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Le Pognon et le Rugby
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Proces-de-l-affaire-laporte-altrad-jour-de-naufrage/1353068
Procès de l'affaire Laporte-Altrad : jour de naufrage
Au deuxième jour d'audience, Bernard Laporte fut le premier des prévenus à passer à la barre. Pendant trois heures, il a donné l'impression de se noyer sous les questions de la présidente et de s'enliser dans son déni des problèmes posés par son contrat d'image personnel avec le groupe Altrad.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
À l'entrée de la salle du tribunal, d'aimables policiers en armes et gilets pare-balles vous rappellent la loi, que nul n'est censé ignorer bien sûr : en France, il est interdit d'enregistrer une audience. Et c'est dommage, car nous ne serons pas en mesure de recenser, de manière précise, le nombre de fois où, face aux interrogations de la présidente de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Rose-Marie Hunault, Bernard Laporte a répondu : « Je ne sais pas », « Non, je ne l'ai pas lu », « Il faut voir avec le secrétaire général, M. Dullin ».
Le procès dit de l'affaire Laporte-Altrad a réellement commencé jeudi. Enfin. Il était 15 h 53 quand la présidente a demandé au président de la Fédération française de rugby de se raconter à la barre. Balayée l'affaire des fadettes de la veille, évacuée la longue lecture du rapport de synthèse par le tribunal. Debout, devant le pupitre, en costume sombre, Laporte fait face à la juge et ses deux assesseurs. Le moment tant attendu après plus de quatre années d'enquête. Sur sa gauche, les procureurs. À sa droite, la greffière et, devant elle, Me Versini, son conseil, d'aucun secours pour ce qui allait suivre. Toujours aussi prévenante, d'une naïveté revendiquée sur les choses du rugby dont on comprendra très vite que c'était sans importance sur le fond du dossier, et sans doute partiellement faux, la présidente a pris le temps d'écouter, pendant trois heures, Bernard Laporte sur son parcours, de l'école de rugby de Gaillac au secrétariat d'État aux Sports, jusqu'à la présidence de la Fédération.
Puis l'interrogatoire a commencé avec en préambule la déclaration liminaire de l'ancien demi de mêlée de Bègles : « D'abord, bien sûr, je rejette en bloc toutes les accusations. » Il voulait rendre au rugby ce qu'il lui avait donné, le sauver du déclin en marche, de sa mort même, des plus petits clubs amateurs jusqu'à la grande équipe de France. Il a aussi parlé de ses efforts pour moderniser l'institution, relancer la compétitivité de l'équipe de France, permettre aux écoles de rugby d'avoir des chasubles et des ballons. Il a surtout ressuscité un comité d'éthique en état de mort cérébrale, selon lui, avant son élection. Et tout cela, bien entendu, bénévolement.
Des difficultés avec la gestion de sa propre trésorerie
Mme Hunault l'a rapidement recentré autour de questions plus concrètes ayant trait aux raisons qui l'amenaient devant elle. Et d'abord pourquoi, au regard de la situation financière dégradée de BL Communication à l'époque, étayée par l'audition de sa comptable, le patron de la FFR avait fait le choix de ne pas se salarier alors qu'il en avait la possibilité. « On en a parlé entre nous, d'un commun accord, on ne pouvait être que trois. » La présidente lui demande : « Pourquoi pas ? Vous pensiez vivre de quoi ? » Laporte a reconnu avoir touché le chômage pendant trois ans. Il recevait environ 50 000 euros par an pour siéger à World Rugby et comptait sur ses séminaires rémunérateurs à 10 000 euros HT pour environ 1 heure de prestation, comme l'a souligné Me Colin, son autre conseil. Il est apparu au fil de l'interrogatoire que Bernard Laporte avait aussi des difficultés avec la gestion de sa propre trésorerie.
Ainsi, la procureure Céline Guillet l'interpellait : « Je consulte votre déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et vous avez déclaré des salaires payés par le RCT de 2012 à 2015, mais pas 2016 (année de sa dernière année de contrat). » « Mon contrat s'arrêtait le 30 juin 2016. J'en suis sûr, j'ai terminé sur une défaite en finale. » « C'est une erreur M. Laporte ? », a demandé la magistrate. « Sans doute », a rétorqué le contribuable, immédiatement repris de volée par la présidente du tribunal : « Mais c'est important M. Laporte. » Une énième remarque pour souligner la légèreté et l'inconséquence de l'homme qu'elle avait devant elle, aussi bien dans la gestion de ses affaires privées qu'à la tête d'une institution avec délégation de service public.
« Monsieur, puisque l'on parle de conflit d'intérêts, vous auriez pu, comme précaution, signer une clause
Rose-Marie Hunault, présidente de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris à Bernard Laporte
C'est à 17 h 23 que la question du contrat personnel d'image signé avec AIA, la société de Mohed Altrad, par ailleurs président du club de Montpellier, est entrée au coeur de la discussion, avec pour objectif de cerner si le principal prévenu avait conscience d'un potentiel conflit d'intérêts. Le travail de Laporte et de sa défense fut de flécher les fuites dans la presse de ce contrat de 180 000€, qu'il nie avoir voulu tenir secret, vers d'anciens salariés de la FFR, remerciés après son élection, et la Ligue nationale de rugby, avec laquelle il était en guerre politique à l'époque.
Tout au long de l'interrogatoire, Laporte a répété ne pas percevoir le conflit d'intérêts : « Je donnais mon image à l'un des plus beaux fleurons français au niveau mondial, dont l'État possède 11 % des parts. J'ai signé avec AIA, pas avec le club de Montpellier. Quand je donne mon image, les choses sont bien distinctes. Je suis président de la FFR, mais cela n'a rien à voir. Je ne suis pas juriste, je suis désolé, mais dans ma tête les choses sont claires. » C'est la première fois que l'assistance a senti la présidente de la cour s'agacer : « Mais ce n'est pas clair dans le contrat. Vous y êtes présenté aussi comme président de la FFR. C'est l'exploitation de cette image-là, monsieur. Puisque l'on parle de conflit d'intérêts, vous auriez pu, comme précaution, signer une clause. »
Une partie de la salle ouvrait de grands yeux devant le déni répété de l'ancien sélectionneur et les conséquences de ce contrat d'image signé après son élection, dont il ne conçoit pas qu'il aurait un lien gênant avec sa fonction présidentielle. La présidente s'étonne du peu de chose que semble savoir M. Laporte, entre autres, sur ce qu'il devait faire pour le groupe Altrad. Est notamment évoqué le rachat d'une entreprise anglaise par l'homme d'affaires dont Laporte dit ignorer le nom, le secteur d'activité, la localisation...
Mme Hunault est aussi allée le chercher sur les différentes propositions de contrats formulées par M. Altrad. D'abord, la première, d'un montant de 1 120 000€ pour entraîner le MHR dont 120 000€ au titre d'entraîneur, 600 000€ (!) d'image pour des prestations au sein de l'entreprise de M. Altrad et le reste en prime de résultats. « Je n'ai regardé que la ligne du bas », a plaidé Laporte devant la circonspection de la présidente sur le montage de ce contrat. Puis d'enchaîner sur celui signé, d'un montant de 180 000 €. « Il n'y a pas eu de négociation. J'ai reçu une proposition. » A-t-il sondé le service juridique de la FFR ? « Non, répond encore l'intéressé, parce que dans ma tête il n'y a pas de conflit d'intérêts. »
Une nouvelle affirmation démontée par la juge qui illustrait la porosité entre ce contrat personnel avec Mohed Altrad et son rayon d'influence sur les clubs professionnels en tant que président de la FFR : « Il y a la commission d'appel, la possibilité de révoquer la délégation de la Ligue et, on l'a vu dans ce dossier, les reports de matches... » Laporte, lui, ne voyait toujours pas le problème. Jusqu'à ce qu'il soit interrogé sur les abus de bien sociaux qui lui sont reprochés au détriment de BL Communication : « L'infraction, je ne la conteste pas », disait-il, alors que son avocat, Me Versini, plaide la relaxe entière. Reprise des débats, lundi, à 14 heures, avec la suite de l'audition de Bernard Laporte.
Procès de l'affaire Laporte-Altrad : jour de naufrage
Au deuxième jour d'audience, Bernard Laporte fut le premier des prévenus à passer à la barre. Pendant trois heures, il a donné l'impression de se noyer sous les questions de la présidente et de s'enliser dans son déni des problèmes posés par son contrat d'image personnel avec le groupe Altrad.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
À l'entrée de la salle du tribunal, d'aimables policiers en armes et gilets pare-balles vous rappellent la loi, que nul n'est censé ignorer bien sûr : en France, il est interdit d'enregistrer une audience. Et c'est dommage, car nous ne serons pas en mesure de recenser, de manière précise, le nombre de fois où, face aux interrogations de la présidente de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Rose-Marie Hunault, Bernard Laporte a répondu : « Je ne sais pas », « Non, je ne l'ai pas lu », « Il faut voir avec le secrétaire général, M. Dullin ».
Le procès dit de l'affaire Laporte-Altrad a réellement commencé jeudi. Enfin. Il était 15 h 53 quand la présidente a demandé au président de la Fédération française de rugby de se raconter à la barre. Balayée l'affaire des fadettes de la veille, évacuée la longue lecture du rapport de synthèse par le tribunal. Debout, devant le pupitre, en costume sombre, Laporte fait face à la juge et ses deux assesseurs. Le moment tant attendu après plus de quatre années d'enquête. Sur sa gauche, les procureurs. À sa droite, la greffière et, devant elle, Me Versini, son conseil, d'aucun secours pour ce qui allait suivre. Toujours aussi prévenante, d'une naïveté revendiquée sur les choses du rugby dont on comprendra très vite que c'était sans importance sur le fond du dossier, et sans doute partiellement faux, la présidente a pris le temps d'écouter, pendant trois heures, Bernard Laporte sur son parcours, de l'école de rugby de Gaillac au secrétariat d'État aux Sports, jusqu'à la présidence de la Fédération.
Puis l'interrogatoire a commencé avec en préambule la déclaration liminaire de l'ancien demi de mêlée de Bègles : « D'abord, bien sûr, je rejette en bloc toutes les accusations. » Il voulait rendre au rugby ce qu'il lui avait donné, le sauver du déclin en marche, de sa mort même, des plus petits clubs amateurs jusqu'à la grande équipe de France. Il a aussi parlé de ses efforts pour moderniser l'institution, relancer la compétitivité de l'équipe de France, permettre aux écoles de rugby d'avoir des chasubles et des ballons. Il a surtout ressuscité un comité d'éthique en état de mort cérébrale, selon lui, avant son élection. Et tout cela, bien entendu, bénévolement.
Des difficultés avec la gestion de sa propre trésorerie
Mme Hunault l'a rapidement recentré autour de questions plus concrètes ayant trait aux raisons qui l'amenaient devant elle. Et d'abord pourquoi, au regard de la situation financière dégradée de BL Communication à l'époque, étayée par l'audition de sa comptable, le patron de la FFR avait fait le choix de ne pas se salarier alors qu'il en avait la possibilité. « On en a parlé entre nous, d'un commun accord, on ne pouvait être que trois. » La présidente lui demande : « Pourquoi pas ? Vous pensiez vivre de quoi ? » Laporte a reconnu avoir touché le chômage pendant trois ans. Il recevait environ 50 000 euros par an pour siéger à World Rugby et comptait sur ses séminaires rémunérateurs à 10 000 euros HT pour environ 1 heure de prestation, comme l'a souligné Me Colin, son autre conseil. Il est apparu au fil de l'interrogatoire que Bernard Laporte avait aussi des difficultés avec la gestion de sa propre trésorerie.
Ainsi, la procureure Céline Guillet l'interpellait : « Je consulte votre déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et vous avez déclaré des salaires payés par le RCT de 2012 à 2015, mais pas 2016 (année de sa dernière année de contrat). » « Mon contrat s'arrêtait le 30 juin 2016. J'en suis sûr, j'ai terminé sur une défaite en finale. » « C'est une erreur M. Laporte ? », a demandé la magistrate. « Sans doute », a rétorqué le contribuable, immédiatement repris de volée par la présidente du tribunal : « Mais c'est important M. Laporte. » Une énième remarque pour souligner la légèreté et l'inconséquence de l'homme qu'elle avait devant elle, aussi bien dans la gestion de ses affaires privées qu'à la tête d'une institution avec délégation de service public.
« Monsieur, puisque l'on parle de conflit d'intérêts, vous auriez pu, comme précaution, signer une clause
Rose-Marie Hunault, présidente de la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris à Bernard Laporte
C'est à 17 h 23 que la question du contrat personnel d'image signé avec AIA, la société de Mohed Altrad, par ailleurs président du club de Montpellier, est entrée au coeur de la discussion, avec pour objectif de cerner si le principal prévenu avait conscience d'un potentiel conflit d'intérêts. Le travail de Laporte et de sa défense fut de flécher les fuites dans la presse de ce contrat de 180 000€, qu'il nie avoir voulu tenir secret, vers d'anciens salariés de la FFR, remerciés après son élection, et la Ligue nationale de rugby, avec laquelle il était en guerre politique à l'époque.
Tout au long de l'interrogatoire, Laporte a répété ne pas percevoir le conflit d'intérêts : « Je donnais mon image à l'un des plus beaux fleurons français au niveau mondial, dont l'État possède 11 % des parts. J'ai signé avec AIA, pas avec le club de Montpellier. Quand je donne mon image, les choses sont bien distinctes. Je suis président de la FFR, mais cela n'a rien à voir. Je ne suis pas juriste, je suis désolé, mais dans ma tête les choses sont claires. » C'est la première fois que l'assistance a senti la présidente de la cour s'agacer : « Mais ce n'est pas clair dans le contrat. Vous y êtes présenté aussi comme président de la FFR. C'est l'exploitation de cette image-là, monsieur. Puisque l'on parle de conflit d'intérêts, vous auriez pu, comme précaution, signer une clause. »
Une partie de la salle ouvrait de grands yeux devant le déni répété de l'ancien sélectionneur et les conséquences de ce contrat d'image signé après son élection, dont il ne conçoit pas qu'il aurait un lien gênant avec sa fonction présidentielle. La présidente s'étonne du peu de chose que semble savoir M. Laporte, entre autres, sur ce qu'il devait faire pour le groupe Altrad. Est notamment évoqué le rachat d'une entreprise anglaise par l'homme d'affaires dont Laporte dit ignorer le nom, le secteur d'activité, la localisation...
Mme Hunault est aussi allée le chercher sur les différentes propositions de contrats formulées par M. Altrad. D'abord, la première, d'un montant de 1 120 000€ pour entraîner le MHR dont 120 000€ au titre d'entraîneur, 600 000€ (!) d'image pour des prestations au sein de l'entreprise de M. Altrad et le reste en prime de résultats. « Je n'ai regardé que la ligne du bas », a plaidé Laporte devant la circonspection de la présidente sur le montage de ce contrat. Puis d'enchaîner sur celui signé, d'un montant de 180 000 €. « Il n'y a pas eu de négociation. J'ai reçu une proposition. » A-t-il sondé le service juridique de la FFR ? « Non, répond encore l'intéressé, parce que dans ma tête il n'y a pas de conflit d'intérêts. »
Une nouvelle affirmation démontée par la juge qui illustrait la porosité entre ce contrat personnel avec Mohed Altrad et son rayon d'influence sur les clubs professionnels en tant que président de la FFR : « Il y a la commission d'appel, la possibilité de révoquer la délégation de la Ligue et, on l'a vu dans ce dossier, les reports de matches... » Laporte, lui, ne voyait toujours pas le problème. Jusqu'à ce qu'il soit interrogé sur les abus de bien sociaux qui lui sont reprochés au détriment de BL Communication : « L'infraction, je ne la conteste pas », disait-il, alors que son avocat, Me Versini, plaide la relaxe entière. Reprise des débats, lundi, à 14 heures, avec la suite de l'audition de Bernard Laporte.
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Proces-de-l-affaire-laporte-altrad-la-deontologie-oubliee/1353063
Procès de l'affaire Laporte-Altrad : la déontologie oubliée
Avant d'en venir aux faits, la présidente du tribunal a questionné le président de la FFR sur la conscience et la vigilance qu'il porte aux risques de conflit d'intérêts dans le cadre de sa fonction. Et en particulier la charte de déontologie.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
La présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, a pris du temps pour évaluer l'importance concrète, chez Bernard Laporte, des pare-feu anti-conflit d'intérêts dont il aime revendiquer la paternité à la FFR. Elle n'a pas été déçue. « Vous n'êtes pas très curieux M. Laporte, a-t-elle fini par lui dire. Le tribunal l'est davantage. » Nous restituons leur dialogue édifiant autour de la charte de déontologie et du comité d'éthique.
La présidente : J'ai cru comprendre que la Fédération française avait publié une charte d'éthique et de déontologie en 2015 (en octobre), avant votre arrivée à la présidence. Ce n'est pas anodin. L'avez-vous lue ?
