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Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
biscouette a écrit:à ceci près qu'il y aurait de quoi faire des procès ou licencier des journalistes en ce qui concerne Le Monde…Dr. Gregory Bouse a écrit:Merci Scalp pour la qualité des articles postés émanant bien sûr des meilleurs journaux (en terme d'investigation, de traitement factuel de l'information et la qualité de l'écriture) comme LE MONDE et COURRIER INTERNATIONAL
Avant de licencier des journalistes du Monde, je me ferai un plaisir déjà de virer la plupart des rédacs' chef des journaux d'information, toutes chaînes confondues et les journalistes-animateurs-amateurs sévissant sur toutes les chaînes d' info en continu.
Après alors et seulement après, on s'intéressera aux journalistes du Monde: je crains aussi que quelques experts médicaux, pas avares d'exposition médiatique, ont un peu raconté tout et son contraire durant cette longue pandémie.
Le jour où les infectiologues seront d'accord avec les épidémiologistes et, que ceux-ci seront eux-mêmes d'accord avec les virologues et, que ces derniers s'accordent avec les immunologistes... il sera temps de faire les procès de ces journalistes, pourtant sérieux, qui ont tant de mal à recouper toutes les informations tellement contradictoires de ces merveilleux scientifiques...
Dr. Gregory Bouse- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et Coronavirus
Dr. Gregory Bouse a écrit:biscouette a écrit:à ceci près qu'il y aurait de quoi faire des procès ou licencier des journalistes en ce qui concerne Le Monde…Dr. Gregory Bouse a écrit:Merci Scalp pour la qualité des articles postés émanant bien sûr des meilleurs journaux (en terme d'investigation, de traitement factuel de l'information et la qualité de l'écriture) comme LE MONDE et COURRIER INTERNATIONAL
Avant de licencier des journalistes du Monde, je me ferai un plaisir déjà de virer la plupart des rédacs' chef des journaux d'information, toutes chaînes confondues et les journalistes-animateurs-amateurs sévissant sur toutes les chaînes d' info en continu.
Après alors et seulement après, on s'intéressera aux journalistes du Monde: je crains aussi que quelques experts médicaux, pas avares d'exposition médiatique, ont un peu raconté tout et son contraire durant cette longue pandémie.
Le jour où les infectiologues seront d'accord avec les épidémiologistes et, que ceux-ci seront eux-mêmes d'accord avec les virologues et, que ces derniers s'accordent avec les immunologistes... il sera temps de faire les procès de ces journalistes, pourtant sérieux, qui ont tant de mal à recouper toutes les informations tellement contradictoires de ces merveilleux scientifiques...
Ah ça, à qui le dis-tu…
Les guerre entre médecins ont toujours existé, elles sont juste apparues au grand jour (mais pas avec toute la liberté d’expression et l’équité qu’on aurait été en droit d’attendre – certes on aurait dû être un peu préparé au regard de la place de la France, 34e dans le classement mondial de la liberté de la presse, et au prochain tour il est fort possible que l’on recule encore).
Mais puisque plus haut de presse il était question, ayant un pied dans la santé et étant engagé dans certaines causes, je peux confirmer qu’il y a bien des journalistes et «fact-checkers» du Monde ou de Libé dont la déontologie, l’arrogance et pour finir la dangereuse sottise mériteraient des paires de claques. Alors tout cela est souvent subtile, mais pas toujours. Certes je fais un peu un amalgame entre Le Monde et Libé, et entre journalistes et fact-checkers, or il faudrait distinguer tout cela, mais l’effet cumulatif est épuisant.
Qu’ils se fassent le relais de théories foireuses c’est une chose, ça peut arriver, mais qu’ils le fassent avec condescendance, genre «hé les gros débiles on va vous apprendre», et quand qqs mois plus tard il n’est plus possible de nier que les gros débiles avaient raison, ils ont une capacité à oublier ce qu’ils écrivaient auparavant sidérante… Je ne m’attends pas à des excuses, faut pas rêver, mais au moins à reconnaître les faits.
Edit : cela dit, pour ne pas noircir trop le tableau, il faut relever que des scientifiques et médecins se sont associés, et que ça avance un peu.
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biscouette- Centre de presse
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Humeur : Consterné par le traitement réservé à MJ, la mentalité d'une partie des commentateurs (journalistes et supporters), etc.
Re: Rugby et Coronavirus
biscouette a écrit:Dr. Gregory Bouse a écrit:biscouette a écrit:à ceci près qu'il y aurait de quoi faire des procès ou licencier des journalistes en ce qui concerne Le Monde…Dr. Gregory Bouse a écrit:Merci Scalp pour la qualité des articles postés émanant bien sûr des meilleurs journaux (en terme d'investigation, de traitement factuel de l'information et la qualité de l'écriture) comme LE MONDE et COURRIER INTERNATIONAL
Avant de licencier des journalistes du Monde, je me ferai un plaisir déjà de virer la plupart des rédacs' chef des journaux d'information, toutes chaînes confondues et les journalistes-animateurs-amateurs sévissant sur toutes les chaînes d' info en continu.
Après alors et seulement après, on s'intéressera aux journalistes du Monde: je crains aussi que quelques experts médicaux, pas avares d'exposition médiatique, ont un peu raconté tout et son contraire durant cette longue pandémie.
Le jour où les infectiologues seront d'accord avec les épidémiologistes et, que ceux-ci seront eux-mêmes d'accord avec les virologues et, que ces derniers s'accordent avec les immunologistes... il sera temps de faire les procès de ces journalistes, pourtant sérieux, qui ont tant de mal à recouper toutes les informations tellement contradictoires de ces merveilleux scientifiques...
Ah ça, à qui le dis-tu…
Les guerre entre médecins ont toujours existé, elles sont juste apparues au grand jour (mais pas avec toute la liberté d’expression et l’équité qu’on aurait été en droit d’attendre – certes on aurait dû être un peu préparé au regard de la place de la France, 34e dans le classement mondial de la liberté de la presse, et au prochain tour il est fort possible que l’on recule encore).
Mais puisque plus haut de presse il était question, ayant un pied dans la santé et étant engagé dans certaines causes, je peux confirmer qu’il y a bien des journalistes et «fact-checkers» du Monde ou de Libé dont la déontologie, l’arrogance et pour finir la dangereuse sottise mériteraient des paires de claques. Alors tout cela est souvent subtile, mais pas toujours. Certes je fais un peu un amalgame entre Le Monde et Libé, et entre journalistes et fact-checkers, or il faudrait distinguer tout cela, mais l’effet cumulatif est épuisant.
Qu’ils se fassent le relais de théories foireuses c’est une chose, ça peut arriver, mais qu’ils le fassent avec condescendance, genre «hé les gros débiles on va vous apprendre», et quand qqs mois plus tard il n’est plus possible de nier que les gros débiles avaient raison, ils ont une capacité à oublier ce qu’ils écrivaient auparavant sidérante… Je ne m’attends pas à des excuses, faut pas rêver, mais au moins à reconnaître les faits.
Edit : cela dit, pour ne pas noircir trop le tableau, il faut relever que des scientifiques et médecins se sont associés, et que ça avance un peu.
On n'aura peut-être pas besoin d'attendre le prochain tour pour continuer de baisser dans le classement: j'en suis effaré mais surtout pas crédule...
La volontaire déperdition de la sémantique de la pensée politique (pourtant essentielle) nous conduit inexorablement à cette bipolarisation du monde politique tellement américaine, tellement simpliste, tellement manichéenne...
Je m'arrête là; ça pourrait durer des plombes...
Dr. Gregory Bouse- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/14/covid-19-au-royaume-uni-la-progression-rapide-du-variant-indien-pourrait-compromettre-le-calendrier-du-deconfinement_6080264_3244.html
Covid-19 : le déconfinement du Royaume-Uni pourrait être remis en cause par la progression du variant B.1.617.2
Actuellement, le variant indien « est responsable de plus de la moitié des nouveaux cas ». La réouverture totale de l’économie et la fin de la distanciation sociale sont toujours prévues pour le 21 juin.
Par Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante)
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a prévenu lors d’une conférence de presse vendredi 14 mai, que la poursuite du – très prudent – déconfinement anglais « pourrait être perturbée » par le variant indien, alors que le nombre d’infections au variant B.1.617.2 (identifié pour la première fois en Inde) a doublé en Angleterre sur une semaine et qu’il est en train de rapidement prendre le pas sur le variant du « Kent » (le B.1.1.7).
Selon d’inquiétantes données publiées jeudi par le ministère anglais de la santé, 1 313 cas du B.1.617.2 ont été identifiés sur une semaine, contre 520 sept jours plus tôt, notamment dans la région de Manchester, à Bolton et Formby. A Londres, ce variant, considéré depuis le 7 mai comme un « variant préoccupant » par les autorités britanniques, « est responsable de plus de la moitié des nouveaux cas » a assuré à la BBC Kevin Fenton, le responsable de la capitale au ministère de la santé.
Lire aussi Plus contagieux, plus virulents, plus résistants au vaccin : ce que l’on sait des principaux variants du SARS-CoV-2
La progression très rapide des cas de contamination au B.1.617.2 a changé brutalement l’atmosphère – jusqu’à il y a quelques jours euphoriques, les médias britanniques enchaînant les gros titres sur le retour imminent à la normalité, avec la levée prévue le 17 mai des restrictions sur les voyages à l’étranger ou le retour du service en salle dans les pubs et les restaurants. Si, vendredi soir, cette troisième étape du déconfinement n’était pas remise en cause, c’est la suivante – la réouverture totale de l’économie et la fin de la distanciation sociale, le 21 juin – qui paraît compromise.
Amené au Royaume-Uni – où vit une forte communauté indo-pakistanaise – par des voyageurs venus du sous-continent indien, le B.1.617.2 semble désormais se transmettre entre communautés (les personnes arrivant d’Inde devant s’isoler dans des « hôtels quarantaine » depuis le 23 avril). Au Pays de Galles, 17 cas ont été identifiés, ainsi qu’un cluster en banlieue sud de Glasgow, en Ecosse. Très prudente, Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, a annoncé qu’à Moray (au nord-est de l’Ecosse) et à Glasgow, le retour des rassemblements dans les espaces clos n’aurait pas lieu comme prévu lundi 17 mai.
Accélération de la campagne vaccinale
Pour le moment, et pour l’Angleterre, Downing Street espère contenir le variant en tablant sur une accélération de la campagne vaccinale. Des doses supplémentaires de vaccins vont être acheminées dans les clusters, où les autorités locales pourront commencer à vacciner les plus de 16 ans – alors qu’au niveau national, la campagne vaccinale n’est accessible qu’aux plus de 38 ans. A l’échelle du pays, Boris Johnson a annoncé que l’administration de la seconde dose serait accélérée pour tous les plus de 50 ans : ces derniers seront convoqués au bout de huit et non plus douze semaines.
Sur le plan sanitaire, la situation reste pour l’heure plutôt satisfaisante : depuis plusieurs semaines, les chiffres plafonnent à 2 000 nouveaux cas positifs par jour, le nombre d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19 ont retrouvé leur niveau de l’été 2020. Même à Bolton, où le nombre de nouveaux cas de variant indien est le plus élevé, les hospitalisations n’ont pas augmenté. Mais les experts craignent une situation en trompe-l’œil et redoutent la répétition du scénario du variant du Kent, qui s’était répandu dans tout le pays à bas bruit à l’automne 2020, avant de provoquer une terrible deuxième vague (33 000 décès pour le seul mois de janvier 2021).
Si rien ne permet d’affirmer que les vaccins AstraZeneca, Pfizer et Moderna (en cours de déploiement au Royaume-Uni) ne sont pas efficaces contre le variant B.1.617.2, les certitudes et les données manquent encore. La campagne vaccinale avance certes toujours très vite au Royaume-Uni, où deux tiers des adultes ont déjà reçu au moins une dose de vaccin (et un tiers leurs deux doses), mais une part importante de la population reste non protégée, et des poches de résistance à la vaccination demeurent. Notamment dans le centre de Londres, où seuls 60 % des Afro-Caribéens honorent leur rendez-vous vaccinal.
Par ailleurs, le B.1.617.2 pourrait être plus transmissible que le variant B.1.1.7. Ce variant indien semble « se répandre plus vite que le variant du Kent, du moins sur Londres », avancent prudemment les chercheurs de l’Imperial College London dans leur dernière étude REACT sur les taux d’infection au coronavirus dans le pays. « Tout va dépendre de la capacité de transmission du variant indien. S’il s’avère bien plus transmissible que le variant du Kent, nous ferons face à des choix difficiles et cela pourrait compromettre la poursuite du déconfinement », a reconnu Boris Johnson vendredi. « A ce stade, nous déconseillons fortement la poursuite du déconfinement [lundi 17 mai] », ont estimé les membres de l’Independent SAGE, un groupe influent d’experts, indépendants de Downing Street.
Covid-19 : le déconfinement du Royaume-Uni pourrait être remis en cause par la progression du variant B.1.617.2
Actuellement, le variant indien « est responsable de plus de la moitié des nouveaux cas ». La réouverture totale de l’économie et la fin de la distanciation sociale sont toujours prévues pour le 21 juin.
Par Cécile Ducourtieux(Londres, correspondante)
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a prévenu lors d’une conférence de presse vendredi 14 mai, que la poursuite du – très prudent – déconfinement anglais « pourrait être perturbée » par le variant indien, alors que le nombre d’infections au variant B.1.617.2 (identifié pour la première fois en Inde) a doublé en Angleterre sur une semaine et qu’il est en train de rapidement prendre le pas sur le variant du « Kent » (le B.1.1.7).
Selon d’inquiétantes données publiées jeudi par le ministère anglais de la santé, 1 313 cas du B.1.617.2 ont été identifiés sur une semaine, contre 520 sept jours plus tôt, notamment dans la région de Manchester, à Bolton et Formby. A Londres, ce variant, considéré depuis le 7 mai comme un « variant préoccupant » par les autorités britanniques, « est responsable de plus de la moitié des nouveaux cas » a assuré à la BBC Kevin Fenton, le responsable de la capitale au ministère de la santé.
Lire aussi Plus contagieux, plus virulents, plus résistants au vaccin : ce que l’on sait des principaux variants du SARS-CoV-2
La progression très rapide des cas de contamination au B.1.617.2 a changé brutalement l’atmosphère – jusqu’à il y a quelques jours euphoriques, les médias britanniques enchaînant les gros titres sur le retour imminent à la normalité, avec la levée prévue le 17 mai des restrictions sur les voyages à l’étranger ou le retour du service en salle dans les pubs et les restaurants. Si, vendredi soir, cette troisième étape du déconfinement n’était pas remise en cause, c’est la suivante – la réouverture totale de l’économie et la fin de la distanciation sociale, le 21 juin – qui paraît compromise.
Amené au Royaume-Uni – où vit une forte communauté indo-pakistanaise – par des voyageurs venus du sous-continent indien, le B.1.617.2 semble désormais se transmettre entre communautés (les personnes arrivant d’Inde devant s’isoler dans des « hôtels quarantaine » depuis le 23 avril). Au Pays de Galles, 17 cas ont été identifiés, ainsi qu’un cluster en banlieue sud de Glasgow, en Ecosse. Très prudente, Nicola Sturgeon, la première ministre écossaise, a annoncé qu’à Moray (au nord-est de l’Ecosse) et à Glasgow, le retour des rassemblements dans les espaces clos n’aurait pas lieu comme prévu lundi 17 mai.
Accélération de la campagne vaccinale
Pour le moment, et pour l’Angleterre, Downing Street espère contenir le variant en tablant sur une accélération de la campagne vaccinale. Des doses supplémentaires de vaccins vont être acheminées dans les clusters, où les autorités locales pourront commencer à vacciner les plus de 16 ans – alors qu’au niveau national, la campagne vaccinale n’est accessible qu’aux plus de 38 ans. A l’échelle du pays, Boris Johnson a annoncé que l’administration de la seconde dose serait accélérée pour tous les plus de 50 ans : ces derniers seront convoqués au bout de huit et non plus douze semaines.
Sur le plan sanitaire, la situation reste pour l’heure plutôt satisfaisante : depuis plusieurs semaines, les chiffres plafonnent à 2 000 nouveaux cas positifs par jour, le nombre d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19 ont retrouvé leur niveau de l’été 2020. Même à Bolton, où le nombre de nouveaux cas de variant indien est le plus élevé, les hospitalisations n’ont pas augmenté. Mais les experts craignent une situation en trompe-l’œil et redoutent la répétition du scénario du variant du Kent, qui s’était répandu dans tout le pays à bas bruit à l’automne 2020, avant de provoquer une terrible deuxième vague (33 000 décès pour le seul mois de janvier 2021).
Si rien ne permet d’affirmer que les vaccins AstraZeneca, Pfizer et Moderna (en cours de déploiement au Royaume-Uni) ne sont pas efficaces contre le variant B.1.617.2, les certitudes et les données manquent encore. La campagne vaccinale avance certes toujours très vite au Royaume-Uni, où deux tiers des adultes ont déjà reçu au moins une dose de vaccin (et un tiers leurs deux doses), mais une part importante de la population reste non protégée, et des poches de résistance à la vaccination demeurent. Notamment dans le centre de Londres, où seuls 60 % des Afro-Caribéens honorent leur rendez-vous vaccinal.
Par ailleurs, le B.1.617.2 pourrait être plus transmissible que le variant B.1.1.7. Ce variant indien semble « se répandre plus vite que le variant du Kent, du moins sur Londres », avancent prudemment les chercheurs de l’Imperial College London dans leur dernière étude REACT sur les taux d’infection au coronavirus dans le pays. « Tout va dépendre de la capacité de transmission du variant indien. S’il s’avère bien plus transmissible que le variant du Kent, nous ferons face à des choix difficiles et cela pourrait compromettre la poursuite du déconfinement », a reconnu Boris Johnson vendredi. « A ce stade, nous déconseillons fortement la poursuite du déconfinement [lundi 17 mai] », ont estimé les membres de l’Independent SAGE, un groupe influent d’experts, indépendants de Downing Street.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.courrierinternational.com/article/science-covid-19-ce-que-lon-sait-du-variant-indien
Science.Covid-19 : ce que l’on sait du variant indien
The Guardian - Londres
Il n’y a pas un mais trois variants indiens. Le virologue britannique Julian Tang explique dans le Guardian ce que cela signifie et les mesures à prendre pour s’en protéger.
Julian Tang est virologue clinicien à l’université de Leicester et explique, dans les colonnes du Guardian, ce que l’on sait du variant indien. Première chose : il ne s’agit pas d’un seul variant mais de trois mutations génétiques du Covid-19 appelées B.1.617.1 (le variant 1), B.1.617.2 (le variant 2) et B.1.617.3 (le variant 3). Parmi ces trois variants, c’est le second qui a été le plus détecté au Royaume-Uni comme en France.
Selon lui, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle : “La bonne nouvelle, c’est que nous pensons que le variant 2 ne contient pas la mutation 484K/Q qui a été associée à une certaine résistance aux vaccins. Donc les vaccins actuels AstraZeneca et Pzifer devraient fonctionner relativement bien contre lui, ou du moins nous protéger des formes graves et des décès. Et nous n’avons aucune indication pour le moment que ce variant cause des maladies plus graves.”
Mais il poursuit :
La mauvaise nouvelle est que tous les ‘variants indiens’ contiennent la mutation L452R, que l’on trouve également dans le ‘variant californien” et qui semble engendrer une résistance vaccinale et peut-être une contagiosité plus forte.”
Selon Julian Tang, cela est inquiétant pour les 18-50 ans, c’est-à-dire pour la tranche population qui n’a pas encore été vaccinée. Avoir reçu la première dose du vaccin offrirait déjà une protection conséquente et permettrait de diminuer la mortalité et les formes graves. Il donne donc trois recommandations : “essayer d’accélérer le programme de vaccination pour administrer au moins une dose au groupe des 18-50 ans”, “continuer à porter un masque et à pratiquer la distanciation sociale pendant que la couverture vaccinale augmente”, “préparer les équipes médicales” car il y aura de nouvelles hospitalisations en plus des urgences non-Covid et des retards accumulés.
Science.Covid-19 : ce que l’on sait du variant indien
The Guardian - Londres
Il n’y a pas un mais trois variants indiens. Le virologue britannique Julian Tang explique dans le Guardian ce que cela signifie et les mesures à prendre pour s’en protéger.
Julian Tang est virologue clinicien à l’université de Leicester et explique, dans les colonnes du Guardian, ce que l’on sait du variant indien. Première chose : il ne s’agit pas d’un seul variant mais de trois mutations génétiques du Covid-19 appelées B.1.617.1 (le variant 1), B.1.617.2 (le variant 2) et B.1.617.3 (le variant 3). Parmi ces trois variants, c’est le second qui a été le plus détecté au Royaume-Uni comme en France.
Selon lui, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle : “La bonne nouvelle, c’est que nous pensons que le variant 2 ne contient pas la mutation 484K/Q qui a été associée à une certaine résistance aux vaccins. Donc les vaccins actuels AstraZeneca et Pzifer devraient fonctionner relativement bien contre lui, ou du moins nous protéger des formes graves et des décès. Et nous n’avons aucune indication pour le moment que ce variant cause des maladies plus graves.”
Mais il poursuit :
La mauvaise nouvelle est que tous les ‘variants indiens’ contiennent la mutation L452R, que l’on trouve également dans le ‘variant californien” et qui semble engendrer une résistance vaccinale et peut-être une contagiosité plus forte.”
Selon Julian Tang, cela est inquiétant pour les 18-50 ans, c’est-à-dire pour la tranche population qui n’a pas encore été vaccinée. Avoir reçu la première dose du vaccin offrirait déjà une protection conséquente et permettrait de diminuer la mortalité et les formes graves. Il donne donc trois recommandations : “essayer d’accélérer le programme de vaccination pour administrer au moins une dose au groupe des 18-50 ans”, “continuer à porter un masque et à pratiquer la distanciation sociale pendant que la couverture vaccinale augmente”, “préparer les équipes médicales” car il y aura de nouvelles hospitalisations en plus des urgences non-Covid et des retards accumulés.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.courrierinternational.com/article/medecine-les-promesses-de-larn-messager
Médecine.Les promesses de l’ARN messager
The Atlantic - Washington
L’histoire des technologies qui utilisent l’ARN messager a commencé il y a plus de quarante ans. Et elle ne s’arrêtera pas avec les vaccins développés par Pfizer-BioNTech et Moderna contre le Covid-19. Leur potentiel s’étend bien au-delà. Certains comptent les utiliser contre la grippe saisonnière, le paludisme et même les cancers.
L’ARN messager synthétique, cette technologie ingénieuse que l’on trouve dans les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna, a tout l’air d’une avancée soudaine ou d’une nouvelle découverte. D’ailleurs, il y a un an, quasiment personne ne savait ce qu’était un vaccin à ARN messager, pour la bonne raison qu’aucun pays au monde n’en avait jamais approuvé. Quelques mois plus tard, cette même technologie a permis le lancement des deux essais vaccinaux les plus rapides de l’histoire de la science.
Pourtant, comme c’est souvent le cas en matière de percées scientifiques, ce qui ressemble à une réussite du jour au lendemain a en réalité nécessité plusieurs dizaines d’années de travail. Plus de quarante ans se sont écoulés entre les années 1970, lorsqu’une chercheuse d’origine hongroise a entamé les premières recherches sur l’ARN messager (ARNm), et le jour où le premier vaccin à ARNm autorisé a été administré pour la première fois aux États-Unis, le 14 décembre 2020. La longue période avant que cette idée ne porte ses fruits a failli détruire de nombreuses carrières professionnelles et pousser plusieurs entreprises à mettre la clé sous la porte.
Si ce rêve d’ARN messager a tenu la route, c’est notamment parce qu’il repose sur un principe de base d’une simplicité, et même, pourrait-on dire, d’une beauté extrême : l’usine de fabrication de médicaments la plus puissante du monde se trouve en chacun de nous.
Nous dépendons des protéines pour pratiquement toutes les fonctions de notre corps. Or, c’est l’ARNm (l’acide ribonucléique messager) qui indique à nos cellules lesquelles fabriquer.
Avec un ARNm “réécrit” par l’homme, nous pouvons, en théorie, ordonner à notre machinerie cellulaire de fabriquer à peu près n’importe quelle protéine. On pourrait produire en masse des molécules qui apparaissent naturellement dans l’organisme pour réparer des organes ou améliorer la circulation sanguine. On pourrait aussi demander à nos cellules de fabriquer une protéine ne figurant pas sur la liste, de manière à ce que notre système immunitaire la détruise après avoir appris à l’identifier comme une intruse.
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Claire Olivès
Avec la précision d’un soldat bien entraîné
Dans le cas du coronavirus responsable du Covid-19, les vaccins à ARN messager envoient des instructions précises à nos cellules pour qu’elles fabriquent la “protéine Spike” (dite aussi protéine de spicule ou protéine S) [qui sert de clé au virus pour entrer dans nos cellules]. Quand notre système immunitaire se rend compte de la présence des intruses que sont ici ces protéines, il les cible pour les détruire, sans désactiver l’ARNm. Si, plus tard, nous sommes confrontés au virus complet, notre organisme reconnaîtra la protéine S et l’attaquera avec la précision d’un soldat bien entraîné, réduisant ainsi le risque de contamination et protégeant des formes graves de la maladie.
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Claire Olivès
Mais l’histoire de l’ARNm ne prendra sans doute pas fin avec le Covid-19, car il offre des possibilités qui s’étendent bien au-delà de cette pandémie. Cette année, une équipe de Yale a fait breveter une technologie également à base d’ARN pour créer un vaccin contre le paludisme, la maladie qui cause sans doute le plus de ravages au monde. L’ARNm étant très facile à modifier, Pfizer a annoncé son intention de l’utiliser contre la grippe saisonnière, dont le virus mute sans cesse, tuant des centaines de milliers de personnes dans le monde chaque année.
Quant à l’entreprise BioNTech, qui s’est associée à Pfizer l’an dernier, elle cherche à mettre au point des thérapies individualisées consistant à créer à la demande des protéines associées à des tumeurs spécifiques afin d’apprendre à l’organisme à combattre un cancer à un stade avancé. Par ailleurs, des essais menés sur des souris ont démontré que les thérapies à base d’ARNm synthétique ralentissent et inversent les effets de la sclérose en plaques. Selon Özlem Türeci, directrice médicale de BioNTech, “en principe, tout ce qu’on peut faire avec des protéines, on peut le faire avec de l’ARNm”.
2021 : l’année où l’ARNm s’est affirmé
L’espoir que suscite l’ARNm concerne à la fois des solutions onéreuses mais encore au stade expérimental, et des solutions magnifiques mais encore hypothétiques. Cependant, comme nous l’a rappelé l’année écoulée, il arrive que des progrès scientifiques surviennent brusquement, après de longues périodes de gestation. “On peut dire que [cette année] a été celle où l’ARNm s’est affirmé”, assure John Mascola, le directeur du Centre de recherche sur les vaccins de l’Institut national [américain] des allergies et des maladies infectieuses. “Dans l’univers scientifique, la technologie de l’ARN pourrait être le fait le plus marquant de l’année. Nous ne savions pas si cela fonctionnait, mais maintenant, nous le savons.”
1. Les fruits de la patience
Pendant plus de quarante ans, on n’a rien pu faire d’utile avec de l’ARN synthétique, mais, en 1978, Katalin Karikó, jeune chercheuse au Centre de recherche biologique de Szeged en Hongrie, s’est mis dans l’idée de montrer ses possibilités. Elle a ensuite quitté la Hongrie pour les États-Unis dans les années 1980.
Après dix ans de hauts et de bas, Katalin Karikó et son partenaire de recherches, Drew Weissman, sont finalement parvenus à franchir une étape décisive au début des années 2000. Pour permettre à l’ARNm synthétique de franchir discrètement les défenses de la cellule, ils ont compris qu’ils devaient modifier légèrement l’un de ses éléments constitutifs, appelés nucléotides, qui composent son brin. “La solution que Karikó et Weissman ont découverte est l’équivalent du remplacement d’un pneu sur le plan biologique”, expliquent les journalistes Damian Garde et Jonathan Saltzman dans un article publié sur le site spécialisé Stat.
