les contours du monde vivant, et qui a généré de très nombreux travaux en virologie, en génétique, en biologie de l’évolution. Dans les années 1980, ses travaux pionniers sur les rickettsies – de petites bactéries intracellulaires – lui ont également valu une grande reconnaissance.
« On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort. Nous sommes clairement en rivalité, mais ça ne m’empêche pas de le respecter en tant que scientifique, raconte Jean-Michel Claverie. Je suis d’ailleurs assez choqué des attaques personnelles dont il est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre. » Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires.
Dans sa chronique au Point, il a annoncé la fin du changement climatique à plusieurs reprises, sans succès : en 2013 (« Les prédictions climatiques sont absurdes ! »), puis en 2014 (« La Terre ne se réchauffe plus ! »), avant d’enchaîner sur plusieurs textes climatosceptiques. Il a aussi revisité de façon toute personnelle la question du trou dans la couche d’ozone, assurant que celui-ci était la cause d’un… refroidissement du climat.
Même dans son domaine de recherche, son goût pour la polémique et la bonne formule, son jeu du contre-pied permanent l’emmènent parfois sur un terrain glissant. Le 21 janvier, alors que les autorités chinoises s’apprêtent à boucler la province du Hubei, il déclare sur la chaîne YouTube de son institut que l’inquiétude à propos du Covid-19 est « délirante ». « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio, raillait-il alors. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité. »
Statistique contestée
Jusqu’à la mi-février, il continuera, dans ses vidéos, à relativiser la situation, affirmant que c’est « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Anthony Fauci, le grand immunologiste américain, conseiller de la Maison Blanche ? « Il a dû devenir gâteux », déclare-t-il. C’est aussi par une vidéo postée sur YouTube qu’il défraie la chronique, quelques jours plus tard, en prophétisant la « fin de partie » du Covid-19 grâce à la chloroquine. Il n’y a, alors, aucune donnée probante publiquement disponible pour étayer une telle affirmation.
Plus grave, notent certains : des chercheurs affiliés à son IHU ont publié, début mars, dans Antiviral Research, une synthèse de littérature indiquant que, jusqu’à présent, les effets encourageant in vitro de la chloroquine et de ses dérivés sur des virus, n’avaient jamais été confirmés in vivo. Et que, dans le cas du chikungunya, la molécule avait même eu des effets paradoxaux, aggravant la maladie. Des réserves dont Didier Raoult ne tient nul compte dans sa parole publique.
Les données n’existent pas encore : il faut donc en produire. En un temps record, c’est chose faite avec la publication, le 20 mars, dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, d’un essai mené en quinze jours sur une trentaine de patients atteints par le coronavirus. Las ! L’étude est éreintée par de nombreux spécialistes. Un patient traité à l’hydroxychloroquine est mort mais n’a pas été inclus dans l’analyse, pas plus que trois autres dont l’état s’est aggravé et qui ont dû être placés en soins intensifs… et ce alors qu’aucun des patients non traités n’est mort ou n’a été conduit en réanimation. Critères d’enrôlement peu clairs, statistique contestée, groupes traités et témoins trop différents pour être comparables, hiatus inexpliqués entre les courbes présentées en vidéo et celles publiées… les commentaires assassins affluent.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par le professeur de médecine : publier à tout prix
Au point que certains se demandent comment une telle étude a pu être acceptée pour publication par une revue à comité de lecture. De nombreux chercheurs relèvent un conflit d’intérêts patent : la revue ayant publié l’essai a pour éditeur en chef un collaborateur de Didier Raoult, Jean-Marc Rolain, également cosignataire de l’étude en question, de même que responsable de la « valorisation » de l’IHU Méditerranée Infection. Une situation peu conforme aux standards de la publication scientifique.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par Didier Raoult : publier à tout prix. Selon la base de données Scopus, il totalisait, mardi 24 mars, 3 062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique. Un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année). Ce qui en fait le microbiologiste le plus cité au niveau international — le « champion du monde », aurait-il peut-être dit s’il avait répondu à nos sollicitations avant le bouclage de cet article.
Là encore, le professeur Raoult est son propre et plus redoutable ennemi. Car, dans la communauté savante, l’énormité de tels chiffres ne fait plus guère illusion : « Comment croire qu’un scientifique puisse participer réellement à des recherches débouchant sur quasi une publication par semaine ? », interroge à son propos le biologiste et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, dans son dernier ouvrage (Malscience. De la fraude dans les labos, Seuil, 2016). En outre, plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs.
Ses meilleurs soutiens sont politiques
Des stratégies de publication qui finissent par occulter ses études parues, dans des conditions normales, dans les meilleures revues internationales. Au point qu’en 2018 l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS ont retiré leur label aux unités de recherche de son IHU. « Quand Agnès Buzyn est devenue ministre de la santé, Didier Raoult a été un des premiers à monter au créneau pour dénoncer un possible conflit d’intérêts du fait de la situation de son mari [Yves Lévy], directeur de l’Inserm, assure Hervé Vaudoit. Et, au moment où Lévy a voulu être prolongé, il est remonté au créneau. L’IHU a perdu le label Inserm dans la bataille. »
Les cercles parisiens ont-ils intrigué contre le tempétueux infectiologue marseillais ? Tous ses soutiens, à Marseille, en sont convaincus. « Le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur [Hcéres] n’était pas très bon et celui du Comité national de la recherche scientifique [CoNRS] ne l’était pas non plus, rétorque un cadre du CNRS. Nous avons malgré tout envisagé de garder le label CNRS à certaines équipes, mais une affaire de harcèlement sexuel [impliquant un chercheur qui a depuis quitté l’institut] nous a conduits à renoncer. » A plusieurs reprises, des plaintes ont attiré l’attention des organismes de tutelle de l’IHU. Le journal local d’investigation Marsactu a d’ailleurs révélé, à l’été 2017, qu’une lettre d’une douzaine de chercheurs leur avait été adressée, alertant sur la pression pesant sur certains personnels.
Une pression qui peut conduire au pire. En 2012, la revue Science a ainsi révélé qu’en 2006 une suspicion de fraude, impliquant un article de l’équipe de Didier Raoult, avait conduit l’American Society for Microbiology à l’interdire de publication pendant un an, lui et son équipe, dans toutes les revues éditées par la société savante. Une information qui était demeurée confidentielle jusqu’en 2012 et dont la révélation a ulcéré le chercheur marseillais.
Ses meilleurs soutiens sont politiques. Sur les réseaux sociaux ou les chaînes d’information, Christian Estrosi, Renaud Muselier, président de la région Sud, Gilbert Collard, eurodéputé apparenté RN, l’ancien député PS de l’Essonne Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France, ou encore les élus marseillais testés positif et traités à l’hydroxychloroquine : tous lui apportent un indéfectible soutien. De même qu’une bonne part de l’extrême droite. Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et médecin urgentiste, M. Muselier le connaît de longue date et assure avoir personnellement insisté auprès du président de la République pour qu’il l’intègre à son Conseil scientifique. « On se connaît depuis près de quarante ans, dit-il. Je l’ai rencontré alors que j’étais étudiant et lui assistant enseignant. C’est un ami et un partenaire. C’est un génie. Il est porteur de cette idée de la grandeur de la France, de la liberté d’expression, et de la liberté de penser. Sa vision est très gaulliste. »
Didier Raoult, selon Hervé Vaudoit, « aime la baston et il gagne souvent ». « Il a toujours parlé mal, il est provocant. Il dégage une certaine arrogance et cela lui a parfois coûté cher. » Les prochaines semaines diront s’il avait raison de plaider pour un maillage du territoire français par des structures consacrées aux maladies infectieuses, comme celle qu’il dirige. Elles seront cruciales, pour lui et son institut. Soit les essais cliniques lancés lui donnent raison sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et conforteront sa stature de savant précurseur et incontournable. Soit ils le démentent et le ramèneront à un statut de simple bateleur qu’il ne mérite pas. En attendant, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Cochrane France) lui a demandé, dimanche 22 mars, les données brutes de son essai sur l’hydroxychloroquine. Mardi soir, il n’avait toujours rien reçu. Et là encore, le premier critique de Didier Raoult n’est autre que Didier Raoult lui-même, qui écrivait, en 2015 dans Le Point, reprenant les idées d’un professeur de Harvard : « Pour redonner confiance dans les études scientifiques », il faut « mettre plus systématiquement les données brutes à disposition de tous ».
« Champion » à Marseille, savant reconnu et amateur de polémiques : Didier Raoult, le trublion du Covid-19
L’infectiologue marseillais préconise un traitement des malades sur la base d’éléments encore ténus. Savant reconnu, il divise par ses prises de position parfois iconoclastes.
Par Stéphane Foucart et Gilles Rof
En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle. Une vidéo postée sur YouTube, un essai au mieux fragile, au pire bancal, et un débat public que la panique a rendu perméable aux promesses de guérison : c’est tout ce qu’il a fallu au microbiologiste français Didier Raoult, 68 ans, patron de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, pour déclencher une folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine, commercialisée sous le nom de Plaquenil. Au Maroc, les autorités commencent à en stocker ; aux Etats-Unis et ailleurs, on commence à compter les premières victimes – par intoxication – de l’engouement pour la molécule.
Dans son fief marseillais, Didier Raoult vient, lui, d’entrer au panthéon des héros locaux incarnant l’esprit rebelle de la ville, opposée à un parisianisme compassé. Un héros, voire un sauveur : devant le siège de son IHU, des centaines de personnes patientent désormais pour recevoir, et le diagnostic, et le remède. Et, toujours, ces pieds de nez à la capitale, à l’establishment, à la bienséance. Le journaliste Hervé Vaudoit, ancien de La Provence, auteur d’un livre sur le sujet (IHU Méditerranée Infection. Le défi de la recherche et de la médecine intégrées, Michel Lafon, 2018), raconte l’avoir un jour interrogé sur son changement de style, ses cheveux longs, sa barbe, sa bague de biker : « Il m’a souri et m’a répondu : “Parce que ça les fait chier.” »
Affoler tranquillement, depuis Marseille, le personnel politique et les médias parisiens semble comme un jeu. Quand le quotidien Les Echos annonce, mardi 24 mars, le scoop de sa démission du Conseil scientifique Covid-19 installé par l’Elysée le 11 mars, son institut répond aussitôt qu’il ne démissionne pas du comité. Simplement qu’il n’y viendrait plus – excusé lors des deux premières réunions, son nom n’apparaît pas dans les deux derniers avis rendus par le conseil.
Né en 1952 à Dakar d’un père médecin militaire et d’une mère infirmière, Didier Raoult ne s’insère dans la tradition familiale qu’après un parcours chaotique : indocile, rétif au système scolaire, il croise Christian Estrosi – actuellement maire LR de la ville – au lycée de Nice, où son père l’envoie après un premier exil en internat à Briançon, dans les Hautes-Alpes. Il quitte l’école en 2de, passe un bac littéraire en candidat libre et l’obtient de justesse. Il part deux ans sur les mers à bord de navires de commerce à la façon du Marius de Pagnol. Puis rentre à Marseille et débute, contraint par son père, des études à la faculté de médecine.
Goût pour la polémique et la bonne formule
« Les médecins que je fréquentais ici voulaient tous être le meilleur de Marseille, a-t-il glissé, un jour, au Provençal, qui l’interrogeait sur son attachement à sa ville. Moi, je voulais être champion du monde, à Marseille. » Controversé, fort en gueule, haut en couleur et incontrôlable, le professeur de médecine est aujourd’hui convaincu d’être devenu le « champion du monde » de sa discipline. Et même si ses pairs ne partagent pas tous cette conviction, il est loin d’être le « docteur Maboule » moqué par certains. Microbiologiste de renommée internationale, il a des travaux majeurs à son actif. A commencer par ceux conduits sur les virus géants, découverts en 2003 en collaboration avec le généticien Jean-Michel Claverie (CNRS). Une percée susceptible de redessiner les contours du monde vivant, et qui a généré de très nombreux travaux en virologie, en génétique, en biologie de l’évolution. Dans les années 1980, ses travaux pionniers sur les rickettsies – de petites bactéries intracellulaires – lui ont également valu une grande reconnaissance.
« On a travaillé ensemble, on a fait de belles publications ensemble et puis on s’est engueulés très fort. Nous sommes clairement en rivalité, mais ça ne m’empêche pas de le respecter en tant que scientifique, raconte Jean-Michel Claverie. Je suis d’ailleurs assez choqué des attaques personnelles dont il est victime sur les plateaux de télévision, alors qu’il n’est pas là pour se défendre. » Ses déclarations à l’emporte-pièce lui nuisent cependant bien plus que les attaques de ses nombreux adversaires.
Dans sa chronique au Point, il a annoncé la fin du changement climatique à plusieurs reprises, sans succès : en 2013 (« Les prédictions climatiques sont absurdes ! »), puis en 2014 (« La Terre ne se réchauffe plus ! »), avant d’enchaîner sur plusieurs textes climatosceptiques. Il a aussi revisité de façon toute personnelle la question du trou dans la couche d’ozone, assurant que celui-ci était la cause d’un… refroidissement du climat.
Même dans son domaine de recherche, son goût pour la polémique et la bonne formule, son jeu du contre-pied permanent l’emmènent parfois sur un terrain glissant. Le 21 janvier, alors que les autorités chinoises s’apprêtent à boucler la province du Hubei, il déclare sur la chaîne YouTube de son institut que l’inquiétude à propos du Covid-19 est « délirante ». « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS [Organisation mondiale de la santé] s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio, raillait-il alors. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité. »
Statistique contestée
Jusqu’à la mi-février, il continuera, dans ses vidéos, à relativiser la situation, affirmant que c’est « beaucoup de bruit pour pas grand-chose ». Anthony Fauci, le grand immunologiste américain, conseiller de la Maison Blanche ? « Il a dû devenir gâteux », déclare-t-il. C’est aussi par une vidéo postée sur YouTube qu’il défraie la chronique, quelques jours plus tard, en prophétisant la « fin de partie » du Covid-19 grâce à la chloroquine. Il n’y a, alors, aucune donnée probante publiquement disponible pour étayer une telle affirmation.
Plus grave, notent certains : des chercheurs affiliés à son IHU ont publié, début mars, dans Antiviral Research, une synthèse de littérature indiquant que, jusqu’à présent, les effets encourageant in vitro de la chloroquine et de ses dérivés sur des virus, n’avaient jamais été confirmés in vivo. Et que, dans le cas du chikungunya, la molécule avait même eu des effets paradoxaux, aggravant la maladie. Des réserves dont Didier Raoult ne tient nul compte dans sa parole publique.
Les données n’existent pas encore : il faut donc en produire. En un temps record, c’est chose faite avec la publication, le 20 mars, dans la revue International Journal of Antimicrobial Agents, d’un essai mené en quinze jours sur une trentaine de patients atteints par le coronavirus. Las ! L’étude est éreintée par de nombreux spécialistes. Un patient traité à l’hydroxychloroquine est mort mais n’a pas été inclus dans l’analyse, pas plus que trois autres dont l’état s’est aggravé et qui ont dû être placés en soins intensifs… et ce alors qu’aucun des patients non traités n’est mort ou n’a été conduit en réanimation. Critères d’enrôlement peu clairs, statistique contestée, groupes traités et témoins trop différents pour être comparables, hiatus inexpliqués entre les courbes présentées en vidéo et celles publiées… les commentaires assassins affluent.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par le professeur de médecine : publier à tout prix
Au point que certains se demandent comment une telle étude a pu être acceptée pour publication par une revue à comité de lecture. De nombreux chercheurs relèvent un conflit d’intérêts patent : la revue ayant publié l’essai a pour éditeur en chef un collaborateur de Didier Raoult, Jean-Marc Rolain, également cosignataire de l’étude en question, de même que responsable de la « valorisation » de l’IHU Méditerranée Infection. Une situation peu conforme aux standards de la publication scientifique.