M. Laporte : Ah non, je ne l'ai jamais vue. Non, jamais.
La présidente : Qui a écrit la charte de l'élu fédéral (promulguée en 2020 pendant la mandature Laporte) ?
M. Laporte : Ça, je ne sais pas.
La présidente : Est-ce que vous savez si les nouveaux élus l'ont signée ?
M. Laporte : Euh non. C'est nous qui l'avons écrite, les élus de la Fédération. Sous l'égide de Christian Dullin, notre secrétaire général.
La présidente : Excusez-moi mais vous êtes en charge de quoi au sein de la Fédération ?
M. Laporte : Je veux être sur le terrain, je fais entre 120 et 150 déplacements. Je suis quelque part le premier commercial de la FFR. Après, en dehors de ça, je préside le bureau fédéral et le comité directeur. Voilà, c'est ça la mission du président.
La présidente : Il me semble qu'il y a une autre mission essentielle : la régulation. Et dans cette mission, veiller à l'application de la charte de déontologie. Je vous entends et j'ai l'impression que cette mission ne vous concerne pas. Vous êtes pourtant, et c'est un des points importants du dossier, délégataire d'une mission de service public...
M. Laporte : Ah mais si. Quand nous allons dans les clubs, nous leur parlons de tout ça.
La présidente : Comment vous faites pour leur en parler si vous ne l'avez pas lue ?
M. Laporte : Je me doute de ce qu'il y a dans la charte de déontologie. Je ne l'ai pas lue mais je l'imagine. Sur le racisme, sur tout ça, c'est une évidence. Comme la charte qui existe dans le football.
La présidente : Vous n'allez pas me parler de la charte du football alors que vous ne connaissez pas celle du rugby. Depuis que vous êtes président, avez-vous saisi le comité d'éthique de la FFR ?
M. Laporte : Est-ce que je l'ai saisi moi ? Moi, non. La LNR l'a consulté pour une question sur un conflit d'intérêts sur le sponsoring maillot.
La présidente : Vous n'avez jamais été amené à saisir ce comité ? Aucune question éthique ne s'est posée depuis le début de votre présidence ?
M. Laporte : Non.
La présidente : Vous avez fait l'objet d'un contrôle de l'AFA (Agence française anti-corruption), vous le savez comme moi. Suite à cela, la saisine de ce comité, quand on veut donner de l'importance aux choses, passer un message aussi, aurait pu avoir un sens.
M. Laporte : (silence)
La présidente : Ce comité peut-il s'auto-saisir ?
M. Laporte : C'est possible. Ça, je ne sais pas.
La présidente : Pour prévenir les conflits d'intérêts, vous avez fait quelque chose ?
M. Laporte : Le secrétaire général a repris dans les statuts la charte de déontologie du comité olympique. Je pense que c'est bien.
La présidente : Oui, mais le secrétaire général, ce n'est pas vous. »
Procès de l'affaire Laporte-Altrad : la déontologie oubliée
Avant d'en venir aux faits, la présidente du tribunal a questionné le président de la FFR sur la conscience et la vigilance qu'il porte aux risques de conflit d'intérêts dans le cadre de sa fonction. Et en particulier la charte de déontologie.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
La présidente de la 32e chambre correctionnelle, Rose-Marie Hunault, a pris du temps pour évaluer l'importance concrète, chez Bernard Laporte, des pare-feu anti-conflit d'intérêts dont il aime revendiquer la paternité à la FFR. Elle n'a pas été déçue. « Vous n'êtes pas très curieux M. Laporte, a-t-elle fini par lui dire. Le tribunal l'est davantage. » Nous restituons leur dialogue édifiant autour de la charte de déontologie et du comité d'éthique.
La présidente : J'ai cru comprendre que la Fédération française avait publié une charte d'éthique et de déontologie en 2015 (en octobre), avant votre arrivée à la présidence. Ce n'est pas anodin. L'avez-vous lue ?
M. Laporte : Ah non, je ne l'ai jamais vue. Non, jamais.
La présidente : Qui a écrit la charte de l'élu fédéral (promulguée en 2020 pendant la mandature Laporte) ?
M. Laporte : Ça, je ne sais pas.
La présidente : Est-ce que vous savez si les nouveaux élus l'ont signée ?
M. Laporte : Euh non. C'est nous qui l'avons écrite, les élus de la Fédération. Sous l'égide de Christian Dullin, notre secrétaire général.
La présidente : Excusez-moi mais vous êtes en charge de quoi au sein de la Fédération ?
M. Laporte : Je veux être sur le terrain, je fais entre 120 et 150 déplacements. Je suis quelque part le premier commercial de la FFR. Après, en dehors de ça, je préside le bureau fédéral et le comité directeur. Voilà, c'est ça la mission du président.
La présidente : Il me semble qu'il y a une autre mission essentielle : la régulation. Et dans cette mission, veiller à l'application de la charte de déontologie. Je vous entends et j'ai l'impression que cette mission ne vous concerne pas. Vous êtes pourtant, et c'est un des points importants du dossier, délégataire d'une mission de service public...
M. Laporte : Ah mais si. Quand nous allons dans les clubs, nous leur parlons de tout ça.
La présidente : Comment vous faites pour leur en parler si vous ne l'avez pas lue ?
M. Laporte : Je me doute de ce qu'il y a dans la charte de déontologie. Je ne l'ai pas lue mais je l'imagine. Sur le racisme, sur tout ça, c'est une évidence. Comme la charte qui existe dans le football.
La présidente : Vous n'allez pas me parler de la charte du football alors que vous ne connaissez pas celle du rugby. Depuis que vous êtes président, avez-vous saisi le comité d'éthique de la FFR ?
M. Laporte : Est-ce que je l'ai saisi moi ? Moi, non. La LNR l'a consulté pour une question sur un conflit d'intérêts sur le sponsoring maillot.
La présidente : Vous n'avez jamais été amené à saisir ce comité ? Aucune question éthique ne s'est posée depuis le début de votre présidence ?
M. Laporte : Non.
La présidente : Vous avez fait l'objet d'un contrôle de l'AFA (Agence française anti-corruption), vous le savez comme moi. Suite à cela, la saisine de ce comité, quand on veut donner de l'importance aux choses, passer un message aussi, aurait pu avoir un sens.
M. Laporte : (silence)
La présidente : Ce comité peut-il s'auto-saisir ?
M. Laporte : C'est possible. Ça, je ne sais pas.
La présidente : Pour prévenir les conflits d'intérêts, vous avez fait quelque chose ?
M. Laporte : Le secrétaire général a repris dans les statuts la charte de déontologie du comité olympique. Je pense que c'est bien.
La présidente : Oui, mais le secrétaire général, ce n'est pas vous. »
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Re: Le Pognon et le Rugby
Pris les doigts dans un pot de confiture, un gamin ne réagirait pas autrement, en faisant le neuneu de mauvaise foi, mais j'espère bien que c'est le moment où il faudra assumer ses actes, en homme.
Nous ne sommes pas la démocratie la plus intègre, dans certains pays, Laporte n'aurait jamais pu commettre aussi longtemps et en toute impunité, l'ensemble de son œuvre, mais qu'au moins la justice finisse par passer.
Nous ne sommes pas la démocratie la plus intègre, dans certains pays, Laporte n'aurait jamais pu commettre aussi longtemps et en toute impunité, l'ensemble de son œuvre, mais qu'au moins la justice finisse par passer.
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Bernard-laporte-garde-sa-ligne-de-defense-et-nie-avoir-avantage-mohed-altrad-et-montpellier/1353818
Bernard Laporte garde sa ligne de défense et nie avoir avantagé Mohed Altrad et Montpellier
Interrogé entre 14 et 20 heures lundi, le président de la FFR Bernard Laporte n'a pas dévié de sa défense : il a nié toute intervention en faveur de Mohed Altrad et de son club, Montpellier.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Trois jours après une première journée d'audition délicate pour Bernard Laporte, le président de la FFR était de retour à la barre, cette fois pour évoquer les faits qui l'ont conduit devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Une audience fleuve, encore, de plus de 6 heures, que le patron de la FFR a dû tenir debout, face à la juge Rose-Marie Hunault et ses deux assesseurs.
Il s'agissait de déchiffrer les liens entre le grand patron revendiqué du rugby français et le Montpellier Hérault Rugby de Mohed Altrad. Depuis le début de toute cette affaire, l'ancien sélectionneur s'est défendu de tout conflit d'intérêts et donc d'intervention en faveur de Montpellier, insistant sur le fait d'avoir signé son contrat d'image personnel en faveur d'Altrad Investment Authority et non avec le club.
Les reports de match
Montpellier, « c'était un club ami et M. Altrad est quelqu'un de brillant »
En mars 2017, M. Laporte a déjà touché les 180 000 euros du groupe Altrad quand, faisant suite à l'émoi provoqué par la fusion mort-née entre le Racing et le Stade Français, la Ligue décide de reporter les deux rencontres impliquant ces deux équipes : Castres-Stade Français et Montpellier-Racing. Le président du MHR, Mohed Altrad, s'en offusque, tout comme Pierre-Yves Revol, son alter ego castrais. L'accusation reproche à M. Laporte d'avoir présidé et voté au comité directeur et au bureau fédéral exceptionnel qui aboutirent à la réformation de la décision originelle de la LNR puis à son annulation par le tribunal administratif de Versailles.
Le tribunal s'est interrogé sur ce courrier officiel de la FFR à la LNR, soumis en amont à la relecture du président du MHR. Réponse de M. Laporte : « Pourquoi ce courrier ? Si Serge Simon l'a envoyé, c'est que c'était un club ami et que M. Altrad est quelqu'un de brillant. » « Et l'intérêt général dans tout cela ? », a demandé la présidente. Réponse de M. Laporte : « Ce n'est pas moi qui ai demandé cette relecture. » Avant, plus tard, de reconnaître : « A posteriori, ce n'était pas une bonne décision puisque M. Altrad était concerné par cette histoire. »
Quant à la différence de traitement manifestée par M. Laporte entre Montpellier et Castres, la lumière n'a pas jailli pour éclairer nos lanternes. Pourquoi envoyer un arbitre constater le forfait à Montpellier et pas à Castres (a-t-on seulement proposé au CO cette possibilité) ? « Pour moi, les choses étaient claires. Les joueurs du Stade français étaient en grève, pas ceux du Racing, dit Laporte. Leur capitaine, Henry Chavancy, avait déclaré qu'ils voulaient jouer. Son président, M. Lorenzetti (qu'il a plusieurs fois accusé de diriger la Ligue en sous-marin), lui, a dit qu'il ne voulait pas, ce n'est pas acceptable. Où est l'équité sportive ? Castres n'a pas l'effectif pour jouer trois matches en dix jours en cas de report. » Pourquoi dès lors ne pas avoir dépêché un arbitre dans le Tarn et ainsi leur octroyer une victoire par forfait, ce qui aurait eu l'avantage de ne pas dénier le droit de grève aux joueurs du Stade Français qui étaient logiquement prêts à quelques pertes dans leur combat ?
Rose-Marie Hunault a bien sûr demandé à l'accusé si M. Altrad lui avait fait part d'une demande de réformation ? « Non, pas du tout », répondit-il. Elle enchaîna par la lecture d'une déclaration d'Altrad en garde à vue : « Je confirme que Bernard Laporte m'a bien appelé et on est tombés d'accord tous les deux pour que le match soit maintenu. » La présidente : « Il y a deux secondes vous disiez que non. On est en présence d'une petite contradiction, pour ne pas dire une grosse. » Une autre émergea au fil de l'interrogatoire, M. Laporte assurant que si « notre service juridique nous avait dit qu'on ne pouvait pas exercer de réformation comme ça, nous ne l'aurions pas fait ». Avant que le procureur François-Xavier Dulin rappelle une déclaration de M. Lajat, du service juridique de la FFR, très réservé sur la légalité du droit de réforme que vient de lui demander directement M. Altrad.
Gloucester
« Tout le monde était d'emblée pour cette acquisition »
Deuxième carie à explorer : la prise de participation de Mohed Altrad dans le club anglais de Gloucester. Le patron du MHR devait obtenir l'accord de la FFR, nécessaire (mais suffisante) pour porter son ambition devant l'EPCR, l'institution qui régit les Coupes d'Europe de rugby. Le comité directeur de la FFR fera entériner cette décision dès le 14 décembre 2016, soit avant même que l'EPCR ne réclame ce blanc-seing. À ce moment-là, Bernard Laporte n'a pas encore signé le contrat d'image personnel qui le lira avec Altrad Investment Authority. Celui-ci sera acté cinq jours plus tard. Comme tout au long de cette journée et depuis le début de cette affaire, le président de la FFR a martelé : « J'ai signé avec AIA, pas avec Mohed Altrad. Oui, il y a le nom Altrad dans les deux mais ça n'a rien à voir. »
Quant au Gloucester project et à l'arbitrage en faveur de M. Altrad, il a décrit la méthodologie employée : il a d'abord demandé un avis à son service juridique, s'est appuyé sur l'accord favorable de la Fédération anglaise et la décision a été prise en comité directeur, à l'unanimité moins une abstention. « Serge (Simon) les a interrogés (service juridique). On a suivi son avis. Si ç'avait été non, ç'aurait été non. » Il s'est défendu en argumentant qu'il aurait agi de la même manière pour n'importe quel club français : « On est là pour les aider, a-t-il expliqué. Faire du lobbying, ç'aurait été d'appeler tous les présidents des autres fédérations. »
Comme jeudi dernier, la juge s'est attachée à déterminer le niveau de compréhension et de connaissance des enjeux par Bernard Laporte avant qu'il ne statue si vite, en l'occurrence un jour avant que l'EPCR n'en formule la demande, le 15 décembre. L'ancien sélectionneur des Bleus (1999-2007) admettait lui-même qu'à l'époque, il se demandait s'il était envisageable qu'un individu possède des parts dans deux clubs susceptibles de s'affronter en compétition officielle. Puis la juge de l'interroger : « La Fédération anglaise a rendu un avis favorable. Connaissiez-vous le contenu de cet avis ? Pour voter, il faut avoir un maximum d'informations entre les mains... » Apparemment pas.
« Moi, je voulais l'avis du service juridique de la FFR », a rétorqué Laporte, se considérant suffisamment couvert sur le sujet. La note des services dédiés de Marcoussis n'était semble-t-il pas aussi tranchée. « Pas de contre-indication juridique absolue, cela ne veut pas dire avis favorable », a indiqué Mme Hunault. Elle évoquait aussi la transmission de cette note interne à M. Altrad, qu'il pourrait produire devant les instances européennes. Me Vey, conseil de M. Altrad, a rappelé que la situation d'un homme d'affaires actionnaire de deux clubs n'était pas inédite dans le Championnat anglais. L'avocate de Bernard Laporte, Me Colin, faisait lecture, quant à elle, d'une lettre de son client à l'intention de l'EPCR donnant son accord sous réserve de celui des autres organisations (fédérations et ligues concernées) et de la mise en place d'une charte d'éthique.
La question s'est alors posée de savoir pourquoi M. Laporte s'était rendu à Genève, à la réunion de l'EPCR, en lieu et place de Pascal Papé, élu en charge des relations avec cette instance. Le deuxième-ligne international retenu par ses obligations de joueur, l'homme fort du rugby français arguait être en vacances au ski, à Vars, à ce moment-là et à portée de voiture. Une raison un brin différente de celle livrée par Serge Simon en audition : « C'est un dossier politique, il fallait incarner cette politique et Bernard Laporte l'incarnait mieux. » Un assesseur de la juge demanda s'il avait été envisagé par M. Laporte de donner un avis défavorable. « Personne dans le comité directeur n'a posé ce débat. Tout le monde a été d'emblée pour cette acquisition, a poursuivi Laporte. S'il n'y avait pas de contre-indication, on donnait un avis favorable. On n'allait pas aller contre un club français. »
La commission d'appel
« Si j'avais voulu changer la décision, j'aurais demandé de le faire avant »
Après une suspension de séance, le tribunal ouvrit le chapitre de la commission d'appel. Est-ce le temps passé debout ou le poids des arguments de l'accusation, toujours est-il que M. Laporte se laissa aller deux ou trois fois à quelques réactions trahissant de l'énervement. La présidente dut même le gronder. Sur le fond, le président de la FFR campa sur ses positions : « J'ai téléphoné le 30 juin 2017 à M. Simonet, le président de la commission, pour aller à l'information. La séance avait eu lieu le 29, personne n'arrivait à joindre personne et M. Altrad voulait savoir. Il me dit que la décision n'est pas prise, je lui dis de me tenir au courant. » L'accusation, comme le tribunal, égrena les témoignages, dont ceux de deux personnes du service juridique de la FFR, attestant qu'une décision était bien arrêtée le 29 juin.