Aux États-Unis, leur étude attire alors l’attention d’un groupe un peu fou de chercheurs et de capital-risqueurs, qui décident de créer ensemble une entreprise baptisée à partir d’un amalgame lexical des mots “modifié” et “RNA” [ARN en anglais] : Moderna. En Allemagne, Ugur Sahin et Özlem Türeci, un couple qui s’était illustré jusque-là par ses recherches en immunothérapie, prennent également conscience de l’énorme potentiel de cette technologie, et fondent de leur côté plusieurs sociétés, dont une pour la recherche de traitements du cancer à base d’ARNm : la société BioNTech.
“Notre démarche a été accueillie par un grand scepticisme à ses débuts, car il s’agissait d’une nouvelle technologie n’ayant débouché sur aucun produit homologué”, explique Özlem Türeci. Mais grâce au soutien de philanthropes, d’investisseurs et d’autres entreprises, BioNTech et Moderna ont persévéré des années durant. Moderna a conclu un partenariat avec les NIH [Instituts américains de la santé] et a reçu des dizaines de millions de dollars de la Darpa (l’Agence américaine pour les projets de recherche de pointe en matière de défense), pour mettre au point des vaccins contre des virus comme le Zika. En 2018, Pfizer a signé un accord avec BioNTech visant à développer des vaccins à ARNm contre la grippe.
“Cette technologie nous a d’abord séduits pour la grippe en raison de sa grande rapidité et de sa flexibilité, confie Philip Dormitzer, qui dirige les programmes de recherche et développement de vaccins viraux chez Pfizer. Il est possible de modifier l’ARNm très rapidement, ce qui est très utile dans le cas d’un virus comme la grippe, qui nécessite deux mises à jour chaque année, pour l’hémisphère nord et l’hémisphère sud.”
Au moment où l’épidémie due au nouveau coronavirus a entraîné le confinement de Wuhan en Chine, cela faisait déjà des années que Moderna et BioNTech peaufinaient leur technologie. Lorsque l’épidémie s’est propagée dans le monde entier, Pfizer et BioNTech étaient donc prêts à changer immédiatement de cap pour réorienter leurs recherches sur la grippe vers le Sars-CoV-2. Philip Dormitzer explique :
Pour nos chercheurs, il a juste fallu remplacer la protéine de la grippe par la protéine S du coronavirus, et il s’est avéré que ce n’était pas un grand pas à franchir.”
Forts de plusieurs années de travaux cliniques sur l’ARNm, s’appuyant eux-mêmes sur des décennies de recherche fondamentale, les scientifiques ont résolu le mystère du Sars-CoV-2 à une vitesse stupéfiante : le 11 janvier 2020, des chercheurs chinois rendaient publique la séquence génétique du virus ; la recette du vaccin à ARN messager de Moderna était finalisée en quarante-huit heures environ, et fin février, des lots du vaccin étaient déjà expédiés à Bethesda, dans le Maryland, pour des essais cliniques. Avec un timing parfait, digne d’une épopée hollywoodienne, l’ARNm est entré en terre promise après une quarantaine d’années d’errance de la recherche, le progrès scientifique ayant suivi à son habitude un rythme à deux vitesses : avançant doucement, tout doucement, avant de bondir d’un seul coup.
2. Plus vite, plus vite !
Si la Darpa et Pfizer se sont intéressés à l’ARN messager, c’est d’abord pour ses qualités de rapidité et d’adaptabilité, qui seront amenées à jouer un rôle de premier plan si la technologie ouvre la porte à d’autres découvertes capitales après cette pandémie.
Le paludisme tue plus de 400 000 personnes chaque année, surtout de jeunes enfants. Il n’est pas causé par un virus ou une bactérie, mais par un organisme appartenant à un phylum (embranchement) distinct, le plasmodium. Les parasites du genre plasmodium adoptent une multitude de stratégies pour échapper à notre système immunitaire en changeant de forme. Alors que, le plus souvent, quand on a attrapé une fois une maladie, on développe ensuite une certaine protection contre elle, dans le cas du paludisme, il est possible d’être atteint plusieurs fois car le parasite met à mal nos défenses cellulaires. De ce fait, il est difficile de s’en prémunir en se faisant vacciner : le seul vaccin qui existe pour le moment n’a pas une action très efficace, même après quatre injections.
En février, une demande de brevet a été approuvée pour un vaccin antipaludique à base d’ARN, qui s’est avéré prometteur chez les souris. “Nous travaillons sur ce vaccin depuis des années, mais tout a changé ces six derniers mois en raison du succès des vaccins anti-Covid”, explique Richard Bucala, co-inventeur du vaccin et chercheur à la Yale School of Medicine.
Le vaccin contre le paludisme utilise de l’ARN autoamplifiant (ou saRNA), qui diffère légèrement de la technologie à ARNm utilisée par Moderna et Pfizer. Dans le cas des vaccins contre le Covid-19, on injecte dès le départ tout l’ARN messager que le patient doit recevoir, alors que l’ARN autoamplifiant est conçu pour se répliquer à l’intérieur de nos cellules. Avec cette fonction de copier-coller, chaque personne n’a besoin, en théorie, que d’une dose infime de vaccin pour avoir une réponse immunitaire importante.
“Les vaccins Pfizer et Moderna nécessitent de grandes quantités d’ARNm, dont la fabrication est coûteuse. C’est ce qui explique pourquoi ils ont mis du temps pour être distribués dans de nombreux pays en dehors des États-Unis”, explique Richard Bucala. Il ajoute :
Avec l’ARN autoamplifiant, il sera possible d’avoir le même effet en injectant seulement un centième du produit. Il sera plus facile ainsi de produire des vaccins à grande échelle pour se protéger contre une maladie très répandue.”
Et puis, il y a le cancer. Les scientifiques ne concevront sans doute jamais un vaccin unique contre celui-ci, car ce n’est pas une pathologie unique, mais un ensemble regroupant plus de cent maladies, désignées en général en fonction de l’endroit du corps où elles prennent naissance. Et si nous parvenions à faire face à cette centaine de cancers différents grâce à notre propre ensemble de thérapies capables de former le corps à se battre contre une tumeur particulière ?
C’est l’idée qui sous-tend les recherches menées par BioNTech sur l’immunothérapie des cancers. Le principe est le suivant : sur les patients atteints d’un cancer, BioNTech prélève un échantillon de tissu de la tumeur pour effectuer une analyse génétique. Sur la base de ce test, la société conçoit sur mesure un vaccin à ARNm, qui fait produire aux cellules du patient des protéines correspondant à la mutation spécifique de la tumeur. Le système immunitaire apprend ainsi à rechercher et à détruire les cellules tumorales du même genre dans tout l’organisme.
“Nous espérons que tout ce que nous avons appris à la faveur de l’épidémie de Covid sur la production et la fabrication d’ARNm viendra enrichir également notre travail sur les traitements anticancéreux disponibles actuellement”, insiste Özlem Türeci, qui précise que sa société, BioNTech, procède en ce moment à des essais cliniques de vaccins personnalisés contre “pratiquement tous les cancers solides”, notamment les mélanomes, les cancers du sein et les cancers de l’ovaire.
3. Il faut provoquer la chance
En mars 2020, Peter Hotez, vaccinologue au Baylor College of Medicine, ne pensait pas que la technologie de l’ARNm gagnerait la course engagée contre le Covid-19. Il misait plutôt sur la société pharmaceutique Merck, qui venait de mettre au point un vaccin contre Ebola d’une efficacité étonnante en modifiant un virus du bétail, le virus de la stomatite vésiculaire, ou VSV. Mais Merck a finalement abandonné la course aux vaccins anti-Covid lorsque sa nouvelle technologie prometteuse a échoué au stade des essais cliniques.
Peter Hotez estime que les échecs de Merck constituent une leçon essentielle en matière de science, et une mise en garde pour l’ARNm. “Une technologie qui fonctionne pour une épidémie peut très bien ne pas fonctionner pour la suivante, et il est difficile de savoir ce qui marche avant de l’avoir essayé, dit-il. C’est pourquoi, selon moi, il est trop tôt pour qualifier les vaccins à ARNm de solution miraculeuse, car ils pourraient très bien ne pas avoir d’effet sur la prochaine cible.”
Même les plus chauds partisans de l’ARNm en conviennent. “Je ne prétends pas que l’ARN messager soit LA panacée”, concède Özlem Türeci. Il insiste :
Nous allons découvrir qu’il y a des maladies contre lesquelles l’ARNm a une efficacité étonnante et d’autres où il ne réussit pas du tout. Nous devons en apporter la preuve pour chaque maladie infectieuse, au cas par cas.”
Il est possible que l’histoire de l’ARNm ne débouche pas sur un second acte aussi grandiose au cours des dix prochaines années, voire sur aucun. Peut-être le monde scientifique en conclura-t-il que la technologie a eu l’avantage d’avoir affaire à un ennemi d’une grande simplicité lors de cette pandémie.
On a peut-être eu de la chance. Mais la chance découle d’une préparation en amont. Le coronavirus a été une cible facile uniquement parce que la science l’a rendue facile. Il y a quatre ans, après l’apparition du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) dans la péninsule arabique et en Corée du Sud, dix-huit chercheurs des NIH, de l’université Vanderbilt, du Dartmouth College et d’autres institutions ont publié les résultats d’un examen détaillé de la forme et du comportement de la caractéristique la plus remarquable du coronavirus : sa protéine S.
L’article décodait les mystères et les vulnérabilités du virus bien avant que quiconque ne sache qu’un minuscule agent pathogène de la même famille allait bientôt mettre le monde sous l’éteignoir. “Nos études fournissent une base pour la conception de vaccins contre les coronavirus en tirant parti de leur structure”, concluaient les chercheurs de manière prémonitoire dans leur article de 2017. Sans ce travail de détective, la révolution de l’ARNm n’aurait peut-être pas eu lieu.
Les vaccins d’aujourd’hui ont forgé leur succès sur ceux de la science, mais aussi sur ses échecs. Depuis des décennies, les chercheurs bataillent pour concevoir un vaccin utilisable contre le VIH, mais aux yeux de nombreux observateurs, ce domaine de recherche est dans l’impasse. Néanmoins, un article récent souligne que ces échecs répétés ont eu le mérite de forcer les chercheurs de vaccins contre le VIH à consacrer beaucoup de temps et d’argent à des techniques de vaccination étranges, non éprouvées, comme l’ARNm synthétique et la technologie à vecteur viral reprise pour le vaccin de Johnson & Johnson.
Près de 90 % des vaccins contre le Covid-19 qui sont parvenus au stade des essais cliniques ont utilisé une technologie dont “on trouve la trace dans des prototypes testés dans le cadre d’essais de vaccins contre le VIH”, écrit l’auteur de l’article, Jeffrey E. Harris, économiste au MIT, en faisant remarquer que, si un vaccin contre le VIH avait abouti, l’entreprise à l’origine de ce vaccin aurait gagné le gros lot. Cela n’a pas été le cas, mais tous les participants à la course aux vaccins ont tiré les leçons de l’échec collectif et contribué à enrichir le savoir collectif. Les nombreux faux départs de la vaccination contre le VIH ont donné lieu à une explosion de nouvelles technologies et ont contribué peut-être à l’avènement d’un nouvel âge d’or en matière vaccinale.
4. L’arbre du progrès
On peut qualifier de “chanceux” le processus qui a conduit au développement de vaccins contre le Covid en un temps record, mais on peut aussi dire ce qu’il est vraiment, à savoir la confirmation éclatante du rôle essentiel de la science dans le monde.
“Il y a cinq ans, nous ignorions tout de l’ARNm, souligne John Mascola, et dans cinq ans, nous nous rendrons compte, avec le recul, que nous sommes aujourd’hui encore dans l’ignorance, d’une certaine façon. C’est ce qui fait de l’histoire de l’ARN messager une si belle histoire scientifique avec tous ces chercheurs, philanthropes, organisations gouvernementales et entreprises qui ont pris des risques énormes en pariant sur une technologie aux résultats insignifiants au départ, mais qui ont trouvé, ensemble, comment la faire fonctionner.”
Le cycle de vie d’un arbre me fait penser parfois à une parabole du progrès scientifique. La recherche scientifique fondamentale plante toute une variété de graines. Certaines de ces graines ne donnent rien du tout, menant la recherche nulle part. Certaines deviennent de minuscules arbustes, aboutissant à pas grand-chose, même si ce n’est pas un échec complet de la recherche. Enfin, certaines graines s’épanouissent en arbres imposants aux fruits abondants que les chercheurs, les entreprises et les techniciens cueillent et transforment en produits qui changent nos vies. Pendant des années, la technologie de l’ARN messager est restée à l’état de simple arbuste, avant de s’épanouir au vu et au su de tous en 2020.
Le triomphe de l’ARNm, hissé au rang de technologie révolutionnaire après une période de recherches en catimini, n’est pas le parcours d’un seul héros, mais de plusieurs. Si Katalin Karikó ne s’était pas éreintée à faire fonctionner la technologie de l’ARNm, notre monde ne connaîtrait pas Moderna ni BioNTech. Si ces deux entreprises n’avaient pas bénéficié de financements de la part du gouvernement et d’organismes philanthropiques, elles auraient peut-être fait faillite avant même la mise au point de leurs vaccins, en 2020.
Si les échecs de la recherche sur le vaccin contre le VIH n’avaient pas forcé les scientifiques à défricher de nouveaux domaines étranges, nous serions peut-être encore en train de tâtonner dans le noir pour faire fonctionner cette technologie. Si une équipe internationale de chercheurs n’avait pas percé les secrets de la protéine S du coronavirus il y a plusieurs années, nous n’en aurions sans doute pas su assez sur cet agent pathogène pour concevoir l’an dernier un vaccin capable de le vaincre. En fait, la technologie de l’ARN messager doit sa naissance à de nombreuses graines semées.
Derek Thompson
Médecine.Les promesses de l’ARN messager
The Atlantic - Washington
L’histoire des technologies qui utilisent l’ARN messager a commencé il y a plus de quarante ans. Et elle ne s’arrêtera pas avec les vaccins développés par Pfizer-BioNTech et Moderna contre le Covid-19. Leur potentiel s’étend bien au-delà. Certains comptent les utiliser contre la grippe saisonnière, le paludisme et même les cancers.
L’ARN messager synthétique, cette technologie ingénieuse que l’on trouve dans les vaccins Pfizer-BioNTech et Moderna, a tout l’air d’une avancée soudaine ou d’une nouvelle découverte. D’ailleurs, il y a un an, quasiment personne ne savait ce qu’était un vaccin à ARN messager, pour la bonne raison qu’aucun pays au monde n’en avait jamais approuvé. Quelques mois plus tard, cette même technologie a permis le lancement des deux essais vaccinaux les plus rapides de l’histoire de la science.
Pourtant, comme c’est souvent le cas en matière de percées scientifiques, ce qui ressemble à une réussite du jour au lendemain a en réalité nécessité plusieurs dizaines d’années de travail. Plus de quarante ans se sont écoulés entre les années 1970, lorsqu’une chercheuse d’origine hongroise a entamé les premières recherches sur l’ARN messager (ARNm), et le jour où le premier vaccin à ARNm autorisé a été administré pour la première fois aux États-Unis, le 14 décembre 2020. La longue période avant que cette idée ne porte ses fruits a failli détruire de nombreuses carrières professionnelles et pousser plusieurs entreprises à mettre la clé sous la porte.
Si ce rêve d’ARN messager a tenu la route, c’est notamment parce qu’il repose sur un principe de base d’une simplicité, et même, pourrait-on dire, d’une beauté extrême : l’usine de fabrication de médicaments la plus puissante du monde se trouve en chacun de nous.
Nous dépendons des protéines pour pratiquement toutes les fonctions de notre corps. Or, c’est l’ARNm (l’acide ribonucléique messager) qui indique à nos cellules lesquelles fabriquer.
Avec un ARNm “réécrit” par l’homme, nous pouvons, en théorie, ordonner à notre machinerie cellulaire de fabriquer à peu près n’importe quelle protéine. On pourrait produire en masse des molécules qui apparaissent naturellement dans l’organisme pour réparer des organes ou améliorer la circulation sanguine. On pourrait aussi demander à nos cellules de fabriquer une protéine ne figurant pas sur la liste, de manière à ce que notre système immunitaire la détruise après avoir appris à l’identifier comme une intruse.
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Claire Olivès
Avec la précision d’un soldat bien entraîné
Dans le cas du coronavirus responsable du Covid-19, les vaccins à ARN messager envoient des instructions précises à nos cellules pour qu’elles fabriquent la “protéine Spike” (dite aussi protéine de spicule ou protéine S) [qui sert de clé au virus pour entrer dans nos cellules]. Quand notre système immunitaire se rend compte de la présence des intruses que sont ici ces protéines, il les cible pour les détruire, sans désactiver l’ARNm. Si, plus tard, nous sommes confrontés au virus complet, notre organisme reconnaîtra la protéine S et l’attaquera avec la précision d’un soldat bien entraîné, réduisant ainsi le risque de contamination et protégeant des formes graves de la maladie.
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Claire Olivès
Mais l’histoire de l’ARNm ne prendra sans doute pas fin avec le Covid-19, car il offre des possibilités qui s’étendent bien au-delà de cette pandémie. Cette année, une équipe de Yale a fait breveter une technologie également à base d’ARN pour créer un vaccin contre le paludisme, la maladie qui cause sans doute le plus de ravages au monde. L’ARNm étant très facile à modifier, Pfizer a annoncé son intention de l’utiliser contre la grippe saisonnière, dont le virus mute sans cesse, tuant des centaines de milliers de personnes dans le monde chaque année.
Quant à l’entreprise BioNTech, qui s’est associée à Pfizer l’an dernier, elle cherche à mettre au point des thérapies individualisées consistant à créer à la demande des protéines associées à des tumeurs spécifiques afin d’apprendre à l’organisme à combattre un cancer à un stade avancé. Par ailleurs, des essais menés sur des souris ont démontré que les thérapies à base d’ARNm synthétique ralentissent et inversent les effets de la sclérose en plaques. Selon Özlem Türeci, directrice médicale de BioNTech, “en principe, tout ce qu’on peut faire avec des protéines, on peut le faire avec de l’ARNm”.
2021 : l’année où l’ARNm s’est affirmé
L’espoir que suscite l’ARNm concerne à la fois des solutions onéreuses mais encore au stade expérimental, et des solutions magnifiques mais encore hypothétiques. Cependant, comme nous l’a rappelé l’année écoulée, il arrive que des progrès scientifiques surviennent brusquement, après de longues périodes de gestation. “On peut dire que [cette année] a été celle où l’ARNm s’est affirmé”, assure John Mascola, le directeur du Centre de recherche sur les vaccins de l’Institut national [américain] des allergies et des maladies infectieuses. “Dans l’univers scientifique, la technologie de l’ARN pourrait être le fait le plus marquant de l’année. Nous ne savions pas si cela fonctionnait, mais maintenant, nous le savons.”
1. Les fruits de la patience
Pendant plus de quarante ans, on n’a rien pu faire d’utile avec de l’ARN synthétique, mais, en 1978, Katalin Karikó, jeune chercheuse au Centre de recherche biologique de Szeged en Hongrie, s’est mis dans l’idée de montrer ses possibilités. Elle a ensuite quitté la Hongrie pour les États-Unis dans les années 1980.
Après dix ans de hauts et de bas, Katalin Karikó et son partenaire de recherches, Drew Weissman, sont finalement parvenus à franchir une étape décisive au début des années 2000. Pour permettre à l’ARNm synthétique de franchir discrètement les défenses de la cellule, ils ont compris qu’ils devaient modifier légèrement l’un de ses éléments constitutifs, appelés nucléotides, qui composent son brin. “La solution que Karikó et Weissman ont découverte est l’équivalent du remplacement d’un pneu sur le plan biologique”, expliquent les journalistes Damian Garde et Jonathan Saltzman dans un article publié sur le site spécialisé Stat.
Aux États-Unis, leur étude attire alors l’attention d’un groupe un peu fou de chercheurs et de capital-risqueurs, qui décident de créer ensemble une entreprise baptisée à partir d’un amalgame lexical des mots “modifié” et “RNA” [ARN en anglais] : Moderna. En Allemagne, Ugur Sahin et Özlem Türeci, un couple qui s’était illustré jusque-là par ses recherches en immunothérapie, prennent également conscience de l’énorme potentiel de cette technologie, et fondent de leur côté plusieurs sociétés, dont une pour la recherche de traitements du cancer à base d’ARNm : la société BioNTech.
“Notre démarche a été accueillie par un grand scepticisme à ses débuts, car il s’agissait d’une nouvelle technologie n’ayant débouché sur aucun produit homologué”, explique Özlem Türeci. Mais grâce au soutien de philanthropes, d’investisseurs et d’autres entreprises, BioNTech et Moderna ont persévéré des années durant. Moderna a conclu un partenariat avec les NIH [Instituts américains de la santé] et a reçu des dizaines de millions de dollars de la Darpa (l’Agence américaine pour les projets de recherche de pointe en matière de défense), pour mettre au point des vaccins contre des virus comme le Zika. En 2018, Pfizer a signé un accord avec BioNTech visant à développer des vaccins à ARNm contre la grippe.
“Cette technologie nous a d’abord séduits pour la grippe en raison de sa grande rapidité et de sa flexibilité, confie Philip Dormitzer, qui dirige les programmes de recherche et développement de vaccins viraux chez Pfizer. Il est possible de modifier l’ARNm très rapidement, ce qui est très utile dans le cas d’un virus comme la grippe, qui nécessite deux mises à jour chaque année, pour l’hémisphère nord et l’hémisphère sud.”
Au moment où l’épidémie due au nouveau coronavirus a entraîné le confinement de Wuhan en Chine, cela faisait déjà des années que Moderna et BioNTech peaufinaient leur technologie. Lorsque l’épidémie s’est propagée dans le monde entier, Pfizer et BioNTech étaient donc prêts à changer immédiatement de cap pour réorienter leurs recherches sur la grippe vers le Sars-CoV-2. Philip Dormitzer explique :
Pour nos chercheurs, il a juste fallu remplacer la protéine de la grippe par la protéine S du coronavirus, et il s’est avéré que ce n’était pas un grand pas à franchir.”
Forts de plusieurs années de travaux cliniques sur l’ARNm, s’appuyant eux-mêmes sur des décennies de recherche fondamentale, les scientifiques ont résolu le mystère du Sars-CoV-2 à une vitesse stupéfiante : le 11 janvier 2020, des chercheurs chinois rendaient publique la séquence génétique du virus ; la recette du vaccin à ARN messager de Moderna était finalisée en quarante-huit heures environ, et fin février, des lots du vaccin étaient déjà expédiés à Bethesda, dans le Maryland, pour des essais cliniques. Avec un timing parfait, digne d’une épopée hollywoodienne, l’ARNm est entré en terre promise après une quarantaine d’années d’errance de la recherche, le progrès scientifique ayant suivi à son habitude un rythme à deux vitesses : avançant doucement, tout doucement, avant de bondir d’un seul coup.
2. Plus vite, plus vite !
Si la Darpa et Pfizer se sont intéressés à l’ARN messager, c’est d’abord pour ses qualités de rapidité et d’adaptabilité, qui seront amenées à jouer un rôle de premier plan si la technologie ouvre la porte à d’autres découvertes capitales après cette pandémie.
Le paludisme tue plus de 400 000 personnes chaque année, surtout de jeunes enfants. Il n’est pas causé par un virus ou une bactérie, mais par un organisme appartenant à un phylum (embranchement) distinct, le plasmodium. Les parasites du genre plasmodium adoptent une multitude de stratégies pour échapper à notre système immunitaire en changeant de forme. Alors que, le plus souvent, quand on a attrapé une fois une maladie, on développe ensuite une certaine protection contre elle, dans le cas du paludisme, il est possible d’être atteint plusieurs fois car le parasite met à mal nos défenses cellulaires. De ce fait, il est difficile de s’en prémunir en se faisant vacciner : le seul vaccin qui existe pour le moment n’a pas une action très efficace, même après quatre injections.
En février, une demande de brevet a été approuvée pour un vaccin antipaludique à base d’ARN, qui s’est avéré prometteur chez les souris. “Nous travaillons sur ce vaccin depuis des années, mais tout a changé ces six derniers mois en raison du succès des vaccins anti-Covid”, explique Richard Bucala, co-inventeur du vaccin et chercheur à la Yale School of Medicine.
Le vaccin contre le paludisme utilise de l’ARN autoamplifiant (ou saRNA), qui diffère légèrement de la technologie à ARNm utilisée par Moderna et Pfizer. Dans le cas des vaccins contre le Covid-19, on injecte dès le départ tout l’ARN messager que le patient doit recevoir, alors que l’ARN autoamplifiant est conçu pour se répliquer à l’intérieur de nos cellules. Avec cette fonction de copier-coller, chaque personne n’a besoin, en théorie, que d’une dose infime de vaccin pour avoir une réponse immunitaire importante.
“Les vaccins Pfizer et Moderna nécessitent de grandes quantités d’ARNm, dont la fabrication est coûteuse. C’est ce qui explique pourquoi ils ont mis du temps pour être distribués dans de nombreux pays en dehors des États-Unis”, explique Richard Bucala. Il ajoute :
Avec l’ARN autoamplifiant, il sera possible d’avoir le même effet en injectant seulement un centième du produit. Il sera plus facile ainsi de produire des vaccins à grande échelle pour se protéger contre une maladie très répandue.”
Et puis, il y a le cancer. Les scientifiques ne concevront sans doute jamais un vaccin unique contre celui-ci, car ce n’est pas une pathologie unique, mais un ensemble regroupant plus de cent maladies, désignées en général en fonction de l’endroit du corps où elles prennent naissance. Et si nous parvenions à faire face à cette centaine de cancers différents grâce à notre propre ensemble de thérapies capables de former le corps à se battre contre une tumeur particulière ?
C’est l’idée qui sous-tend les recherches menées par BioNTech sur l’immunothérapie des cancers. Le principe est le suivant : sur les patients atteints d’un cancer, BioNTech prélève un échantillon de tissu de la tumeur pour effectuer une analyse génétique. Sur la base de ce test, la société conçoit sur mesure un vaccin à ARNm, qui fait produire aux cellules du patient des protéines correspondant à la mutation spécifique de la tumeur. Le système immunitaire apprend ainsi à rechercher et à détruire les cellules tumorales du même genre dans tout l’organisme.
“Nous espérons que tout ce que nous avons appris à la faveur de l’épidémie de Covid sur la production et la fabrication d’ARNm viendra enrichir également notre travail sur les traitements anticancéreux disponibles actuellement”, insiste Özlem Türeci, qui précise que sa société, BioNTech, procède en ce moment à des essais cliniques de vaccins personnalisés contre “pratiquement tous les cancers solides”, notamment les mélanomes, les cancers du sein et les cancers de l’ovaire.
3. Il faut provoquer la chance
En mars 2020, Peter Hotez, vaccinologue au Baylor College of Medicine, ne pensait pas que la technologie de l’ARNm gagnerait la course engagée contre le Covid-19. Il misait plutôt sur la société pharmaceutique Merck, qui venait de mettre au point un vaccin contre Ebola d’une efficacité étonnante en modifiant un virus du bétail, le virus de la stomatite vésiculaire, ou VSV. Mais Merck a finalement abandonné la course aux vaccins anti-Covid lorsque sa nouvelle technologie prometteuse a échoué au stade des essais cliniques.
Peter Hotez estime que les échecs de Merck constituent une leçon essentielle en matière de science, et une mise en garde pour l’ARNm. “Une technologie qui fonctionne pour une épidémie peut très bien ne pas fonctionner pour la suivante, et il est difficile de savoir ce qui marche avant de l’avoir essayé, dit-il. C’est pourquoi, selon moi, il est trop tôt pour qualifier les vaccins à ARNm de solution miraculeuse, car ils pourraient très bien ne pas avoir d’effet sur la prochaine cible.”