C’est là l’un des secrets du système mis en place par Didier Raoult : publier à tout prix. Selon la base de données Scopus, il totalisait, mardi 24 mars, 3 062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique. Un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année). Ce qui en fait le microbiologiste le plus cité au niveau international — le « champion du monde », aurait-il peut-être dit s’il avait répondu à nos sollicitations avant le bouclage de cet article.
Là encore, le professeur Raoult est son propre et plus redoutable ennemi. Car, dans la communauté savante, l’énormité de tels chiffres ne fait plus guère illusion : « Comment croire qu’un scientifique puisse participer réellement à des recherches débouchant sur quasi une publication par semaine ? », interroge à son propos le biologiste et journaliste Nicolas Chevassus-au-Louis, dans son dernier ouvrage (Malscience. De la fraude dans les labos, Seuil, 2016). En outre, plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs.
Ses meilleurs soutiens sont politiques
Des stratégies de publication qui finissent par occulter ses études parues, dans des conditions normales, dans les meilleures revues internationales. Au point qu’en 2018 l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et le CNRS ont retiré leur label aux unités de recherche de son IHU. « Quand Agnès Buzyn est devenue ministre de la santé, Didier Raoult a été un des premiers à monter au créneau pour dénoncer un possible conflit d’intérêts du fait de la situation de son mari [Yves Lévy], directeur de l’Inserm, assure Hervé Vaudoit. Et, au moment où Lévy a voulu être prolongé, il est remonté au créneau. L’IHU a perdu le label Inserm dans la bataille. »
Les cercles parisiens ont-ils intrigué contre le tempétueux infectiologue marseillais ? Tous ses soutiens, à Marseille, en sont convaincus. « Le rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur [Hcéres] n’était pas très bon et celui du Comité national de la recherche scientifique [CoNRS] ne l’était pas non plus, rétorque un cadre du CNRS. Nous avons malgré tout envisagé de garder le label CNRS à certaines équipes, mais une affaire de harcèlement sexuel [impliquant un chercheur qui a depuis quitté l’institut] nous a conduits à renoncer. » A plusieurs reprises, des plaintes ont attiré l’attention des organismes de tutelle de l’IHU. Le journal local d’investigation Marsactu a d’ailleurs révélé, à l’été 2017, qu’une lettre d’une douzaine de chercheurs leur avait été adressée, alertant sur la pression pesant sur certains personnels.
Une pression qui peut conduire au pire. En 2012, la revue Science a ainsi révélé qu’en 2006 une suspicion de fraude, impliquant un article de l’équipe de Didier Raoult, avait conduit l’American Society for Microbiology à l’interdire de publication pendant un an, lui et son équipe, dans toutes les revues éditées par la société savante. Une information qui était demeurée confidentielle jusqu’en 2012 et dont la révélation a ulcéré le chercheur marseillais.
Ses meilleurs soutiens sont politiques. Sur les réseaux sociaux ou les chaînes d’information, Christian Estrosi, Renaud Muselier, président de la région Sud, Gilbert Collard, eurodéputé apparenté RN, l’ancien député PS de l’Essonne Julien Dray, conseiller régional d’Ile-de-France, ou encore les élus marseillais testés positif et traités à l’hydroxychloroquine : tous lui apportent un indéfectible soutien. De même qu’une bonne part de l’extrême droite. Président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et médecin urgentiste, M. Muselier le connaît de longue date et assure avoir personnellement insisté auprès du président de la République pour qu’il l’intègre à son Conseil scientifique. « On se connaît depuis près de quarante ans, dit-il. Je l’ai rencontré alors que j’étais étudiant et lui assistant enseignant. C’est un ami et un partenaire. C’est un génie. Il est porteur de cette idée de la grandeur de la France, de la liberté d’expression, et de la liberté de penser. Sa vision est très gaulliste. »
Didier Raoult, selon Hervé Vaudoit, « aime la baston et il gagne souvent ». « Il a toujours parlé mal, il est provocant. Il dégage une certaine arrogance et cela lui a parfois coûté cher. » Les prochaines semaines diront s’il avait raison de plaider pour un maillage du territoire français par des structures consacrées aux maladies infectieuses, comme celle qu’il dirige. Elles seront cruciales, pour lui et son institut. Soit les essais cliniques lancés lui donnent raison sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine et conforteront sa stature de savant précurseur et incontournable. Soit ils le démentent et le ramèneront à un statut de simple bateleur qu’il ne mérite pas. En attendant, l’épidémiologiste Philippe Ravaud (Cochrane France) lui a demandé, dimanche 22 mars, les données brutes de son essai sur l’hydroxychloroquine. Mardi soir, il n’avait toujours rien reçu. Et là encore, le premier critique de Didier Raoult n’est autre que Didier Raoult lui-même, qui écrivait, en 2015 dans Le Point, reprenant les idées d’un professeur de Harvard : « Pour redonner confiance dans les études scientifiques », il faut « mettre plus systématiquement les données brutes à disposition de tous ».
Scalp- Team modo
- Nombre de messages : 49969
Date d'inscription : 11/09/2018
Re: Rugby et Coronavirus
"une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année)"
OK, n'étant pas du domaine je ne savais pas quoi penser de ce type. Mais là c'est bon: c'est un escroc. PERSONNE ne réussit à publier en moins de 3 mois 30 articles scientifiques de qualité, tout du moins en ayant contribué sérieusement à l'article. Juste en relire et en corriger un sérieusement c'est plusieurs jours de boulot.
Affaire classée, la chloroquine c'est une escroquerie.
"plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs."
Sur Bordeaux il y a la mafia des chercheurs en médecine, mais ça n'atteint pas le niveau de Marseille. Tout simplement hallucinant. Pas étonnant qu'il se soit vu retiré l'agrémentation du CNRS ET de l'INSERM....
OK, n'étant pas du domaine je ne savais pas quoi penser de ce type. Mais là c'est bon: c'est un escroc. PERSONNE ne réussit à publier en moins de 3 mois 30 articles scientifiques de qualité, tout du moins en ayant contribué sérieusement à l'article. Juste en relire et en corriger un sérieusement c'est plusieurs jours de boulot.
Affaire classée, la chloroquine c'est une escroquerie.
"plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs."
Sur Bordeaux il y a la mafia des chercheurs en médecine, mais ça n'atteint pas le niveau de Marseille. Tout simplement hallucinant. Pas étonnant qu'il se soit vu retiré l'agrémentation du CNRS ET de l'INSERM....
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Re: Rugby et Coronavirus
krahknardz a écrit:"une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année)"
OK, n'étant pas du domaine je ne savais pas quoi penser de ce type. Mais là c'est bon: c'est un escroc. PERSONNE ne réussit à publier en moins de 3 mois 30 articles scientifiques de qualité, tout du moins en ayant contribué sérieusement à l'article. Juste en relire et en corriger un sérieusement c'est plusieurs jours de boulot.
Affaire classée, la chloroquine c'est une escroquerie.
"plusieurs centaines de ses articles scientifiques ont été publiés dans des revues gérées par ses propres collaborateurs."
Sur Bordeaux il y a la mafia des chercheurs en médecine, mais ça n'atteint pas le niveau de Marseille. Tout simplement hallucinant. Pas étonnant qu'il se soit vu retiré l'agrémentation du CNRS ET de l'INSERM....
J'ai moi aussi quelques collègues qui publient énormément. J'en ai notamment un qui ne se donne même pas la peine de présenter le travail de ses très nombreux coauteurs quand ils n'ont pas pu se joindre à lui pour assister à des conférences. Dans certains pays, publier abondamment est indispensable pour avoir accès à une carrière académique satisfaisante. En France, par besoin de financement et/ou de reconnaissance, certains n'hésitent pas à jouer à ce petit jeu et personne n'est totalement dupe. Au niveau international ça marche malheureusement souvent. En France, le CNRS demande au moins 1 publi importante (+ bien sûr d'autres résultats) par an à ses chercheur. 1/2 par le Ministère pour ses Enseignants-Chercheurs. Au delà d'une par mois et sur plusieurs années, ça n'a plus de sens.
1 par semaine, oui en effet c'est un escroc, intelligent mais un escroc ... et ça ne veut pas dire qu'il à tord/raison sur ce coup
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Re: Rugby et Coronavirus
Pour le grand public, dont je fais partie, peu au fait de ce milieu et sur un sujet complexe comme celui-ci, c'est un peu le brouillard.
Ce qui apparait quand même clairement, c'est que les études Chinoise et celle de Raoult, sont insuffisantes pour avoir des certitudes sur l'efficacité de la chloroquine.
Après krahk, ne serait-il pas plus prudent d'attendre les résultats des études en cours, pour savoir si la chloroquine est efficace ou non ?, j'ai l'impression que c'est ce que tu penses Patrick ?.
Ce qui apparait quand même clairement, c'est que les études Chinoise et celle de Raoult, sont insuffisantes pour avoir des certitudes sur l'efficacité de la chloroquine.
Après krahk, ne serait-il pas plus prudent d'attendre les résultats des études en cours, pour savoir si la chloroquine est efficace ou non ?, j'ai l'impression que c'est ce que tu penses Patrick ?.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/planete/2020/03/24/le-virus-pourrait-etre-transporte-par-la-pollution_1782754
«Le virus pourrait être transporté par la pollution»
Par Aude Massiot
Vincent-Henri Peuch, directeur du Service européen de surveillance atmosphérique Copernicus, explique comment la recherche sur le Covid-19 se penche maintenant sur une possible transmission par les particules en suspension.
Bien que ce ne soit pas son cœur de métier, Vincent-Henri Peuch est un des multiples acteurs du monde scientifique qui tente de mieux comprendre la réalité de l’épidémie de Covid-19. Le directeur du Service de surveillance atmosphérique (Cams) du programme européen Copernicus d’observation de la Terre explique à Libération l’étendue de leurs travaux, en lien avec le milieu médical. Le CAMS a relevé le 18 mars, une réduction de 10% par semaine des concentrations d’un polluant, le dioxyde d’azote en surface, dans le nord de l’Italie, depuis la mi-février. Et devrait publier dans les prochains jours une carte en temps réel de l’évolution de la concentration de certains gaz dangereux pour l’homme, en Europe.
Vous travaillez actuellement avec l’Organisation mondiale de la santé ainsi que des épidémiologistes sur le Covid-19. Quel est votre rôle ?
Grâce à nos outils d’observation par satellite et de modélisation, nous leur fournissons des données pour déterminer si la pollution par les particules fines peut servir de vecteur au Covid-19. Une étude réalisée par une quinzaine de chercheurs internationaux, et publiée le 17 mars dans The New England Journal of Medecine (1), a conclu que ce virus peut rester accroché pendant environ trois heures sur les particules fines en suspension, émises entre autres par les voitures, l’agriculture ou l’industrie. Cela signifierait qu’il pourrait être transporté par la pollution et contaminer sur une longue distance. L’OMS et les universités avec lesquelles nous travaillons cherchent maintenant à savoir si le virus, dans sa phase active, peut survivre sur les particules en suspension. Et sur quelle durée. Cette hypothèse, si elle est confirmée, pourrait expliquer, en partie, la vitesse de propagation du Covid-19. Il est possible que cela dépende des conditions d’humidité et de température.
Une baisse de la pollution aérienne saurait, si c’est confirmé, être bénéfique pour limiter l’épidémie ?
Tout cela n’est encore qu’hypothèses. Mais si c’est confirmé, oui. On pourrait décider alors de réduire certaines sources spécifiques de pollution. Nous observons déjà l’effet à la baisse des mesures de confinement sur les émissions de gaz polluants, comme le dioxyde d’azote et les particules fines, sur l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, avec un petit retard au Royaume-Uni. Mais comme ces émissions dépendent beaucoup de la variabilité saisonnière et de la météo, il faut un mois de données pour considérer une évolution comme robuste.
Vous travaillez aussi sur le lien entre le virus et les allergies au pollen…
Il est clairement établi que la pollution atmosphérique, même étendue au pollen, affecte les personnes au travers de maladies comme l’asthme. Avec le Covid-19, la question est maintenant : la dangerosité du virus et ses complications augmenteraient-elles pour les patients allergiques au pollen ? C’est un enjeu de taille. En Europe, 25% de la population européenne est sensible au pollen. Et nous sommes en plein pic de la production de pollen de bouleau, un des plus allergisants.
Comment obtenez-vous vos données sur les pollens ?
On fait des prélèvements sur des filtres de l’air, qu’on passe ensuite au microscope pour compter les particules de pollen. En fonction de la saison, on sait à quelle espèce on doit s’attendre. On obtient les informations avec un délai de trois semaines.
Dans quelle mesure doit-on s’attendre à voir les émissions de gaz à effet de serre chuter ?
C’est difficile à dire. Le problème avec des gaz comme le dioxyde de carbone (CO2) ou le méthane, est que les concentrations de fond dans l’atmosphère sont déjà très élevées. Les émissions «fraîches» ne correspondent qu’à environ 1% du total. Un de nos axes de développement, à Copernicus, est justement de mettre en place, dans les prochaines années, un ensemble de trois satellites capables de mesurer le CO2 avec une précision suffisante pour pouvoir déterminer quelle quantité est «fraîche» ou ancienne.
(1) https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2004973
«Le virus pourrait être transporté par la pollution»
Par Aude Massiot
Vincent-Henri Peuch, directeur du Service européen de surveillance atmosphérique Copernicus, explique comment la recherche sur le Covid-19 se penche maintenant sur une possible transmission par les particules en suspension.
Bien que ce ne soit pas son cœur de métier, Vincent-Henri Peuch est un des multiples acteurs du monde scientifique qui tente de mieux comprendre la réalité de l’épidémie de Covid-19. Le directeur du Service de surveillance atmosphérique (Cams) du programme européen Copernicus d’observation de la Terre explique à Libération l’étendue de leurs travaux, en lien avec le milieu médical. Le CAMS a relevé le 18 mars, une réduction de 10% par semaine des concentrations d’un polluant, le dioxyde d’azote en surface, dans le nord de l’Italie, depuis la mi-février. Et devrait publier dans les prochains jours une carte en temps réel de l’évolution de la concentration de certains gaz dangereux pour l’homme, en Europe.
Vous travaillez actuellement avec l’Organisation mondiale de la santé ainsi que des épidémiologistes sur le Covid-19. Quel est votre rôle ?
Grâce à nos outils d’observation par satellite et de modélisation, nous leur fournissons des données pour déterminer si la pollution par les particules fines peut servir de vecteur au Covid-19. Une étude réalisée par une quinzaine de chercheurs internationaux, et publiée le 17 mars dans The New England Journal of Medecine (1), a conclu que ce virus peut rester accroché pendant environ trois heures sur les particules fines en suspension, émises entre autres par les voitures, l’agriculture ou l’industrie. Cela signifierait qu’il pourrait être transporté par la pollution et contaminer sur une longue distance. L’OMS et les universités avec lesquelles nous travaillons cherchent maintenant à savoir si le virus, dans sa phase active, peut survivre sur les particules en suspension. Et sur quelle durée. Cette hypothèse, si elle est confirmée, pourrait expliquer, en partie, la vitesse de propagation du Covid-19. Il est possible que cela dépende des conditions d’humidité et de température.