Mais Laporte resta dans ses rails : « M. Simonet me dit que ce n'est pas décidé, moi je le crois. Je n'ai jamais demandé à baisser les sanctions contre le MHR (après son intervention, l'amende passa de 70 000 à 20 000 € et la suspension du stade pour un match disparut). » Le tribunal demanda à M. Laporte s'il trouvait normal qu'un président de fédération livre des « arguments politiques » - comme les a nommés M. Simonet en audition -, « alors que la décision n'est pas prise comme vous le dites ». Alors que M. Simonet a déclaré aux enquêteurs : « Je ne suis pas innocent, il fait cette démarche dans un certain état d'esprit [...], ces éléments étaient destinés à obtenir une réduction de la sanction. »
M. Laporte répondit : « Il dit ce qu'il veut, et puis vous savez, après quarante heures de garde à vue. » La présidente fouilla dans ses notes. Il s'agissait de la première audition de Simonet. Il lui fut aussi demandé le sens de son message à Simonet sur « le rôle que joue Altrad comme partenaire de France 2023 ». Et aussi s'il avait quelque part conscience que dire à un président de commission « je veux que », « j'espère que le temps où le MHR et Toulon étaient sanctionnés plus lourdement est révolu » pouvaient valoir instructions, chose proscrite par les règlements de la FFR.
Malgré le poids des témoignages, du dehors, du dedans, des supposés « anti » ou des étiquetés neutres, malgré les sept démissions dans cette commission à treize têtes, malgré le témoignage concordant de Peyramaure et Peyrelevade, Laporte tint sa ligne : « Je n'ai influencé personne. » Son avocat, Me Versini, présuma que « c'est sa forme d'élocution » qui peut laisser peut-être penser que. « Oui, on a bien compris cela », répondit la présidente.
Un assesseur, puis la procureure Céline Guillet lui demandèrent pourquoi, alors qu'il était en plein voyage d'affaires au Luxembourg pour le Mondial, il s'était emparé de ce sujet de façon si personnelle, appelant sept fois M. Simonet via de portable de Nicolas Hourquet, qu'il n'avait jamais contacté avant pour un autre dossier. Pourquoi, une fois informé que la décision n'était pas prise, il n'en est pas resté là. « Qu'est-ce qui justifie que vous vous soyez autant appelé avec M. Simonet ? », demanda l'accusation. « On a d'abord parlé du dossier des filles de Bayonne et puis après ç'a été une discussion à bâtons rompus. Si j'avais voulu changer la décision, j'aurais demandé de le faire avant. » L'interrogatoire de M. Laporte se poursuivra ce mardi, à 13 h 30, à propos des partenariats maillot signés avec Altrad.
Bernard Laporte garde sa ligne de défense et nie avoir avantagé Mohed Altrad et Montpellier
Interrogé entre 14 et 20 heures lundi, le président de la FFR Bernard Laporte n'a pas dévié de sa défense : il a nié toute intervention en faveur de Mohed Altrad et de son club, Montpellier.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Trois jours après une première journée d'audition délicate pour Bernard Laporte, le président de la FFR était de retour à la barre, cette fois pour évoquer les faits qui l'ont conduit devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Une audience fleuve, encore, de plus de 6 heures, que le patron de la FFR a dû tenir debout, face à la juge Rose-Marie Hunault et ses deux assesseurs.
Il s'agissait de déchiffrer les liens entre le grand patron revendiqué du rugby français et le Montpellier Hérault Rugby de Mohed Altrad. Depuis le début de toute cette affaire, l'ancien sélectionneur s'est défendu de tout conflit d'intérêts et donc d'intervention en faveur de Montpellier, insistant sur le fait d'avoir signé son contrat d'image personnel en faveur d'Altrad Investment Authority et non avec le club.
Les reports de match
Montpellier, « c'était un club ami et M. Altrad est quelqu'un de brillant »
En mars 2017, M. Laporte a déjà touché les 180 000 euros du groupe Altrad quand, faisant suite à l'émoi provoqué par la fusion mort-née entre le Racing et le Stade Français, la Ligue décide de reporter les deux rencontres impliquant ces deux équipes : Castres-Stade Français et Montpellier-Racing. Le président du MHR, Mohed Altrad, s'en offusque, tout comme Pierre-Yves Revol, son alter ego castrais. L'accusation reproche à M. Laporte d'avoir présidé et voté au comité directeur et au bureau fédéral exceptionnel qui aboutirent à la réformation de la décision originelle de la LNR puis à son annulation par le tribunal administratif de Versailles.
Le tribunal s'est interrogé sur ce courrier officiel de la FFR à la LNR, soumis en amont à la relecture du président du MHR. Réponse de M. Laporte : « Pourquoi ce courrier ? Si Serge Simon l'a envoyé, c'est que c'était un club ami et que M. Altrad est quelqu'un de brillant. » « Et l'intérêt général dans tout cela ? », a demandé la présidente. Réponse de M. Laporte : « Ce n'est pas moi qui ai demandé cette relecture. » Avant, plus tard, de reconnaître : « A posteriori, ce n'était pas une bonne décision puisque M. Altrad était concerné par cette histoire. »
Quant à la différence de traitement manifestée par M. Laporte entre Montpellier et Castres, la lumière n'a pas jailli pour éclairer nos lanternes. Pourquoi envoyer un arbitre constater le forfait à Montpellier et pas à Castres (a-t-on seulement proposé au CO cette possibilité) ? « Pour moi, les choses étaient claires. Les joueurs du Stade français étaient en grève, pas ceux du Racing, dit Laporte. Leur capitaine, Henry Chavancy, avait déclaré qu'ils voulaient jouer. Son président, M. Lorenzetti (qu'il a plusieurs fois accusé de diriger la Ligue en sous-marin), lui, a dit qu'il ne voulait pas, ce n'est pas acceptable. Où est l'équité sportive ? Castres n'a pas l'effectif pour jouer trois matches en dix jours en cas de report. » Pourquoi dès lors ne pas avoir dépêché un arbitre dans le Tarn et ainsi leur octroyer une victoire par forfait, ce qui aurait eu l'avantage de ne pas dénier le droit de grève aux joueurs du Stade Français qui étaient logiquement prêts à quelques pertes dans leur combat ?
Rose-Marie Hunault a bien sûr demandé à l'accusé si M. Altrad lui avait fait part d'une demande de réformation ? « Non, pas du tout », répondit-il. Elle enchaîna par la lecture d'une déclaration d'Altrad en garde à vue : « Je confirme que Bernard Laporte m'a bien appelé et on est tombés d'accord tous les deux pour que le match soit maintenu. » La présidente : « Il y a deux secondes vous disiez que non. On est en présence d'une petite contradiction, pour ne pas dire une grosse. » Une autre émergea au fil de l'interrogatoire, M. Laporte assurant que si « notre service juridique nous avait dit qu'on ne pouvait pas exercer de réformation comme ça, nous ne l'aurions pas fait ». Avant que le procureur François-Xavier Dulin rappelle une déclaration de M. Lajat, du service juridique de la FFR, très réservé sur la légalité du droit de réforme que vient de lui demander directement M. Altrad.
Gloucester
« Tout le monde était d'emblée pour cette acquisition »
Deuxième carie à explorer : la prise de participation de Mohed Altrad dans le club anglais de Gloucester. Le patron du MHR devait obtenir l'accord de la FFR, nécessaire (mais suffisante) pour porter son ambition devant l'EPCR, l'institution qui régit les Coupes d'Europe de rugby. Le comité directeur de la FFR fera entériner cette décision dès le 14 décembre 2016, soit avant même que l'EPCR ne réclame ce blanc-seing. À ce moment-là, Bernard Laporte n'a pas encore signé le contrat d'image personnel qui le lira avec Altrad Investment Authority. Celui-ci sera acté cinq jours plus tard. Comme tout au long de cette journée et depuis le début de cette affaire, le président de la FFR a martelé : « J'ai signé avec AIA, pas avec Mohed Altrad. Oui, il y a le nom Altrad dans les deux mais ça n'a rien à voir. »
Quant au Gloucester project et à l'arbitrage en faveur de M. Altrad, il a décrit la méthodologie employée : il a d'abord demandé un avis à son service juridique, s'est appuyé sur l'accord favorable de la Fédération anglaise et la décision a été prise en comité directeur, à l'unanimité moins une abstention. « Serge (Simon) les a interrogés (service juridique). On a suivi son avis. Si ç'avait été non, ç'aurait été non. » Il s'est défendu en argumentant qu'il aurait agi de la même manière pour n'importe quel club français : « On est là pour les aider, a-t-il expliqué. Faire du lobbying, ç'aurait été d'appeler tous les présidents des autres fédérations. »
Comme jeudi dernier, la juge s'est attachée à déterminer le niveau de compréhension et de connaissance des enjeux par Bernard Laporte avant qu'il ne statue si vite, en l'occurrence un jour avant que l'EPCR n'en formule la demande, le 15 décembre. L'ancien sélectionneur des Bleus (1999-2007) admettait lui-même qu'à l'époque, il se demandait s'il était envisageable qu'un individu possède des parts dans deux clubs susceptibles de s'affronter en compétition officielle. Puis la juge de l'interroger : « La Fédération anglaise a rendu un avis favorable. Connaissiez-vous le contenu de cet avis ? Pour voter, il faut avoir un maximum d'informations entre les mains... » Apparemment pas.
« Moi, je voulais l'avis du service juridique de la FFR », a rétorqué Laporte, se considérant suffisamment couvert sur le sujet. La note des services dédiés de Marcoussis n'était semble-t-il pas aussi tranchée. « Pas de contre-indication juridique absolue, cela ne veut pas dire avis favorable », a indiqué Mme Hunault. Elle évoquait aussi la transmission de cette note interne à M. Altrad, qu'il pourrait produire devant les instances européennes. Me Vey, conseil de M. Altrad, a rappelé que la situation d'un homme d'affaires actionnaire de deux clubs n'était pas inédite dans le Championnat anglais. L'avocate de Bernard Laporte, Me Colin, faisait lecture, quant à elle, d'une lettre de son client à l'intention de l'EPCR donnant son accord sous réserve de celui des autres organisations (fédérations et ligues concernées) et de la mise en place d'une charte d'éthique.
La question s'est alors posée de savoir pourquoi M. Laporte s'était rendu à Genève, à la réunion de l'EPCR, en lieu et place de Pascal Papé, élu en charge des relations avec cette instance. Le deuxième-ligne international retenu par ses obligations de joueur, l'homme fort du rugby français arguait être en vacances au ski, à Vars, à ce moment-là et à portée de voiture. Une raison un brin différente de celle livrée par Serge Simon en audition : « C'est un dossier politique, il fallait incarner cette politique et Bernard Laporte l'incarnait mieux. » Un assesseur de la juge demanda s'il avait été envisagé par M. Laporte de donner un avis défavorable. « Personne dans le comité directeur n'a posé ce débat. Tout le monde a été d'emblée pour cette acquisition, a poursuivi Laporte. S'il n'y avait pas de contre-indication, on donnait un avis favorable. On n'allait pas aller contre un club français. »
La commission d'appel
« Si j'avais voulu changer la décision, j'aurais demandé de le faire avant »
Après une suspension de séance, le tribunal ouvrit le chapitre de la commission d'appel. Est-ce le temps passé debout ou le poids des arguments de l'accusation, toujours est-il que M. Laporte se laissa aller deux ou trois fois à quelques réactions trahissant de l'énervement. La présidente dut même le gronder. Sur le fond, le président de la FFR campa sur ses positions : « J'ai téléphoné le 30 juin 2017 à M. Simonet, le président de la commission, pour aller à l'information. La séance avait eu lieu le 29, personne n'arrivait à joindre personne et M. Altrad voulait savoir. Il me dit que la décision n'est pas prise, je lui dis de me tenir au courant. » L'accusation, comme le tribunal, égrena les témoignages, dont ceux de deux personnes du service juridique de la FFR, attestant qu'une décision était bien arrêtée le 29 juin.
Mais Laporte resta dans ses rails : « M. Simonet me dit que ce n'est pas décidé, moi je le crois. Je n'ai jamais demandé à baisser les sanctions contre le MHR (après son intervention, l'amende passa de 70 000 à 20 000 € et la suspension du stade pour un match disparut). » Le tribunal demanda à M. Laporte s'il trouvait normal qu'un président de fédération livre des « arguments politiques » - comme les a nommés M. Simonet en audition -, « alors que la décision n'est pas prise comme vous le dites ». Alors que M. Simonet a déclaré aux enquêteurs : « Je ne suis pas innocent, il fait cette démarche dans un certain état d'esprit [...], ces éléments étaient destinés à obtenir une réduction de la sanction. »
M. Laporte répondit : « Il dit ce qu'il veut, et puis vous savez, après quarante heures de garde à vue. » La présidente fouilla dans ses notes. Il s'agissait de la première audition de Simonet. Il lui fut aussi demandé le sens de son message à Simonet sur « le rôle que joue Altrad comme partenaire de France 2023 ». Et aussi s'il avait quelque part conscience que dire à un président de commission « je veux que », « j'espère que le temps où le MHR et Toulon étaient sanctionnés plus lourdement est révolu » pouvaient valoir instructions, chose proscrite par les règlements de la FFR.
Malgré le poids des témoignages, du dehors, du dedans, des supposés « anti » ou des étiquetés neutres, malgré les sept démissions dans cette commission à treize têtes, malgré le témoignage concordant de Peyramaure et Peyrelevade, Laporte tint sa ligne : « Je n'ai influencé personne. » Son avocat, Me Versini, présuma que « c'est sa forme d'élocution » qui peut laisser peut-être penser que. « Oui, on a bien compris cela », répondit la présidente.
Un assesseur, puis la procureure Céline Guillet lui demandèrent pourquoi, alors qu'il était en plein voyage d'affaires au Luxembourg pour le Mondial, il s'était emparé de ce sujet de façon si personnelle, appelant sept fois M. Simonet via de portable de Nicolas Hourquet, qu'il n'avait jamais contacté avant pour un autre dossier. Pourquoi, une fois informé que la décision n'était pas prise, il n'en est pas resté là. « Qu'est-ce qui justifie que vous vous soyez autant appelé avec M. Simonet ? », demanda l'accusation. « On a d'abord parlé du dossier des filles de Bayonne et puis après ç'a été une discussion à bâtons rompus. Si j'avais voulu changer la décision, j'aurais demandé de le faire avant. » L'interrogatoire de M. Laporte se poursuivra ce mardi, à 13 h 30, à propos des partenariats maillot signés avec Altrad.
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Laporte-face-aux-contradictions/1353990
Laporte face aux contradictions
Interrogé sur les conditions d'attribution du partenariat maillot du quinze de France au groupe Altrad en 2017, le président de la FFR a parfois eu du mal à garder son calme, mardi, lors du troisième jour du procès.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Mardi, pour le troisième jour, Bernard Laporte était entendu sur les conditions d'attribution du partenariat maillot de l'équipe de France au groupe Altrad : d'abord sous forme de mention apparaissant sous le logo #France2023 by Altrad, puis comme sponsor officiel floqué sur le torse des Bleus. « C'est Claude Atcher, via Score XV, qui avait pour mission d'aller chercher des partenaires. Et il a soumis l'idée de faire porter cette candidature par une entreprise. Nous avons fait une présentation devant les grands partenaires de la Fédération (à l'exception de BMW) qui nous ont unanimement répondu qu'ils n'avaient pas les budgets et qu'ils ne voyaient pas l'intérêt de figurer sous ce France 2023. » Pas si simple apparemment.
La réunion de la discorde
Cette présentation, lors d'une réunion en date du 3 février 2017, constitue le point de départ des contradictions soulevées par la présidente du tribunal, à commencer par la perception qu'en avaient eu les sponsors ce jour-là. « J'y étais. Ils ont été consultés. À partir du moment où nos partenaires ne veulent pas nous donner de l'argent, on va en chercher. C'est du commerce. Je suis désolé », martèle Laporte. « Apparemment, eux considèrent qu'il ne s'agissait pas d'une consultation préalable », répond la juge après lecture du courrier commun de mécontentement envoyé par les sponsors majeurs à la FFR.
Un point repris par le procureur François-Xavier Dulin, se référant à son tour à des courriels : « Quand on regarde les mails transmis à M. Simon, tous disent avoir découvert dans la presse qu'Altrad devenait le partenaire maillot. » Agacé, le débit mitraillette enclenché, Laporte garde son cap : « Cette réunion a existé. C'est Claude Atcher qui l'a présentée. Le prix n'a pas été évoqué. Alors peut-être qu'ils ont été surpris par l'article : Altrad devient sponsor de l'équipe de France » Une version pas tout à fait raccord avec celle de Serge Simon, vice-président chargé du marketing, qui déclarait en garde à vue qu'il n'avait pas été question d'un espace sur le maillot lors de cette réunion de Londres. Claude Atcher, pour sa part, disait avoir évoqué un soutien par une simple lettre à l'ambition fédérale sans la matérialiser.
Qui fait quoi ?
Mêmes difficultés pour cerner qui faisait quoi dans la construction du premier partenariat. « Dans votre audition, vous dites que c'est M. Simon qui menait les négociations, alors qu'à la barre, vous nous expliquez que c'est M. Atcher, pose Rose-Marie Hunault, avant d'enchaîner : En quoi consistaient les frais de sponsoring ? »« À payer tous les frais de la candidature », argue Laporte.