Même les plus chauds partisans de l’ARNm en conviennent. “Je ne prétends pas que l’ARN messager soit LA panacée”, concède Özlem Türeci. Il insiste :
Nous allons découvrir qu’il y a des maladies contre lesquelles l’ARNm a une efficacité étonnante et d’autres où il ne réussit pas du tout. Nous devons en apporter la preuve pour chaque maladie infectieuse, au cas par cas.”
Il est possible que l’histoire de l’ARNm ne débouche pas sur un second acte aussi grandiose au cours des dix prochaines années, voire sur aucun. Peut-être le monde scientifique en conclura-t-il que la technologie a eu l’avantage d’avoir affaire à un ennemi d’une grande simplicité lors de cette pandémie.
On a peut-être eu de la chance. Mais la chance découle d’une préparation en amont. Le coronavirus a été une cible facile uniquement parce que la science l’a rendue facile. Il y a quatre ans, après l’apparition du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) dans la péninsule arabique et en Corée du Sud, dix-huit chercheurs des NIH, de l’université Vanderbilt, du Dartmouth College et d’autres institutions ont publié les résultats d’un examen détaillé de la forme et du comportement de la caractéristique la plus remarquable du coronavirus : sa protéine S.
L’article décodait les mystères et les vulnérabilités du virus bien avant que quiconque ne sache qu’un minuscule agent pathogène de la même famille allait bientôt mettre le monde sous l’éteignoir. “Nos études fournissent une base pour la conception de vaccins contre les coronavirus en tirant parti de leur structure”, concluaient les chercheurs de manière prémonitoire dans leur article de 2017. Sans ce travail de détective, la révolution de l’ARNm n’aurait peut-être pas eu lieu.
Les vaccins d’aujourd’hui ont forgé leur succès sur ceux de la science, mais aussi sur ses échecs. Depuis des décennies, les chercheurs bataillent pour concevoir un vaccin utilisable contre le VIH, mais aux yeux de nombreux observateurs, ce domaine de recherche est dans l’impasse. Néanmoins, un article récent souligne que ces échecs répétés ont eu le mérite de forcer les chercheurs de vaccins contre le VIH à consacrer beaucoup de temps et d’argent à des techniques de vaccination étranges, non éprouvées, comme l’ARNm synthétique et la technologie à vecteur viral reprise pour le vaccin de Johnson & Johnson.
Près de 90 % des vaccins contre le Covid-19 qui sont parvenus au stade des essais cliniques ont utilisé une technologie dont “on trouve la trace dans des prototypes testés dans le cadre d’essais de vaccins contre le VIH”, écrit l’auteur de l’article, Jeffrey E. Harris, économiste au MIT, en faisant remarquer que, si un vaccin contre le VIH avait abouti, l’entreprise à l’origine de ce vaccin aurait gagné le gros lot. Cela n’a pas été le cas, mais tous les participants à la course aux vaccins ont tiré les leçons de l’échec collectif et contribué à enrichir le savoir collectif. Les nombreux faux départs de la vaccination contre le VIH ont donné lieu à une explosion de nouvelles technologies et ont contribué peut-être à l’avènement d’un nouvel âge d’or en matière vaccinale.
4. L’arbre du progrès
On peut qualifier de “chanceux” le processus qui a conduit au développement de vaccins contre le Covid en un temps record, mais on peut aussi dire ce qu’il est vraiment, à savoir la confirmation éclatante du rôle essentiel de la science dans le monde.
“Il y a cinq ans, nous ignorions tout de l’ARNm, souligne John Mascola, et dans cinq ans, nous nous rendrons compte, avec le recul, que nous sommes aujourd’hui encore dans l’ignorance, d’une certaine façon. C’est ce qui fait de l’histoire de l’ARN messager une si belle histoire scientifique avec tous ces chercheurs, philanthropes, organisations gouvernementales et entreprises qui ont pris des risques énormes en pariant sur une technologie aux résultats insignifiants au départ, mais qui ont trouvé, ensemble, comment la faire fonctionner.”
Le cycle de vie d’un arbre me fait penser parfois à une parabole du progrès scientifique. La recherche scientifique fondamentale plante toute une variété de graines. Certaines de ces graines ne donnent rien du tout, menant la recherche nulle part. Certaines deviennent de minuscules arbustes, aboutissant à pas grand-chose, même si ce n’est pas un échec complet de la recherche. Enfin, certaines graines s’épanouissent en arbres imposants aux fruits abondants que les chercheurs, les entreprises et les techniciens cueillent et transforment en produits qui changent nos vies. Pendant des années, la technologie de l’ARN messager est restée à l’état de simple arbuste, avant de s’épanouir au vu et au su de tous en 2020.
Le triomphe de l’ARNm, hissé au rang de technologie révolutionnaire après une période de recherches en catimini, n’est pas le parcours d’un seul héros, mais de plusieurs. Si Katalin Karikó ne s’était pas éreintée à faire fonctionner la technologie de l’ARNm, notre monde ne connaîtrait pas Moderna ni BioNTech. Si ces deux entreprises n’avaient pas bénéficié de financements de la part du gouvernement et d’organismes philanthropiques, elles auraient peut-être fait faillite avant même la mise au point de leurs vaccins, en 2020.
Si les échecs de la recherche sur le vaccin contre le VIH n’avaient pas forcé les scientifiques à défricher de nouveaux domaines étranges, nous serions peut-être encore en train de tâtonner dans le noir pour faire fonctionner cette technologie. Si une équipe internationale de chercheurs n’avait pas percé les secrets de la protéine S du coronavirus il y a plusieurs années, nous n’en aurions sans doute pas su assez sur cet agent pathogène pour concevoir l’an dernier un vaccin capable de le vaincre. En fait, la technologie de l’ARN messager doit sa naissance à de nombreuses graines semées.
Derek Thompson
Dernière édition par Scalp le Dim 16 Mai 2021 - 21:17, édité 1 fois
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Re: Rugby et Coronavirus
Se débarrasser du Covid-19 ? Vivre avec ? Et si oui, pour combien de temps ? Les trois scénarios pour la fin de la pandémie
https://www.lemonde.fr/planete/video/2021/05/16/covid-19-a-quoi-la-fin-de-la-pandemie-ressemblera-t-elle_6080363_3244.html
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2021/05/17/covid-19-les-questions-qui-empechent-les-experts-de-dormir_6080478_1650684.html
Covid-19 : les questions qui empêchent les experts de dormir
Par Nathaniel Herzberg
Témoignages : Face à la pandémie, la recherche s’est mobilisée de façon inédite, pour comprendre son évolution, concevoir des vaccins, prendre en charge les malades. Mais des interrogations demeurent. « Le Monde » a interrogé douze spécialistes, médecins ou chercheurs, issus de différentes disciplines, afin de savoir quelle est « la » problématique qui les taraude.
Il y a seize mois, un virus inconnu apparaissait en Chine, gagnait l’Asie, puis le monde. Personne ne savait rien, alors, de ce pathogène, pas même qu’il appartenait à la famille des coronavirus. Tout juste avait-on constaté qu’une partie des personnes infectées développaient des symptômes pulmonaires graves pouvant entraîner la mort.
On connaît la suite. La pandémie a contaminé 160 millions de personnes à travers la planète, en a tué plus de 3,3 millions, frappant particulièrement violemment les régions scientifiquement les plus avancées, notamment les Etats-Unis et l’Europe. Dans un effort sans précédent, les chercheurs ont accompli d’immenses progrès dans la connaissance du virus et de ses manifestations. On a ainsi découvert que ce virus respiratoire se transmettait par les gouttelettes mais aussi par les aérosols, que la période de contagion commençait bien avant les premiers symptômes, que le port du masque réduisait sensiblement la transmission.
On a mis en évidence les critères de comorbidités, favorisant les formes sévères de la maladie : l’âge, d’abord, mais aussi l’obésité, le diabète, les pathologies rénales, cardiaques ou pulmonaires. On a mesuré l’étendue du tableau clinique, le virus frappant d’abord le système respiratoire, mais aussi les vaisseaux sanguins un peu partout dans l’organisme et le système nerveux. Dans les hôpitaux, les médecins ont affiné les modes de prise en charge, particulièrement dans les services de soins intensifs, parvenant à faire chuter la mortalité.
En un temps record
Dans les laboratoires du monde entier, les virologues ont commencé à pister l’évolution génétique du pathogène. Ils ont vu, dès le printemps 2020, une première mutation s’imposer sans trop faire de dégâts. Puis, à la fin de cette même année, des variants plus contagieux, plus létaux parfois, ou plus résistants aux anticorps, se développer en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, au Brésil. Les cinq continents sont devenus un grand laboratoire.
Enfin, les universités, les start-up et les géants de l’industrie pharmaceutique ont développé des vaccins dans un temps record. On se demandait s’ils seraient efficaces, ils atteignent des niveaux particulièrement élevés. On craignait une cascade d’effets secondaires ; ces derniers semblent relativement limités. Au-delà de la prévention des symptômes, on doutait de leur capacité à bloquer l’infection et la transmission, ils y parviennent aussi.
Et pourtant, de nombreuses questions demeurent. Certaines tiennent à la biologie même du virus, à son évolution, à notre capacité à y répondre. D’autres à la nature multiple des symptômes, dans l’espace que constitue le corps humain, mais aussi dans le temps. On ignore encore la durée de protection conférée par les anticorps développés par les anciens malades. On ne connaît pas davantage l’ampleur des facteurs génétiques ou épigénétiques humains dans la réaction face au virus. On ne sait pas non plus pourquoi les jeunes sont à ce point protégés (contrairement à ce que l’on observe avec la grippe), ni les causes de la forte mortalité des plus âgés. Sans compter l’origine même du SARS-CoV-2, qui reste controversée, entre la zoonose plus ou moins spontanée et l’accident de laboratoire.
Encore des surprises
Nous avons voulu examiner ces questions toujours ouvertes. Plutôt qu’en dresser notre propre liste, nous avons choisi d’interroger douze spécialistes, médecins ou chercheurs, issus de différentes disciplines. Virologues, épidémiologistes, infectiologues, réanimateurs, pédiatres, médecins de santé publique… A chacun, nous avons demandé quelle était « la » question qui l’empêchait de dormir, ou du moins qui le taraudait sans relâche, et de nous l’expliquer de façon relativement concise. Ils se sont prêtés à l’exercice, n’hésitant pas à sortir de leur propre spécialité.
Evolution des variants, efficacité vaccinale, durée de l’immunité, développement de traitements, prise en charge des patients, fragilisation de l’hôpital, coopération internationale… Alors que la France espère tourner rapidement la page du Covid-19, misant sur la vaccination et un déconfinement séquencé, les questionnements souvent complémentaires qui ressortent de cette consultation suggèrent que la pandémie peut encore surprendre, et que médecins et chercheurs doivent rester mobilisés pour la comprendre et la combattre sur l’ensemble de la planète. Pour, à un horizon encore incertain, apprendre à « vivre malgré » ce virus retors, enfin maîtrisé.
La vaccination pourra-t-elle suivre la vitesse d’évolution du virus ?
Samuel Alizon, biologiste de l’évolution, CNRS, Montpellier
Les coronavirus saisonniers sont connus pour échapper à l’immunité dite « stérilisante ». C’est entre autres pour cela que l’on réattrape des rhumes en hiver. En revanche, nos organismes développent une bonne immunité aux formes sévères de ces infections. En général, nous sommes primo-infectés à un jeune âge, où l’infection est peu virulente, et les réinfections suivantes sont asymptomatiques ou bénignes.
Par analogie, beaucoup pensaient qu’il en serait de même pour le SARS-CoV-2. Cette intuition a d’ailleurs été confirmée par des modèles mathématiques suggérant que la transition de ce virus pandémique en un virus saisonnier bénin pourrait prendre de deux à dix ans, selon la vitesse de propagation de l’épidémie. Malheureusement, ces intuitions et modèles négligeaient l’évolution virale. La donne a changé fin 2020 avec l’émergence des « variants préoccupants », qui causent des infections phénotypiquement différentes. Même si l’ampleur exacte du phénomène reste à quantifier, il semble acquis que les virus des lignées B.1.351 (le variant V2) et P.1 (le variant V3), identifiées respectivement en Afrique du Sud et au Brésil, ont la capacité d’échapper à l’immunité stérilisante, et aussi à l’immunité contre les formes sévères. Autant cette capacité de variants à réinfecter leurs hôtes n’est pas surprenante pour des coronavirus, autant le fait de causer des syndromes sévères, donc des Covid, chez des personnes immunisées contre les souches dites « sauvages » (non variantes) était une évolution aussi inattendue qu’inquiétante.
Précisons que, pour le moment, certains vaccins, surtout ceux dits « à ARN », semblent conférer une immunité robuste aux variants préoccupants. Qu’en sera-t-il sur le long terme ? En théorie, l’évasion vis-à-vis de l’immunité conférée par le vaccin est quelque chose de « coûteux », de difficile à accomplir pour le virus à cause de contraintes génomiques très fortes. De plus, un des avantages théoriques des vaccins à ARN est de pouvoir être adaptés rapidement en réponse à l’évolution virale. Mais cette vitesse de mise à jour dépend de contraintes logistiques et économiques. La vaccination à l’échelle mondiale pourra-t-elle suivre la vitesse d’évolution du virus ? Autrement dit, la question est de savoir quelle est l’importance de la course coévolutive entre notre immunité (naturelle ou vaccinale) aux formes sévères et son contournement par le virus, et, si elle est intense, si notre réponse sera à la hauteur.
Comment la vaccination peut-elle réduire les inégalités de santé ?
Nathalie Bajos, sociologue, Inserm/EHESS
Des corps usés prématurément, une exposition au virus liée aux conditions de vie et de travail, un accès au système de soins plus difficile pour les plus démunis… Le risque de mourir du Covid-19 n’est assurément pas le même pour toutes et tous, bien au-delà de l’âge de nos artères.
Comment la vaccination, un des principaux leviers de lutte contre l’épidémie actuelle et ses formes futures, peut-elle contribuer à réduire les inégalités de santé, véritable fléau de la santé publique et enjeu majeur de justice sociale ?
La stratégie nationale a, pour éviter une surcharge des services de réanimation, privilégié des critères médicaux « objectifs » pour définir les priorités d’accès gratuit au vaccin, tels que l’âge et les comorbidités. Ce n’est que récemment que le critère d’exposition professionnelle a été pris en compte. Mais qu’en est-il des conditions effectives d’accès aux vaccins, notamment pour les personnes en situation de précarité, pour celles qui sont confrontées à des difficultés à trouver un rendez-vous ? Et quid des réticences socialement ancrées à se faire vacciner, qui risquent aussi de limiter fortement le recours à la vaccination ?
Nos recherches montrent que l’intention de ne pas se faire vacciner est beaucoup plus marquée dans les milieux les plus défavorisés, les plus distants socialement du système de soins et les moins confiants dans les innovations médicales de santé et dans le gouvernement, ce sont précisément ceux qui ont le plus de risques, de par leurs conditions de vie et de travail, de contracter le virus.
Les inégalités de pratique vaccinale sont donc sociologiquement attendues. Reste à les objectiver finement et à mieux comprendre, dans une perspective intersectionnelle, les processus sociaux qui les construisent. Les résultats des recherches sont d’autant plus importants à intégrer dans le débat public qu’on ne dispose pas, en France, de données systématiques sur les caractéristiques sociales des personnes qui se font vacciner.
Pourquoi les enfants réagissent-ils si différemment ?
Alexandre Belot, rhumato-pédiatre, Hôpital femme-mère-enfant, Hospices civils de Lyon
Deux questions persistent après un an de pandémie : celle de la protection des enfants vis-à-vis de la forme respiratoire aiguë sévère et, en miroir, celle de la cause des rares formes inflammatoires multisystémiques postinfectieuses.
L’âge est le principal facteur de risque de forme sévère de Covid-19. A l’exception de certains déficits immunitaires très spécifiques, les enfants ne font pas de formes sévères et ils sont le plus souvent asymptomatiques. Ce niveau de protection n’existe pas avec les autres virus respiratoires comme la grippe ou le virus de la bronchiolite, tous deux responsables d’épidémies annuelles chez l’enfant. Plusieurs hypothèses ont été avancées, comme l’immunité croisée avec d’autres coronavirus saisonniers, ou une plus faible expression au niveau des voies respiratoires des enfants de l’enzyme de conversion (le récepteur par lequel le virus SARS-CoV-2 pénètre dans nos cellules). Les données récentes n’ont pas confirmé ces pistes, et la compréhension de cette résistance pédiatrique est un enjeu important qui pourrait conduire à adapter les traitements chez l’adulte.
Contrastant avec ces infections asymptomatiques, des formes rares et sévères de syndrome inflammatoire multisystémique post-Covid ont été décrites au sein d’une population presque exclusivement pédiatrique (PIMS) et ont causé, en France, le décès d’un enfant sur les 541 cas recensés au 7 mai 2021. Ce syndrome survient de manière décalée dans le temps, quatre semaines après une infection qui est le plus souvent passée inaperçue. Cette complication rare (de 1 à 2 pour 10 000 enfants infectés) s’accompagne de rougeur des yeux, des lèvres, d’une éruption, d’une fièvre élevée et d’une atteinte cardiaque nécessitant une hospitalisation. Le travail collaboratif de pédiatres français a démontré l’efficacité de la corticothérapie sur ces symptômes.
Le PIMS ressemble à deux autres maladies : la maladie de Kawasaki, liée à une inflammation des vaisseaux, et le syndrome de choc toxique staphylococcique menstruel, qui est une complication rare et sévère survenant chez la jeune femme, secondaire à l’utilisation de tampons périodiques. Nous avons identifié une anomalie de la réponse immunitaire des enfants avec PIMS, qui ont, comme dans les chocs toxiniques, une activation massive d’un sous-groupe de globules blancs (certains lymphocytes T). Dans les chocs toxiniques, c’est une toxine produite par les bactéries qui cause cette activation, mais, dans le cas des PIMS, c’est une énigme – d’autant qu’elle est retardée par rapport à l’infection. Il est possible qu’en comprenant ce mécanisme propre aux PIMS on explique de nombreuses autres maladies postvirales, comme la maladie de Kawasaki.
La pandémie va-t-elle s’aggraver, disparaître, devenir saisonnière ?
Patrick Berche, microbiologiste, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille
Pour moi, la question essentielle posée par la pandémie de Covid-19 est celle de son évolution. Va-t-elle s’aggraver, durer pendant des années, disparaître, devenir saisonnière ? Depuis l’Antiquité, l’humanité a survécu à de nombreuses pandémies, notamment d’origine virale comme la grippe. Depuis la Renaissance, on a affronté deux ou trois pandémies de grippe chaque siècle. Toutes ont cessé en deux ou trois ans après avoir traversé le monde, évoluant vers la saisonnalité. Une des plus célèbres est bien sûr la grippe espagnole, qui connut une vague initiale bénigne en mars 1918, puis une deuxième vague mortelle en septembre, avant de s’éteindre au printemps 1919, devenant saisonnière à mesure que la population s’immunisait contre le virus. En synthétisant le virus létal de 1918, on a récemment confirmé sa très haute virulence par rapport au virus saisonnier qui lui a succédé, et qui est à l’origine des virus grippaux actuels.
Le SARS-CoV-2 pourrait-il suivre cette évolution darwinienne, tendant à une plus grande contagiosité et une perte de virulence ? Le but ultime du virus est de survivre en circulant continuellement chez l’homme et chez les animaux. On a mis en évidence depuis 2019 de nombreuses mutations, la plupart silencieuses. A partir de l’automne 2020, certains variants de la protéine S, qui constitue les spicules du virus, se sont avérés plus contagieux et parfois plus virulents. Comme lors de la grippe espagnole, les mêmes types de variants S sont apparus simultanément partout dans le monde de façon indépendante. C’est peut-être une indication en faveur d’un nombre limité de mutations sur cette protéine, permettant d’entrevoir une issue à la pandémie face à un virus aux abois. Ainsi pourrait-on entrevoir un passage à l’endémicité avec des épisodes saisonniers, voire une disparition à la suite d’une vaccination mondiale généralisée.
Il existe un précédent intéressant avec les coronavirus. Des études phylogéniques indiquent que l’un d’entre eux, bénin, le CoV 229E, qui circule depuis des décennies dans la population, proviendrait d’un virus à l’origine d’une épizootie bovine, contaminant ensuite l’espèce humaine lors de la « grippe russe ». Partie du Turkestan, cette pandémie a sévi de 1889 à 1892 et tué au moins un million de personnes dans le monde. Ainsi existerait-il un précédent possible d’une perte de la virulence d’un coronavirus lors de l’évolution sur plusieurs années d’une pandémie.
Mais l’histoire n’est pas écrite. Le virus peut nous réserver encore des surprises. Et nous vivons sous la menace d’autres pandémies, dans un monde très urbanisé où l’intense trafic aérien peut véhiculer à travers la planète, en quelques heures, des virus inconnus. Il en existerait au moins 5 000 types, rien que pour les coronavirus, chez les animaux sauvages, particulièrement les chauves-souris et les oiseaux.
Comment fonctionne la machine à produire des mutations ?
Bruno Canard, virologiste, CNRS, Marseille
Un virus qui ne mute pas est condamné à mort. Il a droit à un seul tour de manège chez son hôte. Après, celui-ci construit une réponse immunitaire. Plus tard, le virus se heurte à cette immunité et est éliminé. Des mutations apparues au hasard de la recopie du génome viral peuvent conférer de nouvelles propriétés au virus. Seules celles qui favorisent l’échappement aux gardiens immunitaires produiront, de fait, des virus pouvant se transmettre. Et c’est ainsi que le SARS-CoV-2, apparu en 2019 dans une population naïve immunologiquement, a progressé avec un taux de mutations faible, régulier, prévisible. Et puis, face à l’immunité naissante, des variants (un mot moins effrayant que mutants) sont apparus, et ont été sélectionnés car ils étaient plus adaptés. Depuis, et c’est un phénomène naturel et prévisible, d’autres variants émergent car l’immunité naturelle et vaccinale progresse dans la population. Combien de variants vont arriver ? Quel est l’espace mutationnel possible ? A-t-il des limites ?
Le virus, via son enzyme centrale (l’ARN polymérase) génère lui-même ces mutations. Comme pour tous les virus à ARN, beaucoup d’erreurs de recopie sont faites, peu sont sélectionnées. Sonder cet espace mutationnel me paraît primordial.
Mais l’ARN polymérase est aussi capable de changer de modèle à recopier. Lors d’une co-infection par deux virus différents, elle peut commencer à recopier l’ARN de l’un et finir par l’autre virus : on aura alors un virus hybride, chimérique, recombinant. La nature moléculaire des mécanismes provoquant la recombinaison est inconnue : et pourtant, elle est à la base de la création de nouveaux virus qui peuvent franchir la barrière d’espèce, et créer des pandémies, pour peu qu’un hôte approprié soit disponible. Comprendre le fonctionnement de l’ARN polymérase n’est donc pas juste une lubie obsessionnelle. C’est comprendre comment est apparu le SARS-CoV-2, et anticiper l’émergence de nouveaux virus.
Ce qui dicte le succès des variants, c’est leur « vigueur compétitive » (leur fitness). Nos anticorps vont-ils pousser le virus dans un cul-de-sac évolutif ? Probablement, encore faut-il que cela ne vienne pas trop tardivement…
L’évolution a spécialisé et perfectionné l’ARN polymérase des coronavirus. Paradoxalement, on a ainsi une enzyme aux caractéristiques techniques sophistiquées et contraintes par l’évolution, mais qui génère de la diversité génétique sur le génome viral… Tandis que les vaccins vont combattre une protéine Spike qui se transforme au gré des mutations, l’ARN polymérase constitue une cible thérapeutique de choix pour les chimistes médicinaux, biochimistes, biologistes structuraux. Comme dans le cas des virus VIH et hépatite C, industriels et médecins utiliseront leurs recherches pour produire un comprimé utilisable dès que l’on saura que l’on a été exposé au virus.
Jusqu’où ce virus peut-il muter ?
Dominique Costagliola, épidémiologiste, Inserm
Parmi les variants préoccupants détectés en Afrique du Sud (lignée B.1.351), au Brésil (lignée P1 ou B.1.1.248), ou encore en Inde (lignée B.1.617), on est frappé de constater la présence d’une mutation commune en E484, E484K pour les deux premiers, E484Q pour celui détecté en Inde, non présente sur les variants associés à la pandémie en 2020 en Europe (lignée B1). Le variant détecté au Royaume-Uni (lignée B.1.1.7) ne porte pas cette mutation mais a en commun avec les deux premiers variants cités une mutation N501Y. Toutes ces mutations sont dans la séquence qui code pour la protéine de spicule, celle qui se fixe au récepteur ACE2 pour pénétrer dans les cellules humaines. La mutation E484K est présente dans d’autres variants décrits aux Etats-Unis, en Ecosse, et dans de nombreux pays. Elle pourrait, comme la mutation E484Q, être associée à un risque d’échappement partiel à l’immunité naturelle ou vaccinale.
Il est frappant de constater une certaine convergence dans l’apparition de ces mutations à des endroits variés de la planète.
D’où la question importante pour la dynamique future de l’épidémie : cela veut-il dire que le virus n’a que peu de possibilités d’évolution face à l’augmentation de l’immunité collective, et que, par conséquent, il y a bon espoir, à travers la vaccination actuelle ou future (vaccin mieux adapté à ces nouveaux variants), que nous arrivions dans une situation de contrôle de l’épidémie ? Une alternative pourrait être que cette voie d’évolution soit seulement ce qui favorise la poursuite de la transmission du virus dans un premier temps, mais que d’autres mécanismes d’évolution du virus puissent lui offrir un avantage si cette voie devient un cul-de-sac pour le virus. Des études de séquençage massif en population, d’une part, et des études mécanistiques in vitro, d’autre part, pourraient nous éclairer sur cette question. La réponse est cruciale pour envisager quel sera le futur de l’évolution de la pandémie.
L’hôpital public va-t-il survivre à cette crise ?
Alexandre Demoule, réanimateur, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
En tant que réanimateur, ce qui me taraude aujourd’hui quand je pense à la prise en charge d’un patient Covid, c’est de savoir si je dois l’intuber rapidement ou attendre. Si je le branche tout de suite sur un respirateur, je protège ses poumons, mais il risque une complication. Si j’attends, j’ai une chance de réussir à ne jamais avoir à l’intuber, ce qui est une victoire. Mais je prends aussi le risque que son état s’aggrave brutalement quelques jours plus tard, et que je doive quand même l’intuber, en catastrophe, et avec des poumons qui auront en fin de compte beaucoup plus souffert.
On a fait plein d’études, mais il n’y a pas encore vraiment de réponse. C’est un pari que je fais plusieurs fois par jour, et à chaque fois ça me laisse un sentiment d’inconfort. Pourtant, sur plein d’aspects, on a fait des progrès incroyables : pendant la première vague, on était dans l’œil du cyclone. Et, en quelques semaines, on a considérablement diminué la mortalité de nos patients. En réanimation, à ce point et en si peu de temps, c’était du jamais-vu.
Mais, depuis quelques semaines, ce qui m’empêche vraiment de dormir, c’est de savoir si l’hôpital public va survivre à cette crise. Je n’ai jamais vu autant de soignants démotivés. Déjà, avant le Covid, beaucoup de soignants quittaient l’hôpital pour aller en libéral, en clinique privée, à l’étranger ou même changeaient de métier. Mais, depuis la crise, j’entends continuellement ce discours. C’est à cause des conditions de travail dégradées, et aussi du trop faible pouvoir d’achat pour les plus bas salaires.
