zinedine aouad

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Rugby - Tournoi des 6 Nations : 9 choses à savoir sur Zinedine Aouad, pilier béarnais de France U20
Jérôme Carrère
9–11 minutes

Ses parents domiciliés à Miossens-Lanusse, tout près de Thèze, Zinedine Aouad a logiquement pris sa licence à l’AGT, qui fait école de rugby (EDR) commune avec Nord Béarn. C’est donc au sein de l’Entente des Portes du Béarn qu’il a découvert le rugby à 5 ans, en 2011. Avec un sens du jeu dès le départ mais aussi une certaine nonchalance. « Il se reposait un peu sur ses acquis », se souvient son premier entraîneur Franck Hertoux, actuel éducateur des U6 et coresponsable de l’EDR de l’Entente. « Il avait déjà un physique de pottok, rigole Jean-Charles Dupin, président de Thèze. Il était un peu enrobé et avait du mal à se déplacer. Je le revois avec son casque rouge et blanc, ses mitaines. Il avait toujours un bandage ou quelque chose, mal ici ou là. Mais il a fait partie d’une des générations dorées de l’Entente, qui a gagné toutes les grosses...

Ses parents domiciliés à Miossens-Lanusse, tout près de Thèze, Zinedine Aouad a logiquement pris sa licence à l’AGT, qui fait école de rugby (EDR) commune avec Nord Béarn. C’est donc au sein de l’Entente des Portes du Béarn qu’il a découvert le rugby à 5 ans, en 2011. Avec un sens du jeu dès le départ mais aussi une certaine nonchalance. « Il se reposait un peu sur ses acquis », se souvient son premier entraîneur Franck Hertoux, actuel éducateur des U6 et coresponsable de l’EDR de l’Entente. « Il avait déjà un physique de pottok, rigole Jean-Charles Dupin, président de Thèze. Il était un peu enrobé et avait du mal à se déplacer. Je le revois avec son casque rouge et blanc, ses mitaines. Il avait toujours un bandage ou quelque chose, mal ici ou là. Mais il a fait partie d’une des générations dorées de l’Entente, qui a gagné toutes les grosses coupes qu’on a au club house, avec Axel Desperes notamment (qui a un an de plus, NDLR) ».
Une famille très ovalie

Dans la fratrie Aouad, tout le monde a testé le rugby aux Portes du Béarn. Pour le grand frère Anis, l’expérience n’a duré qu’un an. Pour son cadet Zinedine, elle a été une révélation. Sa sœur Aya « avait un très fort potentiel, le même que son frère. Mais il n’y avait pas de structure pour qu’elle bascule donc elle a arrêté en 2020 », explique Jean-Charles Dupin. Aujourd’hui, les deux plus jeunes Adam (9 ans) et Amine (6 ans) tâtent toujours la beuchigue. Et Zinedine Aouad ne manque pas d’aller les voir s’entraîner lorsqu’il revient en Béarn.
Zinedine Aouad faisait partie d’une des générations dorées de l’Entente des Portes du Béarn, souvent titrée.
Zinedine Aouad faisait partie d’une des générations dorées de l’Entente des Portes du Béarn, souvent titrée.

Franck Hertoux
Un goût pour les contacts

« J’hésitais entre le foot et le rugby. Mais j’avais un beau gabarit, j’étais un peu plus gros que les autres. Et j’aimais le contact », sourit Zinedine Aouad. Franck Hertoux confirme : « Il était assez réservé mais très engagé dans le combat. C’était une tête brûlée. À l’époque, on pouvait plaquer dès les mini-poussins. Et il n’avait pas froid aux yeux, toujours pour faire avancer l’équipe ». « Il avait du mal à démarrer mais une fois le ballon en mains, il était dévastateur. En défense, c’était une machine à découper, il faisait mal à l’impact. On se calait sur lui, explique Jean-Charles Dupin. Il était rugueux mais hyper respectueux. Quand il rentrait sur le terrain, les adversaires se disaient ‘Oulala, ce bébé !’ »

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Passé par la Section Paloise

Membre des sélections départementales, le 1re ligne béarnais est logiquement repéré par la Section Paloise. Interne au collège Pierre-Emmanuel, il suit un sport études grâce à des places spécialement réservées aux promesses vertes et blanches. Il y reste deux ans, en 4e et 3e, avant de filer à Biarritz en 2020. « C’était un peu compliqué à Pau. On n’avait pas une très bonne génération, on perdait beaucoup de matchs. Le BO, c’était l’une des meilleures équipes de France. Massy aussi me voulait mais je préférais rester à 1h30 de chez mes parents, même si j’étais habitué à être loin d’eux la semaine », explique Aouad.
Zinedine Aouad et son look signature : le casque blanc et rouge assorti de mitaines. C’était en 2017, il avait 11 ans.
Zinedine Aouad et son look signature : le casque blanc et rouge assorti de mitaines. C’était en 2017, il avait 11 ans.