« Ce n'est pas ce qui est dans le contrat », relève du tac-au-tac la présidente, avant de poursuivre : « Qui a proposé la somme ? »« C'est Claude, redit Laporte. Moi je ne suis pas capable de vous dire que cela vaut 1,5 M€. Je sais que M. Altrad vous a dit que c'était moi, mais il s'est trompé. » Les questions pleuvent, précises : « M. Atcher dit qu'il a fait une analyse marketing. Elle existe ? » poursuit-elle. « Moi je ne l'ai pas, c'est Claude qui a estimé le prix. » Le sujet rebondit sur l'absence d'appel d'offres.
Du côté de la défense, on estime qu'en qualité de société privée, la démarche de mise en concurrence n'est pas nécessaire. « On devait aller vite, on n'avait que quatre mois (pour le second contrat, un appel d'offres de deux semaines a été jugé suffisant) et personne ne voulait nous soutenir, indique Laporte S'il y avait eu un partenaire à 2,5 M€, on serait allés vers lui. » La présidente cingle : « Justement ! Pour savoir si c'est bien le seul, autant effectuer un appel d'offres, non ? Cette urgence ne vous a-t-elle pas conduit à aller vers celui que vous connaissiez ? »
La procureure Céline Guillet questionne à son tour l'origine de ce partenariat : « En garde à vue, M. Altrad a déclaré : "Il s'agissait d'une opportunité pour le groupe Altrad de soutenir la candidature de la France. Elle a été évoquée entre M. Laporte et moi-même, soit à l'occasion d'un rendez-vous, soit au téléphone. Nous avons négocié un prix et sommes parvenus à 1,5 M € pour 5 à 7 matches. Au sein de la Fédération, mon seul interlocuteur a été M. Laporte." » Version contredite immédiatement par Laporte : « Je l'ai dit, il se trompe. Je suis désolé mais il se trompe. »
C'est combien le maillot ?
Le sujet du maillot du quinze de France s'immisce ensuite dans les débats. Un « dossier Serge Simon », selon le président de la FFR. À ce moment-là, Bernard Laporte a déjà signé son contrat personnel avec AIA et empoché la somme (180 000 euros). Une étude valorisée à hauteur de 9,9 M€ par saison est présentée aux partenaires majeurs (Orange, Société Générale, BMW, GMF).
Chacun répond par la négative. « Le groupe AIA a fait une offre bien moindre, déclare Laporte. Claude m'appelle pour me dire qu'Altrad propose 5,4 M€ plus des primes, et c'est MOI qui dis que ça n'est pas assez et qui dis que l'on redéfinit un prix pour le présenter à tous les partenaires », insiste Laporte. « À qui l'avez-vous dit ? », intervient la juge. « À Serge et Claude. »« Le souci, c'est que le dossier ne dit pas du tout ça : quand M. Atcher échange avec M. Altrad par mail, il donne un accord de principe », indique Mme Hunault. Laporte se défend alors d'avoir eu connaissance de ce mail, répète qu'il ne se voyait pas aller défendre un tarif si faible en bureau fédéral.
On lui présente une autre correspondance entre Atcher et Altrad. Il n'est pas en copie mais il s'agit d'une proposition de rencontre pour sceller le deal. « Je suis contre ce mail,s'érige alors Laporte. C'est le bureau fédéral qui doit être d'accord. Et celui qui a dit non, c'est MOI ! » La présidente continue : « Pourquoi M. Atcher n'a pas entendu votre "non" ? Vous êtes en copie du mail suivant, sur votre adresse BL Communication (sa société qui a contracté avec AIA). C'est une réponse de M. Altrad qui se félicite de l'accord à l'été 2017. Puis il explique qu'il a consulté ses avocats- ce qui n'est pas banal - et c'est lui qui demande qu'un appel d'offres soit publié. Vous vous en rappelez ? »
Nouveau trou de mémoire de l'ancien demi de mêlée : « Je ne me souviens pas si c'est lui [...] Mais encore une fois, je n'ai pas validé ce contrat. » Qui semble pourtant ficelé, comme en attestait un autre mail de Claude Atcher à Delphine Violette, salariée en charge du marketing : « Tu trouveras le dernier tableau validé avec notre partenaire. »
Le cas Bayon
Pour lancer la mise en concurrence, la FFR fait alors appel à un avocat spécialisé : Me Bayon, connaissance de l'épouse de Bernard Laporte. Il travaille gracieusement pour l'institution avant de se retrouver aussi conseiller de Mohed Altrad. « Quand je m'aperçois qu'il joue un double jeu, je lui dis qu'il ne peut pas être des deux côtés de la barrière », tempête Laporte. « C'est Mme Violette qui s'en aperçoit », rétorque Mme Hunault. « Oui c'est possible », convint-il. « Mais Me Bayon joue un double jeu, c'est une certitude. »
La présidente de la 32e chambre fait alors lecture d'un courriel de M. Altrad demandant à Bernard Laporte de l'orienter vers un avocat pour le conseiller sur les appels d'offres. Et c'est ce dernier, pourtant hostile au double jeu, qui lui indiquera alors Me Bayon, qui deviendra donc conseiller du vendeur et de l'acheteur du maillot des Bleus. Le procureur François-Xavier Dulin exhume ensuite deux autres courriels.
Le premier, dans lequel l'avocat Bayon conseillait Laporte sur son attitude à adopter publiquement après la polémique née de son contrat personnel avec le patron du MHR, le second à M. Altrad sur sa position au sein du groupe. Le magistrat souligne encore l'envoi à Me Bayon, via Claude Atcher, de l'intégralité des contrats de partenariats de la FFR : « Comment expliquez-vous qu'on envoie ces documents confidentiels à un concurrent qui va concourir à une procédure de mise en concurrence ? insiste M. Dulin. Comment envoyer l'intégralité de ces pièces à un avocat sans contrat qui travaille pour deux personnes, et dont vous ne savez rien ? »« À l'époque, je croyais qu'il était avec nous », se justifie Laporte.
Une surprenante note manuscrite, retrouvée chez Mohed Altrad, fait également surface à l'audience, à l'initiative de Mme Hunault. Retrouvée avant le dépôt des offres, celle-ci traitait du prix de base fixée auprès de M. Altrad pour le maillot, mais surtout de la stratégie élaborée pour permettre à AIA de s'aligner si des concurrents venaient à répondre à l'appel d'offres lancé sur le site de la FFR (du 30/10/17 au 16/11/17). « Pour vous, il n'y a donc pas eu d'information ? », interrogea la juge. « Non, absolument pas, s'emporte encore le patron de la FFR. C'est un menteur ! »
Laporte face aux contradictions
Interrogé sur les conditions d'attribution du partenariat maillot du quinze de France au groupe Altrad en 2017, le président de la FFR a parfois eu du mal à garder son calme, mardi, lors du troisième jour du procès.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Mardi, pour le troisième jour, Bernard Laporte était entendu sur les conditions d'attribution du partenariat maillot de l'équipe de France au groupe Altrad : d'abord sous forme de mention apparaissant sous le logo #France2023 by Altrad, puis comme sponsor officiel floqué sur le torse des Bleus. « C'est Claude Atcher, via Score XV, qui avait pour mission d'aller chercher des partenaires. Et il a soumis l'idée de faire porter cette candidature par une entreprise. Nous avons fait une présentation devant les grands partenaires de la Fédération (à l'exception de BMW) qui nous ont unanimement répondu qu'ils n'avaient pas les budgets et qu'ils ne voyaient pas l'intérêt de figurer sous ce France 2023. » Pas si simple apparemment.
La réunion de la discorde
Cette présentation, lors d'une réunion en date du 3 février 2017, constitue le point de départ des contradictions soulevées par la présidente du tribunal, à commencer par la perception qu'en avaient eu les sponsors ce jour-là. « J'y étais. Ils ont été consultés. À partir du moment où nos partenaires ne veulent pas nous donner de l'argent, on va en chercher. C'est du commerce. Je suis désolé », martèle Laporte. « Apparemment, eux considèrent qu'il ne s'agissait pas d'une consultation préalable », répond la juge après lecture du courrier commun de mécontentement envoyé par les sponsors majeurs à la FFR.
Un point repris par le procureur François-Xavier Dulin, se référant à son tour à des courriels : « Quand on regarde les mails transmis à M. Simon, tous disent avoir découvert dans la presse qu'Altrad devenait le partenaire maillot. » Agacé, le débit mitraillette enclenché, Laporte garde son cap : « Cette réunion a existé. C'est Claude Atcher qui l'a présentée. Le prix n'a pas été évoqué. Alors peut-être qu'ils ont été surpris par l'article : Altrad devient sponsor de l'équipe de France » Une version pas tout à fait raccord avec celle de Serge Simon, vice-président chargé du marketing, qui déclarait en garde à vue qu'il n'avait pas été question d'un espace sur le maillot lors de cette réunion de Londres. Claude Atcher, pour sa part, disait avoir évoqué un soutien par une simple lettre à l'ambition fédérale sans la matérialiser.
Qui fait quoi ?
Mêmes difficultés pour cerner qui faisait quoi dans la construction du premier partenariat. « Dans votre audition, vous dites que c'est M. Simon qui menait les négociations, alors qu'à la barre, vous nous expliquez que c'est M. Atcher, pose Rose-Marie Hunault, avant d'enchaîner : En quoi consistaient les frais de sponsoring ? »« À payer tous les frais de la candidature », argue Laporte.
« Ce n'est pas ce qui est dans le contrat », relève du tac-au-tac la présidente, avant de poursuivre : « Qui a proposé la somme ? »« C'est Claude, redit Laporte. Moi je ne suis pas capable de vous dire que cela vaut 1,5 M€. Je sais que M. Altrad vous a dit que c'était moi, mais il s'est trompé. » Les questions pleuvent, précises : « M. Atcher dit qu'il a fait une analyse marketing. Elle existe ? » poursuit-elle. « Moi je ne l'ai pas, c'est Claude qui a estimé le prix. » Le sujet rebondit sur l'absence d'appel d'offres.
Du côté de la défense, on estime qu'en qualité de société privée, la démarche de mise en concurrence n'est pas nécessaire. « On devait aller vite, on n'avait que quatre mois (pour le second contrat, un appel d'offres de deux semaines a été jugé suffisant) et personne ne voulait nous soutenir, indique Laporte S'il y avait eu un partenaire à 2,5 M€, on serait allés vers lui. » La présidente cingle : « Justement ! Pour savoir si c'est bien le seul, autant effectuer un appel d'offres, non ? Cette urgence ne vous a-t-elle pas conduit à aller vers celui que vous connaissiez ? »
La procureure Céline Guillet questionne à son tour l'origine de ce partenariat : « En garde à vue, M. Altrad a déclaré : "Il s'agissait d'une opportunité pour le groupe Altrad de soutenir la candidature de la France. Elle a été évoquée entre M. Laporte et moi-même, soit à l'occasion d'un rendez-vous, soit au téléphone. Nous avons négocié un prix et sommes parvenus à 1,5 M € pour 5 à 7 matches. Au sein de la Fédération, mon seul interlocuteur a été M. Laporte." » Version contredite immédiatement par Laporte : « Je l'ai dit, il se trompe. Je suis désolé mais il se trompe. »
C'est combien le maillot ?
Le sujet du maillot du quinze de France s'immisce ensuite dans les débats. Un « dossier Serge Simon », selon le président de la FFR. À ce moment-là, Bernard Laporte a déjà signé son contrat personnel avec AIA et empoché la somme (180 000 euros). Une étude valorisée à hauteur de 9,9 M€ par saison est présentée aux partenaires majeurs (Orange, Société Générale, BMW, GMF).
Chacun répond par la négative. « Le groupe AIA a fait une offre bien moindre, déclare Laporte. Claude m'appelle pour me dire qu'Altrad propose 5,4 M€ plus des primes, et c'est MOI qui dis que ça n'est pas assez et qui dis que l'on redéfinit un prix pour le présenter à tous les partenaires », insiste Laporte. « À qui l'avez-vous dit ? », intervient la juge. « À Serge et Claude. »« Le souci, c'est que le dossier ne dit pas du tout ça : quand M. Atcher échange avec M. Altrad par mail, il donne un accord de principe », indique Mme Hunault. Laporte se défend alors d'avoir eu connaissance de ce mail, répète qu'il ne se voyait pas aller défendre un tarif si faible en bureau fédéral.
On lui présente une autre correspondance entre Atcher et Altrad. Il n'est pas en copie mais il s'agit d'une proposition de rencontre pour sceller le deal. « Je suis contre ce mail,s'érige alors Laporte. C'est le bureau fédéral qui doit être d'accord. Et celui qui a dit non, c'est MOI ! » La présidente continue : « Pourquoi M. Atcher n'a pas entendu votre "non" ? Vous êtes en copie du mail suivant, sur votre adresse BL Communication (sa société qui a contracté avec AIA). C'est une réponse de M. Altrad qui se félicite de l'accord à l'été 2017. Puis il explique qu'il a consulté ses avocats- ce qui n'est pas banal - et c'est lui qui demande qu'un appel d'offres soit publié. Vous vous en rappelez ? »
Nouveau trou de mémoire de l'ancien demi de mêlée : « Je ne me souviens pas si c'est lui [...] Mais encore une fois, je n'ai pas validé ce contrat. » Qui semble pourtant ficelé, comme en attestait un autre mail de Claude Atcher à Delphine Violette, salariée en charge du marketing : « Tu trouveras le dernier tableau validé avec notre partenaire. »
Le cas Bayon
Pour lancer la mise en concurrence, la FFR fait alors appel à un avocat spécialisé : Me Bayon, connaissance de l'épouse de Bernard Laporte. Il travaille gracieusement pour l'institution avant de se retrouver aussi conseiller de Mohed Altrad. « Quand je m'aperçois qu'il joue un double jeu, je lui dis qu'il ne peut pas être des deux côtés de la barrière », tempête Laporte. « C'est Mme Violette qui s'en aperçoit », rétorque Mme Hunault. « Oui c'est possible », convint-il. « Mais Me Bayon joue un double jeu, c'est une certitude. »
La présidente de la 32e chambre fait alors lecture d'un courriel de M. Altrad demandant à Bernard Laporte de l'orienter vers un avocat pour le conseiller sur les appels d'offres. Et c'est ce dernier, pourtant hostile au double jeu, qui lui indiquera alors Me Bayon, qui deviendra donc conseiller du vendeur et de l'acheteur du maillot des Bleus. Le procureur François-Xavier Dulin exhume ensuite deux autres courriels.
Le premier, dans lequel l'avocat Bayon conseillait Laporte sur son attitude à adopter publiquement après la polémique née de son contrat personnel avec le patron du MHR, le second à M. Altrad sur sa position au sein du groupe. Le magistrat souligne encore l'envoi à Me Bayon, via Claude Atcher, de l'intégralité des contrats de partenariats de la FFR : « Comment expliquez-vous qu'on envoie ces documents confidentiels à un concurrent qui va concourir à une procédure de mise en concurrence ? insiste M. Dulin. Comment envoyer l'intégralité de ces pièces à un avocat sans contrat qui travaille pour deux personnes, et dont vous ne savez rien ? »« À l'époque, je croyais qu'il était avec nous », se justifie Laporte.
Une surprenante note manuscrite, retrouvée chez Mohed Altrad, fait également surface à l'audience, à l'initiative de Mme Hunault. Retrouvée avant le dépôt des offres, celle-ci traitait du prix de base fixée auprès de M. Altrad pour le maillot, mais surtout de la stratégie élaborée pour permettre à AIA de s'aligner si des concurrents venaient à répondre à l'appel d'offres lancé sur le site de la FFR (du 30/10/17 au 16/11/17). « Pour vous, il n'y a donc pas eu d'information ? », interrogea la juge. « Non, absolument pas, s'emporte encore le patron de la FFR. C'est un menteur ! »
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Altrad-laporte-la-guerre-des-clans-avec-la-ligue/1354055
Altrad-Laporte, la guerre des clans avec la Ligue
L'audition de Mohed Altrad s'est poursuivie jusque tard mardi soir au tribunal correctionnel de Paris. Le président de Montpellier a notamment développé la thèse d'un conflit ouvert avec la Ligue comme point de départ de toute cette affaire.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Sans regarder sa montre, la présidente de la 32e Chambre correctionnelle de Paris, Rose-Marie Hunault, a donné du temps à Mohed Altrad, mardi, pour raconter une vie comme il en existe peu, la sienne. Au bout de 45 minutes de préambule, elle a tout de même rappelé le prévenu à des considérations plus terre à terre. S'il parle à ce pupitre, c'est qu'il est poursuivi pour corruption active, trafic d'influence et abus de biens sociaux. « Je vais dire toute la vérité. C'est la première fois que je me retrouve accusé dans un tribunal. Si je suis là, c'est que, pour vous, j'ai dû faire quelque chose que je n'aurais pas dû faire. [...] Que je suis l'homme qui a porté atteinte à l'harmonie des hommes. »
Sur nos bancs, on a assez vite saisi deux axes forts de l'argumentaire du président du MHR : il éprouve une certaine défiance envers les usages d'un procès de ce type, en particulier envers les deux procureurs du Parquet national financier (PNF) et il rejoint, glaive à la main, la coalition de Bernard Laporte et de ses conseils pour orienter les débats vers une « guerre » avec la Ligue (LNR).