Mais c’est également parce que les soignants ont l’impression que le gouvernement n’a pas de respect pour le travail accompli. Pourtant, on a travaillé avec enthousiasme, jusqu’à l’épuisement. Et quand on tire le signal d’alarme et qu’on dit que la tension est grande, que les soignants sont épuisés, on nous répond : « Ah bon ? » Et quand on lance une alerte en disant qu’on ne pourra pas réussir à soigner tout le monde si le gouvernement n’arrive pas à contrôler l’épidémie, on nous dit « arrêtez ! », ou encore : « Vous faites de la politique, pour qui vous prenez-vous ! » Il y a un an, on était des héros, et aujourd’hui, c’est comme si on était responsables du fait que la vie ne reprenne pas normalement. Mais on a déjà poussé les murs ! On ne peut pas faire plus…
Si l’hôpital public ne fonctionne plus, tout le monde en paiera le prix. Mais ce sont les personnes les plus modestes qui paieront le prix le plus élevé. Pour qu’une cordée avance, les premiers de cordée ne sont pas obligés de sacrifier les derniers en coupant la corde.
Les acteurs s’entendront-ils pour augmenter et partager la production de vaccins ?
Marie-Paule Kieny, vaccinologue, Inserm
Les campagnes de vaccination contre le Covid-19 prennent leur envol. Quelques pays sont plus avancés que les autres (par exemple Israël, les Etats-Unis, le Chili ou la Grande-Bretagne), mais les pays de l’Union européenne sont dans un mouchoir de poche, avec environ 25 % de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin. Alors, la fin du tunnel est-elle en vue ?
Notre optimisme est tempéré par une mauvaise nouvelle. En effet, la plupart des pays à revenus limités n’ont pu obtenir qu’une fraction des vaccins produits dans le monde, et ils commencent seulement à immuniser leurs populations les plus vulnérables. Alors, business as usual, malgré les bonnes intentions répétées comme un mantra que « les vaccins Covid doivent être un bien public mondial » et que l’équité doit être la règle ? Les pays plus nantis pouvaient jusqu’à récemment justifier avoir accaparé la plupart des vaccins par le fait que – après tout ! – ils avaient beaucoup plus souffert de la pandémie que les pays plus pauvres. Si la mortalité pendant la première vague a été relativement modeste en Asie et dans les pays d’Afrique subsaharienne (sauf en Afrique du Sud), la situation épidémiologique est malheureusement en train de changer, avec une évolution dramatique en Inde et une croissance exponentielle du nombre de cas dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique.
Il devient donc de plus en plus intenable de ne pas « partager » nos vaccins avec les pays à revenus limités, cela tout d’abord pour des raisons éthiques, mais aussi pour des considérations pratiques et pour limiter autant que possible la circulation du virus et l’apparition des fameux variants préoccupants (en anglais variants of concern, ou VOC). « Nul parmi nous ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité », a répété, le 16 avril, le directeur général de l’OMS. Il est donc indispensable d’accélérer les campagnes de vaccination dans tous les pays du monde. Cette accélération ne pourra se faire que si la quantité de vaccins disponibles pour les pays à revenus limités augmente de façon drastique, et pour cela de nombreuses pistes sont en cours de discussion. Parmi celles-ci, le don de doses par les pays les plus riches prête peu à controverse, mais la proposition du président Biden de lever les droits de brevet sur les vaccins pendant la pandémie fait couler beaucoup d’encre. Il faut néanmoins que tous les acteurs se mettent autour de la table pour débattre de bonne foi des « pour » et des « contre » d’une telle mesure, et de la meilleure façon de transférer la technologie nécessaire pour que les pays qui n’ont pas, actuellement, la capacité de produire des vaccins puissent prochainement participer à l’accroissement de production indispensable à la vaccination de toute la planète. Le feront-ils ?
Comment mieux utiliser l’immunité cellulaire pour optimiser les vaccins de demain ?
Jean-Daniel Lelièvre, immunologiste, hôpital Henri-Mondor, Créteil
Comme toute infection virale, l’infection au Covid-19 met en jeu les deux pans de la réponse adaptative : réponse humorale et réponse cellulaire. La première est bien connue, elle passe par les anticorps, ces bloqueurs de l’entrée du virus dans l’organisme. La seconde implique une population de cellules particulières appelées lymphocytes T CD8, qui ont pour mission de détruire les cellules infectées.
Moins connues du grand public, elles sont aussi moins étudiées par les chercheurs. Cela tient essentiellement à des problématiques pratiques : là où la réponse anticorps, du moins dans ses aspects les plus simples, peut être étudiée dans n’importe quel laboratoire d’analyse médicale, le suivi et la recherche sur les cellules tueuses apparaissent autrement complexes. Or ces questions sont essentielles.
En effet, si les lymphocytes T CD8 n’ont qu’un rôle probablement secondaire dans la protection contre l’infection, il en va complètement différemment, ensuite, dans le contrôle de cette infection, et donc dans la sévérité de la maladie. Les données disponibles concernant la réponse lymphocytaire T CD8 contre le SARS-CoV-1 – celui de 2003 –, ainsi que les données récentes sur celle dirigée contre le SARS-CoV-2, montrent qu’elle persiste longtemps, détectable ainsi jusqu’à dix ans après l’infection par le virus. Par ailleurs, les mutations permettant aux variants préoccupants (VOC) d’échapper aux anticorps neutralisants ne semblent pas affecter la qualité de cette réponse lymphocytaire T CD8.
Dès lors, une analyse plus large de cette réponse, telle qu’elle se met progressivement en place, permettrait de mieux comprendre les risques réels que nous font courir ces variants préoccupants. En outre, la protéine Spike, où se situe l’essentiel des mutations, ne représente qu’une faible partie des cibles de cette réponse lymphocytaire T CD8. Mieux décrypter cette part souvent négligée de la réponse immunitaire pourrait ainsi s’avérer un outil décisif dans la perception que nous avons de l’efficacité vaccinale et dans l’élaboration d’éventuels nouveaux vaccins.
Quel traitement antiviral pour éviter l’aggravation du Covid-19 ?
Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue, hôpital Bichat, Paris
Quinze mois après le début de la pandémie de Covid-19, nous disposons de quatre vaccins efficaces pour prévenir la maladie. Mais toujours pas de médicaments antiviraux validés pour traiter les malades. Dès le début 2020, de nombreux essais cliniques ont été menés en France et dans le monde à la recherche de traitements antiviraux contre le SARS-CoV-2, essentiellement par repositionnement de molécules existantes. Malheureusement, à ce jour, aucun n’a fait la preuve de son efficacité dans des essais cliniques, et il n’existe pas de traitement antiviral recommandé pour les patients atteints du Covid-19.
Mon travail consiste à prendre en charge quotidiennement des patients avec une maladie sévère, c’est-à-dire ayant besoin d’oxygène supplémentaire pour respirer. Ces patients sont traités conformément aux recommandations internationales, c’est-à-dire par l’administration de corticoïdes, parfois associés à d’autres anti-inflammatoires, qui permettent de diminuer l’inflammation pulmonaire et l’aggravation de la maladie. Mais tous les jours, nous nous demandons quel traitement antiviral administré à la phase précoce pourrait permettre d’éviter l’hospitalisation à ces patients, leur aggravation, leur transfert en réanimation ou leur décès.
Les anticorps monoclonaux contre le SARS-CoV-2 sont une piste prometteuse. Pour l’instant, ils sont réservés aux patients à très haut risque car les données actuelles ne sont pas encore suffisantes pour les recommander largement. L’essai clinique européen Discovery, piloté par l’Inserm, évalue actuellement un cocktail d’anticorps monoclonaux contre le SARS-CoV-2 administré aux patients hospitalisés à la phase précoce de la maladie. D’autres antiviraux sont encore en cours d’évaluation, certains dans le cadre de l’essai Coverage en France, pour des patients qui ne sont pas hospitalisés.
Nous espérons que ces recherches aboutiront enfin à la validation de traitements efficaces et bien tolérés pour éviter des hospitalisations et des décès. L’enjeu est essentiel. Car même si la vaccination a prouvé qu’elle réduisait de façon impressionnante le risque de Covid-19 sévères, nous continuerons à voir des patients non vaccinés avec une forme sévère de la maladie pendant des mois. Il est crucial d’élargir nos possibilités thérapeutiques pour mieux les prendre en charge.
Quels sont les mécanismes qui conduisent aux Covid longs ?
Dominique Salmon-Ceron, infectiologue, Hôtel-Dieu, Paris
On estime que plus de 15 % des personnes ayant développé le Covid présentent encore au moins un symptôme six mois plus tard. En France, cela concerne plusieurs centaines de milliers de personnes. Les conséquences sociétales sont importantes. En un an, l’accumulation des connaissances sur ces formes prolongées de la maladie a été spectaculaire. Les symptômes sont très polymorphes, évoluant de façon fluctuante, et perdurent plusieurs mois. Pourtant les mécanismes expliquant la survenue de ces symptômes font toujours débat.
Un résultat important réside dans la démonstration récente de la persistance virale chez des sujets Covid longs. Pour la première fois, on a la preuve que le virus peut rester caché au niveau de fentes olfactives dans un tissu qui fait partie du système nerveux, et que des personnes ayant une PCR rhinopharyngée négative peuvent rester porteuses du virus plusieurs mois. Cette persistance après une infection dite « aiguë » n’est pas un fait unique. Dans la maladie à virus Ebola, certains sujets gardent pendant plusieurs mois du virus dans le sperme.
Il faut maintenant déterminer quels sont les mécanismes et les conséquences de la persistance de ce virus. Une des hypothèses est qu’il demeure dans les cellules endothéliales (de la paroi des capillaires) et entraîne une inflammation intermittente de ces capillaires et, par là même, une baisse de l’apport en oxygène dans les tissus. Celle-ci pourrait provoquer le « brouillard cérébral » et les hypométabolismes cérébraux constatés au scanner. Le virus pourrait aussi infecter d’autres cellules, et la question de l’infection directe des neurones et des cellules de soutien est primordiale.
Tout aussi importante est la question de savoir pourquoi le virus persiste chez certaines personnes. Qu’en est-il chez les personnes guéries ? Pourquoi une partie des patients Covid long ne développent-ils pas d’anticorps contre le SARS-CoV-2 ?
Il faut enfin lever l’ambiguïté entre la part organique et la part psychologique ou fonctionnelle de ces symptômes. Les patients souffrent de symptômes inhabituels, imprévisibles, parfois très handicapants, dont ils ne connaissent pas, ni leur médecin, la durée et le traitement adéquat. Cela peut être source d’angoisse, voire de dépression ou encore de troubles fonctionnels. La relation de confiance établie entre le médecin et le malade dès le début de la prise en charge tient donc une part essentielle.
Il est par ailleurs primordial que le financement de la recherche ne reste pas focalisé sur les formes hospitalières de la maladie. Il est peu probable que la vaccination règle le problème car cette pratique n’a su traiter aucune maladie infectieuse installée et évolutive, bien qu’elle puisse les prévenir. La piste thérapeutique des antiviraux est plus prometteuse.
Combien de temps va durer l’immunité des vaccins ?
Devi Sridhar, professeure de santé publique à l’université d’Edimbourg, conseillère du gouvernement écossais
La question qui me préoccupe est de savoir combien de temps va durer l’immunité conférée par les vaccins. Les scientifiques disposent d’un éventail qui va de six mois à dix ans. Si c’est dix ans, la fin de nos ennuis est proche ; si c’est six mois, une autre histoire commence. Aujourd’hui, le problème central de la vaccination ne réside pas dans l’efficacité du vaccin, elle est excellente, même si les variants peuvent poser des difficultés à terme. Il n’est pas dans la chaîne d’acheminement ou dans l’administration des injections. Il tient en deux mots : les doses. Si l’immunité chute au bout de six mois et qu’il faut un nouveau rappel, les pays riches continueront d’accaparer les doses pour vacciner leur population, et les pays pauvres en seront privés. A l’inverse, si l’immunité dure plusieurs années, les pays riches, une fois leur population vaccinée, s’intéresseront aux pays en développement et leur offriront même leurs réserves.
Pour le moment, l’inégalité est frappante. La Grande-Bretagne a déjà commandé pour l’automne des millions de doses de rappel, par précaution ; l’Union européenne en a fait autant. S’il s’avère qu’elles sont inutiles, nous les donnerons au Sénégal ou au Mali, j’en suis persuadée. Mais si l’immunité ou les variants les rendent nécessaires, le nationalisme vaccinal reprendra ses droits et les inégalités continueront de s’accroître. La décision de Joe Biden de soutenir une suspension des brevets est encourageante et va dans le bon sens. Mais la propriété intellectuelle n’est qu’une partie du problème. On manque d’usines, on manque de savoir-faire, il faudrait créer des hubs régionaux de production : tout cela est nécessaire pour produire les précieux flacons.
Malgré tout, je suis optimiste. Les vaccins nous ont surpris depuis le début, par leur vitesse de mise au point, par leur efficacité, par leur capacité à bloquer aussi la transmission du virus. Je veux croire que notre prochaine surprise concernera la durée de protection.
Covid-19 : les questions qui empêchent les experts de dormir
Par Nathaniel Herzberg
Témoignages : Face à la pandémie, la recherche s’est mobilisée de façon inédite, pour comprendre son évolution, concevoir des vaccins, prendre en charge les malades. Mais des interrogations demeurent. « Le Monde » a interrogé douze spécialistes, médecins ou chercheurs, issus de différentes disciplines, afin de savoir quelle est « la » problématique qui les taraude.
Il y a seize mois, un virus inconnu apparaissait en Chine, gagnait l’Asie, puis le monde. Personne ne savait rien, alors, de ce pathogène, pas même qu’il appartenait à la famille des coronavirus. Tout juste avait-on constaté qu’une partie des personnes infectées développaient des symptômes pulmonaires graves pouvant entraîner la mort.
On connaît la suite. La pandémie a contaminé 160 millions de personnes à travers la planète, en a tué plus de 3,3 millions, frappant particulièrement violemment les régions scientifiquement les plus avancées, notamment les Etats-Unis et l’Europe. Dans un effort sans précédent, les chercheurs ont accompli d’immenses progrès dans la connaissance du virus et de ses manifestations. On a ainsi découvert que ce virus respiratoire se transmettait par les gouttelettes mais aussi par les aérosols, que la période de contagion commençait bien avant les premiers symptômes, que le port du masque réduisait sensiblement la transmission.
On a mis en évidence les critères de comorbidités, favorisant les formes sévères de la maladie : l’âge, d’abord, mais aussi l’obésité, le diabète, les pathologies rénales, cardiaques ou pulmonaires. On a mesuré l’étendue du tableau clinique, le virus frappant d’abord le système respiratoire, mais aussi les vaisseaux sanguins un peu partout dans l’organisme et le système nerveux. Dans les hôpitaux, les médecins ont affiné les modes de prise en charge, particulièrement dans les services de soins intensifs, parvenant à faire chuter la mortalité.
En un temps record
Dans les laboratoires du monde entier, les virologues ont commencé à pister l’évolution génétique du pathogène. Ils ont vu, dès le printemps 2020, une première mutation s’imposer sans trop faire de dégâts. Puis, à la fin de cette même année, des variants plus contagieux, plus létaux parfois, ou plus résistants aux anticorps, se développer en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud, au Brésil. Les cinq continents sont devenus un grand laboratoire.
Enfin, les universités, les start-up et les géants de l’industrie pharmaceutique ont développé des vaccins dans un temps record. On se demandait s’ils seraient efficaces, ils atteignent des niveaux particulièrement élevés. On craignait une cascade d’effets secondaires ; ces derniers semblent relativement limités. Au-delà de la prévention des symptômes, on doutait de leur capacité à bloquer l’infection et la transmission, ils y parviennent aussi.
Et pourtant, de nombreuses questions demeurent. Certaines tiennent à la biologie même du virus, à son évolution, à notre capacité à y répondre. D’autres à la nature multiple des symptômes, dans l’espace que constitue le corps humain, mais aussi dans le temps. On ignore encore la durée de protection conférée par les anticorps développés par les anciens malades. On ne connaît pas davantage l’ampleur des facteurs génétiques ou épigénétiques humains dans la réaction face au virus. On ne sait pas non plus pourquoi les jeunes sont à ce point protégés (contrairement à ce que l’on observe avec la grippe), ni les causes de la forte mortalité des plus âgés. Sans compter l’origine même du SARS-CoV-2, qui reste controversée, entre la zoonose plus ou moins spontanée et l’accident de laboratoire.
Encore des surprises
Nous avons voulu examiner ces questions toujours ouvertes. Plutôt qu’en dresser notre propre liste, nous avons choisi d’interroger douze spécialistes, médecins ou chercheurs, issus de différentes disciplines. Virologues, épidémiologistes, infectiologues, réanimateurs, pédiatres, médecins de santé publique… A chacun, nous avons demandé quelle était « la » question qui l’empêchait de dormir, ou du moins qui le taraudait sans relâche, et de nous l’expliquer de façon relativement concise. Ils se sont prêtés à l’exercice, n’hésitant pas à sortir de leur propre spécialité.
Evolution des variants, efficacité vaccinale, durée de l’immunité, développement de traitements, prise en charge des patients, fragilisation de l’hôpital, coopération internationale… Alors que la France espère tourner rapidement la page du Covid-19, misant sur la vaccination et un déconfinement séquencé, les questionnements souvent complémentaires qui ressortent de cette consultation suggèrent que la pandémie peut encore surprendre, et que médecins et chercheurs doivent rester mobilisés pour la comprendre et la combattre sur l’ensemble de la planète. Pour, à un horizon encore incertain, apprendre à « vivre malgré » ce virus retors, enfin maîtrisé.
La vaccination pourra-t-elle suivre la vitesse d’évolution du virus ?
Samuel Alizon, biologiste de l’évolution, CNRS, Montpellier
Les coronavirus saisonniers sont connus pour échapper à l’immunité dite « stérilisante ». C’est entre autres pour cela que l’on réattrape des rhumes en hiver. En revanche, nos organismes développent une bonne immunité aux formes sévères de ces infections. En général, nous sommes primo-infectés à un jeune âge, où l’infection est peu virulente, et les réinfections suivantes sont asymptomatiques ou bénignes.
Par analogie, beaucoup pensaient qu’il en serait de même pour le SARS-CoV-2. Cette intuition a d’ailleurs été confirmée par des modèles mathématiques suggérant que la transition de ce virus pandémique en un virus saisonnier bénin pourrait prendre de deux à dix ans, selon la vitesse de propagation de l’épidémie. Malheureusement, ces intuitions et modèles négligeaient l’évolution virale. La donne a changé fin 2020 avec l’émergence des « variants préoccupants », qui causent des infections phénotypiquement différentes. Même si l’ampleur exacte du phénomène reste à quantifier, il semble acquis que les virus des lignées B.1.351 (le variant V2) et P.1 (le variant V3), identifiées respectivement en Afrique du Sud et au Brésil, ont la capacité d’échapper à l’immunité stérilisante, et aussi à l’immunité contre les formes sévères. Autant cette capacité de variants à réinfecter leurs hôtes n’est pas surprenante pour des coronavirus, autant le fait de causer des syndromes sévères, donc des Covid, chez des personnes immunisées contre les souches dites « sauvages » (non variantes) était une évolution aussi inattendue qu’inquiétante.
Précisons que, pour le moment, certains vaccins, surtout ceux dits « à ARN », semblent conférer une immunité robuste aux variants préoccupants. Qu’en sera-t-il sur le long terme ? En théorie, l’évasion vis-à-vis de l’immunité conférée par le vaccin est quelque chose de « coûteux », de difficile à accomplir pour le virus à cause de contraintes génomiques très fortes. De plus, un des avantages théoriques des vaccins à ARN est de pouvoir être adaptés rapidement en réponse à l’évolution virale. Mais cette vitesse de mise à jour dépend de contraintes logistiques et économiques. La vaccination à l’échelle mondiale pourra-t-elle suivre la vitesse d’évolution du virus ? Autrement dit, la question est de savoir quelle est l’importance de la course coévolutive entre notre immunité (naturelle ou vaccinale) aux formes sévères et son contournement par le virus, et, si elle est intense, si notre réponse sera à la hauteur.
Comment la vaccination peut-elle réduire les inégalités de santé ?
Nathalie Bajos, sociologue, Inserm/EHESS
Des corps usés prématurément, une exposition au virus liée aux conditions de vie et de travail, un accès au système de soins plus difficile pour les plus démunis… Le risque de mourir du Covid-19 n’est assurément pas le même pour toutes et tous, bien au-delà de l’âge de nos artères.
Comment la vaccination, un des principaux leviers de lutte contre l’épidémie actuelle et ses formes futures, peut-elle contribuer à réduire les inégalités de santé, véritable fléau de la santé publique et enjeu majeur de justice sociale ?
La stratégie nationale a, pour éviter une surcharge des services de réanimation, privilégié des critères médicaux « objectifs » pour définir les priorités d’accès gratuit au vaccin, tels que l’âge et les comorbidités. Ce n’est que récemment que le critère d’exposition professionnelle a été pris en compte. Mais qu’en est-il des conditions effectives d’accès aux vaccins, notamment pour les personnes en situation de précarité, pour celles qui sont confrontées à des difficultés à trouver un rendez-vous ? Et quid des réticences socialement ancrées à se faire vacciner, qui risquent aussi de limiter fortement le recours à la vaccination ?
Nos recherches montrent que l’intention de ne pas se faire vacciner est beaucoup plus marquée dans les milieux les plus défavorisés, les plus distants socialement du système de soins et les moins confiants dans les innovations médicales de santé et dans le gouvernement, ce sont précisément ceux qui ont le plus de risques, de par leurs conditions de vie et de travail, de contracter le virus.
Les inégalités de pratique vaccinale sont donc sociologiquement attendues. Reste à les objectiver finement et à mieux comprendre, dans une perspective intersectionnelle, les processus sociaux qui les construisent. Les résultats des recherches sont d’autant plus importants à intégrer dans le débat public qu’on ne dispose pas, en France, de données systématiques sur les caractéristiques sociales des personnes qui se font vacciner.
Pourquoi les enfants réagissent-ils si différemment ?
Alexandre Belot, rhumato-pédiatre, Hôpital femme-mère-enfant, Hospices civils de Lyon
Deux questions persistent après un an de pandémie : celle de la protection des enfants vis-à-vis de la forme respiratoire aiguë sévère et, en miroir, celle de la cause des rares formes inflammatoires multisystémiques postinfectieuses.
L’âge est le principal facteur de risque de forme sévère de Covid-19. A l’exception de certains déficits immunitaires très spécifiques, les enfants ne font pas de formes sévères et ils sont le plus souvent asymptomatiques. Ce niveau de protection n’existe pas avec les autres virus respiratoires comme la grippe ou le virus de la bronchiolite, tous deux responsables d’épidémies annuelles chez l’enfant. Plusieurs hypothèses ont été avancées, comme l’immunité croisée avec d’autres coronavirus saisonniers, ou une plus faible expression au niveau des voies respiratoires des enfants de l’enzyme de conversion (le récepteur par lequel le virus SARS-CoV-2 pénètre dans nos cellules). Les données récentes n’ont pas confirmé ces pistes, et la compréhension de cette résistance pédiatrique est un enjeu important qui pourrait conduire à adapter les traitements chez l’adulte.
Contrastant avec ces infections asymptomatiques, des formes rares et sévères de syndrome inflammatoire multisystémique post-Covid ont été décrites au sein d’une population presque exclusivement pédiatrique (PIMS) et ont causé, en France, le décès d’un enfant sur les 541 cas recensés au 7 mai 2021. Ce syndrome survient de manière décalée dans le temps, quatre semaines après une infection qui est le plus souvent passée inaperçue. Cette complication rare (de 1 à 2 pour 10 000 enfants infectés) s’accompagne de rougeur des yeux, des lèvres, d’une éruption, d’une fièvre élevée et d’une atteinte cardiaque nécessitant une hospitalisation. Le travail collaboratif de pédiatres français a démontré l’efficacité de la corticothérapie sur ces symptômes.
Le PIMS ressemble à deux autres maladies : la maladie de Kawasaki, liée à une inflammation des vaisseaux, et le syndrome de choc toxique staphylococcique menstruel, qui est une complication rare et sévère survenant chez la jeune femme, secondaire à l’utilisation de tampons périodiques. Nous avons identifié une anomalie de la réponse immunitaire des enfants avec PIMS, qui ont, comme dans les chocs toxiniques, une activation massive d’un sous-groupe de globules blancs (certains lymphocytes T). Dans les chocs toxiniques, c’est une toxine produite par les bactéries qui cause cette activation, mais, dans le cas des PIMS, c’est une énigme – d’autant qu’elle est retardée par rapport à l’infection. Il est possible qu’en comprenant ce mécanisme propre aux PIMS on explique de nombreuses autres maladies postvirales, comme la maladie de Kawasaki.
La pandémie va-t-elle s’aggraver, disparaître, devenir saisonnière ?
Patrick Berche, microbiologiste, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille
Pour moi, la question essentielle posée par la pandémie de Covid-19 est celle de son évolution. Va-t-elle s’aggraver, durer pendant des années, disparaître, devenir saisonnière ? Depuis l’Antiquité, l’humanité a survécu à de nombreuses pandémies, notamment d’origine virale comme la grippe. Depuis la Renaissance, on a affronté deux ou trois pandémies de grippe chaque siècle. Toutes ont cessé en deux ou trois ans après avoir traversé le monde, évoluant vers la saisonnalité. Une des plus célèbres est bien sûr la grippe espagnole, qui connut une vague initiale bénigne en mars 1918, puis une deuxième vague mortelle en septembre, avant de s’éteindre au printemps 1919, devenant saisonnière à mesure que la population s’immunisait contre le virus. En synthétisant le virus létal de 1918, on a récemment confirmé sa très haute virulence par rapport au virus saisonnier qui lui a succédé, et qui est à l’origine des virus grippaux actuels.
Le SARS-CoV-2 pourrait-il suivre cette évolution darwinienne, tendant à une plus grande contagiosité et une perte de virulence ? Le but ultime du virus est de survivre en circulant continuellement chez l’homme et chez les animaux. On a mis en évidence depuis 2019 de nombreuses mutations, la plupart silencieuses. A partir de l’automne 2020, certains variants de la protéine S, qui constitue les spicules du virus, se sont avérés plus contagieux et parfois plus virulents. Comme lors de la grippe espagnole, les mêmes types de variants S sont apparus simultanément partout dans le monde de façon indépendante. C’est peut-être une indication en faveur d’un nombre limité de mutations sur cette protéine, permettant d’entrevoir une issue à la pandémie face à un virus aux abois. Ainsi pourrait-on entrevoir un passage à l’endémicité avec des épisodes saisonniers, voire une disparition à la suite d’une vaccination mondiale généralisée.
Il existe un précédent intéressant avec les coronavirus. Des études phylogéniques indiquent que l’un d’entre eux, bénin, le CoV 229E, qui circule depuis des décennies dans la population, proviendrait d’un virus à l’origine d’une épizootie bovine, contaminant ensuite l’espèce humaine lors de la « grippe russe ». Partie du Turkestan, cette pandémie a sévi de 1889 à 1892 et tué au moins un million de personnes dans le monde. Ainsi existerait-il un précédent possible d’une perte de la virulence d’un coronavirus lors de l’évolution sur plusieurs années d’une pandémie.
Mais l’histoire n’est pas écrite. Le virus peut nous réserver encore des surprises. Et nous vivons sous la menace d’autres pandémies, dans un monde très urbanisé où l’intense trafic aérien peut véhiculer à travers la planète, en quelques heures, des virus inconnus. Il en existerait au moins 5 000 types, rien que pour les coronavirus, chez les animaux sauvages, particulièrement les chauves-souris et les oiseaux.
Comment fonctionne la machine à produire des mutations ?