Une baisse de la pollution aérienne saurait, si c’est confirmé, être bénéfique pour limiter l’épidémie ?
Tout cela n’est encore qu’hypothèses. Mais si c’est confirmé, oui. On pourrait décider alors de réduire certaines sources spécifiques de pollution. Nous observons déjà l’effet à la baisse des mesures de confinement sur les émissions de gaz polluants, comme le dioxyde d’azote et les particules fines, sur l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, avec un petit retard au Royaume-Uni. Mais comme ces émissions dépendent beaucoup de la variabilité saisonnière et de la météo, il faut un mois de données pour considérer une évolution comme robuste.
Vous travaillez aussi sur le lien entre le virus et les allergies au pollen…
Il est clairement établi que la pollution atmosphérique, même étendue au pollen, affecte les personnes au travers de maladies comme l’asthme. Avec le Covid-19, la question est maintenant : la dangerosité du virus et ses complications augmenteraient-elles pour les patients allergiques au pollen ? C’est un enjeu de taille. En Europe, 25% de la population européenne est sensible au pollen. Et nous sommes en plein pic de la production de pollen de bouleau, un des plus allergisants.
Comment obtenez-vous vos données sur les pollens ?
On fait des prélèvements sur des filtres de l’air, qu’on passe ensuite au microscope pour compter les particules de pollen. En fonction de la saison, on sait à quelle espèce on doit s’attendre. On obtient les informations avec un délai de trois semaines.
Dans quelle mesure doit-on s’attendre à voir les émissions de gaz à effet de serre chuter ?
C’est difficile à dire. Le problème avec des gaz comme le dioxyde de carbone (CO2) ou le méthane, est que les concentrations de fond dans l’atmosphère sont déjà très élevées. Les émissions «fraîches» ne correspondent qu’à environ 1% du total. Un de nos axes de développement, à Copernicus, est justement de mettre en place, dans les prochaines années, un ensemble de trois satellites capables de mesurer le CO2 avec une précision suffisante pour pouvoir déterminer quelle quantité est «fraîche» ou ancienne.
(1) https://www.nejm.org/doi/10.1056/NEJMc2004973
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:Pour le grand public, dont je fais partie, peu au fait de ce milieu et sur un sujet complexe comme celui-ci, c'est un peu le brouillard.
Ce qui apparait quand même clairement, c'est que les études Chinoise et celle de Raoult, sont insuffisantes pour avoir des certitudes sur l'efficacité de la chloroquine.
Après krahk, ne serait-il pas plus prudent d'attendre les résultats des études en cours, pour savoir si la chloroquine est efficace ou non ?, j'ai l'impression que c'est ce que tu penses Patrick ?.
Oui, ne nous emballons pas. Même si je en suis pas biologiste, je suis par exemple quasi-sûr qu'une solution très concentrée en sel tue le coronavisus. Je ne suis pas sûr par contre qu'une forte injection de sel dans le sang soit très favorable à la santé. Après quelques décennies, il a été montré que l'étude de référence prouvant la relation entre cholestérol et accident cardio-vasculaires était totalement pipeautée : seuls les pays confirmant la théorie des auteurs avaient été retenus pour montrer la corrélation. La France avec une alimentation assez grasse mais avec un taux de maladies cardio-vasculaire assez bas avait par exemple était enlevée des données d'étude. Entre temps, les auteurs ont été célébrés et les médecins, bien encouragés par les labo pharmaceutiques, continuent même à traiter énergiquement le cholestérol même si ça a par ailleurs des effets secondaires néfastes. Il y a des malhonnêtes partout, chez les garagistes comme chez les scientifiques
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Re: Rugby et Coronavirus
Tout à fait Patrick !
Voilà, c'est long, mais ça fait le point sur la recherche biomédicale, les nombreux biais qui la pervertissent, etc.
http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/24/hydroxychloroquine-comment-la-mauvaise-science-est-devenue-u-305255.html
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Voilà, c'est long, mais ça fait le point sur la recherche biomédicale, les nombreux biais qui la pervertissent, etc.
http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/24/hydroxychloroquine-comment-la-mauvaise-science-est-devenue-u-305255.html
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Humeur : Consterné par le traitement réservé à MJ, la mentalité d'une partie des commentateurs (journalistes et supporters), etc.
Re: Rugby et Coronavirus
biscouette a écrit:Tout à fait Patrick !
Voilà, c'est long, mais ça fait le point sur la recherche biomédicale, les nombreux biais qui la pervertissent, etc.
http://jdmichel.blog.tdg.ch/archive/2020/03/24/hydroxychloroquine-comment-la-mauvaise-science-est-devenue-u-305255.html
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Que penser de Jean-Dominique Michel, peux-tu donner ton avis, j'ai vu qu'un billet sur son blog avait fait l'objet de polémique sur Médiapart : https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/25/mediapart-a-t-il-supprime-un-billet-de-blog-favorable-au-professeur-raoult_1782879
Ce qu'il dit sur la Chloroquine ne va, en tout cas, pas dans le même sens que le consensus de nos scientifiques (je précise qu'il faut mieux lire l'ensemble de son article posté par Biscouette, pour comprendre l'ensemble de ses arguments) :
Et l’hydroxychloroquine dans tout ça ?
On y vient ! J’ai partagé dans mes précédents billets mon intérêt pour les initiatives de Raoult. Pour les raisons suivantes :
D’abord, il s’agit d’une démarche pleinement empirique, et donc médicale aux sens réel et noble. Les idéologues de la « Médecine scientifique » détestent cette idée, Raoult lui rappelle que c’est bien cela le paradigme authentique de la clinique. On entend toutes sortes de choses au sujet des « faiblesses méthodologiques » de son essai clinique à Marseille. Venant de la part de sectateurs qui cautionnent massivement la destructivité de la biomédecine mercantile, et ferment les yeux sur les faiblesses épistémologiques sévères des protocoles de recherche dont ils se gargarisent, ce n’est pas juste pas recevable. Je me permets vraiment d'insister : ce que les pourfendeurs de Raoult ignorent ou feignent d'ignorer, c'est qu'il assume une démarche empirique qui est celle de la vraie médecine, depuis toujours ! C'est comme ça qu'on a utilisé la chloroquine avec succès contre le palud et que tous les médicaments anciens ont été mis sur le marché. Je n'ai évidemment rien contre les études bien faites, et comprends d'une certaine manière la validité des critiques formelles adressées à son essai clinique. Il ne se situe toutefois pas dans la même perspective épistémique. Cette contestation conduisant à faire courir un risque majeur à des centaines voir des milliers de personnes. Un peu comme dans l'histoire de ce type qui laissa brûler sa maison quand on lui eut expliqué que la couleur réglementaire des extincteurs était le rouge, alors que le sien était hélas de couleur verte...
Ensuite, il convient de rappeler qu’en période d’urgence, on trouve toujours d'un côté ceux qui savent de quoi ils parlent et qui agissent et de l'autre les hordes d'ignorants qui disent n’importe quoi en trouvant que l'urgence est de ne surtout pas agir si l’idée ne vient pas d’eux ou tant qu'il ne leur arrive rien ! L’expérience clinique de Marseille-Infection devrait inciter, je le dis comme je le pense, les tristes sires à se taire, sauf à avoir une expérience clinique comparable avec l’hydroxychloroquine et ses indications anti-infectieuses (sur les bactéries intracellulaires, les parasites et les virus) que Raoult et ses équipes. Ceci devrait prendre soin de cela...
La posture indéfendable des responsables politiques français et des gardiens du temple « scientifique » est de prendre le risque de laisser mourir des centaines de personnes pour ne surtout pas prescrire une substance dont l’on n’est pas « absolument certain » de son effet, alors même qu’elle est parfaitement maîtrisée. Ce qui pose un grave problème éthique. L’éthique, contrairement à la morale, est un arbitrage entre des valeurs contradictoires qui s’opposent les unes aux autres. La démonstration empirique de la capacité d’une molécule (par exemple comme ici) à curer la charge virale et produire une amélioration clinique est bien sûr un principe important. Mais comme l’est tout autant le principe de non-malfaisance bien compris : l’hydroxychloroquine est une substance très sûre, prise par des centaines de millions de personnes depuis des décennies. Alors que le risque de péjoration du tableau clinique de personnes non-traitées, en particulier celles appartenant à un groupe à risque, est susceptible d'avoir des conséquences potentiellement fatales. Enfin, la non-assistance à personne en danger (et même la mise en danger par omission de la vie d’autrui), venant de la part d’autorités politiques et sanitaires, reflète de manière vertigineuse la déliquescence des valeurs et le moralisme autojustifié qui prévalent.
Agnès Buzyn a classé en urgence l'hydroxychloroquine au tableau des "substances vénéneuses". D'une part, je n'aime pas tirer sur les ambulances, cette dame se trouvant aujourd'hui avec une plainte pénale aux fesses. Mais je vais plus loin : je comprends son souci face au risque d'automédication sauvage à large échelle. Toutefois, je pense que c'est en prenant des mesures méprisantes de l'intelligenve des médecins-généralistes et dogmatiques comme on le fait aujourd'hui qu'on tend le ressort pour de tels risques. Rappelons que, non, contrairement au choeur de Cassandres que l'on entend, le profil de risque de l'hydroxychloroquine prescrite sous surveillance médicale (et un électrocardiogramme à J0 et J2) en fait un des médicaments les plus sûrs qui soient. Les avis contraires exprimés en boucle sur les médias confinent au pur mensonge.
Depuis que j’explore les territoires abondants de ma discipline, j’ai toujours observé la même réalité : les vrais scientifiques, quel que soit leur champ disciplinaire, sont toujours des personnes vaillantes, ouvertes d’esprit, curieuses, humbles, déterminées et sachant au besoin s’affranchir des règles inutiles. Dans le sillage de ces grandes personnalités, on trouve ensuite des hordes de suiveurs sans talent et qui se tiennent pour sortis de la cuisse de Jupiter. Ils forment le bataillon noir des « intégristes », confondant science et religion et injectant dans leur pratique de la première le même cléricalisme imbécile qui afflige la Curie romaine. Puis, en-dessous, la masse invisibles des chercheuses et chercheurs de bonne volonté, invisibles, sous-payés, abondamment maltraités par les dynamiques malsaines de leurs institutions.
Entre ne rien faire avec des intrigants ou foncer avec les meilleurs experts, mon choix est clair.
Ce n’est pas celui du gouvernement français hélas. Invoquer la science -cet article je l’espère l’aura montré- relève de la malhonnêteté intellectuelle. Au moment où la biomédecine poursuivait, portée par les réservoirs d'intégrité de ses praticiens, son douloureux inventaire des tares systémiques qui l'affligent, c'est un bien sale coup porté tant à son intelligence qu'à ses valeurs fondamentales.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/03/25/coronavirus-le-spectre-du-krach-de-2008-voire-de-1929_6034349_3234.html
Après l’épidémie et le confinement, la crainte d’une dépression comparable à la crise de 1929
Gouvernements et banques centrales cherchent à éloigner le risque d’un effondrement en chaîne, alors que l’économie est mise à l’arrêt.
Par Philippe Escande et Julien Bouissou
« Et dans les yeux des affamés, la colère grandit, et poussent dans l’âme du peuple les raisins de la colère… » Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a choisi, mardi 24 mars, de réveiller le fantôme de Tom Joad, héros des Raisins de la colère, le roman emblématique de John Steinbeck publié en 1939, qui traverse la dépression américaine des années 1930. « Ce que nous vivons n’a pas d’autres comparaison que la Grande Dépression de 1929 », a déclaré le ministre, lors d’une conférence de presse. Comparaison effrayante. La crise économique née à la suite du krach boursier du 24 octobre 1929 a provoqué un cataclysme financier sans égal dans le XXe siècle, qui se transmettra à la planète entière et attendra la deuxième guerre mondiale pour disparaître complètement. Avec son cortège de misère, de morts et de troubles sociaux et politiques, dont l’avènement du nazisme.
Bruno Le Maire n’est pas le seul à brandir cette menace. Progressivement, les milieux d’affaires prennent la mesure d’une économie qui s’est mise à l’arrêt d’un coup, comme on souffle une bougie. « Ils ont la trouille de l’embolie générale », confie un conseiller de grands patrons, sous le couvert de l’anonymat. Ces derniers soulignent tous le risque « d’un collapse [« effondrement »] en chaîne », contaminant l’ensemble du tissu économique jusqu’aux plus petites sociétés. « Nous avons tous le sentiment qu’un arrêt brutal et prolongé peut rendre la reprise très complexe et difficile, confirme Jean-Pierre Clamadieu, président du groupe Engie. L’enjeu est de garder la machine en route. » Aussi, beaucoup poussent pour le maintien d’une activité économique en dépit du confinement. Quitte à risquer l’injonction contradictoire. Airbus redémarre sa chaîne de production, et l’Association française des entreprises privées a demandé à ses adhérents de reprendre leur activité, « lorsque les conditions sanitaires sont réunies ».
Il ne s’agit pas de remettre en cause le confinement, mais de ne pas paralyser totalement l’économie. D’une part, comme le souligne le ministre de l’économie, parce que les activités sont interdépendantes. « Il est impossible de définir une activité autorisée, dit-il. Sitôt publiée, la liste doit être revue. Pour vendre 1 litre de lait, il faut des camions, des routes, du BTP, des garages, de l’électricité, tout est imbriqué ! » Et, d’autre part, parce qu’on risque de se retrouver avec un tissu économique trop délabré au moment du redémarrage. C’est là qu’intervient la grande peur de l’effondrement, comme en 1929.
Une perte de PIB de l’ordre de 30 % dans la zone euro
Mais les deux événements sont-ils similaires ? « Nous entrons dans une crise de proportion considérable, comparable à 2008, voire à 1929 », reconnaît le professeur d’économie Daniel Cohen. De fait, entre 1929 et 1932, le commerce et la production industrielle ont baissé de 30 % aux Etats-Unis, puis un peu partout dans le monde. Les estimations actuelles font état d’une perte de produit intérieur brut, qui définit la richesse produite, de l’ordre de 30 % dans la zone euro au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre 2020. « Le taux d’utilisation des capacités industrielles est de 25 %. Un salarié sur quatre est au travail », ajoute Patrick Artus, économiste en chef de la banque Natixis.
« C’est la première fois qu’on se trouve confrontés à une crise de l’économie réelle que la finance peut sauver. »
Même constat sur l’emploi. En 1933, année de l’accession de Franklin Roosevelt à la présidence des Etats-Unis, le chômage touchait 25 % de la population américaine. Le 22 mars, James Bullard, président de la Réserve fédérale (Fed) de Saint-Louis, estimait que le chômage dans le pays pourrait atteindre les 30 % à la fin du deuxième trimestre. Contre moins de 4 % au début de cette année.
La magnitude du tremblement de terre est donc du même ordre, mais cela ne suffit pas à créer une dépression, c’est-à-dire, l’effondrement de l’ensemble du système financier et, derrière lui, de tout l’appareil économique, puisque l’argent ne circule plus. Pour Olivier Passet, économiste au cabinet d’étude Xerfi, « c’est une très mauvaise métaphore ».
« Objectif zéro chômeur »
Par rapport à 1929, « les rôles sont inversés ». « C’est la première fois qu’on se trouve confrontés à une crise de l’économie réelle que la finance peut sauver. » Alors qu’en 1929, comme en 2008, la crise est venue d’une spéculation excessive et de la fragilité des banques. C’est d’ailleurs en souvenir des années 1930, auquel il avait consacré beaucoup de ses travaux académiques, que le patron de la Fed (banque centrale américaine) en 2008, l’économiste Ben Bernanke, en a retenu les leçons pour sauver le système financier en le noyant sous les liquidités, ce qui n’avait pas été fait par ses aînés d’avant-guerre.