« Madame la procureure, je ne sais pas si vous lisez la totalité des documents. Vous cherchez à bâtir un scénario, une fiction. Je ne veux plus vous répondre. C'est une forme de torture psychologique ce que vous faites. »
Mohed Altrad
Concernant le premier point, M. Altrad n'a pas mis longtemps à livrer le fond de sa pensée sur ceux qui sont chargés de porter l'accusation : « Je suppose qu'il (le procureur M. Dulin) va chercher à m'acculer au fond d'une pièce, à me déstabiliser. [...] Il y a votre monde, celui des juges, celui des procureurs, et un autre monde qui s'appelle le rugby. Vous (les procureurs) lisez des documents et faites des scénarios pour chercher la faille. Vous, Mme la présidente, je vous remercie de votre écoute. Vous, madame la procureure, je ne sais pas si vous lisez la totalité des documents. Vous cherchez à bâtir un scénario, une fiction. Je ne veux plus vous répondre. C'est une forme de torture psychologique ce que vous faites. » La présidente se sentit obligée d'intervenir : « C'est moi qui vous interromps : que vous critiquiez le fonctionnement de la justice, c'est votre droit. Mais ce n'est pas le lieu pour le faire. Vous avez le droit de ne pas répondre mais madame la procureure est légitime à poser les questions qu'elle pose. »
S'agissant de la « guerre » avec la LNR et son ancien président Paul Goze, Laporte et ses avocats avaient déjà défriché le terrain. La semaine dernière, Me Versini avait évoqué, sans plus de détails, les « gorges profondes » qui avaient fait fuiter les premiers éléments de l'affaire au JDD. Puis tendu une perche à M. Laporte pour qu'il accrédite cette thèse d'une conspiration téléguidée par la LNR.
La perche, M. Laporte ne l'a pas tellement saisie. Quand la procureure Céline Guillet, pour nommer les choses, « pour ne pas mettre dans la bouche de M. Laporte des choses qu'ils n'auraient pas en tête », lui a demandé de préciser sa pensée sur le scénario - déjà ancien - d'un informateur de la Ligue ayant tout fomenté, il déclara : « Ah non, non, je ne sais pas. Je ne suis pas sûr du tout. »
Interrogé mardi sur le courrier de la FFR à la LNR qui fut soumis à sa relecture préalable et à ses amendements, M. Altrad embraya sur la « guerre » des clans avec la Ligue : « C'est pas possible d'être conciliant avec eux. Ils ont fait des choses pas propres. Si j'interviens contre le report des matches en 2017, c'est pour servir une cause nationale qui concerne la jeunesse de la France. » La présidente lui fera remarquer que ses « corrections n'ont rien à voir avec le cas personnel du MHR » alors qu'il disait agir sous cette seule casquette. Le procureur lui demanda si ce n'est pas surtout les 5 points d'une victoire par forfait qui l'animaient. Réponse : « Les joueurs étaient habillés, ils avaient les crampons, je voulais aller au bout pour démontrer qu'il ne faut pas m'offenser. »
Absence de prestation de Laporte en contrepartie des 180 000 euros de contrat d'image
Concernant le versement en une fois, à la signature, des 180 000 euros du contrat d'image avec Bernard Laporte, Me Vey, conseil de M. Altrad, informa que ce n'était pas une norme. Par exemple, pour celui signé avec Fabien Galthié quand il entraînait le MHR, un premier acompte a été versé tout de suite, pas la totalité. L'avocat d'Anticor s'étonna ensuite « que vous payiez l'intégralité d'un contrat qui doit durer un an et, de février à fin septembre, il n'y a aucune prestation, vous ne trouvez jamais une occasion pour utiliser son image, il ne se passe rien. » « M. Laporte était très occupé, indique M. Altrad. Vous savez, le groupe Altrad a invité les plus grands de ce monde : Tony Blair, Jean-Pierre Raffarin, François Léotard. Monsieur et madame Obama devaient venir mais, avec le Covid, ça n'a pas été possible. Ils ont été payés pour chaque prestation. »
Le problème, soulevé par l'avocat d'Anticor puis la présidente, c'est justement l'absence de toute prestation de M. Laporte. Le président du MHR évoqua alors les venues de M. Laporte à Montpellier du temps où l'idée qu'il en devienne l'entraîneur était encore dans l'air. « Il a pris des contacts avec l'équipe ? », questionna la présidente. « Non, avec moi. On regardait tout. Par exemple s'il fallait changer des sièges dans les tribunes. »
Rose-Marie Hunault s'étonna d'autre chose : « Vous nous avez parlé des valeurs qui vous sont chères. Mais quand M. Laporte fait du lobbying pour votre projet de rachat de Gloucester, il a aussi la particularité d'être président de la FFR, d'avoir un droit de vote. Pour la commission d'appel (dont la décision a été changée dans un sens favorable au MHR), pourquoi vous l'appelez lui ? Pourquoi vous ne laissez pas faire votre conseil ? Quelle était l'urgence ? »
Réponse de M. Altrad : « Pour le prochain match. »
La présidente : « Oui mais le prochain match était en septembre et là nous parlons du mois de juin. J'aimerais comprendre l'urgence. »
Mohed Altrad : « Je ne peux pas vous dire les motivations, je ne me souviens plus. »
La présidente : « L'éthique commandait quoi ? »
Mohed Altrad : « Ne pas appeler »
La présidente : « Et vous ne lui avez pas dit de ne pas le faire ? »
Mohed Altrad : « Je ne fais pas de leçon d'éthique dans tous mes appels téléphoniques. »
Le président du MHR nie fermement avoir été lié à Bernard Laporte par un pacte de corruption. « À partir de ce contrat d'image, on me prête des dons divins pour voir que des matches vont être reportés... C'est une construction. Je suis intègre. Je n'ai pas vu le mal. » À ce titre, son avocat fit remarquer que « la logique d'un pacte de corruption eut été de contacter M. Laporte en premier pour le projet Gloucester ; or M. Altrad a d'abord contacté la fédération anglaise. » « Cette opération, poursuit M. Altrad, a été enclenchée avant l'arrivée de Laporte à la présidence. Je lui en ai parlé en octobre ou novembre 2016. »
« Et vous en avez parlé aussi à M. Camou (président de la FFR à l'époque) à ce moment-là ? » « Non », répond Altrad. « Donc, vous nous dites que vous évoquez ce projet avec un candidat à la FFR (Laporte) et non avec M. Camou. C'est ça qu'il faut comprendre ? »
À 23 heures, la présidente décida de suspendre l'audience. Pour s'adapter à l'agenda de son avocat, l'interrogatoire de M. Altrad, cette fois sur les partenariats maillot, reprendra lundi.
Altrad-Laporte, la guerre des clans avec la Ligue
L'audition de Mohed Altrad s'est poursuivie jusque tard mardi soir au tribunal correctionnel de Paris. Le président de Montpellier a notamment développé la thèse d'un conflit ouvert avec la Ligue comme point de départ de toute cette affaire.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Sans regarder sa montre, la présidente de la 32e Chambre correctionnelle de Paris, Rose-Marie Hunault, a donné du temps à Mohed Altrad, mardi, pour raconter une vie comme il en existe peu, la sienne. Au bout de 45 minutes de préambule, elle a tout de même rappelé le prévenu à des considérations plus terre à terre. S'il parle à ce pupitre, c'est qu'il est poursuivi pour corruption active, trafic d'influence et abus de biens sociaux. « Je vais dire toute la vérité. C'est la première fois que je me retrouve accusé dans un tribunal. Si je suis là, c'est que, pour vous, j'ai dû faire quelque chose que je n'aurais pas dû faire. [...] Que je suis l'homme qui a porté atteinte à l'harmonie des hommes. »
Sur nos bancs, on a assez vite saisi deux axes forts de l'argumentaire du président du MHR : il éprouve une certaine défiance envers les usages d'un procès de ce type, en particulier envers les deux procureurs du Parquet national financier (PNF) et il rejoint, glaive à la main, la coalition de Bernard Laporte et de ses conseils pour orienter les débats vers une « guerre » avec la Ligue (LNR).
« Madame la procureure, je ne sais pas si vous lisez la totalité des documents. Vous cherchez à bâtir un scénario, une fiction. Je ne veux plus vous répondre. C'est une forme de torture psychologique ce que vous faites. »
Mohed Altrad
Concernant le premier point, M. Altrad n'a pas mis longtemps à livrer le fond de sa pensée sur ceux qui sont chargés de porter l'accusation : « Je suppose qu'il (le procureur M. Dulin) va chercher à m'acculer au fond d'une pièce, à me déstabiliser. [...] Il y a votre monde, celui des juges, celui des procureurs, et un autre monde qui s'appelle le rugby. Vous (les procureurs) lisez des documents et faites des scénarios pour chercher la faille. Vous, Mme la présidente, je vous remercie de votre écoute. Vous, madame la procureure, je ne sais pas si vous lisez la totalité des documents. Vous cherchez à bâtir un scénario, une fiction. Je ne veux plus vous répondre. C'est une forme de torture psychologique ce que vous faites. » La présidente se sentit obligée d'intervenir : « C'est moi qui vous interromps : que vous critiquiez le fonctionnement de la justice, c'est votre droit. Mais ce n'est pas le lieu pour le faire. Vous avez le droit de ne pas répondre mais madame la procureure est légitime à poser les questions qu'elle pose. »
S'agissant de la « guerre » avec la LNR et son ancien président Paul Goze, Laporte et ses avocats avaient déjà défriché le terrain. La semaine dernière, Me Versini avait évoqué, sans plus de détails, les « gorges profondes » qui avaient fait fuiter les premiers éléments de l'affaire au JDD. Puis tendu une perche à M. Laporte pour qu'il accrédite cette thèse d'une conspiration téléguidée par la LNR.
La perche, M. Laporte ne l'a pas tellement saisie. Quand la procureure Céline Guillet, pour nommer les choses, « pour ne pas mettre dans la bouche de M. Laporte des choses qu'ils n'auraient pas en tête », lui a demandé de préciser sa pensée sur le scénario - déjà ancien - d'un informateur de la Ligue ayant tout fomenté, il déclara : « Ah non, non, je ne sais pas. Je ne suis pas sûr du tout. »
Interrogé mardi sur le courrier de la FFR à la LNR qui fut soumis à sa relecture préalable et à ses amendements, M. Altrad embraya sur la « guerre » des clans avec la Ligue : « C'est pas possible d'être conciliant avec eux. Ils ont fait des choses pas propres. Si j'interviens contre le report des matches en 2017, c'est pour servir une cause nationale qui concerne la jeunesse de la France. » La présidente lui fera remarquer que ses « corrections n'ont rien à voir avec le cas personnel du MHR » alors qu'il disait agir sous cette seule casquette. Le procureur lui demanda si ce n'est pas surtout les 5 points d'une victoire par forfait qui l'animaient. Réponse : « Les joueurs étaient habillés, ils avaient les crampons, je voulais aller au bout pour démontrer qu'il ne faut pas m'offenser. »
Absence de prestation de Laporte en contrepartie des 180 000 euros de contrat d'image
Concernant le versement en une fois, à la signature, des 180 000 euros du contrat d'image avec Bernard Laporte, Me Vey, conseil de M. Altrad, informa que ce n'était pas une norme. Par exemple, pour celui signé avec Fabien Galthié quand il entraînait le MHR, un premier acompte a été versé tout de suite, pas la totalité. L'avocat d'Anticor s'étonna ensuite « que vous payiez l'intégralité d'un contrat qui doit durer un an et, de février à fin septembre, il n'y a aucune prestation, vous ne trouvez jamais une occasion pour utiliser son image, il ne se passe rien. » « M. Laporte était très occupé, indique M. Altrad. Vous savez, le groupe Altrad a invité les plus grands de ce monde : Tony Blair, Jean-Pierre Raffarin, François Léotard. Monsieur et madame Obama devaient venir mais, avec le Covid, ça n'a pas été possible. Ils ont été payés pour chaque prestation. »
Le problème, soulevé par l'avocat d'Anticor puis la présidente, c'est justement l'absence de toute prestation de M. Laporte. Le président du MHR évoqua alors les venues de M. Laporte à Montpellier du temps où l'idée qu'il en devienne l'entraîneur était encore dans l'air. « Il a pris des contacts avec l'équipe ? », questionna la présidente. « Non, avec moi. On regardait tout. Par exemple s'il fallait changer des sièges dans les tribunes. »
Rose-Marie Hunault s'étonna d'autre chose : « Vous nous avez parlé des valeurs qui vous sont chères. Mais quand M. Laporte fait du lobbying pour votre projet de rachat de Gloucester, il a aussi la particularité d'être président de la FFR, d'avoir un droit de vote. Pour la commission d'appel (dont la décision a été changée dans un sens favorable au MHR), pourquoi vous l'appelez lui ? Pourquoi vous ne laissez pas faire votre conseil ? Quelle était l'urgence ? »
Réponse de M. Altrad : « Pour le prochain match. »
La présidente : « Oui mais le prochain match était en septembre et là nous parlons du mois de juin. J'aimerais comprendre l'urgence. »
Mohed Altrad : « Je ne peux pas vous dire les motivations, je ne me souviens plus. »
La présidente : « L'éthique commandait quoi ? »
Mohed Altrad : « Ne pas appeler »
La présidente : « Et vous ne lui avez pas dit de ne pas le faire ? »
Mohed Altrad : « Je ne fais pas de leçon d'éthique dans tous mes appels téléphoniques. »
Le président du MHR nie fermement avoir été lié à Bernard Laporte par un pacte de corruption. « À partir de ce contrat d'image, on me prête des dons divins pour voir que des matches vont être reportés... C'est une construction. Je suis intègre. Je n'ai pas vu le mal. » À ce titre, son avocat fit remarquer que « la logique d'un pacte de corruption eut été de contacter M. Laporte en premier pour le projet Gloucester ; or M. Altrad a d'abord contacté la fédération anglaise. » « Cette opération, poursuit M. Altrad, a été enclenchée avant l'arrivée de Laporte à la présidence. Je lui en ai parlé en octobre ou novembre 2016. »
« Et vous en avez parlé aussi à M. Camou (président de la FFR à l'époque) à ce moment-là ? » « Non », répond Altrad. « Donc, vous nous dites que vous évoquez ce projet avec un candidat à la FFR (Laporte) et non avec M. Camou. C'est ça qu'il faut comprendre ? »
À 23 heures, la présidente décida de suspendre l'audience. Pour s'adapter à l'agenda de son avocat, l'interrogatoire de M. Altrad, cette fois sur les partenariats maillot, reprendra lundi.
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Serge-simon-un-vice-president-tres-politique-entendu-dans-l-affaire-laporte/1354213
Serge Simon, un vice-président très politique entendu dans l'affaire Laporte
Le vice-président de la FFR, discours huilé et verbe haut, est venu se décrire en victime d'erreur judiciaire, arguant avoir agi par calcul politique et non sous influence.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Le débit s'est emballé, la voix s'est mise à gronder : « Qu'est-ce que je fais là ? Je n'ai toujours pas compris ce que je faisais là. Les gens me demandent aussi ce que je fais là. Je n'ai pas de contrat avec M. Mohed Altrad. Alors de là à me retrouver en correctionnelle ? On me prête des intentions sordides, vénales, mais j'ai agi dans l'intérêt supérieur du rugby. » C'était au tour de Serge Simon, mercredi, d'être entendu par la 32e chambre pour des faits présumés de prise illégale d'intérêts. Avant d'entrer en scène, le vice-président de la Fédération française de rugby avait tourné en rond dans la salle d'audience, rat de laboratoire perfusé au stress, trépignant en attendant la fin du témoignage du directeur général de la FFR Laurent Gabbanini.
Le stress, justement, fut un point-clé de son propos liminaire, cette performance oratoire qui ouvre l'audition et donne au prévenu un espace de libre antenne à la discrétion de la juge. Il s'excusa d'ailleurs de ce qu'il pourrait être long. Et il le fut : « Je voulais vous partager mon état d'esprit, contrasté, inconfortable, non pas pour susciter de la compassion, mais c'est un moment capital pour moi et j'espère être à la hauteur. Ce n'est pas simple, mais je vais tenter de vous démontrer mon absolue et totale innocence. Il ne faut pas que je me loupe, cela me stresse, ce moment je l'attends depuis cinq ans, c'est la première fois que je peux m'expliquer. » Ce n'est pas faute de lui avoir tendu des perches, souvent. Mais passons.