Bruno Canard, virologiste, CNRS, Marseille
Un virus qui ne mute pas est condamné à mort. Il a droit à un seul tour de manège chez son hôte. Après, celui-ci construit une réponse immunitaire. Plus tard, le virus se heurte à cette immunité et est éliminé. Des mutations apparues au hasard de la recopie du génome viral peuvent conférer de nouvelles propriétés au virus. Seules celles qui favorisent l’échappement aux gardiens immunitaires produiront, de fait, des virus pouvant se transmettre. Et c’est ainsi que le SARS-CoV-2, apparu en 2019 dans une population naïve immunologiquement, a progressé avec un taux de mutations faible, régulier, prévisible. Et puis, face à l’immunité naissante, des variants (un mot moins effrayant que mutants) sont apparus, et ont été sélectionnés car ils étaient plus adaptés. Depuis, et c’est un phénomène naturel et prévisible, d’autres variants émergent car l’immunité naturelle et vaccinale progresse dans la population. Combien de variants vont arriver ? Quel est l’espace mutationnel possible ? A-t-il des limites ?
Le virus, via son enzyme centrale (l’ARN polymérase) génère lui-même ces mutations. Comme pour tous les virus à ARN, beaucoup d’erreurs de recopie sont faites, peu sont sélectionnées. Sonder cet espace mutationnel me paraît primordial.
Mais l’ARN polymérase est aussi capable de changer de modèle à recopier. Lors d’une co-infection par deux virus différents, elle peut commencer à recopier l’ARN de l’un et finir par l’autre virus : on aura alors un virus hybride, chimérique, recombinant. La nature moléculaire des mécanismes provoquant la recombinaison est inconnue : et pourtant, elle est à la base de la création de nouveaux virus qui peuvent franchir la barrière d’espèce, et créer des pandémies, pour peu qu’un hôte approprié soit disponible. Comprendre le fonctionnement de l’ARN polymérase n’est donc pas juste une lubie obsessionnelle. C’est comprendre comment est apparu le SARS-CoV-2, et anticiper l’émergence de nouveaux virus.
Ce qui dicte le succès des variants, c’est leur « vigueur compétitive » (leur fitness). Nos anticorps vont-ils pousser le virus dans un cul-de-sac évolutif ? Probablement, encore faut-il que cela ne vienne pas trop tardivement…
L’évolution a spécialisé et perfectionné l’ARN polymérase des coronavirus. Paradoxalement, on a ainsi une enzyme aux caractéristiques techniques sophistiquées et contraintes par l’évolution, mais qui génère de la diversité génétique sur le génome viral… Tandis que les vaccins vont combattre une protéine Spike qui se transforme au gré des mutations, l’ARN polymérase constitue une cible thérapeutique de choix pour les chimistes médicinaux, biochimistes, biologistes structuraux. Comme dans le cas des virus VIH et hépatite C, industriels et médecins utiliseront leurs recherches pour produire un comprimé utilisable dès que l’on saura que l’on a été exposé au virus.
Jusqu’où ce virus peut-il muter ?
Dominique Costagliola, épidémiologiste, Inserm
Parmi les variants préoccupants détectés en Afrique du Sud (lignée B.1.351), au Brésil (lignée P1 ou B.1.1.248), ou encore en Inde (lignée B.1.617), on est frappé de constater la présence d’une mutation commune en E484, E484K pour les deux premiers, E484Q pour celui détecté en Inde, non présente sur les variants associés à la pandémie en 2020 en Europe (lignée B1). Le variant détecté au Royaume-Uni (lignée B.1.1.7) ne porte pas cette mutation mais a en commun avec les deux premiers variants cités une mutation N501Y. Toutes ces mutations sont dans la séquence qui code pour la protéine de spicule, celle qui se fixe au récepteur ACE2 pour pénétrer dans les cellules humaines. La mutation E484K est présente dans d’autres variants décrits aux Etats-Unis, en Ecosse, et dans de nombreux pays. Elle pourrait, comme la mutation E484Q, être associée à un risque d’échappement partiel à l’immunité naturelle ou vaccinale.
Il est frappant de constater une certaine convergence dans l’apparition de ces mutations à des endroits variés de la planète.
D’où la question importante pour la dynamique future de l’épidémie : cela veut-il dire que le virus n’a que peu de possibilités d’évolution face à l’augmentation de l’immunité collective, et que, par conséquent, il y a bon espoir, à travers la vaccination actuelle ou future (vaccin mieux adapté à ces nouveaux variants), que nous arrivions dans une situation de contrôle de l’épidémie ? Une alternative pourrait être que cette voie d’évolution soit seulement ce qui favorise la poursuite de la transmission du virus dans un premier temps, mais que d’autres mécanismes d’évolution du virus puissent lui offrir un avantage si cette voie devient un cul-de-sac pour le virus. Des études de séquençage massif en population, d’une part, et des études mécanistiques in vitro, d’autre part, pourraient nous éclairer sur cette question. La réponse est cruciale pour envisager quel sera le futur de l’évolution de la pandémie.
L’hôpital public va-t-il survivre à cette crise ?
Alexandre Demoule, réanimateur, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
En tant que réanimateur, ce qui me taraude aujourd’hui quand je pense à la prise en charge d’un patient Covid, c’est de savoir si je dois l’intuber rapidement ou attendre. Si je le branche tout de suite sur un respirateur, je protège ses poumons, mais il risque une complication. Si j’attends, j’ai une chance de réussir à ne jamais avoir à l’intuber, ce qui est une victoire. Mais je prends aussi le risque que son état s’aggrave brutalement quelques jours plus tard, et que je doive quand même l’intuber, en catastrophe, et avec des poumons qui auront en fin de compte beaucoup plus souffert.
On a fait plein d’études, mais il n’y a pas encore vraiment de réponse. C’est un pari que je fais plusieurs fois par jour, et à chaque fois ça me laisse un sentiment d’inconfort. Pourtant, sur plein d’aspects, on a fait des progrès incroyables : pendant la première vague, on était dans l’œil du cyclone. Et, en quelques semaines, on a considérablement diminué la mortalité de nos patients. En réanimation, à ce point et en si peu de temps, c’était du jamais-vu.
Mais, depuis quelques semaines, ce qui m’empêche vraiment de dormir, c’est de savoir si l’hôpital public va survivre à cette crise. Je n’ai jamais vu autant de soignants démotivés. Déjà, avant le Covid, beaucoup de soignants quittaient l’hôpital pour aller en libéral, en clinique privée, à l’étranger ou même changeaient de métier. Mais, depuis la crise, j’entends continuellement ce discours. C’est à cause des conditions de travail dégradées, et aussi du trop faible pouvoir d’achat pour les plus bas salaires.
Mais c’est également parce que les soignants ont l’impression que le gouvernement n’a pas de respect pour le travail accompli. Pourtant, on a travaillé avec enthousiasme, jusqu’à l’épuisement. Et quand on tire le signal d’alarme et qu’on dit que la tension est grande, que les soignants sont épuisés, on nous répond : « Ah bon ? » Et quand on lance une alerte en disant qu’on ne pourra pas réussir à soigner tout le monde si le gouvernement n’arrive pas à contrôler l’épidémie, on nous dit « arrêtez ! », ou encore : « Vous faites de la politique, pour qui vous prenez-vous ! » Il y a un an, on était des héros, et aujourd’hui, c’est comme si on était responsables du fait que la vie ne reprenne pas normalement. Mais on a déjà poussé les murs ! On ne peut pas faire plus…
Si l’hôpital public ne fonctionne plus, tout le monde en paiera le prix. Mais ce sont les personnes les plus modestes qui paieront le prix le plus élevé. Pour qu’une cordée avance, les premiers de cordée ne sont pas obligés de sacrifier les derniers en coupant la corde.
Les acteurs s’entendront-ils pour augmenter et partager la production de vaccins ?
Marie-Paule Kieny, vaccinologue, Inserm
Les campagnes de vaccination contre le Covid-19 prennent leur envol. Quelques pays sont plus avancés que les autres (par exemple Israël, les Etats-Unis, le Chili ou la Grande-Bretagne), mais les pays de l’Union européenne sont dans un mouchoir de poche, avec environ 25 % de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin. Alors, la fin du tunnel est-elle en vue ?
Notre optimisme est tempéré par une mauvaise nouvelle. En effet, la plupart des pays à revenus limités n’ont pu obtenir qu’une fraction des vaccins produits dans le monde, et ils commencent seulement à immuniser leurs populations les plus vulnérables. Alors, business as usual, malgré les bonnes intentions répétées comme un mantra que « les vaccins Covid doivent être un bien public mondial » et que l’équité doit être la règle ? Les pays plus nantis pouvaient jusqu’à récemment justifier avoir accaparé la plupart des vaccins par le fait que – après tout ! – ils avaient beaucoup plus souffert de la pandémie que les pays plus pauvres. Si la mortalité pendant la première vague a été relativement modeste en Asie et dans les pays d’Afrique subsaharienne (sauf en Afrique du Sud), la situation épidémiologique est malheureusement en train de changer, avec une évolution dramatique en Inde et une croissance exponentielle du nombre de cas dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique.
Il devient donc de plus en plus intenable de ne pas « partager » nos vaccins avec les pays à revenus limités, cela tout d’abord pour des raisons éthiques, mais aussi pour des considérations pratiques et pour limiter autant que possible la circulation du virus et l’apparition des fameux variants préoccupants (en anglais variants of concern, ou VOC). « Nul parmi nous ne sera en sécurité tant que nous ne serons pas tous en sécurité », a répété, le 16 avril, le directeur général de l’OMS. Il est donc indispensable d’accélérer les campagnes de vaccination dans tous les pays du monde. Cette accélération ne pourra se faire que si la quantité de vaccins disponibles pour les pays à revenus limités augmente de façon drastique, et pour cela de nombreuses pistes sont en cours de discussion. Parmi celles-ci, le don de doses par les pays les plus riches prête peu à controverse, mais la proposition du président Biden de lever les droits de brevet sur les vaccins pendant la pandémie fait couler beaucoup d’encre. Il faut néanmoins que tous les acteurs se mettent autour de la table pour débattre de bonne foi des « pour » et des « contre » d’une telle mesure, et de la meilleure façon de transférer la technologie nécessaire pour que les pays qui n’ont pas, actuellement, la capacité de produire des vaccins puissent prochainement participer à l’accroissement de production indispensable à la vaccination de toute la planète. Le feront-ils ?
Comment mieux utiliser l’immunité cellulaire pour optimiser les vaccins de demain ?
Jean-Daniel Lelièvre, immunologiste, hôpital Henri-Mondor, Créteil
Comme toute infection virale, l’infection au Covid-19 met en jeu les deux pans de la réponse adaptative : réponse humorale et réponse cellulaire. La première est bien connue, elle passe par les anticorps, ces bloqueurs de l’entrée du virus dans l’organisme. La seconde implique une population de cellules particulières appelées lymphocytes T CD8, qui ont pour mission de détruire les cellules infectées.
Moins connues du grand public, elles sont aussi moins étudiées par les chercheurs. Cela tient essentiellement à des problématiques pratiques : là où la réponse anticorps, du moins dans ses aspects les plus simples, peut être étudiée dans n’importe quel laboratoire d’analyse médicale, le suivi et la recherche sur les cellules tueuses apparaissent autrement complexes. Or ces questions sont essentielles.
En effet, si les lymphocytes T CD8 n’ont qu’un rôle probablement secondaire dans la protection contre l’infection, il en va complètement différemment, ensuite, dans le contrôle de cette infection, et donc dans la sévérité de la maladie. Les données disponibles concernant la réponse lymphocytaire T CD8 contre le SARS-CoV-1 – celui de 2003 –, ainsi que les données récentes sur celle dirigée contre le SARS-CoV-2, montrent qu’elle persiste longtemps, détectable ainsi jusqu’à dix ans après l’infection par le virus. Par ailleurs, les mutations permettant aux variants préoccupants (VOC) d’échapper aux anticorps neutralisants ne semblent pas affecter la qualité de cette réponse lymphocytaire T CD8.
Dès lors, une analyse plus large de cette réponse, telle qu’elle se met progressivement en place, permettrait de mieux comprendre les risques réels que nous font courir ces variants préoccupants. En outre, la protéine Spike, où se situe l’essentiel des mutations, ne représente qu’une faible partie des cibles de cette réponse lymphocytaire T CD8. Mieux décrypter cette part souvent négligée de la réponse immunitaire pourrait ainsi s’avérer un outil décisif dans la perception que nous avons de l’efficacité vaccinale et dans l’élaboration d’éventuels nouveaux vaccins.
Quel traitement antiviral pour éviter l’aggravation du Covid-19 ?
Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue, hôpital Bichat, Paris
Quinze mois après le début de la pandémie de Covid-19, nous disposons de quatre vaccins efficaces pour prévenir la maladie. Mais toujours pas de médicaments antiviraux validés pour traiter les malades. Dès le début 2020, de nombreux essais cliniques ont été menés en France et dans le monde à la recherche de traitements antiviraux contre le SARS-CoV-2, essentiellement par repositionnement de molécules existantes. Malheureusement, à ce jour, aucun n’a fait la preuve de son efficacité dans des essais cliniques, et il n’existe pas de traitement antiviral recommandé pour les patients atteints du Covid-19.
Mon travail consiste à prendre en charge quotidiennement des patients avec une maladie sévère, c’est-à-dire ayant besoin d’oxygène supplémentaire pour respirer. Ces patients sont traités conformément aux recommandations internationales, c’est-à-dire par l’administration de corticoïdes, parfois associés à d’autres anti-inflammatoires, qui permettent de diminuer l’inflammation pulmonaire et l’aggravation de la maladie. Mais tous les jours, nous nous demandons quel traitement antiviral administré à la phase précoce pourrait permettre d’éviter l’hospitalisation à ces patients, leur aggravation, leur transfert en réanimation ou leur décès.
Les anticorps monoclonaux contre le SARS-CoV-2 sont une piste prometteuse. Pour l’instant, ils sont réservés aux patients à très haut risque car les données actuelles ne sont pas encore suffisantes pour les recommander largement. L’essai clinique européen Discovery, piloté par l’Inserm, évalue actuellement un cocktail d’anticorps monoclonaux contre le SARS-CoV-2 administré aux patients hospitalisés à la phase précoce de la maladie. D’autres antiviraux sont encore en cours d’évaluation, certains dans le cadre de l’essai Coverage en France, pour des patients qui ne sont pas hospitalisés.
Nous espérons que ces recherches aboutiront enfin à la validation de traitements efficaces et bien tolérés pour éviter des hospitalisations et des décès. L’enjeu est essentiel. Car même si la vaccination a prouvé qu’elle réduisait de façon impressionnante le risque de Covid-19 sévères, nous continuerons à voir des patients non vaccinés avec une forme sévère de la maladie pendant des mois. Il est crucial d’élargir nos possibilités thérapeutiques pour mieux les prendre en charge.
Quels sont les mécanismes qui conduisent aux Covid longs ?
Dominique Salmon-Ceron, infectiologue, Hôtel-Dieu, Paris
On estime que plus de 15 % des personnes ayant développé le Covid présentent encore au moins un symptôme six mois plus tard. En France, cela concerne plusieurs centaines de milliers de personnes. Les conséquences sociétales sont importantes. En un an, l’accumulation des connaissances sur ces formes prolongées de la maladie a été spectaculaire. Les symptômes sont très polymorphes, évoluant de façon fluctuante, et perdurent plusieurs mois. Pourtant les mécanismes expliquant la survenue de ces symptômes font toujours débat.
Un résultat important réside dans la démonstration récente de la persistance virale chez des sujets Covid longs. Pour la première fois, on a la preuve que le virus peut rester caché au niveau de fentes olfactives dans un tissu qui fait partie du système nerveux, et que des personnes ayant une PCR rhinopharyngée négative peuvent rester porteuses du virus plusieurs mois. Cette persistance après une infection dite « aiguë » n’est pas un fait unique. Dans la maladie à virus Ebola, certains sujets gardent pendant plusieurs mois du virus dans le sperme.
Il faut maintenant déterminer quels sont les mécanismes et les conséquences de la persistance de ce virus. Une des hypothèses est qu’il demeure dans les cellules endothéliales (de la paroi des capillaires) et entraîne une inflammation intermittente de ces capillaires et, par là même, une baisse de l’apport en oxygène dans les tissus. Celle-ci pourrait provoquer le « brouillard cérébral » et les hypométabolismes cérébraux constatés au scanner. Le virus pourrait aussi infecter d’autres cellules, et la question de l’infection directe des neurones et des cellules de soutien est primordiale.
Tout aussi importante est la question de savoir pourquoi le virus persiste chez certaines personnes. Qu’en est-il chez les personnes guéries ? Pourquoi une partie des patients Covid long ne développent-ils pas d’anticorps contre le SARS-CoV-2 ?
Il faut enfin lever l’ambiguïté entre la part organique et la part psychologique ou fonctionnelle de ces symptômes. Les patients souffrent de symptômes inhabituels, imprévisibles, parfois très handicapants, dont ils ne connaissent pas, ni leur médecin, la durée et le traitement adéquat. Cela peut être source d’angoisse, voire de dépression ou encore de troubles fonctionnels. La relation de confiance établie entre le médecin et le malade dès le début de la prise en charge tient donc une part essentielle.
Il est par ailleurs primordial que le financement de la recherche ne reste pas focalisé sur les formes hospitalières de la maladie. Il est peu probable que la vaccination règle le problème car cette pratique n’a su traiter aucune maladie infectieuse installée et évolutive, bien qu’elle puisse les prévenir. La piste thérapeutique des antiviraux est plus prometteuse.
Combien de temps va durer l’immunité des vaccins ?
Devi Sridhar, professeure de santé publique à l’université d’Edimbourg, conseillère du gouvernement écossais
La question qui me préoccupe est de savoir combien de temps va durer l’immunité conférée par les vaccins. Les scientifiques disposent d’un éventail qui va de six mois à dix ans. Si c’est dix ans, la fin de nos ennuis est proche ; si c’est six mois, une autre histoire commence. Aujourd’hui, le problème central de la vaccination ne réside pas dans l’efficacité du vaccin, elle est excellente, même si les variants peuvent poser des difficultés à terme. Il n’est pas dans la chaîne d’acheminement ou dans l’administration des injections. Il tient en deux mots : les doses. Si l’immunité chute au bout de six mois et qu’il faut un nouveau rappel, les pays riches continueront d’accaparer les doses pour vacciner leur population, et les pays pauvres en seront privés. A l’inverse, si l’immunité dure plusieurs années, les pays riches, une fois leur population vaccinée, s’intéresseront aux pays en développement et leur offriront même leurs réserves.
Pour le moment, l’inégalité est frappante. La Grande-Bretagne a déjà commandé pour l’automne des millions de doses de rappel, par précaution ; l’Union européenne en a fait autant. S’il s’avère qu’elles sont inutiles, nous les donnerons au Sénégal ou au Mali, j’en suis persuadée. Mais si l’immunité ou les variants les rendent nécessaires, le nationalisme vaccinal reprendra ses droits et les inégalités continueront de s’accroître. La décision de Joe Biden de soutenir une suspension des brevets est encourageante et va dans le bon sens. Mais la propriété intellectuelle n’est qu’une partie du problème. On manque d’usines, on manque de savoir-faire, il faudrait créer des hubs régionaux de production : tout cela est nécessaire pour produire les précieux flacons.
Malgré tout, je suis optimiste. Les vaccins nous ont surpris depuis le début, par leur vitesse de mise au point, par leur efficacité, par leur capacité à bloquer aussi la transmission du virus. Je veux croire que notre prochaine surprise concernera la durée de protection.
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Re: Rugby et Coronavirus
Le sport face au coronavirus en direct: ce qui change ce 19 mai
https://rmcsport.bfmtv.com/football/le-sport-face-au-coronavirus-en-direct-les-infos-du-19-mai_LN-202105190238.html
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/19/la-reprise-apres-le-covid-19-une-equation-a-plusieurs-inconnues_6080647_3234.html
La reprise après le Covid-19 : une équation à plusieurs inconnues
L’économie française devrait afficher une croissance de 5 % en 2021, selon les prévisions du gouvernement. Mais la vigueur de ce rebond reste soumis à plusieurs hypothèques.
Par Béatrice Madeline
Indéniablement, « il y a de l’envie », comme le souligne Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. De l’envie de prendre son café en terrasse, de retourner au cinéma ou au musée, de faire du shopping ou de partir en week-end à l’autre bout de la France, voire en Grèce ou au Portugal. « L’économie française va se redresser », a déclaré, mardi 18 mai, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en visite chez un restaurateur parisien, assurant que « nous retrouverons le niveau d’activité d’avant-crise au premier semestre, voire au premier trimestre 2022 ». Pour Bercy, l’économie française, qui a enregistré une croissance de 0,4 % au premier trimestre de cette année, est en mesure d’atteindre l’objectif de croissance de 5 % fixé pour 2021.
Certains indicateurs conjoncturels, en effet, sont bien orientés en cette sortie de confinement et plaident pour un rebond rapide. Paradoxalement, les entreprises se portent plutôt bien. Les investissements se sont maintenus à un niveau plus que robuste au regard de l’ampleur de la crise, la trésorerie est abondante grâce aux aides de l’Etat. Le moral des industriels est remonté en avril, et il est désormais supérieur à sa moyenne de longue période, selon l’institut Rexecode. Par ailleurs, la forte reprise en Asie et les différents plans de relance, notamment aux Etats-Unis, tirent la demande à l’échelle mondiale.
Prudence
Mais d’autres indices incitent à une certaine prudence sur le profil de la reprise. Personne, en particulier, ne parie sur un rebond aussi vigoureux de l’activité qu’au troisième trimestre 2020, lorsque le PIB avait progressé de 18,5 %. « Nous tablons, à l’OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques], sur une fourchette très large pour la reprise », admet Mathieu Plane, économiste au sein de l’organisme. La clé ? Ce sont les ménages qui la détiennent. Dans quelle mesure vont-ils desserrer les cordons de la bourse et faire repartir les secteurs en berne, comme l’habillement, la restauration, les loisirs ou le tourisme ? Vont-ils puiser dans l’énorme bas de laine accumulé pendant les mois de confinement – environ 160 milliards économisés sur les deux années, 2020 et 2021, un chiffre inédit dans l’histoire économique – pour rattraper le temps perdu ?
Rien n’est moins sûr, répond Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. « Ce que l’on constate, c’est que les ménages n’ont pas une folle envie de consommer : ils nourrissent toujours beaucoup d’inquiétudes sur ce qui va se passer à moyen terme et restent très prudents dans leurs comportements. » Le décryptage de la croissance au premier trimestre en atteste : les ménages ont épargné de plus belle et la consommation n’a pas redémarré. « Le besoin de précaution reste extrêmement présent », confirme Alain Tourdjman, directeur études et prospective du Groupe BPCE.
L’édition de février 2021 du baromètre de l’épargne et des placements publié par le groupe en atteste : 89 % des Français disent qu’ils continuent à mettre de l’argent de côté, et 43 % considèrent qu’ils ne disposent pas encore d’une épargne de précaution suffisante pour faire face à la crise.
Une prudence justifiée par l’évolution de l’épidémie, les risques de hausse du chômage, mais aussi l’inquiétude devant la perspective de voir revenir à l’agenda politique des sujets comme la réforme des retraites. « Nous allons très certainement rester sur un registre de consommation maîtrisé », prédit Alain Tourdjman, qui ne voit pas le taux d’épargne revenir sur sa moyenne de longue période avant 2022. La Banque de France estime que la consommation devrait progresser cette année de 4 % environ, soit moins vite que l’activité économique dans son ensemble.
« Chocs de demande »
La reprise peut aussi se heurter à un autre écueil : la transformation des habitudes de consommation ou des modes de vie. En termes économiques, une inadéquation entre l’offre et la demande, qui peut ralentir l’activité d’un côté tout en se heurtant à une insuffisance de production de l’autre. « L’aspect persistant de certains chocs de demande est ce qui m’inquiète le plus », confirme Agnès Bénassy-Quéré, chef économiste du Trésor. « Dans le tourisme longue distance, il est loin d’être certain que la situation revienne très vite à la normale. »
D’une part, les flots de visiteurs étrangers – américains, asiatiques ou russes – ne seront pas de retour dans l’immédiat, du fait des contraintes sanitaires et des différents passes qui seront mis en place, avec une concurrence nouvelle qui s’installe entre les pays européens pour capter cette clientèle étrangère. D’autre part, les Français eux-mêmes ne voyageront peut-être plus comme avant, avec un budget plus modeste et des aspirations différentes. Le tourisme d’affaires, florissant avant la crise, sera sans doute lui aussi profondément impacté par les nouveaux modes de travail à distance. Tout cela demande aux entreprises du secteur de s’adapter aux nouvelles attentes de leurs clients avant de pouvoir bénéficier de la reprise.
Les entreprises elles-mêmes se sont transformées pendant ces mois de télétravail et de confinement. « Certaines se sont rendu compte qu’elles étaient tout aussi productives avec moins de monde », remarque Mme Bénassy-Quéré. « De même, l’accélération de la numérisation peut certes améliorer la productivité, mais elle peut aussi nécessiter des compétences différentes, et donc des requalifications pas toujours faciles ». L’une des inconnues réside dans l’avenir du télétravail et de l’impact que cela aura sur la productivité – et sur les salaires. « On pourrait imaginer que si le télétravail est négocié à l’embauche, cela soit considéré comme un avantage pour le salarié et qu’en conséquence cela facilite la modération salariale », ajoute la chef économiste du Trésor.
Pénurie de main-d’œuvre
Enfin, après les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs ou en matières premières qui pénalisent quelques pans de l’industrie, une autre sorte de pénurie, que l’on avait un peu occultée pendant la crise, réapparaît : celle qui frappe la main-d’œuvre qualifiée. « L’une des difficultés principales du bâtiment, aujourd’hui, est de recruter », rappelle Hélène Baudchon, chez BNP Paribas. On peut le voir comme la preuve que ce secteur a retrouvé son niveau d’activité d’avant-crise, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Mais c’est aussi un clignotant qui s’allume.
« Au moment de fortes créations d’emplois, explique Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille, dans une tribune parue mardi 18 mai dans Les Echos, de tels goulots peuvent résulter d’inerties d’ajustements. Mais, en France, ils sont aussi d’autres origines qui font craindre qu’ils brident le rebond de l’après-crise. » La preuve, en tout cas, que la crise liée au Covid-19 n’a pas fait disparaître les difficultés structurelles de l’économie française.
Béatrice Madeline
La reprise après le Covid-19 : une équation à plusieurs inconnues
L’économie française devrait afficher une croissance de 5 % en 2021, selon les prévisions du gouvernement. Mais la vigueur de ce rebond reste soumis à plusieurs hypothèques.
Par Béatrice Madeline
Indéniablement, « il y a de l’envie », comme le souligne Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas. De l’envie de prendre son café en terrasse, de retourner au cinéma ou au musée, de faire du shopping ou de partir en week-end à l’autre bout de la France, voire en Grèce ou au Portugal. « L’économie française va se redresser », a déclaré, mardi 18 mai, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en visite chez un restaurateur parisien, assurant que « nous retrouverons le niveau d’activité d’avant-crise au premier semestre, voire au premier trimestre 2022 ». Pour Bercy, l’économie française, qui a enregistré une croissance de 0,4 % au premier trimestre de cette année, est en mesure d’atteindre l’objectif de croissance de 5 % fixé pour 2021.
Certains indicateurs conjoncturels, en effet, sont bien orientés en cette sortie de confinement et plaident pour un rebond rapide. Paradoxalement, les entreprises se portent plutôt bien. Les investissements se sont maintenus à un niveau plus que robuste au regard de l’ampleur de la crise, la trésorerie est abondante grâce aux aides de l’Etat. Le moral des industriels est remonté en avril, et il est désormais supérieur à sa moyenne de longue période, selon l’institut Rexecode. Par ailleurs, la forte reprise en Asie et les différents plans de relance, notamment aux Etats-Unis, tirent la demande à l’échelle mondiale.