La situation, aujourd’hui, est inédite. Pas de banques fragiles, mais un arrêt brutal et simultané de la demande – les personnes confinées n’achètent plus de voitures – et de l’offre – toutes les usines automobiles européennes sont désormais à l’arrêt. Le risque est donc inverse : que cette paralysie contamine la finance par le biais des difficultés des entreprises. C’est bien ce danger d’une économie en dépôt de bilan qui effraie ministres, économistes et patrons, et réveille le fantôme des Raisins de la colère. Il faut à tout prix empêcher les faillites. Et, pour cela, plus qu’un maintien illusoire en activité, « il faut faire open bar », affirme Patrick Artus : « L’Etat paye les factures pendant la durée de la crise. » Et Daniel Cohen d’ajouter : « Il s’agit de s’assurer que personne ne licencie. Objectif zéro chômeur. »
Même constat pour l’économiste Jean Pisani-Ferry, pour qui « il faut absolument éviter la rupture de la relation économique, d’autant que la reprise promet d’être difficile dans un environnement international dégradé ».
La reprise en main de l’économie par la puissance publique
Tenir son tissu sans le laisser se déchirer, c’est le parti pris des Européens, soutenus en cela par la Banque centrale européenne (BCE). Ce n’est, pour l’instant, pas le cas aux Etats-Unis. Fidèle à l’esprit du capitalisme américain, le président Donald Trump déverse des milliards lui aussi, mais sous forme de chèques aux particuliers, et laisse les entreprises licencier en masse. D’où le funeste pronostic du banquier de Saint-Louis, et même du secrétaire d’Etat au Trésor, Steve Mnuchin, qui anticipe la possibilité d’un chômage à 20 %.
Les économistes français Gabriel Zucman et Emmanuel Saez estiment que le gouvernement américain peut « éviter qu’une récession courte et brutale se transforme en longue dépression », à condition de mettre en place une assurance-chômage progressive qui protège les employés à bas salaire, dont le niveau d’épargne est insuffisant pour survivre, ainsi qu’une aide financière aux entreprises qui risquent la faillite.
Comme à chaque crise, on assiste à la reprise en main de l’économie par la puissance publique par le biais de plans de sauvetage d’une ampleur inédite. Même l’Allemagne a tourné le dos à son orthodoxie budgétaire, en s’engageant à dépenser plus de 1 000 milliards d’euros, du jamais-vu. Et aucun pays n’écarte la possibilité de nationalisations d’entreprises fragilisées à l’extrême, comme les compagnies aériennes.
Le facteur temps sera déterminant
Cette intervention de l’Etat est susceptible à elle seule de nous éviter de sombrer dans la dépression, comme l’Amérique de 1930. Même l’arrivée de Franklin Roosevelt et des investissements massifs de son New Deal, trois ans plus tard, n’a pu éviter au pays de replonger en 1937 et de connaître des mouvements sociaux sanglants. Il était trop tard.
Aussi le facteur temps sera déterminant. Car les Etats ne pourront indéfiniment soutenir à eux seuls toute l’économie d’un pays. « Si la crise du coronavirus se prolonge au-delà de quelques mois, explique Laurence Boone, économiste en chef à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de nouvelles mesures doivent être envisagées. » Notamment pour soutenir les efforts budgétaires massifs des Etats. Le seul plan français pourrait faire bondir son déficit public de 2,5 % à 7 %, selon Patrick Artus. Laurence Boone suggère que « les banques centrales soutiennent les Etats en absorbant une partie de leurs dettes, par de la création monétaire, pour aider à la soutenabilité de leur action ». Le retour de la bonne vieille planche à billets, qui ne tient que par la confiance dans la monnaie.
Les hommes de l’art ont tout un alphabet pour définir les sorties de crise. En V, la reprise est aussi forte que la chute initiale. Elle impose que la catastrophe ne s’étende pas au-delà de l’été, et que le choc de confiance redonne envie de consommer aux gens. En U, le redressement intervient après une période de récession, le temps que l’on sorte du traumatisme. En L, on ne voit pas de redressement. C’est le cauchemar de la dépression, qui jette sur les routes les affamés en colère et nourrit la rancœur des autres.
Après l’épidémie et le confinement, la crainte d’une dépression comparable à la crise de 1929
Gouvernements et banques centrales cherchent à éloigner le risque d’un effondrement en chaîne, alors que l’économie est mise à l’arrêt.
Par Philippe Escande et Julien Bouissou
« Et dans les yeux des affamés, la colère grandit, et poussent dans l’âme du peuple les raisins de la colère… » Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a choisi, mardi 24 mars, de réveiller le fantôme de Tom Joad, héros des Raisins de la colère, le roman emblématique de John Steinbeck publié en 1939, qui traverse la dépression américaine des années 1930. « Ce que nous vivons n’a pas d’autres comparaison que la Grande Dépression de 1929 », a déclaré le ministre, lors d’une conférence de presse. Comparaison effrayante. La crise économique née à la suite du krach boursier du 24 octobre 1929 a provoqué un cataclysme financier sans égal dans le XXe siècle, qui se transmettra à la planète entière et attendra la deuxième guerre mondiale pour disparaître complètement. Avec son cortège de misère, de morts et de troubles sociaux et politiques, dont l’avènement du nazisme.
Bruno Le Maire n’est pas le seul à brandir cette menace. Progressivement, les milieux d’affaires prennent la mesure d’une économie qui s’est mise à l’arrêt d’un coup, comme on souffle une bougie. « Ils ont la trouille de l’embolie générale », confie un conseiller de grands patrons, sous le couvert de l’anonymat. Ces derniers soulignent tous le risque « d’un collapse [« effondrement »] en chaîne », contaminant l’ensemble du tissu économique jusqu’aux plus petites sociétés. « Nous avons tous le sentiment qu’un arrêt brutal et prolongé peut rendre la reprise très complexe et difficile, confirme Jean-Pierre Clamadieu, président du groupe Engie. L’enjeu est de garder la machine en route. » Aussi, beaucoup poussent pour le maintien d’une activité économique en dépit du confinement. Quitte à risquer l’injonction contradictoire. Airbus redémarre sa chaîne de production, et l’Association française des entreprises privées a demandé à ses adhérents de reprendre leur activité, « lorsque les conditions sanitaires sont réunies ».
Il ne s’agit pas de remettre en cause le confinement, mais de ne pas paralyser totalement l’économie. D’une part, comme le souligne le ministre de l’économie, parce que les activités sont interdépendantes. « Il est impossible de définir une activité autorisée, dit-il. Sitôt publiée, la liste doit être revue. Pour vendre 1 litre de lait, il faut des camions, des routes, du BTP, des garages, de l’électricité, tout est imbriqué ! » Et, d’autre part, parce qu’on risque de se retrouver avec un tissu économique trop délabré au moment du redémarrage. C’est là qu’intervient la grande peur de l’effondrement, comme en 1929.
Une perte de PIB de l’ordre de 30 % dans la zone euro
Mais les deux événements sont-ils similaires ? « Nous entrons dans une crise de proportion considérable, comparable à 2008, voire à 1929 », reconnaît le professeur d’économie Daniel Cohen. De fait, entre 1929 et 1932, le commerce et la production industrielle ont baissé de 30 % aux Etats-Unis, puis un peu partout dans le monde. Les estimations actuelles font état d’une perte de produit intérieur brut, qui définit la richesse produite, de l’ordre de 30 % dans la zone euro au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre 2020. « Le taux d’utilisation des capacités industrielles est de 25 %. Un salarié sur quatre est au travail », ajoute Patrick Artus, économiste en chef de la banque Natixis.
« C’est la première fois qu’on se trouve confrontés à une crise de l’économie réelle que la finance peut sauver. »
Même constat sur l’emploi. En 1933, année de l’accession de Franklin Roosevelt à la présidence des Etats-Unis, le chômage touchait 25 % de la population américaine. Le 22 mars, James Bullard, président de la Réserve fédérale (Fed) de Saint-Louis, estimait que le chômage dans le pays pourrait atteindre les 30 % à la fin du deuxième trimestre. Contre moins de 4 % au début de cette année.
La magnitude du tremblement de terre est donc du même ordre, mais cela ne suffit pas à créer une dépression, c’est-à-dire, l’effondrement de l’ensemble du système financier et, derrière lui, de tout l’appareil économique, puisque l’argent ne circule plus. Pour Olivier Passet, économiste au cabinet d’étude Xerfi, « c’est une très mauvaise métaphore ».
« Objectif zéro chômeur »
Par rapport à 1929, « les rôles sont inversés ». « C’est la première fois qu’on se trouve confrontés à une crise de l’économie réelle que la finance peut sauver. » Alors qu’en 1929, comme en 2008, la crise est venue d’une spéculation excessive et de la fragilité des banques. C’est d’ailleurs en souvenir des années 1930, auquel il avait consacré beaucoup de ses travaux académiques, que le patron de la Fed (banque centrale américaine) en 2008, l’économiste Ben Bernanke, en a retenu les leçons pour sauver le système financier en le noyant sous les liquidités, ce qui n’avait pas été fait par ses aînés d’avant-guerre.
La situation, aujourd’hui, est inédite. Pas de banques fragiles, mais un arrêt brutal et simultané de la demande – les personnes confinées n’achètent plus de voitures – et de l’offre – toutes les usines automobiles européennes sont désormais à l’arrêt. Le risque est donc inverse : que cette paralysie contamine la finance par le biais des difficultés des entreprises. C’est bien ce danger d’une économie en dépôt de bilan qui effraie ministres, économistes et patrons, et réveille le fantôme des Raisins de la colère. Il faut à tout prix empêcher les faillites. Et, pour cela, plus qu’un maintien illusoire en activité, « il faut faire open bar », affirme Patrick Artus : « L’Etat paye les factures pendant la durée de la crise. » Et Daniel Cohen d’ajouter : « Il s’agit de s’assurer que personne ne licencie. Objectif zéro chômeur. »
Même constat pour l’économiste Jean Pisani-Ferry, pour qui « il faut absolument éviter la rupture de la relation économique, d’autant que la reprise promet d’être difficile dans un environnement international dégradé ».
La reprise en main de l’économie par la puissance publique
Tenir son tissu sans le laisser se déchirer, c’est le parti pris des Européens, soutenus en cela par la Banque centrale européenne (BCE). Ce n’est, pour l’instant, pas le cas aux Etats-Unis. Fidèle à l’esprit du capitalisme américain, le président Donald Trump déverse des milliards lui aussi, mais sous forme de chèques aux particuliers, et laisse les entreprises licencier en masse. D’où le funeste pronostic du banquier de Saint-Louis, et même du secrétaire d’Etat au Trésor, Steve Mnuchin, qui anticipe la possibilité d’un chômage à 20 %.
Les économistes français Gabriel Zucman et Emmanuel Saez estiment que le gouvernement américain peut « éviter qu’une récession courte et brutale se transforme en longue dépression », à condition de mettre en place une assurance-chômage progressive qui protège les employés à bas salaire, dont le niveau d’épargne est insuffisant pour survivre, ainsi qu’une aide financière aux entreprises qui risquent la faillite.
Comme à chaque crise, on assiste à la reprise en main de l’économie par la puissance publique par le biais de plans de sauvetage d’une ampleur inédite. Même l’Allemagne a tourné le dos à son orthodoxie budgétaire, en s’engageant à dépenser plus de 1 000 milliards d’euros, du jamais-vu. Et aucun pays n’écarte la possibilité de nationalisations d’entreprises fragilisées à l’extrême, comme les compagnies aériennes.
Le facteur temps sera déterminant
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Aussi le facteur temps sera déterminant. Car les Etats ne pourront indéfiniment soutenir à eux seuls toute l’économie d’un pays. « Si la crise du coronavirus se prolonge au-delà de quelques mois, explique Laurence Boone, économiste en chef à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), de nouvelles mesures doivent être envisagées. » Notamment pour soutenir les efforts budgétaires massifs des Etats. Le seul plan français pourrait faire bondir son déficit public de 2,5 % à 7 %, selon Patrick Artus. Laurence Boone suggère que « les banques centrales soutiennent les Etats en absorbant une partie de leurs dettes, par de la création monétaire, pour aider à la soutenabilité de leur action ». Le retour de la bonne vieille planche à billets, qui ne tient que par la confiance dans la monnaie.
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Re: Rugby et Coronavirus
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https://www.liberation.fr/france/2020/03/25/coronavirus-l-hopital-sous-l-eau_1783104
Coronavirus : l’hôpital sous l’eau
Par Nathalie Raulin et Anaïs Moran — 25 mars 2020 à 20:26
Le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, a sonné l’alarme : l’hôpital s’approche du point de rupture. Les lits et le matériel manquent, les personnels soignants sont submergés, et de plus en plus sont atteints par le Covid-19.
«C’est plus qu’un appel à l’aide.» La voix étranglée et le débit saccadé, plus encore que les mots, ont fait entrer l’urgence dans les foyers français et les hauts lieux de la République. Mercredi matin sur France Info, le directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a poussé son premier cri d’alarme, assorti d’une demande de «quatre fortes réassurances» adressées à l’exécutif pour éviter une «bascule» : «Hier en Ile-de-France, nous avons passé le cap des 1 000 patients Covid graves pris en charge dans les réanimations des hôpitaux. Dans mes interventions précédentes, je savais que j’avais une visibilité d’une semaine sur la capacité d’en prendre davantage. Là j’ai une visibilité de trois jours.»
Après ceux de la région Grand Est, les hospitaliers d’Ile-de-France seraient à leur tour sur le point d’être submergés par la vague épidémique. La veille pourtant, lors d’un point presse téléphonique, Martin Hirsch avait au contraire rassuré sur la capacité de ses établissements à absorber le flux de malades Covid-19, notamment en réanimation. L’AP-HP disposait alors de 546 lits de réanimation dédiés au Covid-19 occupés par 450 patients. On avait un peu de marge donc. La vague se serait-elle en une nuit changée en tsunami ? Joint par Libération, Martin Hirsch l’admet : le chiffre de 1 000 avancé à la radio concerne «toute l’Ile-de-France», et donc pas seulement les hôpitaux de l’AP-HP, qui comptait mercredi matin 490 patients positifs au Covid. Lors de sa conférence de presse quotidienne, mercredi soir, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, indiquait, lui, un déploiement général de 1 500 lits de réa dédiés au Covid-19 pour la région.
Trop alarmiste, Martin Hirsch ? Prévoyant plutôt. Les remontées des hospitaliers sont annonciatrices d’une crise sévère. Directeur médical de crise à la Pitié Salpêtrière, le professeur Mathieu Raux, anesthésiste réanimateur, a donné le ton lors d’une réunion du groupe hospitalier Paris-Sorbonne mardi après-midi : «On a de l’eau au moins jusqu’aux épaules. ça va durer. Il va falloir trouver de l’énergie pour affronter tout cela.»