Jean-Charles Dupin
Guidé par Abdellatif Boutaty

La réussite d’un sportif de haut niveau dépend beaucoup de son environnement. « Ses parents venaient tout le temps à l’entraînement, le voir jouer, ils le suivent », assure Franck Hertoux. Ce que confirme Jean-Charles Dupin : « C’est une famille hyper respectueuse, les parents sont discrets mais très gentils. Ils étaient toujours présents pour s’occuper des enfants ». Mieux, le père de Zinedine entretient une amitié avec Abdellatif Boutaty, 2e ligne international marocain dont la carrière XXL a duré 16 ans, de Montauban au Stade Français en passant par Bayonne et la Section Paloise, où il a conquis le titre de champion de Pro D2 en 2015. Une inspiration autant qu’un appui pour le jeune homme : « Il m’a raconté son parcours donc je sais que c’est possible. Il continue de me donner des conseils. Avant le pays de Galles, il m’a envoyé un message ». Il devait être bon, car le pilier a signé un doublé retentissant à Cardiff avec les U20.
Un ultra polyvalent

Avec les Bleuets, il est l’un des rares à avoir démarré les quatre premiers matchs du Tournoi (il sera remplaçant contre l’Angleterre). Deux comme piliers gauches (Écosse, pays de Galles), autant à droite (Irlande, Italie). « De base, je suis droitier. Mais cette saison, j’ai commencé à jouer à gauche. Faire les deux, c’est un peu rare. Et j’y prends du plaisir », assure Zinedine, pilier depuis tout petit. À Biarritz, où il avait perdu du poids, il n’était plus assez lourd. Replacé en 2e ligne, il avait « pris de la masse en mangeant bien et en faisant de la muscu » pour remonter d’un cran. « Il a une incroyable activité, digne d’un 3e ligne, même au plus haut niveau », jugeait même le manager de France U20 Sébastien Calvet dans les colonnes de l’Équipe récemment. Pas de quoi perturber le joueur : « J’aime trop pilier ! »
Ici à Nay en U13 en 2017, Zinedine (en h., 2e à g.) est déjà bien plus grand que les autres.
Ici à Nay en U13 en 2017, Zinedine (en h., 2e à g.) est déjà bien plus grand que les autres.

Jean-Charles Dupin
Convaincant chez les U20

« Zinedine fait un tournoi plein, […] avec vraiment une belle qualité dans tout ce qu’il produit », saluait encore le sélectionneur des Bleuets chez nos confrères. Après avoir disputé le Festival des 6 Nations avec France U18 la saison dernière, Aouad suit simplement le chemin tracé pour les meilleurs potentiels tricolores. Mais il va plus vite que prévu : « Au début du Tournoi, je devais gagner ma place. Je pensais que ce serait plus compliqué car il y a des deuxièmes années alors que je suis en première. Être dans le groupe face à l’Angleterre me montre que j’ai réussi », savoure le Béarnais, qui vise désormais la Coupe du monde « pour la gagner » et des minutes chez les pros à l’UBB.
Sûr de son destin

« Tu seras le Zinedine Zidane du rugby », avait prophétisé son père, qui l’a appelé ainsi en hommage au légendaire footballeur français. S’il n’a pas vraiment d’idole rugbystique et qu’il préfère voir sa famille, ses amis et faire autre chose quand il ne touche pas la balle ovale, Zinedine Aouad rêve de percer depuis toujours : « Je vis pour le rugby et réussir à en vivre. J’y ai toujours cru, c’est ça que je veux. Je n’ai jamais pensé à autre chose ni dévié de cet objectif que j’ai depuis tout petit ». Preuve de cette détermination, l’été dernier, la Section Paloise voulait le récupérer. Il a privilégié Bordeaux « pour sortir de (sa) zone de confort, rester loin de (sa) famille, pour se focaliser sur le rugby ». Jean-Charles Dupin est admiratif : « Il avait tout pour s’épanouir à Pau mais il a choisi de s’émanciper. Il a une force de caractère énorme, beaucoup de maturité. C’est devenu un homme et un beau gaillard ».
Toujours le casque rouge et blanc vissé sur la tête du jeune garçon.
Toujours le casque rouge et blanc vissé sur la tête du jeune garçon.

Franck Hertoux

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Un garçon reconnaissant

« C’est très important de garder le lien avec mon passé. Les éducateurs m’ont vraiment beaucoup apporté, appris à aimer ce sport », témoigne le pilier. « Après sa 1re sélection, il s’est empressé d’envoyer une photo avec le nom Portes du Béarn, il est reconnaissant. Il m’a dit que c’était grâce à nous. Je lui ai répondu qu’on l’avait seulement aidé mais qu’il était allé se le chercher, raconte Franck Hertoux. C’est un très bon gamin, il est humble, intelligent ». Et disponible : en juin, le club de ses débuts lui a proposé de venir à son tournoi. Ce vendredi, toute l’école de rugby sera présente au Hameau. « Je l’ai contacté pour qu’il vienne nous voir. Il m’a aussitôt répondu gentiment. Il a de très grosses qualités humaines, se sent redevable », apprécie Jean-Charles Dupin. À 18 ans, Zinedine Aouad est déjà conscient aussi de ce que lui a donné le rugby. « J’ai beaucoup voyagé avec mes clubs ou les sélections. On change de ville et de pays souvent. Avant ça, j’étais surtout allé dans ma famille au Maroc. Mon père est né là-bas, ma mère en France. Mais elle a des origines marocaines », sourit le garçon.

Superbe article. On sent une pointe de déception qu'il ait choisi Moga!