Prudence
Mais d’autres indices incitent à une certaine prudence sur le profil de la reprise. Personne, en particulier, ne parie sur un rebond aussi vigoureux de l’activité qu’au troisième trimestre 2020, lorsque le PIB avait progressé de 18,5 %. « Nous tablons, à l’OFCE [Observatoire français des conjonctures économiques], sur une fourchette très large pour la reprise », admet Mathieu Plane, économiste au sein de l’organisme. La clé ? Ce sont les ménages qui la détiennent. Dans quelle mesure vont-ils desserrer les cordons de la bourse et faire repartir les secteurs en berne, comme l’habillement, la restauration, les loisirs ou le tourisme ? Vont-ils puiser dans l’énorme bas de laine accumulé pendant les mois de confinement – environ 160 milliards économisés sur les deux années, 2020 et 2021, un chiffre inédit dans l’histoire économique – pour rattraper le temps perdu ?
Rien n’est moins sûr, répond Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. « Ce que l’on constate, c’est que les ménages n’ont pas une folle envie de consommer : ils nourrissent toujours beaucoup d’inquiétudes sur ce qui va se passer à moyen terme et restent très prudents dans leurs comportements. » Le décryptage de la croissance au premier trimestre en atteste : les ménages ont épargné de plus belle et la consommation n’a pas redémarré. « Le besoin de précaution reste extrêmement présent », confirme Alain Tourdjman, directeur études et prospective du Groupe BPCE.
L’édition de février 2021 du baromètre de l’épargne et des placements publié par le groupe en atteste : 89 % des Français disent qu’ils continuent à mettre de l’argent de côté, et 43 % considèrent qu’ils ne disposent pas encore d’une épargne de précaution suffisante pour faire face à la crise.
Une prudence justifiée par l’évolution de l’épidémie, les risques de hausse du chômage, mais aussi l’inquiétude devant la perspective de voir revenir à l’agenda politique des sujets comme la réforme des retraites. « Nous allons très certainement rester sur un registre de consommation maîtrisé », prédit Alain Tourdjman, qui ne voit pas le taux d’épargne revenir sur sa moyenne de longue période avant 2022. La Banque de France estime que la consommation devrait progresser cette année de 4 % environ, soit moins vite que l’activité économique dans son ensemble.
« Chocs de demande »
La reprise peut aussi se heurter à un autre écueil : la transformation des habitudes de consommation ou des modes de vie. En termes économiques, une inadéquation entre l’offre et la demande, qui peut ralentir l’activité d’un côté tout en se heurtant à une insuffisance de production de l’autre. « L’aspect persistant de certains chocs de demande est ce qui m’inquiète le plus », confirme Agnès Bénassy-Quéré, chef économiste du Trésor. « Dans le tourisme longue distance, il est loin d’être certain que la situation revienne très vite à la normale. »
D’une part, les flots de visiteurs étrangers – américains, asiatiques ou russes – ne seront pas de retour dans l’immédiat, du fait des contraintes sanitaires et des différents passes qui seront mis en place, avec une concurrence nouvelle qui s’installe entre les pays européens pour capter cette clientèle étrangère. D’autre part, les Français eux-mêmes ne voyageront peut-être plus comme avant, avec un budget plus modeste et des aspirations différentes. Le tourisme d’affaires, florissant avant la crise, sera sans doute lui aussi profondément impacté par les nouveaux modes de travail à distance. Tout cela demande aux entreprises du secteur de s’adapter aux nouvelles attentes de leurs clients avant de pouvoir bénéficier de la reprise.
Les entreprises elles-mêmes se sont transformées pendant ces mois de télétravail et de confinement. « Certaines se sont rendu compte qu’elles étaient tout aussi productives avec moins de monde », remarque Mme Bénassy-Quéré. « De même, l’accélération de la numérisation peut certes améliorer la productivité, mais elle peut aussi nécessiter des compétences différentes, et donc des requalifications pas toujours faciles ». L’une des inconnues réside dans l’avenir du télétravail et de l’impact que cela aura sur la productivité – et sur les salaires. « On pourrait imaginer que si le télétravail est négocié à l’embauche, cela soit considéré comme un avantage pour le salarié et qu’en conséquence cela facilite la modération salariale », ajoute la chef économiste du Trésor.
Pénurie de main-d’œuvre
Enfin, après les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs ou en matières premières qui pénalisent quelques pans de l’industrie, une autre sorte de pénurie, que l’on avait un peu occultée pendant la crise, réapparaît : celle qui frappe la main-d’œuvre qualifiée. « L’une des difficultés principales du bâtiment, aujourd’hui, est de recruter », rappelle Hélène Baudchon, chez BNP Paribas. On peut le voir comme la preuve que ce secteur a retrouvé son niveau d’activité d’avant-crise, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Mais c’est aussi un clignotant qui s’allume.
« Au moment de fortes créations d’emplois, explique Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille, dans une tribune parue mardi 18 mai dans Les Echos, de tels goulots peuvent résulter d’inerties d’ajustements. Mais, en France, ils sont aussi d’autres origines qui font craindre qu’ils brident le rebond de l’après-crise. » La preuve, en tout cas, que la crise liée au Covid-19 n’a pas fait disparaître les difficultés structurelles de l’économie française.
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.sudouest.fr/sante/cette-liberte-retrouvee-au-crible-d-un-infectiologue-2761171.php
Cette liberté retrouvée au crible d’un infectiologue
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Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux a fait « une Tournée d’inspection » en centre-ville pour constater le respect des gestes barrières de ce déconfinement Crédit photo : David Thierry / SUD OUEST
Par Isabelle Castéra
Un véritable événement. Ce mercredi 19 mai, les terrasses, cinés, musées, boutiques sont ouverts. Faut-il craindre ce déconfinement ? « Sud Ouest » a débarqué en plein cœur de la ville libérée avec le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux. Impressions
Il a troqué sa blouse blanche contre un blazer bon chic. Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux, totalement impliqué dans la pandémie de Covid depuis un an et demi, a accepté de couper sa journée de consultations en deux, pour observer le déconfinement de ce mercredi 19 mai, in vivo. Au sein du vivant, au cœur de la capitale régionale, à l’heure où l’on se met à table. Son premier regard, en débarquant place Pey-Berland s’est posé sur une terrasse d’angle bondée. Sidération du médecin : « Ah oui là, c’est de la folie ! »
Les masques à table ont disparu. Fourrés dans les sacs à main, les poches des jeans, comme de vieilles reliques. L’espace a été accaparé par une petite foule assoiffée, affamée, bavarde, riante. Tout ce monde groupé en un même lieu, sans protection, sans aucune distanciation sociale, cette insupportable expression pandémique, fait penser à une autre insupportable expression : le cluster. Soit un foyer infectieux de Covid-19. Et le professeur d’infectiologie a la trouille. Face à ce premier contact, il rassemble ses connaissances et pose un état des lieux inquiet : « Donc les gens sont trop les uns sur les autres, l’espace n’est pas assez large, on dirait que les distances ne sont pas respectées. C’est combien déjà, un mètre, deux mètres ? Je ne vois pas de SHA (solution hydroalcoolique). »
« J’avais perdu l’habitude de voir des gens si près, si nombreux et sans masque »
Quatre filles rayonnantes, aux épaules nues, autour d’une micro-table ronde sirotent des pintes de bière. Le serveur vient déposer au milieu un plateau de toasts à partager. « Nooon, pas ça ! s’affole le professeur Cazanave. Des plats à manger avec les doigts, tout le monde les doigts dedans ? Et elles font un selfie, touchent leur téléphone. Toujours pas de gel pour les mains… » L’immersion dans le déconfinement en temps réel commence douloureusement pour le médecin, qui malgré cette première impression négative, admet que le plein air fait tomber le risque de contagion. « J’avais perdu l’habitude de voir des gens si près, si nombreux et sans masque », s’excuse-t-il.
Les filles ont pris l’après-midi
Une fois dans la rue, le flux tranquille et régulier des passants, tous bien masqués, tranquillise le médecin. « J’imaginais la cohue, le grand déballage mais non, c’est plutôt calme et dans les boutiques, les gestes sont bien respectés, à l’entrée il y a du gel partout, des compteurs de jauges. Je suis touché d’observer cette discipline de part et d’autre. Mieux que lors du premier déconfinement. » Dans l’enfilade de terrasses de la rue piétonne des Trois Conils, Mary, Salomé, Élisabeth et Caroline partagent une bouteille de vin qui déjà rosit leurs joues. Terrasse et tables réservées depuis plus d’une semaine. « Ce moment, on l’attendait, on a toutes les quatre posé notre demi-journée pour nous offrir ça. Un resto en terrasse, puis un musée, puis un apéro en terrasse jusqu’à pile 21 heures. On déguste », jubile Mary. Elles rient fort, trinquent. Sortent le gel hydroalcoolique de leurs sacs pour le montrer au professeur Cazanave, et leurs masques aussi. Puis en pouffant, déclarent : « Oui oui bien sûr, on est inscrites pour se faire vacciner au plus vite. » 26 ans, c’est leur âge, elles croquent des frites avec les doigts. « C’est la libération », ajoute Salomé « on avait un tel besoin de décompresser ».
L’infectiologue dispense quelques conseils avisés aux jeunes filles, avant de filer vers la rue Sainte-Catherine en parfaite ébullition. Soit un petit bouillonnement tranquille et incessant. Des jeunes beaucoup, en groupes, qui font la queue devant les grandes enseignes. Une cinquantaine de personnes piétinent sagement devant chez Zara, Sephora, Undiz et autant que l’on voit sortir avec des poches pleines. « Bon, admet l’infectiologue, la distance sociale n’est pas respectée dans les files, heureusement le plein air est là… J’espère vraiment que ce déconfinement sera le dernier. Les gens ont souffert, ceux qui n’ont pas été malades ou qui n’ont pas connu de proche malade, ont quand même souffert. On le voit à travers ces comportements. Ils ont manqué de tout. Aujourd’hui, ce n’est plus le temps de la répression ou de la morale, mais de l’accompagnement, de la pédagogie. »
Au ciné, à l’opéra, chez Prévert
« Masque obligatoire en terrasse pour tout déplacement », peut-on lire sur la pancarte d’une brasserie de la place Saint-Projet. De fait, dès lors qu’un convive se lève de sa table, il a pour consigne de réenfiler son masque anti-Covid, même si c’est pour aller payer, ou profiter des toilettes. Là aussi, les terrasses affichent complet, celui qui n’a pas été prévoyant ne pourra s’installer. « En plus, les gens restent longtemps. Pensez-vous qu’ils vont passer l’après-midi là ? » questionne le médecin.
« Ça y est, les gens ont pris le pli on dirait… Je suis rassuré, confiant désormais. »
Là, ou… au cinéma. À l’Utopia, toutes les places sont prises « Ça n’arrive jamais un mercredi entre midi et deux », admet un responsable. À la sortie de la projection de « Adieu les cons ! », le film césarisé d’Albert Dupontel, ils ont encore le sourire sous le masque. « Revenir au cinéma c’était déjà vachement bien, soupire une sexagénaire, mais en plus ce film vous secoue bien comme il faut, c’est le film idéal. » Une jeune mère a délaissé ses petits pour prendre du large : « J’ai filé au ciné. Une salle obscure, un grand écran, j’en rêvais. » Jauge à 35 %, masque, gel à l’entrée. Le professeur Charles Cazanave applaudit. « Ça y est, les gens ont pris le pli on dirait… Je suis rassuré, confiant désormais. »
Rue Castillon, un peu à l’écart, un tout petit restaurant a résisté. Le Prévert, 14 assiettes. À la tête, Louis Beaujean qui s’est levé très tôt ce matin. « À 6 heures, le réveil a sonné, je suis descendu dans mon petit resto, quelques mètres carrés que je gère tout seul. J’ai nettoyé, passé la serpillière, enlevé les toiles d’araignée et je me suis mis aux fourneaux. Ici, on s’assoit ou on repart. Pas de réservation. » Au menu du jour, deux plats : blanquette de veau et sauté de porc. Tout est parti. Louis est ravi, il revit. « Je m’ennuyais, le moral en bas : c’est dur de servir à rien. Quand j’ai vu arriver la pluie à midi, j’ai tremblé. Et puis, finalement non. Je vais tirer le rideau ce soir, content. »
Cette liberté retrouvée au crible d’un infectiologue
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Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux a fait « une Tournée d’inspection » en centre-ville pour constater le respect des gestes barrières de ce déconfinement Crédit photo : David Thierry / SUD OUEST
Par Isabelle Castéra
Un véritable événement. Ce mercredi 19 mai, les terrasses, cinés, musées, boutiques sont ouverts. Faut-il craindre ce déconfinement ? « Sud Ouest » a débarqué en plein cœur de la ville libérée avec le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux. Impressions
Il a troqué sa blouse blanche contre un blazer bon chic. Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux, totalement impliqué dans la pandémie de Covid depuis un an et demi, a accepté de couper sa journée de consultations en deux, pour observer le déconfinement de ce mercredi 19 mai, in vivo. Au sein du vivant, au cœur de la capitale régionale, à l’heure où l’on se met à table. Son premier regard, en débarquant place Pey-Berland s’est posé sur une terrasse d’angle bondée. Sidération du médecin : « Ah oui là, c’est de la folie ! »
Les masques à table ont disparu. Fourrés dans les sacs à main, les poches des jeans, comme de vieilles reliques. L’espace a été accaparé par une petite foule assoiffée, affamée, bavarde, riante. Tout ce monde groupé en un même lieu, sans protection, sans aucune distanciation sociale, cette insupportable expression pandémique, fait penser à une autre insupportable expression : le cluster. Soit un foyer infectieux de Covid-19. Et le professeur d’infectiologie a la trouille. Face à ce premier contact, il rassemble ses connaissances et pose un état des lieux inquiet : « Donc les gens sont trop les uns sur les autres, l’espace n’est pas assez large, on dirait que les distances ne sont pas respectées. C’est combien déjà, un mètre, deux mètres ? Je ne vois pas de SHA (solution hydroalcoolique). »
« J’avais perdu l’habitude de voir des gens si près, si nombreux et sans masque »
Quatre filles rayonnantes, aux épaules nues, autour d’une micro-table ronde sirotent des pintes de bière. Le serveur vient déposer au milieu un plateau de toasts à partager. « Nooon, pas ça ! s’affole le professeur Cazanave. Des plats à manger avec les doigts, tout le monde les doigts dedans ? Et elles font un selfie, touchent leur téléphone. Toujours pas de gel pour les mains… » L’immersion dans le déconfinement en temps réel commence douloureusement pour le médecin, qui malgré cette première impression négative, admet que le plein air fait tomber le risque de contagion. « J’avais perdu l’habitude de voir des gens si près, si nombreux et sans masque », s’excuse-t-il.
Les filles ont pris l’après-midi
Une fois dans la rue, le flux tranquille et régulier des passants, tous bien masqués, tranquillise le médecin. « J’imaginais la cohue, le grand déballage mais non, c’est plutôt calme et dans les boutiques, les gestes sont bien respectés, à l’entrée il y a du gel partout, des compteurs de jauges. Je suis touché d’observer cette discipline de part et d’autre. Mieux que lors du premier déconfinement. » Dans l’enfilade de terrasses de la rue piétonne des Trois Conils, Mary, Salomé, Élisabeth et Caroline partagent une bouteille de vin qui déjà rosit leurs joues. Terrasse et tables réservées depuis plus d’une semaine. « Ce moment, on l’attendait, on a toutes les quatre posé notre demi-journée pour nous offrir ça. Un resto en terrasse, puis un musée, puis un apéro en terrasse jusqu’à pile 21 heures. On déguste », jubile Mary. Elles rient fort, trinquent. Sortent le gel hydroalcoolique de leurs sacs pour le montrer au professeur Cazanave, et leurs masques aussi. Puis en pouffant, déclarent : « Oui oui bien sûr, on est inscrites pour se faire vacciner au plus vite. » 26 ans, c’est leur âge, elles croquent des frites avec les doigts. « C’est la libération », ajoute Salomé « on avait un tel besoin de décompresser ».
L’infectiologue dispense quelques conseils avisés aux jeunes filles, avant de filer vers la rue Sainte-Catherine en parfaite ébullition. Soit un petit bouillonnement tranquille et incessant. Des jeunes beaucoup, en groupes, qui font la queue devant les grandes enseignes. Une cinquantaine de personnes piétinent sagement devant chez Zara, Sephora, Undiz et autant que l’on voit sortir avec des poches pleines. « Bon, admet l’infectiologue, la distance sociale n’est pas respectée dans les files, heureusement le plein air est là… J’espère vraiment que ce déconfinement sera le dernier. Les gens ont souffert, ceux qui n’ont pas été malades ou qui n’ont pas connu de proche malade, ont quand même souffert. On le voit à travers ces comportements. Ils ont manqué de tout. Aujourd’hui, ce n’est plus le temps de la répression ou de la morale, mais de l’accompagnement, de la pédagogie. »
Au ciné, à l’opéra, chez Prévert
« Masque obligatoire en terrasse pour tout déplacement », peut-on lire sur la pancarte d’une brasserie de la place Saint-Projet. De fait, dès lors qu’un convive se lève de sa table, il a pour consigne de réenfiler son masque anti-Covid, même si c’est pour aller payer, ou profiter des toilettes. Là aussi, les terrasses affichent complet, celui qui n’a pas été prévoyant ne pourra s’installer. « En plus, les gens restent longtemps. Pensez-vous qu’ils vont passer l’après-midi là ? » questionne le médecin.
« Ça y est, les gens ont pris le pli on dirait… Je suis rassuré, confiant désormais. »
Là, ou… au cinéma. À l’Utopia, toutes les places sont prises « Ça n’arrive jamais un mercredi entre midi et deux », admet un responsable. À la sortie de la projection de « Adieu les cons ! », le film césarisé d’Albert Dupontel, ils ont encore le sourire sous le masque. « Revenir au cinéma c’était déjà vachement bien, soupire une sexagénaire, mais en plus ce film vous secoue bien comme il faut, c’est le film idéal. » Une jeune mère a délaissé ses petits pour prendre du large : « J’ai filé au ciné. Une salle obscure, un grand écran, j’en rêvais. » Jauge à 35 %, masque, gel à l’entrée. Le professeur Charles Cazanave applaudit. « Ça y est, les gens ont pris le pli on dirait… Je suis rassuré, confiant désormais. »
Rue Castillon, un peu à l’écart, un tout petit restaurant a résisté. Le Prévert, 14 assiettes. À la tête, Louis Beaujean qui s’est levé très tôt ce matin. « À 6 heures, le réveil a sonné, je suis descendu dans mon petit resto, quelques mètres carrés que je gère tout seul. J’ai nettoyé, passé la serpillière, enlevé les toiles d’araignée et je me suis mis aux fourneaux. Ici, on s’assoit ou on repart. Pas de réservation. » Au menu du jour, deux plats : blanquette de veau et sauté de porc. Tout est parti. Louis est ravi, il revit. « Je m’ennuyais, le moral en bas : c’est dur de servir à rien. Quand j’ai vu arriver la pluie à midi, j’ai tremblé. Et puis, finalement non. Je vais tirer le rideau ce soir, content. »
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Re: Rugby et Coronavirus
Live. Bordeaux : les terrasses sont prises d’assaut
https://www.sudouest.fr/sante/coronavirus/deconfinement/live-bordeaux-les-terrasses-commencent-a-revivre-partout-en-ville-2755476.php
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Re: Rugby et Coronavirus
Le couvre-feu vole en éclat pour la réouverture des terrasses à Bordeaux
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-couvre-feu-vol-en-eclat-pour-la-reouverture-des-terrasses-a-bordeaux-1621466268
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-couvre-feu-vol-en-eclat-pour-la-reouverture-des-terrasses-a-bordeaux-1621466268
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/05/20/les-ambitions-devorantes-de-doctolib_6080802_3234.html
Les ambitions dévorantes de Doctolib
Le site de réservation de rendez-vous médicaux est devenu incontournable avec le Covid-19. Une position de force que la start-up compte bien mettre à profit pour se développer. Mais son hégémonie inquiète.
Par Vincent Fagot
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AUREL
Ne lui dites surtout pas qu’il a profité de la crise. Stanislas Niox-Château, fondateur de Doctolib, s’offusque que l’on puisse lui prêter de telles intentions. « On a mis 100 % des équipes au service de l’intérêt général », affirme-t-il, soulignant que cette mobilisation l’a obligé à repousser de nombreux projets. La pandémie de Covid-19 s’est pourtant révélée un formidable accélérateur pour le business de cette start-up, devenue incontournable pour les Français.
En dehors de la prise de rendez-vous médicaux « classiques », qui a fait son succès, la plate-forme numérique est aujourd’hui l’intermédiaire de référence pour se faire vacciner contre le Covid-19. Doctolib gère l’accès des centres de vaccination à 90 %. Avant le week-end de l’Ascension, jusqu’à 500 000 personnes par jour pouvaient y trouver un créneau pour accéder à leur injection. Et le nombre d’inscrits sur le site s’est envolé, atteignant 50 millions (45 millions en France, le solde en Allemagne), contre 40 millions fin 2019.
Quand surgit l’épidémie, en Chine, début 2020, l’entreprise ne pouvait pas imaginer qu’elle changerait de dimension grâce à elle. « A ce moment, pour nous, ça restait assez flou. Comme tout le monde, on n’était pas prêts », se rappelle M. Niox-Château. A tel point que ses nouveaux locaux – 13 000 mètres carrés sur les bords de Seine, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) – pourraient rapidement devenir trop étroits.
En un an, la « licorne » – ces start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars – a embauché 700 recrues, portant ses effectifs à 1 700 salariés. Et l’entreprise ne compte pas lever le pied. En avril, une centaine de nouveaux collaborateurs l’ont rejointe, et son site Internet affiche encore près de 200 offres d’emploi – en particulier pour développer le produit et renforcer les équipes de vente en France, en Allemagne et en Italie. Elle est pourtant encore très jeune.
Rapide envol
Tout juste sorti de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC), Stanislas Niox-Château lance Balinea, un site de réservation de soins de beauté. Puis il participe à l’aventure LaFourchette, un site de réservation de restaurants, racheté par TripAdvisor en 2014. Avec Doctolib, fondé en 2013, il entre dans le monde de la médecine, où obtenir une consultation est devenu de plus en plus pénible. La promesse du service : plus besoin d’attendre de longues minutes au téléphone pour caler un rendez-vous ou pour dénicher le professionnel disponible le plus proche de chez soi. Quelques clics suffisent.
Les médecins y trouvent aussi leur compte : ils n’ont plus à répondre aux appels des patients ni à payer un service de secrétariat. Pour 99 euros par mois au lancement (129 euros désormais), ils gagnent en confort de travail et peuvent ajuster leurs plages horaires. Doctolib promet aussi de réduire le nombre de rendez-vous non respectés, grâce aux relances envoyées aux patients en amont de leur visite.
Le service prend ainsi rapidement son envol, et il s’exporte en Allemagne en 2016. L’année suivante, la start-up, qui travaille essentiellement avec les cabinets de ville, signe un de ses plus gros contrats avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ses trente-neuf centres hospitaliers et ses 9 000 médecins en Ile-de-France.
Cet accord, dont le montant n’a pas été dévoilé (il est estimé aux alentours de 1 million d’euros pour la seule mise en place du service, hors abonnements), permet à l’entreprise de gagner encore plus en crédibilité.
Mais il fait tiquer ses concurrents : désormais, prendre un rendez-vous auprès de l’AP-HP nécessite de créer un compte chez Doctolib. En décembre 2018, le patron d’un site rival, RDV medicaux (aujourd’hui Maiia), saisit l’Autorité de la concurrence. En vain. En 2019, Doctolib, qui compte 75 000 professionnels de santé comme clients, lève 150 millions d’euros. Le produit est rodé, et l’entreprise, dont l’Etat est actionnaire via la banque publique d’investissement Bpifrance travaille à son internationalisation.
Devenir indispensable
L’arrivée du Covid-19 change ses plans. En mars 2020, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, appelle la population française à préférer la téléconsultation pour ses rendez-vous médicaux, afin d’éviter les risques de contagion dans les cabinets. Doctolib décide alors – comme plusieurs de ses concurrents – de proposer gratuitement ce service, qu’il a lancé début 2019, et met le paquet pour le faire adopter.
Deux cents salariés sont mobilisés pour guider les professionnels dans la prise en main de cette solution. En deux semaines, le nombre d’utilisateurs passe de 3 000 à 30 000, renforçant encore la place de Doctolib dans le paysage médical français. Un an plus tard, 20 000 professionnels y adhèrent toujours, alors que le service est entre-temps devenu payant, pour un montant de 79 euros par mois.
Alors, opportuniste, Doctolib ? « Si on avait pensé utiliser la gratuité comme outil de marketing, on aurait pu le faire avant », objecte le directeur général France de Doctolib, Arthur Thirion. Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance et membre du comité de surveillance de Doctolib, évacue aussi la critique : « Stanislas, au fond, veut révolutionner le système de santé, en France et en Europe. Son sujet n’est pas de gagner de l’argent. Il en gagnera, mais c’est accessoire par rapport à son grand dessein. »
Tout au long de la crise, Doctolib fait tout pour devenir l’intermédiaire indispensable entre les patients et les professionnels de santé. En avisant les premiers qu’ils peuvent reprendre des rendez-vous lors de la réouverture des cabinets restés fermés pendant le premier confinement ; en finançant des campagnes d’information pour rappeler l’importance de la continuité des soins ; en accompagnant la campagne de tests de la population. Le contexte sanitaire lui ouvre les portes de nouveaux professionnels qui n’utilisaient pas son service, à commencer par les laboratoires et les pharmacies.
La société a aussi été bien aidée par la communication du gouvernement, les ministres – Olivier Véran (santé), Bruno Le Maire (économie) ou Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d’Etat à l’économie), entre autres – ne manquant pas de plébisciter ce service au fil de leurs interventions. En tant qu’actionnaire, l’Etat promeut son poulain. En 2019, Cédric O, à peine nommé secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique, n’avait-il pas réservé à la start-up une de ses toutes premières visites officielles ?
Reprendre le fil
Les ambitions dévorantes de Doctolib et son poids croissant ne sont pas sans provoquer critiques et inquiétudes. En janvier, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, reprochait dans un tweet à « #Macron [d’avoir décidé] un partenariat officiel avec #Doctolib pour gérer les centres de vaccination. Une entreprise privée pourra donc ficher toute personne passée par ses mains. »
En mars, le Conseil d’Etat s’est penché sur un référé-liberté déposé par des syndicats de médecins et visant l’accord noué par l’Etat avec Doctolib pour accélérer la campagne de vaccination. Principal reproche : l’entreprise stocke ses données sur le cloud d’AWS, la filiale d’Amazon, ce qui compromettrait la sécurité des données des utilisateurs. L’institution a repoussé cette requête, estimant que l’entreprise offrait les garanties de protection des informations nécessaires.
Plus généralement, c’est la situation quasi monopolistique de Doctolib qui inquiète une partie des professionnels du secteur. Sans concurrent crédible, la start-up ne sera-t-elle pas tentée de moduler son offre de services et de tarifs à sa guise ? Que fera-t-elle aussi du trésor que constituent toutes les données accumulées ?
Face à cette défiance, M. Niox-Château se déploie dans les médias. L’entreprise, qui a créé une plate-forme pour recueillir les avis de ses clients, ne veut pas abîmer sa réputation et prépare déjà le coup d’après. La campagne de vaccination progressant, Doctolib peut en effet envisager de reprendre le fil de ses développements interrompus par la crise due au Covid-19.
Elle vient de lancer un nouveau service de gestion administrative des cabinets médicaux, facilitant la prescription, la gestion des dossiers, la facturation… Concurrençant les solutions les plus répandues, développées par Cegedim et CompuGroup, ce produit, facturé 135 euros par mois, devrait contribuer à gonfler encore son chiffre d’affaires, estimé entre 150 millions et 200 millions d’euros en 2020. Un montant non confirmé par la direction.
Parmi ses 115 000 abonnés, l’entreprise pense pouvoir en convaincre rapidement « quelques dizaines de milliers ». Et Stanislas Niox-Château ne compte pas s’arrêter là. Il fourmille encore d’idées pour faire de Doctolib le champion incontesté de la numérisation de la santé en France. « On a plein de projets et une boussole », affirme-t-il. Et le vent en poupe.