Mercredi matin, c’était panique à bord. «Nous avons vécu une fin d’après-midi et une nuit difficiles», confie le professeur Antoine Vieillard-Baron, chef du service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Ambroise-Paré. «On rentre vraiment dans une période de tension extrême. On se rapproche dangereusement des 546 lits occupés. On fait tout notre possible pour en ouvrir d’autres dans les heures et jours qui viennent.» Infectiologue à l’hôpital Bichat, le professeur Xavier Lescure confirme : «Ça pique un peu les yeux cette fois.» Martin Hirsch a décrypté illico : l’hôpital s’approche du point de rupture. Il y a désormais urgence à battre le rappel de tous les soignants. Urgence aussi à obtenir de l’Etat, si parcimonieux vis-à-vis de l’hôpital public ces dix dernières années, qu’il donne aux soignants les moyens du combat et récompense sans attendre leur dévouement.
Les services de réanimation sont-ils déjà engorgés ?
Sur le papier, l’AP-HP dispose encore de lits. Aux 546 en réanimation dédiés au Covid-19 déjà en place, devraient s’ajouter, selon la direction, 115 lits «d’ici à vendredi» et 150 supplémentaires «entre ce week-end et la semaine prochaine.» Mais face à l’afflux exponentiel de patients, les hôpitaux ne font plus tous face. A la Pitié Salpêtrière, l’un des trois gros centres de référence parisiens mobilisés dans cette crise, on comptabilisait ce mercredi 70 lits de réanimation dédiés au Covid. Sept d’entre eux étaient encore vides au petit matin, mais déjà dix nouvelles places devaient être déployées dans la journée. «La nuit a été un peu apocalyptique, ça a été très difficile en termes de régulation des places», témoigne Jean-Michel Constantin, le chef du service de réanimation. «J’espère que nous sommes entrés dans ce qu’on nomme la "vague". Parce que si ce que j’ai vécu la nuit dernière n’est que du clapot, la vague va être catastrophique !» A l’hôpital Bichat, dans le XVIIIe arrondissement, les 32 lits de réanimation sont désormais tous pris. A Tenon, les places de réanimation sont «occupées à 130 %», avec 28 malades pour 20 lits officiellement disponibles. A l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, les huit lits créés spécialement pour recevoir des adultes Covid sont d’ores et déjà remplis. Le problème pour les hospitaliers, c’est que les malades Covid admis en réanimation y restent de quinze à vingt jours, empêchant donc l’admission de nouveaux malades. Pour tenter de répartir la charge, les hôpitaux surchargés transfèrent chaque jour des patients lourds vers des établissements moins sollicités comme, mercredi, de Tenon vers Pompidou. Mais la débrouille a ses limites. Pour Romain Sonneville, médecin réanimateur à Bichat, «tous les indicateurs sont au rouge» et la situation «extraordinairement» inquiétante. «On a de moins en moins de capacités pour faire face. S’il n’y a pas une réaction dans les 24 ou 48 heures pour mettre en place des moyens hors norme, on ira droit dans le mur, car on ne pourra plus faire face du tout, développe-t-il. Il faut sérieusement envisager que l’armée puisse nous venir en aide.»
Quels autres services ont été mobilisés ou vont l’être ?
Pour accueillir les patients Covid, les hôpitaux d’Ile de France ont vidé la plupart des services de médecine, d’hématologie ou de pneumologie, seule la chirurgie et la cancérologie urgente sont sanctuarisées. Y sont accueillis tous les malades qui présentent des symptômes préoccupants supposant oxygénation (sans encore relever de la réanimation), les patients à surveiller ou les cas suspects. Dans ces unités d’hospitalisation, la place ne manque pas encore. A Tenon, les «lits de salle» sont occupés à 80 %, à raison de 62 patients Covid pour 77 places et 27 cas suspects pour 38 places. Même tableau à la Pitié Salpêtrière : «Nos 170 lits de médecine sont occupés à 60 %», précise la professeure Véronique Leblond, chef du service hématologie. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que la réanimation est un goulot d’étranglement. Sur dix patients qui arrivent à l’hôpital, en moyenne, deux seulement sont admis en réa ; trois sont considérés comme "non réanimatoires" et les cinq autres passent le cap seuls, avec une oxygénation.»
Entre médecins et réanimateurs, les prises de bec internes se multiplient, les places en réanimation étant chères : «Pour être admis en réanimation, ce n’est pas l’âge qui est déterminant mais l’âge physiologique, explique le professeur Gilles Pialoux, infectiologue à Tenon. Anticipant la saturation prochaine, y compris des lits de service, des prises en charge alternatives sont à l’étude. «On essaye de mettre en place des systèmes d’oxygénation à domicile, indique le professeur Lescure. On fait tout pour sortir les malades stables de l’hôpital le plus rapidement possible.» D’autres pistes sont envisagées, comme à l’hôpital Pompidou. D’après Philippe Juvin, chef des urgences, il est possible que la structure hospitalière «se transforme peu à peu en hôpital complètement Covid».
Les hôpitaux sont-ils suffisamment équipés ?
Pour faire face à l’afflux de patients Covid, les hôpitaux de l’AP-HP ont «poussé les murs», et libéré en un temps record des lits d’hospitalisation et de réanimation. Sans toujours prendre en compte le surplus de matériel que suppose ce redimensionnement. Anticipée, la question des respirateurs lourds nécessaires en réanimation n’est pas la plus prenante. L’AP-HP dispose déjà d’un parc de plus de 1 000 ventilateurs lourds. Et 186 nouveaux appareils sont en commande, dont 40 qui devraient arriver cette semaine. En revanche, petit matériel et drogues commencent à se raréfier. «Par exemple, à Bichat, on manque de pousse-seringues électriques, utilisés pour injecter morphine et sédatifs aux patients admis en réanimation, signale le professeur Lescure. On s’aperçoit à l’usage que nos stocks de morphine ne sont pas inépuisables, de même que nos réserves de curare, indispensable pour plonger les patients dans le coma avant de les intuber.» A Tenon, même constat : «On est sous tension sur le matériel de base : les écouvillons pour faire les tests, mais aussi le matériel de protection pour les soignants, les surblouses, ou les charlottes…»
A l’hôpital Antoine-Béclère (dans les Hauts-de-Seine à Clamart) qui se prépare à ouvrir une unité pour accueillir des patients Covid, le problème est plus trivial encore : «On a presque tout pour ouvrir l’unité, sauf les lits physiques», déplore le professeur de médecine interne François Boué qui rappelle qu’il y a trois mois, la consigne de la direction de l’AP-HP était «de fermer le plus de lits possible».
D’où vont venir les renforts ?
Pour renforcer les équipes de «première ligne», l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a lancé la plateforme #Renforts-Covid permettant aux étudiants, professionnels et retraités de santé de se porter volontaires. Mercredi soir, Jérôme Salomon faisait état de 7 000 inscriptions.
Concernant l’application Covidom lancée par l’AP-HP (une solution de télésuivi à domicile pour les patients porteurs ou suspectés d’être positifs au Covid-19), pas moins de 900 médecins ont déjà proposé de venir renforcer l’équipe de monitoring. Suffisant ? Ce mercredi, en doublon de Martin Hirsch, le président de la commission médicale d’établissements de l’AP-HP, Rémi Salomon, a lancé à ses collègues par mail «un appel à mobilisation urgent aux médecins volontaires pour prêter main-forte aux infirmiers et aux soignants».
Cette demande de réquisition massive intervient principalement pour tenter d’endiguer deux problématiques majeures. La première : les soignants, eux aussi, sont de plus en plus nombreux à être contaminés et l’hôpital ne peut se permettre d’avoir des troupes malades sans remplacement. Mardi, l’AP-HP annonçait 628 professionnels diagnostiqués positifs au Covid-19. Ils n’étaient que 345 il y a encore cinq jours et 40 % des effectifs contaminés sont médecins. Si l’AP-HP confirme «qu’il y a possibilité de continuer à travailler quand les symptômes sont extrêmement modestes», le nombre de soignants symptomatiques va augmenter et par conséquent, les mises en quarantaine aussi.
Seconde grosse difficulté : trouver suffisamment de personnel paramédical compétent pour travailler dans les unités très spécifiques de réanimation. «Si on veut maintenir un niveau de soins acceptables et ne pas passer en mode dégradé, il faut dans l’idéal maintenir le ratio d’une infirmière pour deux patients et deux aides-soignantes pour trois patients», explique Damien Roux, médecin et adjoint du service de réanimation de l’hôpital Louis-Mourier, rattaché à l’AP-HP et situé à Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Effet boule de neige : si les soignants hospitaliers formés à la réanimation sont en train de quasiment tous basculer dans ces unités spécialisées, encore faut-il réussir à les remplacer dans leurs services initiaux (urgences, pédiatrie, médecine interne). «Les hôpitaux vont continuer à récupérer les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) par exemple. C’est impératif que les autres unités ne soient pas en sous-effectif. Leur rôle est tout aussi immense», rappelle le professeur Roux.
D’où l’appel de Martin Hirsch à plus de gratitude de l’Etat envers les professionnels de santé : «On a aujourd’hui des soignants qui font des efforts qu’on peut qualifier simplement de surhumains, il faut qu’on ait les assurances qu’ils auront la reconnaissance. Des primes ? Je ne sais pas, mais il faut qu’on leur dise aujourd’hui merci. C’est moral, c’est pour le moral des troupes. Ils en ont besoin.»
Nathalie Raulin , Anaïs Moran
Coronavirus : l’hôpital sous l’eau
Par Nathalie Raulin et Anaïs Moran — 25 mars 2020 à 20:26
Le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch, a sonné l’alarme : l’hôpital s’approche du point de rupture. Les lits et le matériel manquent, les personnels soignants sont submergés, et de plus en plus sont atteints par le Covid-19.
«C’est plus qu’un appel à l’aide.» La voix étranglée et le débit saccadé, plus encore que les mots, ont fait entrer l’urgence dans les foyers français et les hauts lieux de la République. Mercredi matin sur France Info, le directeur général de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a poussé son premier cri d’alarme, assorti d’une demande de «quatre fortes réassurances» adressées à l’exécutif pour éviter une «bascule» : «Hier en Ile-de-France, nous avons passé le cap des 1 000 patients Covid graves pris en charge dans les réanimations des hôpitaux. Dans mes interventions précédentes, je savais que j’avais une visibilité d’une semaine sur la capacité d’en prendre davantage. Là j’ai une visibilité de trois jours.»
Après ceux de la région Grand Est, les hospitaliers d’Ile-de-France seraient à leur tour sur le point d’être submergés par la vague épidémique. La veille pourtant, lors d’un point presse téléphonique, Martin Hirsch avait au contraire rassuré sur la capacité de ses établissements à absorber le flux de malades Covid-19, notamment en réanimation. L’AP-HP disposait alors de 546 lits de réanimation dédiés au Covid-19 occupés par 450 patients. On avait un peu de marge donc. La vague se serait-elle en une nuit changée en tsunami ? Joint par Libération, Martin Hirsch l’admet : le chiffre de 1 000 avancé à la radio concerne «toute l’Ile-de-France», et donc pas seulement les hôpitaux de l’AP-HP, qui comptait mercredi matin 490 patients positifs au Covid. Lors de sa conférence de presse quotidienne, mercredi soir, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, indiquait, lui, un déploiement général de 1 500 lits de réa dédiés au Covid-19 pour la région.
Trop alarmiste, Martin Hirsch ? Prévoyant plutôt. Les remontées des hospitaliers sont annonciatrices d’une crise sévère. Directeur médical de crise à la Pitié Salpêtrière, le professeur Mathieu Raux, anesthésiste réanimateur, a donné le ton lors d’une réunion du groupe hospitalier Paris-Sorbonne mardi après-midi : «On a de l’eau au moins jusqu’aux épaules. ça va durer. Il va falloir trouver de l’énergie pour affronter tout cela.»
Mercredi matin, c’était panique à bord. «Nous avons vécu une fin d’après-midi et une nuit difficiles», confie le professeur Antoine Vieillard-Baron, chef du service de médecine intensive-réanimation de l’hôpital Ambroise-Paré. «On rentre vraiment dans une période de tension extrême. On se rapproche dangereusement des 546 lits occupés. On fait tout notre possible pour en ouvrir d’autres dans les heures et jours qui viennent.» Infectiologue à l’hôpital Bichat, le professeur Xavier Lescure confirme : «Ça pique un peu les yeux cette fois.» Martin Hirsch a décrypté illico : l’hôpital s’approche du point de rupture. Il y a désormais urgence à battre le rappel de tous les soignants. Urgence aussi à obtenir de l’Etat, si parcimonieux vis-à-vis de l’hôpital public ces dix dernières années, qu’il donne aux soignants les moyens du combat et récompense sans attendre leur dévouement.
Les services de réanimation sont-ils déjà engorgés ?
Sur le papier, l’AP-HP dispose encore de lits. Aux 546 en réanimation dédiés au Covid-19 déjà en place, devraient s’ajouter, selon la direction, 115 lits «d’ici à vendredi» et 150 supplémentaires «entre ce week-end et la semaine prochaine.» Mais face à l’afflux exponentiel de patients, les hôpitaux ne font plus tous face. A la Pitié Salpêtrière, l’un des trois gros centres de référence parisiens mobilisés dans cette crise, on comptabilisait ce mercredi 70 lits de réanimation dédiés au Covid. Sept d’entre eux étaient encore vides au petit matin, mais déjà dix nouvelles places devaient être déployées dans la journée. «La nuit a été un peu apocalyptique, ça a été très difficile en termes de régulation des places», témoigne Jean-Michel Constantin, le chef du service de réanimation. «J’espère que nous sommes entrés dans ce qu’on nomme la "vague". Parce que si ce que j’ai vécu la nuit dernière n’est que du clapot, la vague va être catastrophique !» A l’hôpital Bichat, dans le XVIIIe arrondissement, les 32 lits de réanimation sont désormais tous pris. A Tenon, les places de réanimation sont «occupées à 130 %», avec 28 malades pour 20 lits officiellement disponibles. A l’hôpital pédiatrique Robert-Debré, les huit lits créés spécialement pour recevoir des adultes Covid sont d’ores et déjà remplis. Le problème pour les hospitaliers, c’est que les malades Covid admis en réanimation y restent de quinze à vingt jours, empêchant donc l’admission de nouveaux malades. Pour tenter de répartir la charge, les hôpitaux surchargés transfèrent chaque jour des patients lourds vers des établissements moins sollicités comme, mercredi, de Tenon vers Pompidou. Mais la débrouille a ses limites. Pour Romain Sonneville, médecin réanimateur à Bichat, «tous les indicateurs sont au rouge» et la situation «extraordinairement» inquiétante. «On a de moins en moins de capacités pour faire face. S’il n’y a pas une réaction dans les 24 ou 48 heures pour mettre en place des moyens hors norme, on ira droit dans le mur, car on ne pourra plus faire face du tout, développe-t-il. Il faut sérieusement envisager que l’armée puisse nous venir en aide.»
Quels autres services ont été mobilisés ou vont l’être ?
Pour accueillir les patients Covid, les hôpitaux d’Ile de France ont vidé la plupart des services de médecine, d’hématologie ou de pneumologie, seule la chirurgie et la cancérologie urgente sont sanctuarisées. Y sont accueillis tous les malades qui présentent des symptômes préoccupants supposant oxygénation (sans encore relever de la réanimation), les patients à surveiller ou les cas suspects. Dans ces unités d’hospitalisation, la place ne manque pas encore. A Tenon, les «lits de salle» sont occupés à 80 %, à raison de 62 patients Covid pour 77 places et 27 cas suspects pour 38 places. Même tableau à la Pitié Salpêtrière : «Nos 170 lits de médecine sont occupés à 60 %», précise la professeure Véronique Leblond, chef du service hématologie. «Ce qu’il faut comprendre, c’est que la réanimation est un goulot d’étranglement. Sur dix patients qui arrivent à l’hôpital, en moyenne, deux seulement sont admis en réa ; trois sont considérés comme "non réanimatoires" et les cinq autres passent le cap seuls, avec une oxygénation.»