« J'ai l'impression d'avoir été jugé deux fois et condamné deux fois, lâche-t-il, théâtral. Une première fois par la tempête médiatique et une seconde lors de l'enquête préliminaire où j'ai été traité comme un voyou : on m'a mis sur écoute, j'ai été perquisitionné par des policiers en armes à 6 h du matin chez moi, avec mes enfants. J'ai dormi en prison (à propos de sa garde à vue). Et puis si j'étais condamné, le conseil de l'ordre des médecins pourrait m'empêcher d'exercer. » L'exercice sied au prévenu, ex-homme de média. Sa faconde, parfois surjouée, reste aussi large que ses épaules. Le tribunal a eu droit au spectre tout entier : de son extrême obligeance avec Rose-Marie Hunault, la présidente, à une certaine forme de condescendance (« je dois être idiot, pourtant d'habitude je comprends vite ; les bras m'en tombent »), jusqu'à de l'agressivité envers le procureur, François-Xavier Dulin, qui dut le signaler au tribunal : « Que les avocats de la défense chahutent le ministère, soit. Mais qu'un prévenu nous manque de respect... Vous êtes le premier à se comporter ainsi. »
"Il y avait un peu de malice de ma part
Serge Simon
En dépit de sa façon de la vivre ou d'en ressentir son traitement, cette journée du procès Laporte-Altrad était loin d'être centrale dans la globalité de l'affaire. Il s'agissait d'établir si, et pourquoi, le vice-président de la FFR a demandé à ce que des arbitres soient envoyés à Montpellier pour attester du forfait éventuel du Racing 92, après le report des matches Castres - Stade Français et Montpellier - Racing 92 (prévus le 18 mars 2017), prononcé par la Ligue nationale de rugby, mais pas à Castres. Toute sa démonstration a consisté à établir un contexte (déjà bien compris) de relations explosives avec la LNR et une construction intellectuelle politique, par éducation et culture revendiquées, qui le conduit à tout envisager par ce prisme.
Simon a brandi l'intérêt supérieur du rugby, érigé les calendriers sportifs en tables de la loi que seuls les désordres climatiques et les pandémies mondiales peuvent ébranler sous peine de mettre en péril l'équité sportive et fait une distinction très claire entre une grève d'un côté (Stade Français) et rien de l'autre. Il a surtout martelé que c'était Joël Dumé, directeur technique national de l'arbitrage à l'époque, le donneur d'ordre et non lui. Cité comme témoin par Simon, Dumé n'est pas venu, comme le regrettait Me Blazy, conseil du prévenu. L'argumentaire restait savant, recevable par certains aspects mais n'épargnait pas le fondateur du syndicat des joueurs de se retrouver sous un flot de questions ramenant le débat toujours à la même interrogation : sa démarche était-elle sincère et désintéressée ou prise sous l'influence de président du MHR, Mohed Altrad, devenu partenaire commercial de la Fédération quelques jours plus tôt.
Une relation qu'a cherché à illustrer Rose-Marie Hunault en brandissant un courrier de la FFR à destination de la Ligue, d'abord envoyé en correction à Altrad. « C'était pour des raisons politiques. Je cherchais à l'emmener avec nous. Il y avait un peu de malice de ma part. Mais il n'a dû toucher qu'à l'orthographe. »
« Non monsieur Simon, factuellement, ce n'est pas exact », rétorqua la présidente avant de souligner que le patron du MHR avait musclé la tonalité du projet de correspondance. Simon opine, se rattrape de sa « malice » en invoquant une convergence de vues servant son combat contre la LNR. La politique, encore et toujours, l'intérêt supérieur du rugby qu'il serait le seul à servir et, au bout de 2 h 15 d'interrogatoire, une conviction impossible à se forger sur les faits qui lui sont reprochés.
Gabbanini, témoin n° 1
Directeur général adjoint de la FFR à l'époque des faits, directeur général aujourd'hui, Laurent Gabbanini est venu témoigner mercredi à la barre à la demande de Bernard Laporte. Après avoir évoqué « les améliorations apportées suite au contrôle de l'Agence française anti-corruption entre 2019 et 2020 », il a été interrogé sur la chronologie des faits liée à la modification des sanctions de la Commission d'appel du 29 juin 2017. Celle intervenue postérieurement aux échanges entre Laporte et Jean-Daniel Simonet, président de cette « juridiction » fédérale. Gabbanini a lui-même rédigé une chronologie, répondant à une commande du ministère des Sports. On comprend qu'elle a épousé « sans l'ombre d'une nuance » (dixit la présidente), la version de Simonet, au détriment de celle, divergente, des salariés concernés du service juridique de la FFR. Plus tard, le procureur s'étonna fortement que Gabbanini ait envoyé le mémoire en défense du MHR (avant cette fameuse séance du 29 juin) à l'avocat de la FFR « pour une analyse du dossier du MHR ». Cette intervention déclencha la houle sur les bancs de la défense. Rigolard en désignant le procureur, Bernard Laporte s'exclama : « Eh oui, il joue sa carrière lui ! »
Serge Simon, un vice-président très politique entendu dans l'affaire Laporte
Le vice-président de la FFR, discours huilé et verbe haut, est venu se décrire en victime d'erreur judiciaire, arguant avoir agi par calcul politique et non sous influence.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Le débit s'est emballé, la voix s'est mise à gronder : « Qu'est-ce que je fais là ? Je n'ai toujours pas compris ce que je faisais là. Les gens me demandent aussi ce que je fais là. Je n'ai pas de contrat avec M. Mohed Altrad. Alors de là à me retrouver en correctionnelle ? On me prête des intentions sordides, vénales, mais j'ai agi dans l'intérêt supérieur du rugby. » C'était au tour de Serge Simon, mercredi, d'être entendu par la 32e chambre pour des faits présumés de prise illégale d'intérêts. Avant d'entrer en scène, le vice-président de la Fédération française de rugby avait tourné en rond dans la salle d'audience, rat de laboratoire perfusé au stress, trépignant en attendant la fin du témoignage du directeur général de la FFR Laurent Gabbanini.
Le stress, justement, fut un point-clé de son propos liminaire, cette performance oratoire qui ouvre l'audition et donne au prévenu un espace de libre antenne à la discrétion de la juge. Il s'excusa d'ailleurs de ce qu'il pourrait être long. Et il le fut : « Je voulais vous partager mon état d'esprit, contrasté, inconfortable, non pas pour susciter de la compassion, mais c'est un moment capital pour moi et j'espère être à la hauteur. Ce n'est pas simple, mais je vais tenter de vous démontrer mon absolue et totale innocence. Il ne faut pas que je me loupe, cela me stresse, ce moment je l'attends depuis cinq ans, c'est la première fois que je peux m'expliquer. » Ce n'est pas faute de lui avoir tendu des perches, souvent. Mais passons.
« J'ai l'impression d'avoir été jugé deux fois et condamné deux fois, lâche-t-il, théâtral. Une première fois par la tempête médiatique et une seconde lors de l'enquête préliminaire où j'ai été traité comme un voyou : on m'a mis sur écoute, j'ai été perquisitionné par des policiers en armes à 6 h du matin chez moi, avec mes enfants. J'ai dormi en prison (à propos de sa garde à vue). Et puis si j'étais condamné, le conseil de l'ordre des médecins pourrait m'empêcher d'exercer. » L'exercice sied au prévenu, ex-homme de média. Sa faconde, parfois surjouée, reste aussi large que ses épaules. Le tribunal a eu droit au spectre tout entier : de son extrême obligeance avec Rose-Marie Hunault, la présidente, à une certaine forme de condescendance (« je dois être idiot, pourtant d'habitude je comprends vite ; les bras m'en tombent »), jusqu'à de l'agressivité envers le procureur, François-Xavier Dulin, qui dut le signaler au tribunal : « Que les avocats de la défense chahutent le ministère, soit. Mais qu'un prévenu nous manque de respect... Vous êtes le premier à se comporter ainsi. »
"Il y avait un peu de malice de ma part
Serge Simon
En dépit de sa façon de la vivre ou d'en ressentir son traitement, cette journée du procès Laporte-Altrad était loin d'être centrale dans la globalité de l'affaire. Il s'agissait d'établir si, et pourquoi, le vice-président de la FFR a demandé à ce que des arbitres soient envoyés à Montpellier pour attester du forfait éventuel du Racing 92, après le report des matches Castres - Stade Français et Montpellier - Racing 92 (prévus le 18 mars 2017), prononcé par la Ligue nationale de rugby, mais pas à Castres. Toute sa démonstration a consisté à établir un contexte (déjà bien compris) de relations explosives avec la LNR et une construction intellectuelle politique, par éducation et culture revendiquées, qui le conduit à tout envisager par ce prisme.
Simon a brandi l'intérêt supérieur du rugby, érigé les calendriers sportifs en tables de la loi que seuls les désordres climatiques et les pandémies mondiales peuvent ébranler sous peine de mettre en péril l'équité sportive et fait une distinction très claire entre une grève d'un côté (Stade Français) et rien de l'autre. Il a surtout martelé que c'était Joël Dumé, directeur technique national de l'arbitrage à l'époque, le donneur d'ordre et non lui. Cité comme témoin par Simon, Dumé n'est pas venu, comme le regrettait Me Blazy, conseil du prévenu. L'argumentaire restait savant, recevable par certains aspects mais n'épargnait pas le fondateur du syndicat des joueurs de se retrouver sous un flot de questions ramenant le débat toujours à la même interrogation : sa démarche était-elle sincère et désintéressée ou prise sous l'influence de président du MHR, Mohed Altrad, devenu partenaire commercial de la Fédération quelques jours plus tôt.
Une relation qu'a cherché à illustrer Rose-Marie Hunault en brandissant un courrier de la FFR à destination de la Ligue, d'abord envoyé en correction à Altrad. « C'était pour des raisons politiques. Je cherchais à l'emmener avec nous. Il y avait un peu de malice de ma part. Mais il n'a dû toucher qu'à l'orthographe. »
« Non monsieur Simon, factuellement, ce n'est pas exact », rétorqua la présidente avant de souligner que le patron du MHR avait musclé la tonalité du projet de correspondance. Simon opine, se rattrape de sa « malice » en invoquant une convergence de vues servant son combat contre la LNR. La politique, encore et toujours, l'intérêt supérieur du rugby qu'il serait le seul à servir et, au bout de 2 h 15 d'interrogatoire, une conviction impossible à se forger sur les faits qui lui sont reprochés.
Gabbanini, témoin n° 1
Directeur général adjoint de la FFR à l'époque des faits, directeur général aujourd'hui, Laurent Gabbanini est venu témoigner mercredi à la barre à la demande de Bernard Laporte. Après avoir évoqué « les améliorations apportées suite au contrôle de l'Agence française anti-corruption entre 2019 et 2020 », il a été interrogé sur la chronologie des faits liée à la modification des sanctions de la Commission d'appel du 29 juin 2017. Celle intervenue postérieurement aux échanges entre Laporte et Jean-Daniel Simonet, président de cette « juridiction » fédérale. Gabbanini a lui-même rédigé une chronologie, répondant à une commande du ministère des Sports. On comprend qu'elle a épousé « sans l'ombre d'une nuance » (dixit la présidente), la version de Simonet, au détriment de celle, divergente, des salariés concernés du service juridique de la FFR. Plus tard, le procureur s'étonna fortement que Gabbanini ait envoyé le mémoire en défense du MHR (avant cette fameuse séance du 29 juin) à l'avocat de la FFR « pour une analyse du dossier du MHR ». Cette intervention déclencha la houle sur les bancs de la défense. Rigolard en désignant le procureur, Bernard Laporte s'exclama : « Eh oui, il joue sa carrière lui ! »
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Score-xv-la-boite-a-soucis-de-claude-atcher-et-benoit-rover/1354425
Score XV, la boîte à soucis de Claude Atcher et Benoît Rover
Claude Atcher et Benoît Rover ont comparu jeudi après-midi pour répondre à la fois d'une mission à la FFR et d'une gestion erratique de leur société.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Il n'y a pas de bon ou mauvais moment pour comparaître devant la 32e chambre correctionnelle mais Claude Atcher, interrogé jeudi pour la première fois, doit trouver le sien spécialement exécrable. Mis à pied à la suite d'un premier rapport confirmant un management brutal et des risques psychosociaux, il a été déchu de son poste de directeur général du Groupement d'intérêt public 2023 il y a treize jours.
Bientôt, il devrait être entendu par l'Inspection générale des Finances, qui mène une enquête sur de possibles dysfonctionnements du temps où il commandait le GIP. Entre les deux, le voilà qui doit répondre d'un recel d'abus de confiance supposément commis par Bernard Laporte. Le sujet : une prestation d'aide à la gouvernance de la FFR, commanditée à la société Score XV pour un montant de 21 000 € HT, dont le Parquet national financier doute de l'effectivité.
Depuis le premier jour, Claude Atcher a assisté à tous les débats, ou presque tous, assis à la droite de Bernard Laporte. Tout ce temps-là, on ne l'a jamais vu se départir de son masque sombre ni desserrer la mâchoire.
« Cette mission ? C'est parce que j'avais vécu la Coupe du monde 2007 en France et que j'en avais tiré une leçon sur le manque de fluidité dans les relations FFR-GIP, dit Atcher. J'ai rendu à la fin un mémoire "Ensemble, réussir 2023" que j'ai présenté moi-même aux salariés de la Fédération. »
La présidente, Rose-Marie Hunault, signale qu'à la lecture de ce document, « on ne voit pas le contenu sur l'aide à la gouvernance à proprement parler, sur les propositions d'un plan stratégique pour la FFR ». Atcher admet alors que « le libellé de la mission n'est pas assez précis » tout en assurant que la commande a été respectée.
Ce qui chiffonne la présidente, c'est que ce devis n'a pas la netteté d'un contrat. Ni sur les raisons ayant conduit à fixer ce prix et pas un autre (côté Laporte, comme côté Score XV), ni sur l'élaboration d'un avenant prévoyant deux choses pourtant déconnectées : d'abord, une prime de 30 000 €, qui sera versée à la société en récompense de la victoire de la candidature française pour l'organisation de la Coupe du monde, ensuite le versement de 20 249,81 € de frais (somme contestée par Atcher et son co-prévenu Benoît Rover, gérant de Score XV à l'époque) qui ne semblaient être prévus nulle part.
« Pour moi, le tarif de la prestation est même sous-évalué, avance Atcher. S'agissant des frais, il s'agit de l'augmentation de ma facture de téléphone. Il est vrai que ça ne figurait pas dans le bon de commande, mais c'est un usage. J'ai fait le tour du monde. Après, il y a des restaurants, des taxis... » Claude Atcher s'exprime sans éclats de voix, calmement. Il a la réponse ou dégage commodément vers Rover.
Des questions sans réponse de la part du « contractant »
Arrive Benoît Rover. Dès sa première phrase, il étouffe un sanglot, se reprend : « C'est un sport qui m'a donné tout ce que j'ai. J'ai un père absent, donc ce sont mes éducateurs qui... » La fin de la phrase se dissout dans l'émotion. Contrairement aux quatre autres prévenus, il n'est pas une personnalité publique. À propos de la prestation au coeur des débats, il dit : « On n'a jamais détaillé le nombre de jour-homme à l'heure, on n'est pas capables de ça à Score XV. Mais pour moi, on n'était pas cher. Un contrat plus détaillé aurait-il été préférable ? Vous savez, pendant mes années à Score XV, le conseil juridique, c'était Google. C'était mon meilleur ami. »
Bernard Laporte vient à la barre. La présidente a l'air d'attendre davantage d'éléments concrets de la part du « contractant » FFR. Elle n'en obtiendra pas. « Quand vous voyez ce devis, vous trouvez que vous avez assez d'informations pour apprécier le prix, la question des frais ? » Réponse de Laporte : « Je trouvais que ce n'était pas cher. » Elle insiste : « Vous, en tant que responsable, vous ne demandez pas plus d'informations sur ce que vous payez ? » Il renvoie à son trésorier : « Il ne m'a jamais dit qu'on ne prenait pas en charge ces frais-là. »
Le tribunal en vient à examiner les accusations d'abus de biens sociaux dont font l'objet MM. Atcher et Rover. Et nous entrons dans la chronique d'une petite boîte à la dérive, qui écope, qui écope et qui, selon le PNF, souffrirait d'une phobie administrative. « L'intégralité de Score XV EST un abus de bien social », résume le procureur François-Xavier Dulin. « Dans ce cas-là, ça ne sert à rien d'entendre Claude Atcher », réplique Me Lasek, son conseil. « Ah mais si, au contraire », insiste le procureur.
« Je faisais des vols de douze heures vers l'Asie, j'avais le corps meurtri et j'ai demandé un accompagnant physique »
Claude Atcher
Dans ce dossier, il fallait avant tout clarifier un point important : si la gestion de droit, assumée par M. Rover, ne pose aucune difficulté, le PNF considère que la gestion de fait incombait à Atcher. « Quand on est deux dans une société, il y a bien sûr une porosité », convient Atcher. « Je n'étais pas un gérant de paille, affirme Rover. On prenait les décisions à deux. » Le procureur lira au tribunal un mail de Rover à Atcher qui lèvera les derniers doutes.