Les ambitions dévorantes de Doctolib
Le site de réservation de rendez-vous médicaux est devenu incontournable avec le Covid-19. Une position de force que la start-up compte bien mettre à profit pour se développer. Mais son hégémonie inquiète.
Par Vincent Fagot
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
AUREL
Ne lui dites surtout pas qu’il a profité de la crise. Stanislas Niox-Château, fondateur de Doctolib, s’offusque que l’on puisse lui prêter de telles intentions. « On a mis 100 % des équipes au service de l’intérêt général », affirme-t-il, soulignant que cette mobilisation l’a obligé à repousser de nombreux projets. La pandémie de Covid-19 s’est pourtant révélée un formidable accélérateur pour le business de cette start-up, devenue incontournable pour les Français.
En dehors de la prise de rendez-vous médicaux « classiques », qui a fait son succès, la plate-forme numérique est aujourd’hui l’intermédiaire de référence pour se faire vacciner contre le Covid-19. Doctolib gère l’accès des centres de vaccination à 90 %. Avant le week-end de l’Ascension, jusqu’à 500 000 personnes par jour pouvaient y trouver un créneau pour accéder à leur injection. Et le nombre d’inscrits sur le site s’est envolé, atteignant 50 millions (45 millions en France, le solde en Allemagne), contre 40 millions fin 2019.
Quand surgit l’épidémie, en Chine, début 2020, l’entreprise ne pouvait pas imaginer qu’elle changerait de dimension grâce à elle. « A ce moment, pour nous, ça restait assez flou. Comme tout le monde, on n’était pas prêts », se rappelle M. Niox-Château. A tel point que ses nouveaux locaux – 13 000 mètres carrés sur les bords de Seine, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) – pourraient rapidement devenir trop étroits.
En un an, la « licorne » – ces start-up valorisées à plus de 1 milliard de dollars – a embauché 700 recrues, portant ses effectifs à 1 700 salariés. Et l’entreprise ne compte pas lever le pied. En avril, une centaine de nouveaux collaborateurs l’ont rejointe, et son site Internet affiche encore près de 200 offres d’emploi – en particulier pour développer le produit et renforcer les équipes de vente en France, en Allemagne et en Italie. Elle est pourtant encore très jeune.
Rapide envol
Tout juste sorti de l’Ecole des hautes études commerciales de Paris (HEC), Stanislas Niox-Château lance Balinea, un site de réservation de soins de beauté. Puis il participe à l’aventure LaFourchette, un site de réservation de restaurants, racheté par TripAdvisor en 2014. Avec Doctolib, fondé en 2013, il entre dans le monde de la médecine, où obtenir une consultation est devenu de plus en plus pénible. La promesse du service : plus besoin d’attendre de longues minutes au téléphone pour caler un rendez-vous ou pour dénicher le professionnel disponible le plus proche de chez soi. Quelques clics suffisent.
Les médecins y trouvent aussi leur compte : ils n’ont plus à répondre aux appels des patients ni à payer un service de secrétariat. Pour 99 euros par mois au lancement (129 euros désormais), ils gagnent en confort de travail et peuvent ajuster leurs plages horaires. Doctolib promet aussi de réduire le nombre de rendez-vous non respectés, grâce aux relances envoyées aux patients en amont de leur visite.
Le service prend ainsi rapidement son envol, et il s’exporte en Allemagne en 2016. L’année suivante, la start-up, qui travaille essentiellement avec les cabinets de ville, signe un de ses plus gros contrats avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ses trente-neuf centres hospitaliers et ses 9 000 médecins en Ile-de-France.
Cet accord, dont le montant n’a pas été dévoilé (il est estimé aux alentours de 1 million d’euros pour la seule mise en place du service, hors abonnements), permet à l’entreprise de gagner encore plus en crédibilité.
Mais il fait tiquer ses concurrents : désormais, prendre un rendez-vous auprès de l’AP-HP nécessite de créer un compte chez Doctolib. En décembre 2018, le patron d’un site rival, RDV medicaux (aujourd’hui Maiia), saisit l’Autorité de la concurrence. En vain. En 2019, Doctolib, qui compte 75 000 professionnels de santé comme clients, lève 150 millions d’euros. Le produit est rodé, et l’entreprise, dont l’Etat est actionnaire via la banque publique d’investissement Bpifrance travaille à son internationalisation.
Devenir indispensable
L’arrivée du Covid-19 change ses plans. En mars 2020, le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, appelle la population française à préférer la téléconsultation pour ses rendez-vous médicaux, afin d’éviter les risques de contagion dans les cabinets. Doctolib décide alors – comme plusieurs de ses concurrents – de proposer gratuitement ce service, qu’il a lancé début 2019, et met le paquet pour le faire adopter.
Deux cents salariés sont mobilisés pour guider les professionnels dans la prise en main de cette solution. En deux semaines, le nombre d’utilisateurs passe de 3 000 à 30 000, renforçant encore la place de Doctolib dans le paysage médical français. Un an plus tard, 20 000 professionnels y adhèrent toujours, alors que le service est entre-temps devenu payant, pour un montant de 79 euros par mois.
Alors, opportuniste, Doctolib ? « Si on avait pensé utiliser la gratuité comme outil de marketing, on aurait pu le faire avant », objecte le directeur général France de Doctolib, Arthur Thirion. Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance et membre du comité de surveillance de Doctolib, évacue aussi la critique : « Stanislas, au fond, veut révolutionner le système de santé, en France et en Europe. Son sujet n’est pas de gagner de l’argent. Il en gagnera, mais c’est accessoire par rapport à son grand dessein. »
Tout au long de la crise, Doctolib fait tout pour devenir l’intermédiaire indispensable entre les patients et les professionnels de santé. En avisant les premiers qu’ils peuvent reprendre des rendez-vous lors de la réouverture des cabinets restés fermés pendant le premier confinement ; en finançant des campagnes d’information pour rappeler l’importance de la continuité des soins ; en accompagnant la campagne de tests de la population. Le contexte sanitaire lui ouvre les portes de nouveaux professionnels qui n’utilisaient pas son service, à commencer par les laboratoires et les pharmacies.
La société a aussi été bien aidée par la communication du gouvernement, les ministres – Olivier Véran (santé), Bruno Le Maire (économie) ou Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d’Etat à l’économie), entre autres – ne manquant pas de plébisciter ce service au fil de leurs interventions. En tant qu’actionnaire, l’Etat promeut son poulain. En 2019, Cédric O, à peine nommé secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique, n’avait-il pas réservé à la start-up une de ses toutes premières visites officielles ?
Reprendre le fil
Les ambitions dévorantes de Doctolib et son poids croissant ne sont pas sans provoquer critiques et inquiétudes. En janvier, Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France insoumise, reprochait dans un tweet à « #Macron [d’avoir décidé] un partenariat officiel avec #Doctolib pour gérer les centres de vaccination. Une entreprise privée pourra donc ficher toute personne passée par ses mains. »
En mars, le Conseil d’Etat s’est penché sur un référé-liberté déposé par des syndicats de médecins et visant l’accord noué par l’Etat avec Doctolib pour accélérer la campagne de vaccination. Principal reproche : l’entreprise stocke ses données sur le cloud d’AWS, la filiale d’Amazon, ce qui compromettrait la sécurité des données des utilisateurs. L’institution a repoussé cette requête, estimant que l’entreprise offrait les garanties de protection des informations nécessaires.
Plus généralement, c’est la situation quasi monopolistique de Doctolib qui inquiète une partie des professionnels du secteur. Sans concurrent crédible, la start-up ne sera-t-elle pas tentée de moduler son offre de services et de tarifs à sa guise ? Que fera-t-elle aussi du trésor que constituent toutes les données accumulées ?
Face à cette défiance, M. Niox-Château se déploie dans les médias. L’entreprise, qui a créé une plate-forme pour recueillir les avis de ses clients, ne veut pas abîmer sa réputation et prépare déjà le coup d’après. La campagne de vaccination progressant, Doctolib peut en effet envisager de reprendre le fil de ses développements interrompus par la crise due au Covid-19.
Elle vient de lancer un nouveau service de gestion administrative des cabinets médicaux, facilitant la prescription, la gestion des dossiers, la facturation… Concurrençant les solutions les plus répandues, développées par Cegedim et CompuGroup, ce produit, facturé 135 euros par mois, devrait contribuer à gonfler encore son chiffre d’affaires, estimé entre 150 millions et 200 millions d’euros en 2020. Un montant non confirmé par la direction.
Parmi ses 115 000 abonnés, l’entreprise pense pouvoir en convaincre rapidement « quelques dizaines de milliers ». Et Stanislas Niox-Château ne compte pas s’arrêter là. Il fourmille encore d’idées pour faire de Doctolib le champion incontesté de la numérisation de la santé en France. « On a plein de projets et une boussole », affirme-t-il. Et le vent en poupe.
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Date d'inscription : 11/09/2018
Humeur : Positif avant tout
Age : 57
Re: Rugby et Coronavirus
https://reveil.courrierinternational.com/#/edition/2005612/article/2005515
Cinq raisons de ne pas paniquer face aux variants
MIT Technology Review - Cambridge (États-Unis)
Pour la MIT Technology Review, le battage médiatique autour des variants est exagéré. Il y a de bonnes raisons de ne pas s’inquiéter outre mesure, assure-t-elle, sans pour autant relâcher totalement les mesures de prévention.
Le 10 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ajoutait un nouveau virus à sa liste de “variants préoccupants” du Sars-CoV-2 : le B.1.617, responsable présumé de la flambée de l’épidémie en Inde. C’est le quatrième de la liste, sur laquelle figuraient déjà les mutants identifiés pour la première fois au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil. “Certaines des informations dont nous disposons portent à croire qu’il est plus contagieux”, déclarait alors Maria Van Kerkhove, responsable technique pour le Covid-19 à l’OMS, lors d’une conférence de presse.
À chaque nouveau variant, le malaise grandit. La presse se fait l’écho de “doubles mutants” et de “variants dangereux”, qui font craindre que le virus soit capable de déjouer aussi bien notre système immunitaire que les vaccins les plus efficaces – et nous condamne ainsi à un nouveau confinement. Pour l’heure pourtant, “le virus n’a pas changé de façon fondamentale”, tempère Kartik Chandran, virologue à l’Albert Einstein College of Medicine [à New York].
Certes les vaccins peuvent, avec le temps, perdre en efficacité, mais rien ne permet de penser que la catastrophe nous guette. “Je ne crois pas qu’il y ait un risque imminent que nous retournions à la case départ”, renchérit Thomas Friedrich, virologue à la faculté de médecine vétérinaire de l’université du Wisconsin. La vigilance est de mise oui, mais pas la peur.”
Voici cinq raisons d’adopter cet optimisme prudent.
1. Les vaccins sont efficaces, y compris contre les variants problématiques
Les études ont dans un premier temps laissé penser que les vaccins contre le Covid-19 actuellement utilisés fonctionnaient moins bien contre certains variants, à commencer par le premier, identifié en Afrique du Sud (B.1.351). Dans des tests en laboratoire, les anticorps prélevés sur des individus vaccinés ne neutralisaient pas aussi bien cette souche mutante que la lignée originelle. Mais des données venues du terrain, au Qatar, révèlent au contraire une bonne efficacité du vaccin Pfizer y compris contre le B.1.351. La vaccination complète protège à 75 % des infections au variant B.1.351 ; certes, on est loin des 95 % d’efficacité rapportés dans les essais cliniques contre le virus originel, mais c’est quand même un “miracle”, assure Andrew Read, spécialiste en écologie des maladies infectieuses à l’université d’État de Pennsylvanie. “Ces vaccins sont excellents, ils nous offrent une marge immense”, insiste-t-il.
D’autres variants savent apparemment mieux contourner notre système immunitaire, en tout cas si l’on en croit des essais en laboratoire. Par exemple, selon une étude sur un nombre restreint de personnes, révélée le 10 mai [qui n’a pas encore été évaluée par des pairs], le tout dernier variant déclaré “préoccupant” à l’échelle mondiale, le B.1.617 [dit “indien”], résiste davantage aux anticorps des individus préalablement vaccinés ou infectés. Pour autant, ces 25 personnes ayant reçu les vaccins de Moderna ou de Pfizer ont toutes produit suffisamment d’anticorps pour neutraliser ce variant.
2. Le système immunitaire est une machine formidable
Les scientifiques qui mesurent l’efficacité des vaccins se concentrent souvent sur les anticorps et leur capacité à empêcher le virus d’infecter des cellules. En laboratoire, ils mettent en contact des prélèvements sanguins d’individus préalablement infectés ou vaccinés avec des cellules pour vérifier si les anticorps présents dans le sang “neutralisent” ou non le virus. Ces expériences sont faciles à réaliser. Pourtant, les anticorps ne sont qu’“un aspect parmi beaucoup d’autres de ce que la réponse du système immunitaire induit” dans l’organisme, rappelle Jennifer Dowd, épidémiologiste et démographe à l’université d’Oxford.
Les lymphocytes T contribuent eux aussi à enrayer les infections : s’ils ne sont pas capables de neutraliser un virus, ils peuvent en revanche repérer les cellules infectées et les détruire, offrant ainsi une protection contre les formes graves de la maladie. Et selon les données obtenues sur les personnes ayant eu le Covid-19, la réponse immunitaire apportée par ces lymphocytes T offre une protection assez efficace contre la plupart des variants du Sars-CoV-2.
3. En cas d’infection, les patients vaccinés sont protégés contre les formes les plus graves de la maladie
Un vaccin capable d’empêcher une infection est déjà une merveille, mais “le plus important est d’éviter les hospitalisations et les décès”, rappelle Thomas Friedrich. Or, beaucoup d’éléments donnent à penser que c’est précisément ce que font les vaccins actuellement sur le marché. En Afrique du Sud, il a été constaté qu’une dose du vaccin de Johnson & Johnson protège à 85 % contre une hospitalisation ou un décès dû au Covid-19, et ce alors même que, lors de l’étude, 95 % des cas étaient dus au variant B.1.351. En Israël, où le B.1.1.7 est devenu le variant dominant, deux doses de Pfizer ont montré leur efficacité à 97 % contre les cas symptomatiques de Covid-19 et les hospitalisations.
4. Ce sont les mêmes mutations qui apparaissent un peu partout
Une fois entré dans une cellule, le virus commence à se répliquer. Plus ses réplications sont nombreuses, plus la probabilité que des erreurs – c’est-à-dire des mutations – se produisent augmente. La plupart de ces erreurs de copie sont sans conséquence. Quelques-unes cependant peuvent donner un avantage au virus. C’est le cas de la mutation dite “D614G” sur la protéine S (ou Spike), qui augmente visiblement la transmissibilité du Sars-CoV-2. Une autre, appelée “E484K”, pourrait aider le virus à échapper aux anticorps. Si les variants porteurs de ces mutations favorables se transmettent, ils peuvent à terme l’emporter sur les versions qui ne les possèdent pas – c’est le processus de sélection naturelle. C’est ainsi que le variant B.1.1.7, plus contagieux, est devenu la souche dominante aux États-Unis.
Dans le cas du Sars-CoV-2, ce sont les mêmes mutations favorables au virus qui sont apparues et qui continuent d’apparaître un peu partout dans le monde : c’est ce qu’on appelle la “convergence évolutive”. “Nous voyons les mêmes combinaisons un peu partout”, confirme Vaughn Cooper, chercheur en biologie de l’évolution à l’université de Pittsburgh qui, dans un récent article paru dans le magazine Scientific American, fait une comparaison avec le jeu Tetris :
Un nombre limité de formes géométriques, assemblées de différentes façons, sous différentes combinaisons, composent les mêmes structures gagnantes.”
Pour Vaughn Cooper et d’autres scientifiques, ces preuves d’une convergence évolutive sont bon signe : le virus, dans sa volonté adaptative, pourrait être à court d’inventions. “Les possibilités sont limitées désormais. Elles le resteront si nous parvenons à maîtriser les infections”, explique-t-il.
5. Si l’efficacité des vaccins diminue, les rappels sont une solution
À terme, les vaccins actuels deviendront forcément moins efficaces. “Il faut s’y attendre”, selon Kartik Chandran, mais cela sera progressif : “D’ici là, il y aura une nouvelle génération de vaccins.” Moderna, qui teste d’ores et déjà l’efficacité d’une dose supplémentaire contre le B.1.351 (identifié pour la première fois en Afrique du Sud), a publié la semaine dernière ses premiers résultats : une troisième injection, qu’il s’agisse du vaccin actuel ou d’une nouvelle formule ciblant le B.1.351, augmente bien la protection contre les variants dits “sud-africain” et “brésilien”. Et la formule spécifique déclenche contre le B.1.351 une réponse immunitaire plus forte qu’une nouvelle dose du vaccin de Moderna première version.
C’est un soulagement, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que ces essais démontrent que l’injection d’une formule ciblant les variants peut fonctionner. “Le fait que l’on puisse produire des versions modifiées à partir de ces vaccins à ARN, c’est une révolution”, s’enthousiasme Vaughn Cooper.
Mais il y a une autre raison de se réjouir des premiers résultats enregistrés par Moderna. Certains chercheurs redoutaient qu’une injection de rappel visant un variant donné n’amplifie la réaction immunitaire contre la souche originelle et pas contre le variant. Ce phénomène connu sous le nom de “péché originel antigénique” se produit parfois lorsque l’organisme est exposé à un virus similaire, mais pas identique, à un virus déjà croisé, par exemple lors de plusieurs expositions à la grippe. Il peut aussi se produire lors d’une vaccination. Mais puisque la formule modifiée de Moderna fonctionne a priori mieux que la formule originelle, ce “péché antigénique” semble devoir moins peser dans la guerre contre le Covid-19.
S’il n’est nul besoin de paniquer, l’heure n’est pas pour autant au relâchement. Les variants actuellement en circulation semblent relativement maîtrisables, mais tous les variants à venir ne le seront peut-être pas. “Tout porte à croire que nous allons voir apparaître des choses que nous connaissons déjà. Mais des phénomènes rares peuvent se produire, met en garde Kartik Chandran. Et si survient un phénomène rare assorti d’un gain d’efficacité spectaculaire, il lui suffira de pas grand-chose pour prendre le dessus.”
La flambée de cas en Inde est particulièrement inquiétante. “Ce sont autant de chances pour le virus d’aligner la bonne combinaison pour le grand jackpot de l’évolution”, avertit Thomas Friedrich. Et si les campagnes de vaccination se déroulent bien dans les pays riches, les pays pauvres devront sans doute attendre 2022, ou plus tard, pour une vaccination étendue. “Nous avons aujourd’hui des vaccins formidables, constate Kartik Chandran. Il faut à tout prix trouver le moyen de les offrir au plus grand nombre.”
Cassandra Willyard
Cinq raisons de ne pas paniquer face aux variants
MIT Technology Review - Cambridge (États-Unis)
Pour la MIT Technology Review, le battage médiatique autour des variants est exagéré. Il y a de bonnes raisons de ne pas s’inquiéter outre mesure, assure-t-elle, sans pour autant relâcher totalement les mesures de prévention.
Le 10 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ajoutait un nouveau virus à sa liste de “variants préoccupants” du Sars-CoV-2 : le B.1.617, responsable présumé de la flambée de l’épidémie en Inde. C’est le quatrième de la liste, sur laquelle figuraient déjà les mutants identifiés pour la première fois au Royaume-Uni, en Afrique du Sud et au Brésil. “Certaines des informations dont nous disposons portent à croire qu’il est plus contagieux”, déclarait alors Maria Van Kerkhove, responsable technique pour le Covid-19 à l’OMS, lors d’une conférence de presse.
À chaque nouveau variant, le malaise grandit. La presse se fait l’écho de “doubles mutants” et de “variants dangereux”, qui font craindre que le virus soit capable de déjouer aussi bien notre système immunitaire que les vaccins les plus efficaces – et nous condamne ainsi à un nouveau confinement. Pour l’heure pourtant, “le virus n’a pas changé de façon fondamentale”, tempère Kartik Chandran, virologue à l’Albert Einstein College of Medicine [à New York].
Certes les vaccins peuvent, avec le temps, perdre en efficacité, mais rien ne permet de penser que la catastrophe nous guette. “Je ne crois pas qu’il y ait un risque imminent que nous retournions à la case départ”, renchérit Thomas Friedrich, virologue à la faculté de médecine vétérinaire de l’université du Wisconsin. La vigilance est de mise oui, mais pas la peur.”
Voici cinq raisons d’adopter cet optimisme prudent.
1. Les vaccins sont efficaces, y compris contre les variants problématiques
Les études ont dans un premier temps laissé penser que les vaccins contre le Covid-19 actuellement utilisés fonctionnaient moins bien contre certains variants, à commencer par le premier, identifié en Afrique du Sud (B.1.351). Dans des tests en laboratoire, les anticorps prélevés sur des individus vaccinés ne neutralisaient pas aussi bien cette souche mutante que la lignée originelle. Mais des données venues du terrain, au Qatar, révèlent au contraire une bonne efficacité du vaccin Pfizer y compris contre le B.1.351. La vaccination complète protège à 75 % des infections au variant B.1.351 ; certes, on est loin des 95 % d’efficacité rapportés dans les essais cliniques contre le virus originel, mais c’est quand même un “miracle”, assure Andrew Read, spécialiste en écologie des maladies infectieuses à l’université d’État de Pennsylvanie. “Ces vaccins sont excellents, ils nous offrent une marge immense”, insiste-t-il.
D’autres variants savent apparemment mieux contourner notre système immunitaire, en tout cas si l’on en croit des essais en laboratoire. Par exemple, selon une étude sur un nombre restreint de personnes, révélée le 10 mai [qui n’a pas encore été évaluée par des pairs], le tout dernier variant déclaré “préoccupant” à l’échelle mondiale, le B.1.617 [dit “indien”], résiste davantage aux anticorps des individus préalablement vaccinés ou infectés. Pour autant, ces 25 personnes ayant reçu les vaccins de Moderna ou de Pfizer ont toutes produit suffisamment d’anticorps pour neutraliser ce variant.
2. Le système immunitaire est une machine formidable
Les scientifiques qui mesurent l’efficacité des vaccins se concentrent souvent sur les anticorps et leur capacité à empêcher le virus d’infecter des cellules. En laboratoire, ils mettent en contact des prélèvements sanguins d’individus préalablement infectés ou vaccinés avec des cellules pour vérifier si les anticorps présents dans le sang “neutralisent” ou non le virus. Ces expériences sont faciles à réaliser. Pourtant, les anticorps ne sont qu’“un aspect parmi beaucoup d’autres de ce que la réponse du système immunitaire induit” dans l’organisme, rappelle Jennifer Dowd, épidémiologiste et démographe à l’université d’Oxford.
Les lymphocytes T contribuent eux aussi à enrayer les infections : s’ils ne sont pas capables de neutraliser un virus, ils peuvent en revanche repérer les cellules infectées et les détruire, offrant ainsi une protection contre les formes graves de la maladie. Et selon les données obtenues sur les personnes ayant eu le Covid-19, la réponse immunitaire apportée par ces lymphocytes T offre une protection assez efficace contre la plupart des variants du Sars-CoV-2.
3. En cas d’infection, les patients vaccinés sont protégés contre les formes les plus graves de la maladie
Un vaccin capable d’empêcher une infection est déjà une merveille, mais “le plus important est d’éviter les hospitalisations et les décès”, rappelle Thomas Friedrich. Or, beaucoup d’éléments donnent à penser que c’est précisément ce que font les vaccins actuellement sur le marché. En Afrique du Sud, il a été constaté qu’une dose du vaccin de Johnson & Johnson protège à 85 % contre une hospitalisation ou un décès dû au Covid-19, et ce alors même que, lors de l’étude, 95 % des cas étaient dus au variant B.1.351. En Israël, où le B.1.1.7 est devenu le variant dominant, deux doses de Pfizer ont montré leur efficacité à 97 % contre les cas symptomatiques de Covid-19 et les hospitalisations.
4. Ce sont les mêmes mutations qui apparaissent un peu partout
Une fois entré dans une cellule, le virus commence à se répliquer. Plus ses réplications sont nombreuses, plus la probabilité que des erreurs – c’est-à-dire des mutations – se produisent augmente. La plupart de ces erreurs de copie sont sans conséquence. Quelques-unes cependant peuvent donner un avantage au virus. C’est le cas de la mutation dite “D614G” sur la protéine S (ou Spike), qui augmente visiblement la transmissibilité du Sars-CoV-2. Une autre, appelée “E484K”, pourrait aider le virus à échapper aux anticorps. Si les variants porteurs de ces mutations favorables se transmettent, ils peuvent à terme l’emporter sur les versions qui ne les possèdent pas – c’est le processus de sélection naturelle. C’est ainsi que le variant B.1.1.7, plus contagieux, est devenu la souche dominante aux États-Unis.
Dans le cas du Sars-CoV-2, ce sont les mêmes mutations favorables au virus qui sont apparues et qui continuent d’apparaître un peu partout dans le monde : c’est ce qu’on appelle la “convergence évolutive”. “Nous voyons les mêmes combinaisons un peu partout”, confirme Vaughn Cooper, chercheur en biologie de l’évolution à l’université de Pittsburgh qui, dans un récent article paru dans le magazine Scientific American, fait une comparaison avec le jeu Tetris :
Un nombre limité de formes géométriques, assemblées de différentes façons, sous différentes combinaisons, composent les mêmes structures gagnantes.”
Pour Vaughn Cooper et d’autres scientifiques, ces preuves d’une convergence évolutive sont bon signe : le virus, dans sa volonté adaptative, pourrait être à court d’inventions. “Les possibilités sont limitées désormais. Elles le resteront si nous parvenons à maîtriser les infections”, explique-t-il.
5. Si l’efficacité des vaccins diminue, les rappels sont une solution
À terme, les vaccins actuels deviendront forcément moins efficaces. “Il faut s’y attendre”, selon Kartik Chandran, mais cela sera progressif : “D’ici là, il y aura une nouvelle génération de vaccins.” Moderna, qui teste d’ores et déjà l’efficacité d’une dose supplémentaire contre le B.1.351 (identifié pour la première fois en Afrique du Sud), a publié la semaine dernière ses premiers résultats : une troisième injection, qu’il s’agisse du vaccin actuel ou d’une nouvelle formule ciblant le B.1.351, augmente bien la protection contre les variants dits “sud-africain” et “brésilien”. Et la formule spécifique déclenche contre le B.1.351 une réponse immunitaire plus forte qu’une nouvelle dose du vaccin de Moderna première version.
C’est un soulagement, et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce que ces essais démontrent que l’injection d’une formule ciblant les variants peut fonctionner. “Le fait que l’on puisse produire des versions modifiées à partir de ces vaccins à ARN, c’est une révolution”, s’enthousiasme Vaughn Cooper.
Mais il y a une autre raison de se réjouir des premiers résultats enregistrés par Moderna. Certains chercheurs redoutaient qu’une injection de rappel visant un variant donné n’amplifie la réaction immunitaire contre la souche originelle et pas contre le variant. Ce phénomène connu sous le nom de “péché originel antigénique” se produit parfois lorsque l’organisme est exposé à un virus similaire, mais pas identique, à un virus déjà croisé, par exemple lors de plusieurs expositions à la grippe. Il peut aussi se produire lors d’une vaccination. Mais puisque la formule modifiée de Moderna fonctionne a priori mieux que la formule originelle, ce “péché antigénique” semble devoir moins peser dans la guerre contre le Covid-19.
S’il n’est nul besoin de paniquer, l’heure n’est pas pour autant au relâchement. Les variants actuellement en circulation semblent relativement maîtrisables, mais tous les variants à venir ne le seront peut-être pas. “Tout porte à croire que nous allons voir apparaître des choses que nous connaissons déjà. Mais des phénomènes rares peuvent se produire, met en garde Kartik Chandran. Et si survient un phénomène rare assorti d’un gain d’efficacité spectaculaire, il lui suffira de pas grand-chose pour prendre le dessus.”