Entre médecins et réanimateurs, les prises de bec internes se multiplient, les places en réanimation étant chères : «Pour être admis en réanimation, ce n’est pas l’âge qui est déterminant mais l’âge physiologique, explique le professeur Gilles Pialoux, infectiologue à Tenon. Anticipant la saturation prochaine, y compris des lits de service, des prises en charge alternatives sont à l’étude. «On essaye de mettre en place des systèmes d’oxygénation à domicile, indique le professeur Lescure. On fait tout pour sortir les malades stables de l’hôpital le plus rapidement possible.» D’autres pistes sont envisagées, comme à l’hôpital Pompidou. D’après Philippe Juvin, chef des urgences, il est possible que la structure hospitalière «se transforme peu à peu en hôpital complètement Covid».
Les hôpitaux sont-ils suffisamment équipés ?
Pour faire face à l’afflux de patients Covid, les hôpitaux de l’AP-HP ont «poussé les murs», et libéré en un temps record des lits d’hospitalisation et de réanimation. Sans toujours prendre en compte le surplus de matériel que suppose ce redimensionnement. Anticipée, la question des respirateurs lourds nécessaires en réanimation n’est pas la plus prenante. L’AP-HP dispose déjà d’un parc de plus de 1 000 ventilateurs lourds. Et 186 nouveaux appareils sont en commande, dont 40 qui devraient arriver cette semaine. En revanche, petit matériel et drogues commencent à se raréfier. «Par exemple, à Bichat, on manque de pousse-seringues électriques, utilisés pour injecter morphine et sédatifs aux patients admis en réanimation, signale le professeur Lescure. On s’aperçoit à l’usage que nos stocks de morphine ne sont pas inépuisables, de même que nos réserves de curare, indispensable pour plonger les patients dans le coma avant de les intuber.» A Tenon, même constat : «On est sous tension sur le matériel de base : les écouvillons pour faire les tests, mais aussi le matériel de protection pour les soignants, les surblouses, ou les charlottes…»
A l’hôpital Antoine-Béclère (dans les Hauts-de-Seine à Clamart) qui se prépare à ouvrir une unité pour accueillir des patients Covid, le problème est plus trivial encore : «On a presque tout pour ouvrir l’unité, sauf les lits physiques», déplore le professeur de médecine interne François Boué qui rappelle qu’il y a trois mois, la consigne de la direction de l’AP-HP était «de fermer le plus de lits possible».
D’où vont venir les renforts ?
Pour renforcer les équipes de «première ligne», l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a lancé la plateforme #Renforts-Covid permettant aux étudiants, professionnels et retraités de santé de se porter volontaires. Mercredi soir, Jérôme Salomon faisait état de 7 000 inscriptions.
Concernant l’application Covidom lancée par l’AP-HP (une solution de télésuivi à domicile pour les patients porteurs ou suspectés d’être positifs au Covid-19), pas moins de 900 médecins ont déjà proposé de venir renforcer l’équipe de monitoring. Suffisant ? Ce mercredi, en doublon de Martin Hirsch, le président de la commission médicale d’établissements de l’AP-HP, Rémi Salomon, a lancé à ses collègues par mail «un appel à mobilisation urgent aux médecins volontaires pour prêter main-forte aux infirmiers et aux soignants».
Cette demande de réquisition massive intervient principalement pour tenter d’endiguer deux problématiques majeures. La première : les soignants, eux aussi, sont de plus en plus nombreux à être contaminés et l’hôpital ne peut se permettre d’avoir des troupes malades sans remplacement. Mardi, l’AP-HP annonçait 628 professionnels diagnostiqués positifs au Covid-19. Ils n’étaient que 345 il y a encore cinq jours et 40 % des effectifs contaminés sont médecins. Si l’AP-HP confirme «qu’il y a possibilité de continuer à travailler quand les symptômes sont extrêmement modestes», le nombre de soignants symptomatiques va augmenter et par conséquent, les mises en quarantaine aussi.
Seconde grosse difficulté : trouver suffisamment de personnel paramédical compétent pour travailler dans les unités très spécifiques de réanimation. «Si on veut maintenir un niveau de soins acceptables et ne pas passer en mode dégradé, il faut dans l’idéal maintenir le ratio d’une infirmière pour deux patients et deux aides-soignantes pour trois patients», explique Damien Roux, médecin et adjoint du service de réanimation de l’hôpital Louis-Mourier, rattaché à l’AP-HP et situé à Colombes dans les Hauts-de-Seine.
Effet boule de neige : si les soignants hospitaliers formés à la réanimation sont en train de quasiment tous basculer dans ces unités spécialisées, encore faut-il réussir à les remplacer dans leurs services initiaux (urgences, pédiatrie, médecine interne). «Les hôpitaux vont continuer à récupérer les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) par exemple. C’est impératif que les autres unités ne soient pas en sous-effectif. Leur rôle est tout aussi immense», rappelle le professeur Roux.
D’où l’appel de Martin Hirsch à plus de gratitude de l’Etat envers les professionnels de santé : «On a aujourd’hui des soignants qui font des efforts qu’on peut qualifier simplement de surhumains, il faut qu’on ait les assurances qu’ils auront la reconnaissance. Des primes ? Je ne sais pas, mais il faut qu’on leur dise aujourd’hui merci. C’est moral, c’est pour le moral des troupes. Ils en ont besoin.»
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:Pour le grand public, dont je fais partie, peu au fait de ce milieu et sur un sujet complexe comme celui-ci, c'est un peu le brouillard.
Ce qui apparait quand même clairement, c'est que les études Chinoise et celle de Raoult, sont insuffisantes pour avoir des certitudes sur l'efficacité de la chloroquine.
Après krahk, ne serait-il pas plus prudent d'attendre les résultats des études en cours, pour savoir si la chloroquine est efficace ou non ?, j'ai l'impression que c'est ce que tu penses Patrick ?.
Tout à fait d'accord que ce sont les études en cours (en Chine, Europe et EtatsUnis) qui diront si cette molécule a un effet ou pas. Mon point est qu'elle est en ce moment survendue par une personne ne respectant pas.du tout l'éthique fondamentale d'un scientifique. Les faits reprochés sont gravissimes et mériteraient au minimum une enquêt, dont il ne m'étonnerait pas qu'elle débouche sur une mise à pied et un renvoi.
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Re: Rugby et Coronavirus
Scalp a écrit:
Que penser de Jean-Dominique Michel, peux-tu donner ton avis, j'ai vu qu'un billet sur son blog avait fait l'objet de polémique sur Médiapart : https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/25/mediapart-a-t-il-supprime-un-billet-de-blog-favorable-au-professeur-raoult_1782879
Ce qu'il dit sur la Chloroquine ne va, en tout cas, pas dans le même sens que le consensus de nos scientifiques (je précise qu'il faut mieux lire l'ensemble de son article posté par Biscouette, pour comprendre l'ensemble de ses arguments) :
Alors je vais me permettre, en tant que chercheur, même si je ne suis pas dans la recherche biomédicale, de décortiquer ce billet de blog, au contenu bien pauvre....
Scalp a écrit:
Et l’hydroxychloroquine dans tout ça ?
On y vient ! J’ai partagé dans mes précédents billets mon intérêt pour les initiatives de Raoult. Pour les raisons suivantes :
D’abord, il s’agit d’une démarche pleinement empirique, et donc médicale aux sens réel et noble. Les idéologues de la « Médecine scientifique » détestent cette idée, Raoult lui rappelle que c’est bien cela le paradigme authentique de la clinique. On entend toutes sortes de choses au sujet des « faiblesses méthodologiques » de son essai clinique à Marseille. Venant de la part de sectateurs qui cautionnent massivement la destructivité de la biomédecine mercantile, et ferment les yeux sur les faiblesses épistémologiques sévères des protocoles de recherche dont ils se gargarisent, ce n’est pas juste pas recevable. Je me permets vraiment d'insister : ce que les pourfendeurs de Raoult ignorent ou feignent d'ignorer, c'est qu'il assume une démarche empirique qui est celle de la vraie médecine, depuis toujours !
On est dans le discours idéologique, vague, complètement vide d'arguments. La "vraie" médecine... Maintenant il y a une vraie et une fausse médecine?
Il prétend que l'étude de Raoult est une démarche pleinement empirique. Il devrait consulter un dictionnaire. Une étude en double aveugle EST UNE DÉMARCHE EMPIRIQUE.
Ce qui est reproché à Raoult, c'est
1) sa démarche empirique est mené sur un échantillon trop faible, pas sélectionné correctement
2) les résultats ont été trafiqués pour supporter les conclusions
En science, n'en déplaise à ce monsieur, c'est que qu'on appelle une étude TRUQUÉE. Ça vaut normalement rétractation de l'article, et poursuites judiciaires contre le(s) auteur(s). Les cas se sont multipliés ces dernières années en raison du "Publish or perish". Ils se sont conclus dans l'immense majorité des cas par le renvoi pur et simple des coupables, la rétractation complète des travaux en question.
On peut noter en particulier que l'étude de Raoult a été publié dans un journal dont un de ses collaborateurs est éditeur. C'est ce qu'on appelle un conflit d'intérêts.
Scalp a écrit:
C'est comme ça qu'on a utilisé la chloroquine avec succès contre le palud et que tous les médicaments anciens ont été mis sur le marché. Je n'ai évidemment rien contre les études bien faites, et comprends d'une certaine manière la validité des critiques formelles adressées à son essai clinique.
C'est à travers les expérimentations empiriques en double aveugle, protocole que n'a pas respecté Raoult, que l'ENSEMBLE des médicaments, anciens ou récents, ont été mis sur le marché. Ce type est soit un ignare complet (possible bien que sa dernière phrase semble montrer le contraire), soit est d'une mauvaise foi abyssale.
Scalp a écrit:
Il ne se situe toutefois pas dans la même perspective épistémique. Cette contestation conduisant à faire courir un risque majeur à des centaines voir des milliers de personnes. Un peu comme dans l'histoire de ce type qui laissa brûler sa maison quand on lui eut expliqué que la couleur réglementaire des extincteurs était le rouge, alors que le sien était hélas de couleur verte...
Pipotage, et la petite blague populiste pour finir sur le dos des "experts" et des "normateurs". En quoi on ferait courir un risque majeur à qui que ce soit vis-à-vis d'un médicament dont on ne connaît toujours pas l'efficacité, mais par contre dont on sait qu'il a des effets secondaires importants? Les malades du lupus, qui se retrouvent aux abois car ayant du mal à trouver ce médicament à cause de la connerie de ce charlatan, le savent parfaitement.
Scalp a écrit:
Ensuite, il convient de rappeler qu’en période d’urgence, on trouve toujours d'un côté ceux qui savent de quoi ils parlent et qui agissent et de l'autre les hordes d'ignorants qui disent n’importe quoi en trouvant que l'urgence est de ne surtout pas agir si l’idée ne vient pas d’eux ou tant qu'il ne leur arrive rien ! L’expérience clinique de Marseille-Infection devrait inciter, je le dis comme je le pense, les tristes sires à se taire, sauf à avoir une expérience clinique comparable avec l’hydroxychloroquine et ses indications anti-infectieuses (sur les bactéries intracellulaires, les parasites et les virus) que Raoult et ses équipes. Ceci devrait prendre soin de cela...
Lui il fait dans le populisme, et le racolage, les chercheurs médicaux font dans la science. L'expérience en question, encore une fois n'a rien prouvé.
Quant à l'expérience de Raoult avec la chloroquine, il avait déjà essayé de la vendre sur le chikungunya, et les essais cliniques ont montré que la molécule EMPIRAIT les effets de l'infection!!! Ça il le dit ce clown?
Scalp a écrit:
blablabla
Agnès Buzyn a classé en urgence l'hydroxychloroquine au tableau des "substances vénéneuses". D'une part, je n'aime pas tirer sur les ambulances, cette dame se trouvant aujourd'hui avec une plainte pénale aux fesses. Mais je vais plus loin : je comprends son souci face au risque d'automédication sauvage à large échelle. Toutefois, je pense que c'est en prenant des mesures méprisantes de l'intelligenve des médecins-généralistes et dogmatiques comme on le fait aujourd'hui qu'on tend le ressort pour de tels risques. Rappelons que, non, contrairement au choeur de Cassandres que l'on entend, le profil de risque de l'hydroxychloroquine prescrite sous surveillance médicale (et un électrocardiogramme à J0 et J2) en fait un des médicaments les plus sûrs qui soient. Les avis contraires exprimés en boucle sur les médias confinent au pur mensonge.
Bon, j'arrêterai sur ça tellement c'est gros, et tellement ça démontre que c'est un clown.
Comme le rappelle le Monde (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/03/25/agnes-buzyn-a-t-elle-interdit-la-vente-libre-de-chloroquine-en-pleine-epidemie-de-covid-19_6034372_4355770.html):
"Depuis cet arrêté, la molécule d’hydroxychloroquine commercialisée sous le nom de Plaquenil n’est donc plus disponible à la vente libre. Il faut désormais obligatoirement une ordonnance rédigée par un médecin. Mais cette nouvelle classification, entrée en vigueur en janvier, contrairement à ce que laissent entendre certaines publications conspirationnistes, est antérieure à l’apparition du nouveau coronavirus. Sa cousine, la chloroquine, figure sur cette liste « sous forme injectable et orale », depuis un arrêté pris en 1999.
Comme l’explique LCI, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait été saisie pour un avis sur une proposition d’arrêté portant inscription de l’hydroxychloroquine sur la liste II des substances vénéneuses en octobre 2019, « afin d’assurer une prise en charge adaptée des patients ». Soit deux mois avant l’apparition du nouveau coronavirus en Chine.
L’Anses avait donné son feu vert le 12 novembre 2019. Il est donc faux et malhonnête d’affirmer que l’ex-ministre de la santé, Mme Buzyn, aurait pris elle-même cette décision en pleine épidémie de Covid-19."
Entretemps, les chinois montrent que l'hydroxychloroquine semble bien n'avoir aucun effet (https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/25/hydroxychloroquine-un-petit-essai-clinique-chinois-peu-probant_6034382_3244.html)
"Les résultats de l’étude clinique chinoise, publiés dans le Journal of Zhejiang University, montrent que si le virus a bien disparu chez 87 % des patients traités, ce pourcentage monte à 93 % dans le groupe témoin n’ayant pas reçu cette molécule. "
Quant à la prise de chloroquine sans risque, on en est déjà à deux morts aux Etats-Unis par intoxication à la chloroquine. Donc Raoult a déjà au moins deux morts sur la conscience.
Désolé de réagir avec autant de vigueur, mais moi qui passe en général des semaines à peaufiner des papiers avec les collègues pour leur faire passer le cap des éditeurs puis des referees, voir un mec qui truque ses résultats, fait passer ses papiers dans des revues tenues par ses sbires, et va ensuite se pavaner sur les médias, moi ça me met hors de moi...
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Re: Rugby et Coronavirus
Le coronavirus pourrait devenir saisonnier, prévient un expert américain
https://www.sudouest.fr/2020/03/26/le-coronavirus-pourrait-devenir-saisonnier-previent-un-expert-americain-7363902-10997.php
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Re: Rugby et Coronavirus
Pour revenir sur l'article et la réaction de Krahk…
J’ai posté cet article avant tout pour les 9/10e du texte précédant le passage sur Raout (donc déjà ce n'est pas juste de ne retenir que ce 1/10e), qui non seulement sont particulièremet bien étayés de multiples références mais aussi confirment en tout point le constat que certains (nombreux ?) et moi-même faisons de la recherche et de l’industrie pharma, et ce depuis les 90s.