Venons-en à présent à l'énumération des abus de biens sociaux reprochés : la crèche de la fille d'Atcher ; les 6 000 euros versés à son fils Baptiste ; le paiement de loyers à la SCI appartenant à la femme de Claude Atcher et sa belle-soeur, alors que Score XV n'occupait plus ces lieux ; le paiement de coaching de gym pour Atcher (« je faisais des vols de douze heures vers l'Asie, j'avais le corps meurtri et j'ai demandé un accompagnant physique ») ; le paiement d'un loyer comme avantage en nature alors que, selon le ministère public, Atcher ne travaillait plus pour la société mais pour le GIP.
Sur ce dernier point, le prévenu est formel : quand il a pris ses fonctions au GIP, Score XV lui devait de l'argent et, plutôt que de lui émettre un chèque, il a été décidé de prolonger la prise en charge de son loyer. « Je ne savais pas que c'était interdit », dit Rover. On en arrive à l'accusation de travail dissimulé par dissimulation d'activités qui pèse (lourdement) sur MM. Rover et Atcher, Score XV ayant manqué, selon le PNF, à ses obligations de déclarations fiscales et sociales depuis 2015.
Pour toute réponse, Atcher invitera le tribunal à demander à Benoît Rover. « La comptabilité de Score XV, ce n'est pas simple, convient ce dernier. On a toujours été en retard mais je n'ai jamais coupé le contact avec les administrations. Je sais que je suis fautif de ce retard. » Le procureur intervient : « Ce n'est pas parce que vous appelez votre percepteur pour lui dire que vous allez lui envoyer votre déclaration que cela vaut déclaration. »
Score XV, la boîte à soucis de Claude Atcher et Benoît Rover
Claude Atcher et Benoît Rover ont comparu jeudi après-midi pour répondre à la fois d'une mission à la FFR et d'une gestion erratique de leur société.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
Il n'y a pas de bon ou mauvais moment pour comparaître devant la 32e chambre correctionnelle mais Claude Atcher, interrogé jeudi pour la première fois, doit trouver le sien spécialement exécrable. Mis à pied à la suite d'un premier rapport confirmant un management brutal et des risques psychosociaux, il a été déchu de son poste de directeur général du Groupement d'intérêt public 2023 il y a treize jours.
Bientôt, il devrait être entendu par l'Inspection générale des Finances, qui mène une enquête sur de possibles dysfonctionnements du temps où il commandait le GIP. Entre les deux, le voilà qui doit répondre d'un recel d'abus de confiance supposément commis par Bernard Laporte. Le sujet : une prestation d'aide à la gouvernance de la FFR, commanditée à la société Score XV pour un montant de 21 000 € HT, dont le Parquet national financier doute de l'effectivité.
Depuis le premier jour, Claude Atcher a assisté à tous les débats, ou presque tous, assis à la droite de Bernard Laporte. Tout ce temps-là, on ne l'a jamais vu se départir de son masque sombre ni desserrer la mâchoire.
« Cette mission ? C'est parce que j'avais vécu la Coupe du monde 2007 en France et que j'en avais tiré une leçon sur le manque de fluidité dans les relations FFR-GIP, dit Atcher. J'ai rendu à la fin un mémoire "Ensemble, réussir 2023" que j'ai présenté moi-même aux salariés de la Fédération. »
La présidente, Rose-Marie Hunault, signale qu'à la lecture de ce document, « on ne voit pas le contenu sur l'aide à la gouvernance à proprement parler, sur les propositions d'un plan stratégique pour la FFR ». Atcher admet alors que « le libellé de la mission n'est pas assez précis » tout en assurant que la commande a été respectée.
Ce qui chiffonne la présidente, c'est que ce devis n'a pas la netteté d'un contrat. Ni sur les raisons ayant conduit à fixer ce prix et pas un autre (côté Laporte, comme côté Score XV), ni sur l'élaboration d'un avenant prévoyant deux choses pourtant déconnectées : d'abord, une prime de 30 000 €, qui sera versée à la société en récompense de la victoire de la candidature française pour l'organisation de la Coupe du monde, ensuite le versement de 20 249,81 € de frais (somme contestée par Atcher et son co-prévenu Benoît Rover, gérant de Score XV à l'époque) qui ne semblaient être prévus nulle part.
« Pour moi, le tarif de la prestation est même sous-évalué, avance Atcher. S'agissant des frais, il s'agit de l'augmentation de ma facture de téléphone. Il est vrai que ça ne figurait pas dans le bon de commande, mais c'est un usage. J'ai fait le tour du monde. Après, il y a des restaurants, des taxis... » Claude Atcher s'exprime sans éclats de voix, calmement. Il a la réponse ou dégage commodément vers Rover.
Des questions sans réponse de la part du « contractant »
Arrive Benoît Rover. Dès sa première phrase, il étouffe un sanglot, se reprend : « C'est un sport qui m'a donné tout ce que j'ai. J'ai un père absent, donc ce sont mes éducateurs qui... » La fin de la phrase se dissout dans l'émotion. Contrairement aux quatre autres prévenus, il n'est pas une personnalité publique. À propos de la prestation au coeur des débats, il dit : « On n'a jamais détaillé le nombre de jour-homme à l'heure, on n'est pas capables de ça à Score XV. Mais pour moi, on n'était pas cher. Un contrat plus détaillé aurait-il été préférable ? Vous savez, pendant mes années à Score XV, le conseil juridique, c'était Google. C'était mon meilleur ami. »
Bernard Laporte vient à la barre. La présidente a l'air d'attendre davantage d'éléments concrets de la part du « contractant » FFR. Elle n'en obtiendra pas. « Quand vous voyez ce devis, vous trouvez que vous avez assez d'informations pour apprécier le prix, la question des frais ? » Réponse de Laporte : « Je trouvais que ce n'était pas cher. » Elle insiste : « Vous, en tant que responsable, vous ne demandez pas plus d'informations sur ce que vous payez ? » Il renvoie à son trésorier : « Il ne m'a jamais dit qu'on ne prenait pas en charge ces frais-là. »
Le tribunal en vient à examiner les accusations d'abus de biens sociaux dont font l'objet MM. Atcher et Rover. Et nous entrons dans la chronique d'une petite boîte à la dérive, qui écope, qui écope et qui, selon le PNF, souffrirait d'une phobie administrative. « L'intégralité de Score XV EST un abus de bien social », résume le procureur François-Xavier Dulin. « Dans ce cas-là, ça ne sert à rien d'entendre Claude Atcher », réplique Me Lasek, son conseil. « Ah mais si, au contraire », insiste le procureur.
« Je faisais des vols de douze heures vers l'Asie, j'avais le corps meurtri et j'ai demandé un accompagnant physique »
Claude Atcher
Dans ce dossier, il fallait avant tout clarifier un point important : si la gestion de droit, assumée par M. Rover, ne pose aucune difficulté, le PNF considère que la gestion de fait incombait à Atcher. « Quand on est deux dans une société, il y a bien sûr une porosité », convient Atcher. « Je n'étais pas un gérant de paille, affirme Rover. On prenait les décisions à deux. » Le procureur lira au tribunal un mail de Rover à Atcher qui lèvera les derniers doutes.
Venons-en à présent à l'énumération des abus de biens sociaux reprochés : la crèche de la fille d'Atcher ; les 6 000 euros versés à son fils Baptiste ; le paiement de loyers à la SCI appartenant à la femme de Claude Atcher et sa belle-soeur, alors que Score XV n'occupait plus ces lieux ; le paiement de coaching de gym pour Atcher (« je faisais des vols de douze heures vers l'Asie, j'avais le corps meurtri et j'ai demandé un accompagnant physique ») ; le paiement d'un loyer comme avantage en nature alors que, selon le ministère public, Atcher ne travaillait plus pour la société mais pour le GIP.
Sur ce dernier point, le prévenu est formel : quand il a pris ses fonctions au GIP, Score XV lui devait de l'argent et, plutôt que de lui émettre un chèque, il a été décidé de prolonger la prise en charge de son loyer. « Je ne savais pas que c'était interdit », dit Rover. On en arrive à l'accusation de travail dissimulé par dissimulation d'activités qui pèse (lourdement) sur MM. Rover et Atcher, Score XV ayant manqué, selon le PNF, à ses obligations de déclarations fiscales et sociales depuis 2015.
Pour toute réponse, Atcher invitera le tribunal à demander à Benoît Rover. « La comptabilité de Score XV, ce n'est pas simple, convient ce dernier. On a toujours été en retard mais je n'ai jamais coupé le contact avec les administrations. Je sais que je suis fautif de ce retard. » Le procureur intervient : « Ce n'est pas parce que vous appelez votre percepteur pour lui dire que vous allez lui envoyer votre déclaration que cela vaut déclaration. »
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Re: Le Pognon et le Rugby
L'avocat de l'Urssaf réclame 161 222 euros à MM. Claude Atcher et Benoît Rover
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/L-avocat-de-l-urssaf-reclame-161-222-euros-a-mm-claude-atcher-et-benoit-rover/1355102
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/L-avocat-de-l-urssaf-reclame-161-222-euros-a-mm-claude-atcher-et-benoit-rover/1355102
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Re: Le Pognon et le Rugby
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Comment-les-questions-sur-les-partenariats-maillots-avec-la-ffr-ont-destabilise-mohed-altrad/1355119
Comment les questions sur les partenariats maillots avec la FFR ont déstabilisé Mohed Altrad
Interrogé sur les deux partenariats maillot avec la Fédération française, l'homme d'affaires et président de Montpellier, Mohed Altrad, a tergiversé, peinant à expliquer comment et pourquoi ces prix-là ont été fixés.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
L'hypermnésie ne guette toujours pas Mohed Altrad. De retour à la barre, lundi, pour la dernière partie de son interrogatoire, portant exclusivement sur les deux dossiers de sponsoring maillot, l'homme d'affaires s'est montré souvent elliptique, tantôt évasif et plusieurs fois embarrassé au cours de cette audition devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
Une fois posée sa chemise verte sur le pupitre, le président du MHR tient d'abord à « dire un mot. Cette affaire revêt un caractère très particulier pour moi. Je n'ai jamais comparu devant un tribunal correctionnel. Si vous estimez que j'ai commis quelque chose qu'il ne fallait pas, cela affectera mon entreprise ». Passé ce préambule, la présidente Rose-Marie Hunault s'applique à triturer le premier contrat maillot, celui conclu en mars 2017 (quelques jours après la signature du contrat d'image entre le groupe Altrad et Bernard Laporte), en soutien de la candidature française pour 2023, pour neuf matches et 1,5 million d'euros.
Altrad évoque une « négociation bilatérale entre Laporte et moi. J'ai jugé que c'était le prix juste ». C'est précisément cette notion de « juste prix » qui turlupine les magistrats. « C'est vous qui proposez ce montant ? », questionne la présidente. « Bernard Laporte voulait plus, je suis un homme d'affaires, on a trouvé un équilibre », répond Altrad. La présidente lui fait alors part d'un premier « problème » : « Justement, M. Altrad, on ne retrouve pas, dans le dossier, d'échanges entre vous qui mentionnent différents prix ou la trace d'une négociation. »
Après quelques circonvolutions, le prévenu se lance dans une démonstration « colimaçonnesque », affirmant dans la même réponse que « le prix est parfaitement subjectif » et qu'il se serait appuyé sur des « études marketing qui vous disent selon, par exemple, le nombre de téléspectateurs moyen, ce que peut valoir (cette espace de visibilité) ». La présidente rallume son micro. Il y a de nouveau un hic : « Ce type d'études a été réalisé pour le second maillot, mais dans le dossier, il n'y a aucune documentation, aucune étude concernant ce premier contrat maillot. » Altrad en convient aussitôt. Ce prix est le juste fruit de son « appréciation », celle de la FFR ayant disparu dans une faille temporelle.
À intervalles très réguliers, M. Altrad blâme sa mémoire défaillante. Il ne se souvient plus si la décision liée à ce contrat est passée devant le conseil d'administration de son groupe, ni avoir déclaré en garde à vue que Me Bayon, l'avocat qui lui avait été recommandé par Laporte, avait aussi été associé à ce premier contrat ni même si le contrat a été rédigé par les équipes du groupe Altrad.
« Très bon accord cher Bernard. Flatteur pour mon groupe et pour l'équipe de France »
Mohed Altrad
La juge est ensuite passée au partenariat maillot des Bleus, celui s'affichant cette fois seul et en nom propre, sur le plastron. Un point du dossier a plus particulièrement retenu l'attention du tribunal : l'augmentation du tarif de ce sponsoring entre une offre à 5,4 M€ par an, envoyée par mail en juillet 2017 pour validation par Claude Atcher (à quel titre ?), en copie à Bernard Laporte, et acceptée par Mohed Altrad dans une réponse sans ambiguïté : « Très bon accord cher Bernard. Flatteur pour mon groupe et pour l'équipe de France », et un deal final émargeant à 6,8 M€ annuels au mois de novembre.
Rose-Marie Hunault a d'abord cherché à savoir si l'homme d'affaires avait négocié le prix du maillot avec le président de la FFR, et quand « M. Laporte nous a dit à la barre que 5,4 M€ n'étaient pas suffisants ? Est-ce qu'il a fait état de son désaccord auprès de vous ? » Altrad : « Moi, je réponds à ce mail. Peut-être que je l'ai au téléphone, je ne me souviens pas si je l'ai eu. Je pense qu'il a cherché à négocier à la hausse mais le maillot ne valait pas ça. Je connaissais Orange, la Société Générale, tous n'en voulaient pas. » Les grands partenaires institutionnels, justement, s'étaient vu proposer le précieux morceau de tissu pour 9,9 M€. « Ont-ils pris contact avec vous pour vous dire qu'ils refusaient l'offre ? », interpelle la juge. « Les autres je ne sais pas, mais ces deux-là n'étaient pas prêts à payer plus », affirme à plusieurs reprises le vainqueur de ces enchères soumises à caution depuis le début du procès.
Mme Hunault enchaîne : « Pourquoi être tombé d'accord en juillet sur un prix et en septembre se poser la question de l'appel d'offres ? » Altrad évoque les vacances d'été. Puis tacle les process de la Fédération. Espiègle, la présidente rétorque : « Cela n'a rien à voir avec l'article du JDD (paru le 13 août, il révèle le contrat d'image) ? » « Non, c'est une règle éthique », promet le boss d'AIA. « Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi vous repartez de zéro en septembre », poursuit alors la juge. « Probablement qu'on a été légers sur le plan pénal », admet le prévenu.
Entreprise d'envergure mondiale, Altrad Investment Authority est familière des appels d'offres. La présidente s'interroge sur la durée, courte, de celui-ci (30 octobre-16 novembre 2017). Altrad évoque alors un appel d'offres remporté en 24 heures avec EDF pour une centrale nucléaire. Elle s'étonne : « Quand il s'agit de la sécurité d'une centrale nucléaire d'accord, mais là, sur le flocage maillot, on voit moins l'urgence. »
Son avocat, Me Vey, flèche Marcoussis : « M. Altrad, vous ne pouvez pas être tenu responsable d'une forme de désorganisation interne à la FFR sur deux formes de fonctionnement d'un contrat à l'autre. » Altrad dit avoir hésité à ne pas y répondre, notamment en raison du battage médiatique. Pressé de questions, il donne un nouvel argument : « L'intérêt patriote que j'ai pour ce pays, sa jeunesse. » Puis un autre : « Lorsque l'équipe de France est bien placée, ce n'est pas le même prix. » Le président tique : « Le classement mondial s'est amélioré pendant l'été (tournée d'été à trois défaites en Afrique du Sud) ? »
Alors, vite, un autre argument : le fait d'avoir été convaincu que cet argent ruissellerait sur le rugby amateur, à former les champions du monde de demain. « Cette conviction, vous ne l'avez qu'au mois d'août ? », questionne encore la présidente du tribunal. « Ce serait réducteur, bien que pourquoi pas ? Mais je l'avais capté au départ. » Cet après-midi, le parquet prononcera ses réquisitions.
Comment les questions sur les partenariats maillots avec la FFR ont déstabilisé Mohed Altrad
Interrogé sur les deux partenariats maillot avec la Fédération française, l'homme d'affaires et président de Montpellier, Mohed Altrad, a tergiversé, peinant à expliquer comment et pourquoi ces prix-là ont été fixés.
Frédéric Bernès et Renaud Bourel
L'hypermnésie ne guette toujours pas Mohed Altrad. De retour à la barre, lundi, pour la dernière partie de son interrogatoire, portant exclusivement sur les deux dossiers de sponsoring maillot, l'homme d'affaires s'est montré souvent elliptique, tantôt évasif et plusieurs fois embarrassé au cours de cette audition devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
Une fois posée sa chemise verte sur le pupitre, le président du MHR tient d'abord à « dire un mot. Cette affaire revêt un caractère très particulier pour moi. Je n'ai jamais comparu devant un tribunal correctionnel. Si vous estimez que j'ai commis quelque chose qu'il ne fallait pas, cela affectera mon entreprise ». Passé ce préambule, la présidente Rose-Marie Hunault s'applique à triturer le premier contrat maillot, celui conclu en mars 2017 (quelques jours après la signature du contrat d'image entre le groupe Altrad et Bernard Laporte), en soutien de la candidature française pour 2023, pour neuf matches et 1,5 million d'euros.