La flambée de cas en Inde est particulièrement inquiétante. “Ce sont autant de chances pour le virus d’aligner la bonne combinaison pour le grand jackpot de l’évolution”, avertit Thomas Friedrich. Et si les campagnes de vaccination se déroulent bien dans les pays riches, les pays pauvres devront sans doute attendre 2022, ou plus tard, pour une vaccination étendue. “Nous avons aujourd’hui des vaccins formidables, constate Kartik Chandran. Il faut à tout prix trouver le moyen de les offrir au plus grand nombre.”
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Re: Rugby et Coronavirus
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/20/levee-des-brevets-sur-les-vaccins-contre-le-covid-19-la-contre-offensive-des-europeens_6080800_3210.html
Levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 : la contre-offensive des Européens
Après l’annonce américaine, pour la Commission européenne, qui a présenté mercredi, les grandes lignes de sa proposition, la priorité est de lever les obstacles au commerce des vaccins.
Par Virginie Malingre(Bruxelles, bureau européen)
Les Européens n’ont pas apprécié quand Joe Biden s’est déclaré, le 5 mai, favorable à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19. Non seulement le président des Etats-Unis ne les avait pas prévenus de son initiative mais il s’est positionné, ce faisant, en champion de la solidarité mondiale dans la guerre contre la pandémie.
Après avoir réagi à chaud – certains Etats membres comme l’Allemagne, où la société BioNTech a développé l’un des vaccins les plus utilisés aujourd’hui, ont réaffirmé leur opposition à la proposition américaine, quand d’autres se sont dits ouverts à la discussion –, l’heure est à une riposte plus construite.
Mercredi 19 mai, la Commission européenne a présenté les grandes lignes d’une contre-proposition qu’elle détaillera après en avoir discuté avec les Vingt-Sept. Et qu’elle compte ensuite soumettre à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « Nous allons travailler ensemble pour trouver des solutions pragmatiques et efficaces », a tweeté la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, mercredi, après avoir reçu à Bruxelles Ngozi Okonjo-Iweala, la nouvelle directrice générale de l’organisation multilatérale.
L’Afrique du Sud et l’Inde, qui ont élaboré une proposition commune à l’automne 2020 afin de faciliter l’accès aux vaccins aux pays les plus démunis – ils militent pour une levée très large de la propriété intellectuelle –, travaillent pour leur part à l’amender et devraient remettre leur nouvelle copie dans les prochains jours.
Quant aux Etats-Unis, on attend également leur contribution. Le sujet sera à l’ordre du jour du Conseil général de l’OMC, prévu en juillet.
Des engagements concrets sont attendus
Pour Bruxelles, la priorité est de lever les obstacles au commerce des vaccins, des nombreux composants entrant dans leur fabrication et des médicaments qui peuvent aider à lutter contre la pandémie. « Les pays producteurs de vaccins devraient s’engager à exporter une juste part de leur production », a ainsi déclaré, devant le Parlement européen mercredi, Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission, qui attend de leur part, comme de celle des laboratoires, des engagements concrets.
Cette injonction vise en premier lieu les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui ont à ce jour, gardé pour leur propre consommation la quasi-totalité des vaccins produits sur leur sol. « On attend de la cohérence dans le discours de Washington », commente l’Elysée, où l’on défend aussi le recours aux dons de vaccins aux pays les plus dans le besoin.
L’Union européenne (UE) a, pour sa part, exporté la moitié de ce qui est sorti de ses usines, soit plus de 200 millions de doses à destination de quarante-cinq pays. Elle a, par ailleurs, fourni des vaccins au mécanisme de solidarité Covax.
Dans ce contexte, il faut tout faire pour accroître la production mondiale, martèle la Commission, qui privilégie les accords de coopération entre les laboratoires ayant développé un vaccin et d’autres industriels qui seraient en mesure de les fabriquer (on en compte à ce jour près de 300). L’exécutif européen a par ailleurs récemment annoncé que l’UE aiderait l’Afrique à augmenter sa production.
« Flexibilités »
Si, toutefois, il fallait aller plus loin pour faciliter l’accès du plus grand nombre aux vaccins, la Commission propose d’utiliser les règles régissant la propriété intellectuelle au niveau de l’OMC qui autorisent certaines « flexibilités ».
En l’état actuel des choses, un pays peut, à certaines conditions, emprunter le brevet d’un laboratoire, sans négocier avec lui et moyennant une indemnisation financière, afin de le confier à un industriel. Ce régime dit des « licences obligatoires » est complexe – un vaccin à ARN messager par exemple est protégé par 80 à 100 brevets –, comme le soulignent ses contempteurs. Mais il ne nécessite pas un accord à l’unanimité des Etats membres de l’OMC, comme l’exigerait une levée pure et simple des brevets. « Le cadre de la licence obligatoire existe, maintenant il faut parler de sa mise en œuvre au sein de l’OMC », résume l’Elysée.
L’UE est néanmoins « prête à s’engager de manière constructive » pour étudier la proposition américaine, a lancé Valdis Dombrovskis devant des eurodéputés très partagés.
Geoffroy Didier, député européen (Parti populaire européen, PPE), a jugé l’idée américaine « hypocrite, illusoire et contre-productive (…). Il n’y a rien de plus égoïste que d’apparaître généreux lorsqu’on s’est servi en premier ». Comme les conservateurs du PPE, les libéraux de Renew n’y sont pas favorables.
En revanche, les sociaux-démocrates des S&D, les Verts et la gauche radicale (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, GUE/NGL) soutiennent l’initiative de Washington à l’OMC. Le maintien des « monopoles de laboratoires pendant la pandémie résulte inévitablement en des millions de morts qui auraient pu être évitées », a affirmé l’Espagnole Iratxe Garcia Perez (S&D), arguant du précédant des traitements contre le VIH.
Levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 : la contre-offensive des Européens
Après l’annonce américaine, pour la Commission européenne, qui a présenté mercredi, les grandes lignes de sa proposition, la priorité est de lever les obstacles au commerce des vaccins.
Par Virginie Malingre(Bruxelles, bureau européen)
Les Européens n’ont pas apprécié quand Joe Biden s’est déclaré, le 5 mai, favorable à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19. Non seulement le président des Etats-Unis ne les avait pas prévenus de son initiative mais il s’est positionné, ce faisant, en champion de la solidarité mondiale dans la guerre contre la pandémie.
Après avoir réagi à chaud – certains Etats membres comme l’Allemagne, où la société BioNTech a développé l’un des vaccins les plus utilisés aujourd’hui, ont réaffirmé leur opposition à la proposition américaine, quand d’autres se sont dits ouverts à la discussion –, l’heure est à une riposte plus construite.
Mercredi 19 mai, la Commission européenne a présenté les grandes lignes d’une contre-proposition qu’elle détaillera après en avoir discuté avec les Vingt-Sept. Et qu’elle compte ensuite soumettre à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). « Nous allons travailler ensemble pour trouver des solutions pragmatiques et efficaces », a tweeté la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, mercredi, après avoir reçu à Bruxelles Ngozi Okonjo-Iweala, la nouvelle directrice générale de l’organisation multilatérale.
L’Afrique du Sud et l’Inde, qui ont élaboré une proposition commune à l’automne 2020 afin de faciliter l’accès aux vaccins aux pays les plus démunis – ils militent pour une levée très large de la propriété intellectuelle –, travaillent pour leur part à l’amender et devraient remettre leur nouvelle copie dans les prochains jours.
Quant aux Etats-Unis, on attend également leur contribution. Le sujet sera à l’ordre du jour du Conseil général de l’OMC, prévu en juillet.
Des engagements concrets sont attendus
Pour Bruxelles, la priorité est de lever les obstacles au commerce des vaccins, des nombreux composants entrant dans leur fabrication et des médicaments qui peuvent aider à lutter contre la pandémie. « Les pays producteurs de vaccins devraient s’engager à exporter une juste part de leur production », a ainsi déclaré, devant le Parlement européen mercredi, Valdis Dombrovskis, le vice-président de la Commission, qui attend de leur part, comme de celle des laboratoires, des engagements concrets.
Cette injonction vise en premier lieu les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui ont à ce jour, gardé pour leur propre consommation la quasi-totalité des vaccins produits sur leur sol. « On attend de la cohérence dans le discours de Washington », commente l’Elysée, où l’on défend aussi le recours aux dons de vaccins aux pays les plus dans le besoin.
L’Union européenne (UE) a, pour sa part, exporté la moitié de ce qui est sorti de ses usines, soit plus de 200 millions de doses à destination de quarante-cinq pays. Elle a, par ailleurs, fourni des vaccins au mécanisme de solidarité Covax.
Dans ce contexte, il faut tout faire pour accroître la production mondiale, martèle la Commission, qui privilégie les accords de coopération entre les laboratoires ayant développé un vaccin et d’autres industriels qui seraient en mesure de les fabriquer (on en compte à ce jour près de 300). L’exécutif européen a par ailleurs récemment annoncé que l’UE aiderait l’Afrique à augmenter sa production.
« Flexibilités »
Si, toutefois, il fallait aller plus loin pour faciliter l’accès du plus grand nombre aux vaccins, la Commission propose d’utiliser les règles régissant la propriété intellectuelle au niveau de l’OMC qui autorisent certaines « flexibilités ».
En l’état actuel des choses, un pays peut, à certaines conditions, emprunter le brevet d’un laboratoire, sans négocier avec lui et moyennant une indemnisation financière, afin de le confier à un industriel. Ce régime dit des « licences obligatoires » est complexe – un vaccin à ARN messager par exemple est protégé par 80 à 100 brevets –, comme le soulignent ses contempteurs. Mais il ne nécessite pas un accord à l’unanimité des Etats membres de l’OMC, comme l’exigerait une levée pure et simple des brevets. « Le cadre de la licence obligatoire existe, maintenant il faut parler de sa mise en œuvre au sein de l’OMC », résume l’Elysée.
L’UE est néanmoins « prête à s’engager de manière constructive » pour étudier la proposition américaine, a lancé Valdis Dombrovskis devant des eurodéputés très partagés.
Geoffroy Didier, député européen (Parti populaire européen, PPE), a jugé l’idée américaine « hypocrite, illusoire et contre-productive (…). Il n’y a rien de plus égoïste que d’apparaître généreux lorsqu’on s’est servi en premier ». Comme les conservateurs du PPE, les libéraux de Renew n’y sont pas favorables.
En revanche, les sociaux-démocrates des S&D, les Verts et la gauche radicale (Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, GUE/NGL) soutiennent l’initiative de Washington à l’OMC. Le maintien des « monopoles de laboratoires pendant la pandémie résulte inévitablement en des millions de morts qui auraient pu être évitées », a affirmé l’Espagnole Iratxe Garcia Perez (S&D), arguant du précédant des traitements contre le VIH.
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Re: Rugby et Coronavirus
Ca m'intéresse également de comprendre quoi il s'agit
j'ai vu aussi cette info, je me suis inquiété dans un premier temps en voyant que l'UBB était impliqué puis en voyant d'autres équipes j'ai pas plus que ca tilté mais ouai en vrai j'aimerais bien connaitre le pourquoi du comment
J'espère que le résultat du match contre Castres ne sera pas remis en cause.
je pense que ca concerne le fait de se rassembler après avoir marquer un essai ou quelque chose dans le style ...
Source: https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14/rugby-la-ligue-durcit-son-protocole-sanitaire-et-brandit-une-menace-de-sanctions_AV-202105030329.html
"Interdiction de se congratuler pour célébrer des essais"
"Si le protocole n’est pas appliqué, la Ligue pourra donner match perdu ou infliger aux clubs de Top 14 une amende allant de 2 000 à 10 000€ "par infraction constatée"!"
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"Si vous pouvez être des coéquipiers exceptionnels, vous avez une chance de devenir une équipe exceptionnelle"
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/05/20/covid-19-le-gouvernement-va-avancer-la-vaccination-pour-tous-les-adultes_6080876_823448.html
Covid-19 : la vaccination ouverte à tous les adultes à partir du 31 mai
Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé jeudi après-midi que tous les adultes pourront se faire vacciner dès la fin mai au lieu du 15 juin initialement prévu dans le calendrier vaccinal du gouvernement.
Par Alexandre Lemarié
Il faut vacciner « à marche forcée », avait demandé Emmanuel Macron, au début de mai. Alors que le début officiel de la vaccination pour tous les adultes était fixé initialement au 15 juin, l’exécutif a décidé d’avancer cette date, afin d’augmenter le rythme et se rapprocher, dans un délai plus court, d’une forme d’immunité collective. Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé, jeudi 20 mai après-midi, que la vaccination allait être ouverte pour tous les adultes à partir du lundi 31 mai, lors d’un déplacement dans un centre de vaccination en Seine-Saint-Denis, en compagnie du ministre de la santé, Olivier Véran.
Cette accélération du calendrier survient alors que la France a franchi le 15 mai le cap des 20 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin.
« Vacciner toujours davantage, encore : après avoir passé avec succès le seuil des 20 millions de primo-vaccinés samedi dernier, nous avons déjà un million et demi de personnes de plus, et donc le gouvernement a décidé - à la demande du président de la République - d’accélérer encore », a expliqué Jean Castex. Cette « accélération forte » est « permise par le fait que nous allons recevoir beaucoup de doses d’ici la fin du mois de juin, donc il faut que nous ayons un taux de vaccination le plus élevé possible et c’est à notre portée, grâce à la mobilisation qui ne faiblit pas dans les centres de vaccination », a souligné Jean Castex.
La France devait être livrée de 16 millions de doses en mai, puis 32 millions en juin. L’objectif du gouvernement est d’atteindre les 30 millions de personnes primo-vaccinées au 15 juin qui était la date retenue initialement pour ouvrir la vaccination à tous les 18-49 ans.
Pour le moment, la vaccination est encore soumise à conditions pour les 18-50 ans (la présence de comorbidités ou la prise de rendez-vous du jour au lendemain).
Plus de 21 millions de Français primo-vaccinés
Les professions « prioritaires », publiques ou privées, seront pour leur part éligibles à la vaccination dès le 24 mai, a également annoncé le chef du gouvernement. Pour l’instant, des créneaux en centres de vaccination sont réservés depuis avril aux professionnels exposés, seulement âgés de 55 à 59 ans.
Parmi les professions « prioritaires » listées par Matignon figurent les enseignants et « agents au contact des élèves », professionnels de la petite enfance, assistants familiaux, professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse, protection de l’enfance, de l’hébergement d’urgence, les policiers nationaux et municipaux, gendarmes, agents de sécurité, surveillants pénitentiaires, militaires en opération sentinelle et les douaniers de la branche surveillance. Sont également concernés les conducteurs de bus, personnels de bord de ferry, facteurs et livreurs, conducteurs routiers, chauffeurs de taxi, contrôleurs de transports publics, agents de nettoyage.
Les professions prioritaires visent encore salariés et chefs d’entreprise des commerces d’alimentation, dont les caissières, buralistes, personnels d’hôtels, cafés et restaurants, professionnels des services funéraires, personnels des abattoirs, agents de l’inspection du travail, salariés de l’évènementiel ainsi que les salariés des salles de sport.
Depuis le 10 mai, tous les Français de plus de 50 ans, sans condition, peuvent se faire vacciner. Et dans les centres où il reste des rendez-vous disponibles la veille pour le lendemain, tous les adultes sans condition d’âge peuvent également réserver un créneau, mais cette opportunité reste rare.
Mercredi, Olivier Véran a dit espérer « tourner la page du Covid » en « novembre ou décembre », si de nouveaux variants qui contournent la vaccination n’ont pas émergé d’ici là. Pour l’instant, 21,56 millions de personnes ont reçu une première injection, soit près d’un tiers de la population totale (32,2 %), dont 9,26 millions ont été vaccinées avec deux doses.
Covid-19 : la vaccination ouverte à tous les adultes à partir du 31 mai
Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé jeudi après-midi que tous les adultes pourront se faire vacciner dès la fin mai au lieu du 15 juin initialement prévu dans le calendrier vaccinal du gouvernement.
Par Alexandre Lemarié
Il faut vacciner « à marche forcée », avait demandé Emmanuel Macron, au début de mai. Alors que le début officiel de la vaccination pour tous les adultes était fixé initialement au 15 juin, l’exécutif a décidé d’avancer cette date, afin d’augmenter le rythme et se rapprocher, dans un délai plus court, d’une forme d’immunité collective. Le premier ministre, Jean Castex, a annoncé, jeudi 20 mai après-midi, que la vaccination allait être ouverte pour tous les adultes à partir du lundi 31 mai, lors d’un déplacement dans un centre de vaccination en Seine-Saint-Denis, en compagnie du ministre de la santé, Olivier Véran.
Cette accélération du calendrier survient alors que la France a franchi le 15 mai le cap des 20 millions de personnes ayant reçu au moins une dose de vaccin.
« Vacciner toujours davantage, encore : après avoir passé avec succès le seuil des 20 millions de primo-vaccinés samedi dernier, nous avons déjà un million et demi de personnes de plus, et donc le gouvernement a décidé - à la demande du président de la République - d’accélérer encore », a expliqué Jean Castex. Cette « accélération forte » est « permise par le fait que nous allons recevoir beaucoup de doses d’ici la fin du mois de juin, donc il faut que nous ayons un taux de vaccination le plus élevé possible et c’est à notre portée, grâce à la mobilisation qui ne faiblit pas dans les centres de vaccination », a souligné Jean Castex.
La France devait être livrée de 16 millions de doses en mai, puis 32 millions en juin. L’objectif du gouvernement est d’atteindre les 30 millions de personnes primo-vaccinées au 15 juin qui était la date retenue initialement pour ouvrir la vaccination à tous les 18-49 ans.
Pour le moment, la vaccination est encore soumise à conditions pour les 18-50 ans (la présence de comorbidités ou la prise de rendez-vous du jour au lendemain).
Plus de 21 millions de Français primo-vaccinés
Les professions « prioritaires », publiques ou privées, seront pour leur part éligibles à la vaccination dès le 24 mai, a également annoncé le chef du gouvernement. Pour l’instant, des créneaux en centres de vaccination sont réservés depuis avril aux professionnels exposés, seulement âgés de 55 à 59 ans.
Parmi les professions « prioritaires » listées par Matignon figurent les enseignants et « agents au contact des élèves », professionnels de la petite enfance, assistants familiaux, professionnels de la protection judiciaire de la jeunesse, protection de l’enfance, de l’hébergement d’urgence, les policiers nationaux et municipaux, gendarmes, agents de sécurité, surveillants pénitentiaires, militaires en opération sentinelle et les douaniers de la branche surveillance. Sont également concernés les conducteurs de bus, personnels de bord de ferry, facteurs et livreurs, conducteurs routiers, chauffeurs de taxi, contrôleurs de transports publics, agents de nettoyage.
Les professions prioritaires visent encore salariés et chefs d’entreprise des commerces d’alimentation, dont les caissières, buralistes, personnels d’hôtels, cafés et restaurants, professionnels des services funéraires, personnels des abattoirs, agents de l’inspection du travail, salariés de l’évènementiel ainsi que les salariés des salles de sport.
Depuis le 10 mai, tous les Français de plus de 50 ans, sans condition, peuvent se faire vacciner. Et dans les centres où il reste des rendez-vous disponibles la veille pour le lendemain, tous les adultes sans condition d’âge peuvent également réserver un créneau, mais cette opportunité reste rare.
Mercredi, Olivier Véran a dit espérer « tourner la page du Covid » en « novembre ou décembre », si de nouveaux variants qui contournent la vaccination n’ont pas émergé d’ici là. Pour l’instant, 21,56 millions de personnes ont reçu une première injection, soit près d’un tiers de la population totale (32,2 %), dont 9,26 millions ont été vaccinées avec deux doses.
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Re: Rugby et Coronavirus
Top 14: La 26e journée, maintenue, sera disputée à huis clos
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14/top-14-la-26e-journee-maintenue-sera-disputee-a-huis-clos_AV-202105200359.html
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Re: Rugby et Coronavirus
Si la vaccination pour tous est avancée au 31 mai, pourquoi ne pas avancer aussi le passage du couvre-feu à 23h? De toute façon à BOrdeaux hier c'était 2-3h du mat d'après Sud-Ouest...
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Humeur : Un essai de l'UBB et c'est toute la semaine qui prend des couleurs....
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Re: Rugby et Coronavirus
Top 14: Toulon et le Stade Français mis à l'amende pour non-respect du protocole Covid
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14/top-14-toulon-et-le-stade-francais-mis-a-l-amende-pour-non-respect-du-protocole-covid_AV-202105200585.html
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/top-14/top-14-toulon-et-le-stade-francais-mis-a-l-amende-pour-non-respect-du-protocole-covid_AV-202105200585.html
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Re: Rugby et Coronavirus
https://www.sudouest.fr/gironde/bordeaux/cluster-a-bordeaux-la-contamination-est-partie-d-une-ecole-de-bacalan-2806005.php
Cluster à Bordeaux : la contamination est partie d’une école de Bacalan
Par Laurie Bosdecher - l.bosdecher@sudouest.fr
Toute la population de Bacalan est invitée à se faire dépister suite à la contamination d’une trentaine de personnes dans le quartier. Les premiers cas sont apparus à l’école Charles-Martin fermée jusqu’au 24 mai compris
Le déconfinement et la réouverture des terrasses ne riment pas avec fin de l’épidémie de Covid-19 à Bordeaux. A partir de ce vendredi 21 mai, toute la population de Bacalan est invitée à se faire dépister dans les plus brefs délais. Une trentaine de personnes d’âges divers ont été testées positives ces derniers jours, dans ce quartier populaire situé au nord de Bordeaux.
Dans un communiqué envoyé jeudi soir, l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a confirmé la présence d’un cluster dans le quartier. « Face à une diffusion relativement rapide du virus au sein de la population de ces quartiers, des investigations poussées sont en cours, coordonnées par l’Agence régionale de santé et la plateforme de contact tracing de la Caisse d’assurance maladie (CPAM de la Gironde). Un séquençage est actuellement réalisé par le CHU de Bordeaux, les résultats devraient être prochainement confirmés par le CNR de Lyon », peut-on lire dans le communiqué. « Nous faisons face à un variant du Covid-19 contagieux », confie Vincent Maurin, adjoint au maire en charge du quartier.
Variant contagieux
« Nous avons identifié des premiers cas avant le week-end du 8 mai dans deux classes de l’école Charles-Martin », explique l’élu également directeur du groupe scolaire. Le 15 mai, 10 enfants étaient contaminés dans l’établissement comprenant une école maternelle et une école élémentaire, soit 300 enfants.
Un arrêté préfectoral a été pris durant le pont de l’Ascension pour fermer le groupe scolaire pour une durée de huit jours, entre le 17 et le 24 mai compris. Une continuité pédagogique est assurée.
« Il vaut mieux être hyperactif face à cette situation. L’épidémie est toujours là »
« Les personnes testées positives sont des enfants et leurs parents, ainsi que des proches dans leur cercle intrafamilial », explique Vincent Maurin. À sa connaissance, parmi les personnes ayant contracté ce variant contagieux du Covid-19, aucune n’a été hospitalisée. Quelques autres cas ont par ailleurs été recensés dans l’école voisine Achard.
« Je ne sens pas d’angoisse particulière à Bacalan, face à ce cluster, précise l’adjoint au maire. Les familles contaminés ou cas contact prennent avec beaucoup de sérieux la nécessité de s’isoler. Elles jouent bien le jeu. »
Flyers distribués
Pour casser les chaînes de contamination au plus vite, la mairie de Bordeaux va dépister à partir de ce vendredi et pendant une semaine la population du quartier. « Nous appelons tous les habitants autour des deux écoles à se faire dépister », indique Vincent Maurin. Des flyers vont être distribués dans les rues concernées. Les habitants du quartier et tous les parents des deux écoles vont être également informés par mail.
Cette opération de dépistage menée par la Ville en partenariat avec l’ARS, Bordeaux Métropole et le CHU de Bordeaux, se déroule tous les jours, de 9 à 18 heures, dans la salle Pierre-Tachou, 58, rue Joseph-Brunet. Elle est gratuite. « Il vaut mieux être hyperactif face à cette situation, relève l’élu du quartier. L’ARS favorise la prévention. Elle a raison. L’épidémie est toujours là. »
Cluster à Bordeaux : la contamination est partie d’une école de Bacalan
Par Laurie Bosdecher - l.bosdecher@sudouest.fr
Toute la population de Bacalan est invitée à se faire dépister suite à la contamination d’une trentaine de personnes dans le quartier. Les premiers cas sont apparus à l’école Charles-Martin fermée jusqu’au 24 mai compris
Le déconfinement et la réouverture des terrasses ne riment pas avec fin de l’épidémie de Covid-19 à Bordeaux. A partir de ce vendredi 21 mai, toute la population de Bacalan est invitée à se faire dépister dans les plus brefs délais. Une trentaine de personnes d’âges divers ont été testées positives ces derniers jours, dans ce quartier populaire situé au nord de Bordeaux.
Dans un communiqué envoyé jeudi soir, l’Agence régionale de santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine a confirmé la présence d’un cluster dans le quartier. « Face à une diffusion relativement rapide du virus au sein de la population de ces quartiers, des investigations poussées sont en cours, coordonnées par l’Agence régionale de santé et la plateforme de contact tracing de la Caisse d’assurance maladie (CPAM de la Gironde). Un séquençage est actuellement réalisé par le CHU de Bordeaux, les résultats devraient être prochainement confirmés par le CNR de Lyon », peut-on lire dans le communiqué. « Nous faisons face à un variant du Covid-19 contagieux », confie Vincent Maurin, adjoint au maire en charge du quartier.
Variant contagieux
« Nous avons identifié des premiers cas avant le week-end du 8 mai dans deux classes de l’école Charles-Martin », explique l’élu également directeur du groupe scolaire. Le 15 mai, 10 enfants étaient contaminés dans l’établissement comprenant une école maternelle et une école élémentaire, soit 300 enfants.
Un arrêté préfectoral a été pris durant le pont de l’Ascension pour fermer le groupe scolaire pour une durée de huit jours, entre le 17 et le 24 mai compris. Une continuité pédagogique est assurée.
« Il vaut mieux être hyperactif face à cette situation. L’épidémie est toujours là »
« Les personnes testées positives sont des enfants et leurs parents, ainsi que des proches dans leur cercle intrafamilial », explique Vincent Maurin. À sa connaissance, parmi les personnes ayant contracté ce variant contagieux du Covid-19, aucune n’a été hospitalisée. Quelques autres cas ont par ailleurs été recensés dans l’école voisine Achard.
« Je ne sens pas d’angoisse particulière à Bacalan, face à ce cluster, précise l’adjoint au maire. Les familles contaminés ou cas contact prennent avec beaucoup de sérieux la nécessité de s’isoler. Elles jouent bien le jeu. »
Flyers distribués
Pour casser les chaînes de contamination au plus vite, la mairie de Bordeaux va dépister à partir de ce vendredi et pendant une semaine la population du quartier. « Nous appelons tous les habitants autour des deux écoles à se faire dépister », indique Vincent Maurin. Des flyers vont être distribués dans les rues concernées. Les habitants du quartier et tous les parents des deux écoles vont être également informés par mail.
Cette opération de dépistage menée par la Ville en partenariat avec l’ARS, Bordeaux Métropole et le CHU de Bordeaux, se déroule tous les jours, de 9 à 18 heures, dans la salle Pierre-Tachou, 58, rue Joseph-Brunet. Elle est gratuite. « Il vaut mieux être hyperactif face à cette situation, relève l’élu du quartier. L’ARS favorise la prévention. Elle a raison. L’épidémie est toujours là. »
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Re: Rugby et Coronavirus
Covid-19 : quel est ce variant inquiétant qui touche Bordeaux ?
https://www.sudouest.fr/covid-19-quel-est-ce-variant-bordelais-qui-inquiete-2888407.php
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