Et je suis même plus critique que lui sur notre médecine dans son ensemble, alors que lui ne s’en prend avant tout qu’à un aspect.
Sinon pour donner une idée du poids de l’industrie pharma, à côté l’industrie de l’automobile c’est un commerce de quartier (qui vit d’ailleurs sous perfusion de subventions publiques, en France en tout cas).
De plus ce qu’il décrit, la recherche orientée et pervertie par le business et l’institution, j’ai fait le même constat dans le domaine culturel, comme d’autres l’ont fait pour l’agriculture, etc. pour les désastres que l’on connaît.
Perso, je ne m'étais pas occupé de la polémique, pour me consacrer en priorité à ce sur quoi je pouvais agir et ne pas me laisser distraire parce qu'il y avait urgence. Maintenant que je l'ai fait, j'ai commencé à regarder cette histoire sans avoir pu certes prendre tout en compte.
Je n’ai pas d’avis sur Raout, par contre je constate qu’il y a pléthore d’arguments qui n’ont rien à faire dans le sujet. Si par exemple la personne qui trouve le remède pour soigner le Sida est une ordure, va-t-on pour autant se passer de sa découverte ?
Je ne m'attache pas tant à défendre Raout, qui se trompe peut-être, qu'à pointer ce cirque que je trouve délirant et même pitoyable alors que tout devrait être mis en œuvre pour coopérer.
1/ En l’occurrence, que Raout ait tort ou raison, le débat aurait dû se concentrer sur l’essentiel (et non pas porter sur son apparence par exemple ou un truc qu'il a fait il y a 10 ans). C’est forcément louche, et ça noie le débat dans le confusionnisme. Dire que le mec est un charlatan, je trouve ça un peu rapide…
2/ Ensuite, l’article le dit justement, la médecine n’est pas une science. Et c’est tant mieux. Je pourrais m’étendre longuement à ce sujet.
Je ne suis pas médecin mais me retrouve en position de soignant d’une certaine façon, et je peux dire que si on devait se fier aux tests, aux barèmes, etc. sans aller chercher plus loin, bien des affections seraient complètement invisibilisées quand des pathologies seraient imaginées à tort. Il faut faire appel à une variété de paramètres changeants pour évaluer une situation qui dépassent les seuls référentiels biologiques-etc., ce qui implique d'ailleurs que l’enseignement de la médecine devrait se rapprocher un peu plus de la philosophie par exemple, entre autres (ou si ça l’est, ce devrait l'être un peu plus appliqué après les études…).
D’ailleurs pour moi la médecine occidentale s’est plantée à vouloir à ce point compartimenter les secteurs, comme elle a divisé de trop le sujet patient (réductionnisme / holistique).
Je n'ai pas le temps de raconter l'histoire, mais parfois dans certains processus le praticien le plus compétent pour soigner qqc c'est… le patient… (et le pb c'est qu'il ne peut pas en faire profiter vraiment la médecine de par le système en place).
3/ Les médecins interprètent, déduisent, prennent des risques parfois, ne savent pas, essayent, font des diag en 1, 2, 3 étapes ou plus, ont des méthodes personnelles, se détournent des injonctions officielles, etc. (et devraient apprendre parfois à travailler en équipe).
4/ Une situation d’urgence dicte d’autres façons de procéder. N'oublions pas qu'on en est parfois à choisir qui va vivre, qui va mourrir. Qu'on a des étudiants infirmiers stagiaires de 19-20 ans qui se retrouvent à s'occuper de patients (et même quand ils sont morts, sans aucune préparation). Des soignants qui dorment par terre, sur une chaise dans le bureau…
D’ailleurs moi-même, je me suis retrouvé à faire ce document que j’ai proposé l’autre jour, alors qu’en principe ça n’aurait pas dû être à moi de le faire. Je ne suis pas médecin, je ne suis pas au ministère, j’ai fait ça en bénévole, sans un rond, etc. Mais voilà, il y a une urgence depuis des années, face à laquelle il n’y a en gros que le réseau des médecines naturelles à réagir et des professionnels de la santé trop souvent isolés. Rien n’a été fait au niveau ministériel ou des directions nationales. Et là l’urgence s’est faite plus urgente. Donc je m’y suis mis. Et vu la demande et les besoins, visiblement j’ai bien fait. Bon de toutes façons, s'ils l'avait fait, il aurait fallu repasser derrière…
5/ Enfin, je n’ai absolument pas les éléments en main pour juger de la chloroquine. Pour les patients qui en sont morts, est-ce que les précautions ont été prises ? Il y a des critères à respecter.
Mais aussi, les médicaments ont tous des effets secondaires. Et là d’un coup on s’affole pour un médicament qui peut-être ne serait pas efficace, quand par ailleurs on incite sans la moindre précaution la population à se ruer sur le paracétamol, qui non seulement ne soigne rien – c’est juste un antalgique (ce qui certes peut être utile dans certains cas, mais pas pour tous) – mais qui en plus a des effets nocifs et possiblement mortels.
Combien de milliers de morts pour des médicaments dont les effets secondaires ont été cachés, alors que là on parle quand même d'une molécule qui est connue. Alors je ne dis pas que c'est bien d'en prendre (surtout moi qui me méfie des solutions chimiques, etc.) mais qu'il faut se calmer.
Et pour l'histoire du paracétamol, pour moi c'est préoccupant à tel point que j’ai mentionné dans mon doc. un traitement préconisé en cas d’intoxication, vu la prescription massive qui en a été faite ces jours-ci, ce qui le banalise encore plus (alors qu’à la base ce n’était pas le sujet et que j’avais suffisamment d’aspects à traiter).
Donc Raout se plante peut-être, mais le débat me semble un panier de biais de jugements, de mauvaise foi et de conflits d’intérêts que je trouve pitoyables en ce moment où tout le monde devrait être tourné vers une volonté d’efficacité et de coopération.
J’ai posté cet article avant tout pour les 9/10e du texte précédant le passage sur Raout (donc déjà ce n'est pas juste de ne retenir que ce 1/10e), qui non seulement sont particulièremet bien étayés de multiples références mais aussi confirment en tout point le constat que certains (nombreux ?) et moi-même faisons de la recherche et de l’industrie pharma, et ce depuis les 90s.
Et je suis même plus critique que lui sur notre médecine dans son ensemble, alors que lui ne s’en prend avant tout qu’à un aspect.
Sinon pour donner une idée du poids de l’industrie pharma, à côté l’industrie de l’automobile c’est un commerce de quartier (qui vit d’ailleurs sous perfusion de subventions publiques, en France en tout cas).
De plus ce qu’il décrit, la recherche orientée et pervertie par le business et l’institution, j’ai fait le même constat dans le domaine culturel, comme d’autres l’ont fait pour l’agriculture, etc. pour les désastres que l’on connaît.
Perso, je ne m'étais pas occupé de la polémique, pour me consacrer en priorité à ce sur quoi je pouvais agir et ne pas me laisser distraire parce qu'il y avait urgence. Maintenant que je l'ai fait, j'ai commencé à regarder cette histoire sans avoir pu certes prendre tout en compte.
Je n’ai pas d’avis sur Raout, par contre je constate qu’il y a pléthore d’arguments qui n’ont rien à faire dans le sujet. Si par exemple la personne qui trouve le remède pour soigner le Sida est une ordure, va-t-on pour autant se passer de sa découverte ?
Je ne m'attache pas tant à défendre Raout, qui se trompe peut-être, qu'à pointer ce cirque que je trouve délirant et même pitoyable alors que tout devrait être mis en œuvre pour coopérer.
1/ En l’occurrence, que Raout ait tort ou raison, le débat aurait dû se concentrer sur l’essentiel (et non pas porter sur son apparence par exemple ou un truc qu'il a fait il y a 10 ans). C’est forcément louche, et ça noie le débat dans le confusionnisme. Dire que le mec est un charlatan, je trouve ça un peu rapide…
2/ Ensuite, l’article le dit justement, la médecine n’est pas une science. Et c’est tant mieux. Je pourrais m’étendre longuement à ce sujet.
Je ne suis pas médecin mais me retrouve en position de soignant d’une certaine façon, et je peux dire que si on devait se fier aux tests, aux barèmes, etc. sans aller chercher plus loin, bien des affections seraient complètement invisibilisées quand des pathologies seraient imaginées à tort. Il faut faire appel à une variété de paramètres changeants pour évaluer une situation qui dépassent les seuls référentiels biologiques-etc., ce qui implique d'ailleurs que l’enseignement de la médecine devrait se rapprocher un peu plus de la philosophie par exemple, entre autres (ou si ça l’est, ce devrait l'être un peu plus appliqué après les études…).
D’ailleurs pour moi la médecine occidentale s’est plantée à vouloir à ce point compartimenter les secteurs, comme elle a divisé de trop le sujet patient (réductionnisme / holistique).
Je n'ai pas le temps de raconter l'histoire, mais parfois dans certains processus le praticien le plus compétent pour soigner qqc c'est… le patient… (et le pb c'est qu'il ne peut pas en faire profiter vraiment la médecine de par le système en place).
3/ Les médecins interprètent, déduisent, prennent des risques parfois, ne savent pas, essayent, font des diag en 1, 2, 3 étapes ou plus, ont des méthodes personnelles, se détournent des injonctions officielles, etc. (et devraient apprendre parfois à travailler en équipe).
4/ Une situation d’urgence dicte d’autres façons de procéder. N'oublions pas qu'on en est parfois à choisir qui va vivre, qui va mourrir. Qu'on a des étudiants infirmiers stagiaires de 19-20 ans qui se retrouvent à s'occuper de patients (et même quand ils sont morts, sans aucune préparation). Des soignants qui dorment par terre, sur une chaise dans le bureau…
D’ailleurs moi-même, je me suis retrouvé à faire ce document que j’ai proposé l’autre jour, alors qu’en principe ça n’aurait pas dû être à moi de le faire. Je ne suis pas médecin, je ne suis pas au ministère, j’ai fait ça en bénévole, sans un rond, etc. Mais voilà, il y a une urgence depuis des années, face à laquelle il n’y a en gros que le réseau des médecines naturelles à réagir et des professionnels de la santé trop souvent isolés. Rien n’a été fait au niveau ministériel ou des directions nationales. Et là l’urgence s’est faite plus urgente. Donc je m’y suis mis. Et vu la demande et les besoins, visiblement j’ai bien fait. Bon de toutes façons, s'ils l'avait fait, il aurait fallu repasser derrière…
5/ Enfin, je n’ai absolument pas les éléments en main pour juger de la chloroquine. Pour les patients qui en sont morts, est-ce que les précautions ont été prises ? Il y a des critères à respecter.
Mais aussi, les médicaments ont tous des effets secondaires. Et là d’un coup on s’affole pour un médicament qui peut-être ne serait pas efficace, quand par ailleurs on incite sans la moindre précaution la population à se ruer sur le paracétamol, qui non seulement ne soigne rien – c’est juste un antalgique (ce qui certes peut être utile dans certains cas, mais pas pour tous) – mais qui en plus a des effets nocifs et possiblement mortels.
Combien de milliers de morts pour des médicaments dont les effets secondaires ont été cachés, alors que là on parle quand même d'une molécule qui est connue. Alors je ne dis pas que c'est bien d'en prendre (surtout moi qui me méfie des solutions chimiques, etc.) mais qu'il faut se calmer.
Et pour l'histoire du paracétamol, pour moi c'est préoccupant à tel point que j’ai mentionné dans mon doc. un traitement préconisé en cas d’intoxication, vu la prescription massive qui en a été faite ces jours-ci, ce qui le banalise encore plus (alors qu’à la base ce n’était pas le sujet et que j’avais suffisamment d’aspects à traiter).
Donc Raout se plante peut-être, mais le débat me semble un panier de biais de jugements, de mauvaise foi et de conflits d’intérêts que je trouve pitoyables en ce moment où tout le monde devrait être tourné vers une volonté d’efficacité et de coopération.
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biscouette- Centre de presse
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Re: Rugby et Coronavirus
D'accord avec toi, un panier de crabes, aucun n'est vraiment indépendant et comment peut on leur faire totalement confiance lorsqu'on voit comment ils ont participé au démantelement de l'industrie de la santé et comment on entretien encore le conflit hôpital public et privé, et là pour une fois le privé n'a pas forcément le mauvais rôle.
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
Evidemment je n'ai aucune compétence pour dire quoi que ce soit sur les travaux de ce professeur.
Mais rien que le fait que ce soit une grande gueule, un anticonformiste me le rend assez sympathique en cette période.
Plus que tout ce qui me hérisse c'est cette propagande gouvernementale, tous ces connards qui parlent pour ne rien dire . Ces politicards qui n'en savent pas le 1/4 du 1/3 de ce que peut dire Raoult mais qui EUX savent
Leur but ultime : occuper les ondes, les écrans, caser leur gueule en tête de gondole quitte à déblatérer des conneries, des banalités, des constats d'évidence...bref du vent qui ne fait en rien avancer le traitement de la crise et rajoute confusion et doute dans la polpulation.
Franchement tous cela me font gerber !!!
Mais rien que le fait que ce soit une grande gueule, un anticonformiste me le rend assez sympathique en cette période.
Plus que tout ce qui me hérisse c'est cette propagande gouvernementale, tous ces connards qui parlent pour ne rien dire . Ces politicards qui n'en savent pas le 1/4 du 1/3 de ce que peut dire Raoult mais qui EUX savent
Leur but ultime : occuper les ondes, les écrans, caser leur gueule en tête de gondole quitte à déblatérer des conneries, des banalités, des constats d'évidence...bref du vent qui ne fait en rien avancer le traitement de la crise et rajoute confusion et doute dans la polpulation.
Franchement tous cela me font gerber !!!
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Re: Rugby et Coronavirus
Coronavirus : l’UBB lance une cagnotte pour soutenir le CHU de Bordeaux
https://www.sudouest.fr/2020/03/26/coronavirus-l-ubb-lance-une-cagnotte-pour-soutenir-le-chu-de-bordeaux-7365219-773.php
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.liberation.fr/direct/element/le-gouvernement-autorise-la-chloroquine-dans-les-traitements-contre-le-covid-19_111339/
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https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=DFB679D8DF43FC756CD6CDB0C00449CD.tplgfr30s_3?cidTexte=JORFTEXT000041755775&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000041755510
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Re: Rugby et Coronavirus
biscouette a écrit:Pour revenir sur l'article et la réaction de Krahk…
J’ai posté cet article avant tout pour les 9/10e du texte précédant le passage sur Raout (donc déjà ce n'est pas juste de ne retenir que ce 1/10e), qui non seulement sont particulièremet bien étayés de multiples références mais aussi confirment en tout point le constat que certains (nombreux ?) et moi-même faisons de la recherche et de l’industrie pharma, et ce depuis les 90s.
Biscouette, je suis le premier à dire qu'il faut absolument retirer la production des médicaments essentiels à l'industrie pharmaceutique, en premier lieu les antibiotiques, et les relocaliser en Europe. C'est bien pour ça que je n'ai retenu que la partie de l'article qui posait problème. Je n'allais pas reprendre le reste juste pour le reprendre.