Altrad évoque une « négociation bilatérale entre Laporte et moi. J'ai jugé que c'était le prix juste ». C'est précisément cette notion de « juste prix » qui turlupine les magistrats. « C'est vous qui proposez ce montant ? », questionne la présidente. « Bernard Laporte voulait plus, je suis un homme d'affaires, on a trouvé un équilibre », répond Altrad. La présidente lui fait alors part d'un premier « problème » : « Justement, M. Altrad, on ne retrouve pas, dans le dossier, d'échanges entre vous qui mentionnent différents prix ou la trace d'une négociation. »
Après quelques circonvolutions, le prévenu se lance dans une démonstration « colimaçonnesque », affirmant dans la même réponse que « le prix est parfaitement subjectif » et qu'il se serait appuyé sur des « études marketing qui vous disent selon, par exemple, le nombre de téléspectateurs moyen, ce que peut valoir (cette espace de visibilité) ». La présidente rallume son micro. Il y a de nouveau un hic : « Ce type d'études a été réalisé pour le second maillot, mais dans le dossier, il n'y a aucune documentation, aucune étude concernant ce premier contrat maillot. » Altrad en convient aussitôt. Ce prix est le juste fruit de son « appréciation », celle de la FFR ayant disparu dans une faille temporelle.
À intervalles très réguliers, M. Altrad blâme sa mémoire défaillante. Il ne se souvient plus si la décision liée à ce contrat est passée devant le conseil d'administration de son groupe, ni avoir déclaré en garde à vue que Me Bayon, l'avocat qui lui avait été recommandé par Laporte, avait aussi été associé à ce premier contrat ni même si le contrat a été rédigé par les équipes du groupe Altrad.
« Très bon accord cher Bernard. Flatteur pour mon groupe et pour l'équipe de France »
Mohed Altrad
La juge est ensuite passée au partenariat maillot des Bleus, celui s'affichant cette fois seul et en nom propre, sur le plastron. Un point du dossier a plus particulièrement retenu l'attention du tribunal : l'augmentation du tarif de ce sponsoring entre une offre à 5,4 M€ par an, envoyée par mail en juillet 2017 pour validation par Claude Atcher (à quel titre ?), en copie à Bernard Laporte, et acceptée par Mohed Altrad dans une réponse sans ambiguïté : « Très bon accord cher Bernard. Flatteur pour mon groupe et pour l'équipe de France », et un deal final émargeant à 6,8 M€ annuels au mois de novembre.
Rose-Marie Hunault a d'abord cherché à savoir si l'homme d'affaires avait négocié le prix du maillot avec le président de la FFR, et quand « M. Laporte nous a dit à la barre que 5,4 M€ n'étaient pas suffisants ? Est-ce qu'il a fait état de son désaccord auprès de vous ? » Altrad : « Moi, je réponds à ce mail. Peut-être que je l'ai au téléphone, je ne me souviens pas si je l'ai eu. Je pense qu'il a cherché à négocier à la hausse mais le maillot ne valait pas ça. Je connaissais Orange, la Société Générale, tous n'en voulaient pas. » Les grands partenaires institutionnels, justement, s'étaient vu proposer le précieux morceau de tissu pour 9,9 M€. « Ont-ils pris contact avec vous pour vous dire qu'ils refusaient l'offre ? », interpelle la juge. « Les autres je ne sais pas, mais ces deux-là n'étaient pas prêts à payer plus », affirme à plusieurs reprises le vainqueur de ces enchères soumises à caution depuis le début du procès.
Mme Hunault enchaîne : « Pourquoi être tombé d'accord en juillet sur un prix et en septembre se poser la question de l'appel d'offres ? » Altrad évoque les vacances d'été. Puis tacle les process de la Fédération. Espiègle, la présidente rétorque : « Cela n'a rien à voir avec l'article du JDD (paru le 13 août, il révèle le contrat d'image) ? » « Non, c'est une règle éthique », promet le boss d'AIA. « Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi vous repartez de zéro en septembre », poursuit alors la juge. « Probablement qu'on a été légers sur le plan pénal », admet le prévenu.
Entreprise d'envergure mondiale, Altrad Investment Authority est familière des appels d'offres. La présidente s'interroge sur la durée, courte, de celui-ci (30 octobre-16 novembre 2017). Altrad évoque alors un appel d'offres remporté en 24 heures avec EDF pour une centrale nucléaire. Elle s'étonne : « Quand il s'agit de la sécurité d'une centrale nucléaire d'accord, mais là, sur le flocage maillot, on voit moins l'urgence. »
Son avocat, Me Vey, flèche Marcoussis : « M. Altrad, vous ne pouvez pas être tenu responsable d'une forme de désorganisation interne à la FFR sur deux formes de fonctionnement d'un contrat à l'autre. » Altrad dit avoir hésité à ne pas y répondre, notamment en raison du battage médiatique. Pressé de questions, il donne un nouvel argument : « L'intérêt patriote que j'ai pour ce pays, sa jeunesse. » Puis un autre : « Lorsque l'équipe de France est bien placée, ce n'est pas le même prix. » Le président tique : « Le classement mondial s'est amélioré pendant l'été (tournée d'été à trois défaites en Afrique du Sud) ? »
Alors, vite, un autre argument : le fait d'avoir été convaincu que cet argent ruissellerait sur le rugby amateur, à former les champions du monde de demain. « Cette conviction, vous ne l'avez qu'au mois d'août ? », questionne encore la présidente du tribunal. « Ce serait réducteur, bien que pourquoi pas ? Mais je l'avais capté au départ. » Cet après-midi, le parquet prononcera ses réquisitions.
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Re: Le Pognon et le Rugby
Ces mecs n'ont vraiment aucune gêne, aucune morale, aucun respect et aucune honte. Venir pleurnicher à la barre pour inspirer la pitié du jury est minable, de la part d'un tel truand. Il était moins sentimental dans le business !
Vivement que toute la vérité soir faite et que ces minables aient le sort qu'ils méritent. Ces mecs doivent payer pour ce qu'ils ont fait et surtout le mal qu'ils ont causé. Quand je relis des récits sur le comportement d'Atcher et la tyrannie qui régnait au sein de France 2023, mais bordel ces mecs devraient être jetés dans un cul de basse-fosse, malmenés par leurs codétenus. On récolte ce que l'on sème. Que justice soit faite, aucune pitié pour ce genre d'individu.
Vivement que toute la vérité soir faite et que ces minables aient le sort qu'ils méritent. Ces mecs doivent payer pour ce qu'ils ont fait et surtout le mal qu'ils ont causé. Quand je relis des récits sur le comportement d'Atcher et la tyrannie qui régnait au sein de France 2023, mais bordel ces mecs devraient être jetés dans un cul de basse-fosse, malmenés par leurs codétenus. On récolte ce que l'on sème. Que justice soit faite, aucune pitié pour ce genre d'individu.
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Re: Le Pognon et le Rugby
Switch a écrit:Ces mecs n'ont vraiment aucune gêne, aucune morale, aucun respect et aucune honte. Venir pleurnicher à la barre pour inspirer la pitié du jury est minable, de la part d'un tel truand. Il était moins sentimental dans le business !
Vivement que toute la vérité soir faite et que ces minables aient le sort qu'ils méritent. Ces mecs doivent payer pour ce qu'ils ont fait et surtout le mal qu'ils ont causé. Quand je relis des récits sur le comportement d'Atcher et la tyrannie qui régnait au sein de France 2023, mais bordel ces mecs devraient être jetés dans un cul de basse-fosse, malmenés par leurs codétenus. On récolte ce que l'on sème. Que justice soit faite, aucune pitié pour ce genre d'individu.
Le problème que j'ai avec tout ça, c'est que si justice se fait, qui viendra derrière pour tenir les rênes ? Les mêmes genres de personnages...
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Re: Le Pognon et le Rugby
Trois ans de prison, dont un ferme, requis contre Bernard Laporte et Mohed Altrad
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Trois-ans-de-prison-dont-deux-avec-sursis-requis-contre-bernard-laporte/1355203
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Re: Le Pognon et le Rugby
ca serait enorme que les voir en taule!
bon ils auront des peines amenagées à leur domicile avec un bracelet electronique ou chevillet electronique
Par contre Laporte va devoir degager de la FFR, world rugby..
quelle bande de mafieux...dire qu'il a ete ministre...il a du tout apprendre à l'epoque à mon avis
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Re: Le Pognon et le Rugby
Scalp a écrit:Trois ans de prison, dont un ferme, requis contre Bernard Laporte et Mohed Altrad
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Trois-ans-de-prison-dont-deux-avec-sursis-requis-contre-bernard-laporte/1355203
Les réquisitoires sont une chose, les peines prononcées, une autre...
Tout ça va finir avec du sursis, une forte amende mais restera la décision du droit d'exercer leurs divers mandats...
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Re: Le Pognon et le Rugby
Dr. Gregory Bouse a écrit:Scalp a écrit:Trois ans de prison, dont un ferme, requis contre Bernard Laporte et Mohed Altrad
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Trois-ans-de-prison-dont-deux-avec-sursis-requis-contre-bernard-laporte/1355203
Les réquisitoires sont une chose, les peines prononcées, une autre...
Tout ça va finir avec du sursis, une forte amende mais restera la décision du droit d'exercer leurs divers mandats...
Oui, et il faudra voir s’il y a une conséquence sur le sponsoring chez les blacks...
En tout cas, on donne une image lamentable sur le plan international ...
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Re: Le Pognon et le Rugby
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Re: Le Pognon et le Rugby
Sur la vidéo, j’ai trouvé que M Altrad avait le visage qqpeu fermé.
Maintenant place au jugement ; d’ailleurs c’est quand ?
Maintenant place au jugement ; d’ailleurs c’est quand ?
le radis- Team modo
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Re: Le Pognon et le Rugby
grospaquet31 a écrit:ca serait enorme que les voir en taule!
bon ils auront des peines amenagées à leur domicile avec un bracelet electronique ou chevillet electronique
Par contre Laporte va devoir degager de la FFR, world rugby..
quelle bande de mafieux...dire qu'il a ete ministre...il a du tout apprendre à l'epoque à mon avis
Il avait déja commencé ses stages pros à Bègles.
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Re: Le Pognon et le Rugby
Méchanceté gratuite ?tire-bouchon a écrit:
Il avait déja commencé ses stages pros à Bègles.
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Re: Le Pognon et le Rugby
Le favoritisme et le copinage est hélas fréquent dans le milieu avec les affaires du Brennus confisqué aux Grenoblois en 1993 ou l'éviction de Max Barrau de l'Équipe de France en 1974, des questions d'égo un peu ridicule mais il n'y avait alors pas de question d'argent ou de prise illégale d'intérêt. J'ai apprécié Laporte mais ce qu'il a fait là est particulièrement grave.
Les peines prononcées me semblent juste mais je suis toutefois plus déçu pour l'image et l'avenir du rugby que satisfait que la justice soit passée.
Laporte et ses sbires doivent payer pour leurs fautes oui mais le rugby français va dans quelle direction maintenant?
Je suis désolé mais le préfère le projet de Laporte que celui de son prédécesseur Camou dont l'objectif principal était la construction d'un nouveau grand stade dédié au rugby pour la modique somme de 600 millions d'euros et ce pour jouer 3 à 5 matchs par an.
La personnalité de Laporte m'a toujours agacé, qu'il soit joueur, entraîneur ou dirigeant mais j'ai peur pour l'avenir de mon sport.
Les peines prononcées me semblent juste mais je suis toutefois plus déçu pour l'image et l'avenir du rugby que satisfait que la justice soit passée.
Laporte et ses sbires doivent payer pour leurs fautes oui mais le rugby français va dans quelle direction maintenant?
Je suis désolé mais le préfère le projet de Laporte que celui de son prédécesseur Camou dont l'objectif principal était la construction d'un nouveau grand stade dédié au rugby pour la modique somme de 600 millions d'euros et ce pour jouer 3 à 5 matchs par an.
La personnalité de Laporte m'a toujours agacé, qu'il soit joueur, entraîneur ou dirigeant mais j'ai peur pour l'avenir de mon sport.
Jacques 33- J'aime l'Union beaucoup
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Re: Le Pognon et le Rugby
Quelle image donne au monde le rugby français, en effet. Même si ce n'est sûrement pas tout blanc ailleurs, on est lamentables. Et dire que ça voulait diriger le rugby mondial !
Jai de gros doutes sur la prison, mais j'espère au moins qu'une peine d'inéligibilité sera infligée à Laporte, Simon et compagnie, de même qu'une interdiction d'exercer une quelconque activité en lien avec le rugby. Ils ont suffisamment fait de dégâts dans ce sport pour qu'on les laisse continuer
Hâte de voir de verdict final. Je veux croire en la justice.
Jai de gros doutes sur la prison, mais j'espère au moins qu'une peine d'inéligibilité sera infligée à Laporte, Simon et compagnie, de même qu'une interdiction d'exercer une quelconque activité en lien avec le rugby. Ils ont suffisamment fait de dégâts dans ce sport pour qu'on les laisse continuer
Hâte de voir de verdict final. Je veux croire en la justice.
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Switch- Centre de presse
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Re: Le Pognon et le Rugby
Y'avait bien longtemps qu'il était parti de begles quand il a fait ses 1ers pas comme ministre
marchal- Centre de presse
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Re: Le Pognon et le Rugby
Il reclame une peine de 3 ans dont 1 ferme ce qui veut dire qu'il ne fera pas de prison donc pour moi c'est un coup d'épée dans l'eau, tout ça pour ça, ça me fait doucement rire
marchal- Centre de presse
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Re: Le Pognon et le Rugby
Jacques 33 a écrit:Le favoritisme et le copinage est hélas fréquent dans le milieu avec les affaires du Brennus confisqué aux Grenoblois en 1993 ou l'éviction de Max Barrau de l'Équipe de France en 1974, des questions d'égo un peu ridicule mais il n'y avait alors pas de question d'argent ou de prise illégale d'intérêt. J'ai apprécié Laporte mais ce qu'il a fait là est particulièrement grave.
Les peines prononcées me semblent juste mais je suis toutefois plus déçu pour l'image et l'avenir du rugby que satisfait que la justice soit passée.
Laporte et ses sbires doivent payer pour leurs fautes oui mais le rugby français va dans quelle direction maintenant?
Je suis désolé mais le préfère le projet de Laporte que celui de son prédécesseur Camou dont l'objectif principal était la construction d'un nouveau grand stade dédié au rugby pour la modique somme de 600 millions d'euros et ce pour jouer 3 à 5 matchs par an.
La personnalité de Laporte m'a toujours agacé, qu'il soit joueur, entraîneur ou dirigeant mais j'ai peur pour l'avenir de mon sport.
Effectivement l’argent pervertit notre société.
On parle du rugby mais j’ai l’impression que c’est le sport français qui va mal pour des raisons diverses et variées. J’avais échangé avec Charles et d’autres sur le foot mais quand on regarde l’affaire Pogba, celle d’Hemraoui, celle de Le graet, et également toutes ces autres affaires à caractère sexuelle dans d’autre sport…Corruption, sexe, drogue/dopage sont les maux de notre société et du sport.
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Re: Le Pognon et le Rugby
grospaquet31 a écrit:Jacques 33 a écrit:Le favoritisme et le copinage est hélas fréquent dans le milieu avec les affaires du Brennus confisqué aux Grenoblois en 1993 ou l'éviction de Max Barrau de l'Équipe de France en 1974, des questions d'égo un peu ridicule mais il n'y avait alors pas de question d'argent ou de prise illégale d'intérêt. J'ai apprécié Laporte mais ce qu'il a fait là est particulièrement grave.
Les peines prononcées me semblent juste mais je suis toutefois plus déçu pour l'image et l'avenir du rugby que satisfait que la justice soit passée.
Laporte et ses sbires doivent payer pour leurs fautes oui mais le rugby français va dans quelle direction maintenant?
Je suis désolé mais le préfère le projet de Laporte que celui de son prédécesseur Camou dont l'objectif principal était la construction d'un nouveau grand stade dédié au rugby pour la modique somme de 600 millions d'euros et ce pour jouer 3 à 5 matchs par an.
La personnalité de Laporte m'a toujours agacé, qu'il soit joueur, entraîneur ou dirigeant mais j'ai peur pour l'avenir de mon sport.
Effectivement l’argent pervertit notre société.
On parle du rugby mais j’ai l’impression que c’est le sport français qui va mal pour des raisons diverses et variées. J’avais échangé avec Charles et d’autres sur le foot mais quand on regarde l’affaire Pogba, celle d’Hemraoui, celle de Le graet, et également toutes ces autres affaires à caractère sexuelle dans d’autre sport…Corruption, sexe, drogue/dopage sont les maux de notre société et du sport.
Le sommet de la perversion du sport par le pogon, c'est quand même le mondial de foot au Qatar et n'oublions pas celui de 2018 attribué à la Russie, avec aussi de la corruption à tous les étages. Le Rugby est encore dans la catégorie petit joueur...
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