Cependant, ce n'est pas parce que quelqu'un dénonce une situation véritablement anormale que cela apporte du crédit forcément à ses recherches scientifiques. Et tout le problème est là. Si quelqu'un me dit que l'industrie de l'armement est terrible pour l'humanité, puis essaie de se prévaloir de cette attitude pour me convaincre que la Terre est plate, ben désolé, je penserai quand même que c'est un branque.
biscouette a écrit:Je n’ai pas d’avis sur Raout, par contre je constate qu’il y a pléthore d’arguments qui n’ont rien à faire dans le sujet. Si par exemple la personne qui trouve le remède pour soigner le Sida est une ordure, va-t-on pour autant se passer de sa découverte ?
Raoult peut être une personne charmante ou une ordure, ce n'est pas la question, ce qui est (fortement) mis en doute c'est sa probité personnelle. Comment croire quelqu'un qui a été BANNI pendant un an par une société savante pour falsification de résultats?
biscouette a écrit:
1/ En l’occurrence, que Raout ait tort ou raison, le débat aurait dû se concentrer sur l’essentiel (et non pas porter sur son apparence par exemple ou un truc qu'il a fait il y a 10 ans). C’est forcément louche, et ça noie le débat dans le confusionnisme. Dire que le mec est un charlatan, je trouve ça un peu rapide…
Pour commencer ceux qui se concentrent sur son apparence ce sont ceux qui le défendent, en louant son côté non conformiste conforté par son look de vieux biker. Ça me fait doucement rigoler... Des gars avec des tenues bien plus excentriques, on en voit à chaque congrès scientifique et ça nous fait ni chaud ni froid. OK la rechercher médicale est connue pour être plus hypocrite de ce côté là, mais en sciences dures, en général l'aspect physique est royalement ignoré. On se concentre sur le fond, pas la forme. Et avec Raoult c'est le fond qui pose problème.
1) le truc qu'il a fait il y a 10 ans? C'est juste de la fraude scientifique. Dans la plupart des pays il aurait dû être viré pour cela. C'est juste incompréhensible qu'il ait conservé son poste. Ceci ajouté au fait que sur ses publis plusieurs centaines sont parues dans des revues éditées par des personnes travaillant avec lui, et un rythme de publication tout simplement impossible, ben, ça brosse un portrait qui est tout sauf positif. On appelle ça un mandarin, et en France depuis Berthelot qui a bloqué le développement de l'atomistique en France et permis aux chimistes allemands de prendre une avance décisive (ce qui a eu des conséquences y compris sur le déroulement de la première guerre Mondiale!!), on sait qu'on est particulièrement susceptible de souffrir de ce type de personnage.
2) la publi sur le travail a été fortement critiqué, et il n'a jamais pris la peine de répondre sur le fond de ces critiques. Je me contenterai de reproduire l'article du jour du Monde sur le sujet:
" Quelles sont les limites de l’étude du professeur Raoult ?
De nombreuses voix se sont élevées pour critiquer la faiblesse méthodologique de l’étude clinique du professeur Raoult : elle a été menée sur trop peu de patients, dont certains ont quitté l’essai en cours ; l’analyse s’est limitée à l’évolution de la charge virale, les recherches n’ont pas été menées en « double aveugle », c’est-à-dire avec un autre groupe de patients comparable auxquels on n’aurait pas donné ce traitement ; et les données brutes n’ont pas été publiées pour que d’autres chercheurs y aient accès.
Dominique Costagliola, directrice adjointe de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique (Sorbonne Université) juge dans Le Monde que l’étude « est conduite, décrite et analysée de façon non rigoureuse avec des imprécisions et des ambiguïtés. Il s’agit d’un essai à fort risque de biais selon les standards internationaux. Dans ce contexte, il est donc impossible d’interpréter l’effet décrit comme étant attribuable au traitement par hydroxychloroquine ».
En règle générale, de nombreux spécialistes appellent à la prudence sur l’usage de la molécule, comme Franck Touret, chercheur en virologie, et Xavier de Lamballerie, directeur de l’unité d’émergence des pathologies virales de la faculté de médecine de l’Université Aix-Marseille. Ils rappellent dans une récente revue de littérature scientifique que les analyses chinoises plaidant en faveur de l’efficacité in vitro de la chloroquine sont opaques et qu’il n’en existe encore à ce stade aucune validation.
De fait, si la chloroquine a depuis les années 1960 montré une certaine efficacité in vitro contre de nombreux virus, aucun essai clinique mené sur des patients dans le cadre d’infection virale aiguë (chikungunya, dengue) ou chronique (HIV) n’a été couronné de succès, rappelait dans Le Monde Xavier de Lamballerie, le 17 mars."
3) Il faudrait aussi se rappeler que lors de la crise du chikungunya, et puis du Zika, hé ben Raoult l'a aussi ramené en clamant que la chloroquine était le remède miracle. Sauf que les deux virus frappaient de l'autre côté du monde et donc tout le monde ici s'en foutait. Personne ne l'a écouté. Heureusement d'ailleurs, parce que les tests en double aveugle ont montré zéro effet sur le Zika et un empirement du cadre clinique pour le Chikungunya.
Si je le traite de charlatan, c'est bien pour cela!!
biscouette a écrit:
2/ Ensuite, l’article le dit justement, la médecine n’est pas une science. Et c’est tant mieux. Je pourrais m’étendre longuement à ce sujet.
Je ne suis pas médecin mais me retrouve en position de soignant d’une certaine façon, et je peux dire que si on devait se fier aux tests, aux barèmes, etc. sans aller chercher plus loin, bien des affections seraient complètement invisibilisées quand des pathologies seraient imaginées à tort. Il faut faire appel à une variété de paramètres changeants pour évaluer une situation qui dépassent les seuls référentiels biologiques-etc., ce qui implique d'ailleurs que l’enseignement de la médecine devrait se rapprocher un peu plus de la philosophie par exemple, entre autres (ou si ça l’est, ce devrait l'être un peu plus appliqué après les études…).
Ça tombe bien, on parle ici de pharmacologie, et non pas de médecine. Et la pharmacologie est bel et bien une science. Dire qu'on va se fier à l'air du temps pour savoir si une molécule est efficace ou non contre une infection virale, désolé c'est juste pas possible. On est obligé de procéder à une étude en double aveugle pour savoir ce qu'il se passe. Ne pas le faire, c'est juste faire le charlatan. Et c'est bien ce que je (on) reproche à Raoult.
biscouette a écrit:
4/ Une situation d’urgence dicte d’autres façons de procéder. N'oublions pas qu'on en est parfois à choisir qui va vivre, qui va mourrir.
Oui, pas de souci. Il y a des procédures d'utilisation compassionnelle de médicaments qui n'ont pas passé toute la procédure d'autorisation de mise sur le marché. En général on l'admet pour des médicaments dont on pense qu'ils peuvent avoir un effet. Ici on n'a que des études qui montre un effet in vitro, donc pas forcément transposable sur l'homme, et RIEN qui supporte un effet positif in vivo. Donc quel est la raison de l'hystérie qui entoure la chloroquine? A ce stade si c'est pour faire du compassionnel sans cervelle, essayons aussi l'urine de vache comme le supportent les hindouistes extrémistes...
biscouette a écrit:
5/ Enfin, je n’ai absolument pas les éléments en main pour juger de la chloroquine. Pour les patients qui en sont morts, est-ce que les précautions ont été prises ? Il y a des critères à respecter.
Ah non, désolé, on ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre. Raoult est supposé être le super spécialiste de la chloroquine, et connaître ce médicament sur le bout des doigts, et donc toutes les précautions auraient dû être prises pour vérifier la présence d'effets secondaires et qui mort il y ait elle soit significative. Ne pas avoir considéré les morts dans le cadre de l'analyse, ça a un nom: manipulation de données, voire fraude scientifique.
biscouette a écrit:
Donc Raout se plante peut-être, mais le débat me semble un panier de biais de jugements, de mauvaise foi et de conflits d’intérêts que je trouve pitoyables en ce moment où tout le monde devrait être tourné vers une volonté d’efficacité et de coopération.
Exact, tout le monde devrait collaborer dans la lutte contre le virus, et je trouve que l'attitude de quelqu'un dont la probité est fortement douteuse qui cherche à profiter de l'émoi du pays dans une urgence sanitaire telle, pour se faire mousser au niveau des médias, est tout simplement dégueulasse. J'espère sincèrement que si les études montrent que la chloroquine n'a absolument aucun effet ça lui retombe dessus, y compris au niveau judiciaire.
Je m'arrêterai là avec Raoult, ceux qui ont envie de croire à cet escroc faites donc...
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Re: Rugby et Coronavirus
http://rugby-en-melee.com/la-pandemie-de-covid-19-met-en-echec-le-modele-economique-du-rugby-francais/?fbclid=IwAR1M2cjnpxViB2QtW3xWY7an3ztXNAy7Ubcpt5hi_1_qCBLt2VhD5xnW7s4
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Re: Rugby et Coronavirus
La croissance et la vie
Il n’est pas rare d’entendre, dans le public ou chez certains politiques, que nous vivons dans un système inhumain. La dureté de la concurrence mondiale, l’âpreté de la «logique du profit», les inégalités criantes, l’indifférence des élites au sort commun, sont souvent mis en cause, parfois (souvent ?) à juste raison. On se souvient d’un exemple particulièrement choquant, celui de l’effondrement du Rana Plaza, cet immeuble du Bangladesh où travaillaient des centaines de «petites mains» qui fabriquaient des vêtements pour des chaînes de distribution internationales et qui l’ont payé de leur vie. Exemple type de l’inhumanité d’une certaine mondialisation et symbole dont on peut trouver de multiples répliques à travers le monde. Avec la lutte pour le climat, l’humanisation de l’économie mondiale reste le grand défi de l’humanité.
Ces vérités étant rappelées, il faut aussi reconnaître que la réaction des gouvernements de la planète à la pandémie de coronavirus offre un spectaculaire contre-exemple. Partout ou presque, par choix éthique ou bien sous la pression de l’opinion, souvent les deux, les dirigeants mondiaux ont fait le choix inverse : ils n’ont pas hésité à sacrifier la prospérité économique au sauvetage des individus. «Nos vies valent plus que leurs profits», disait Olivier Besancenot dans un célèbre slogan. Par un détour inattendu, la plupart des gouvernants y ont souscrit. Dans l’espoir de sauver des vies, ils ont mis à l’arrêt l’activité économique mondiale par des mesures de confinement partiel ou total, ce qui obérera évidemment, entre autres inconvénients, les profits des entreprises privées.
Ainsi «les eaux glacées du calcul égoïste» (Marx) n’ont pas noyé sous leur flot cruel tout réflexe humaniste. Non que nos dirigeants se soient changés soudain en une pléiade de bons samaritains. Ils ont seulement reflété dans leurs décisions un esprit du temps qui n’est pas aussi individualiste, indifférent, obsédé de croissance économique ou de consommation, qu’on le dit souvent. L’esprit de secours, de solidarité, l’a emporté, cette fois, sur la froide logique de l’accumulation et du profit.
Constatation qui relativise les lamentations récurrentes qu’on entend chez les «déclinistes» ou les prophètes de la décadence. Les valeurs collectives, souvent mises à mal par le matérialisme contemporain, ne sont pas mortes. Même un Alain Finkielkraut, qui disserte à loisir sur le «nihilisme» de la société des individus sans racines ni identité, est contraint de le reconnaître. «On nous répète à satiété que 98% des patients touchés par le coronavirus guérissent, écrit-il dans le Figaro. Si la logique économique régnait sans partage, nos sociétés auraient choisi de laisser faire. La majorité de la population aurait été atteinte et immunisée. Seraient morts les plus vieux, les plus vulnérables, les bouches inutiles en somme. On n’a pas voulu de cette sélection naturelle. […] L’affirmation de ce principe égalitaire dans la tourmente que nous traversons montre que le nihilisme n’a pas encore vaincu et que nous demeurons une civilisation.» Une fois n’est pas coutume, on approuvera le raisonnement du philosophe et académicien. Les gouvernements, «les élites», à l’unisson des opinions, sont moins inhumains qu’on pourrait le penser. Dans l’épreuve que traverse la planète, et dans celle qui nous attend avec la prochaine récession économique, il faut tout de même le noter.
LAURENT JOFFRIN
Il n’est pas rare d’entendre, dans le public ou chez certains politiques, que nous vivons dans un système inhumain. La dureté de la concurrence mondiale, l’âpreté de la «logique du profit», les inégalités criantes, l’indifférence des élites au sort commun, sont souvent mis en cause, parfois (souvent ?) à juste raison. On se souvient d’un exemple particulièrement choquant, celui de l’effondrement du Rana Plaza, cet immeuble du Bangladesh où travaillaient des centaines de «petites mains» qui fabriquaient des vêtements pour des chaînes de distribution internationales et qui l’ont payé de leur vie. Exemple type de l’inhumanité d’une certaine mondialisation et symbole dont on peut trouver de multiples répliques à travers le monde. Avec la lutte pour le climat, l’humanisation de l’économie mondiale reste le grand défi de l’humanité.
Ces vérités étant rappelées, il faut aussi reconnaître que la réaction des gouvernements de la planète à la pandémie de coronavirus offre un spectaculaire contre-exemple. Partout ou presque, par choix éthique ou bien sous la pression de l’opinion, souvent les deux, les dirigeants mondiaux ont fait le choix inverse : ils n’ont pas hésité à sacrifier la prospérité économique au sauvetage des individus. «Nos vies valent plus que leurs profits», disait Olivier Besancenot dans un célèbre slogan. Par un détour inattendu, la plupart des gouvernants y ont souscrit. Dans l’espoir de sauver des vies, ils ont mis à l’arrêt l’activité économique mondiale par des mesures de confinement partiel ou total, ce qui obérera évidemment, entre autres inconvénients, les profits des entreprises privées.
Ainsi «les eaux glacées du calcul égoïste» (Marx) n’ont pas noyé sous leur flot cruel tout réflexe humaniste. Non que nos dirigeants se soient changés soudain en une pléiade de bons samaritains. Ils ont seulement reflété dans leurs décisions un esprit du temps qui n’est pas aussi individualiste, indifférent, obsédé de croissance économique ou de consommation, qu’on le dit souvent. L’esprit de secours, de solidarité, l’a emporté, cette fois, sur la froide logique de l’accumulation et du profit.
Constatation qui relativise les lamentations récurrentes qu’on entend chez les «déclinistes» ou les prophètes de la décadence. Les valeurs collectives, souvent mises à mal par le matérialisme contemporain, ne sont pas mortes. Même un Alain Finkielkraut, qui disserte à loisir sur le «nihilisme» de la société des individus sans racines ni identité, est contraint de le reconnaître. «On nous répète à satiété que 98% des patients touchés par le coronavirus guérissent, écrit-il dans le Figaro. Si la logique économique régnait sans partage, nos sociétés auraient choisi de laisser faire. La majorité de la population aurait été atteinte et immunisée. Seraient morts les plus vieux, les plus vulnérables, les bouches inutiles en somme. On n’a pas voulu de cette sélection naturelle. […] L’affirmation de ce principe égalitaire dans la tourmente que nous traversons montre que le nihilisme n’a pas encore vaincu et que nous demeurons une civilisation.» Une fois n’est pas coutume, on approuvera le raisonnement du philosophe et académicien. Les gouvernements, «les élites», à l’unisson des opinions, sont moins inhumains qu’on pourrait le penser. Dans l’épreuve que traverse la planète, et dans celle qui nous attend avec la prochaine récession économique, il faut tout de même le noter.
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