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Rugby et démence
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Re: Rugby et démence
https://actu.fr/sports/rugby/pro/rugby-innovation-clermont-se-lance-dans-la-recherche-sur-les-commotions-cerebrales_55550672.html
marchal- Centre de presse
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Re: Rugby et démence
Commotions cérébrales : le rugby mondial « ne tire pas les leçons », alerte le Gallois Alix Popham
https://www.sudouest.fr/sport/commotions-cerebrales-le-rugby-mondial-ne-tire-pas-les-lecons-alerte-le-gallois-alix-popham-13203092.php
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« L'avenir, tu n'as pas à le prévoir, mais à le permettre » Saint-Exupéry
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Re: Rugby et démence
Commotions cérébrales dans le rugby : «le nombre de plaignants va beaucoup augmenter»
https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/commotions-cerebrales-dans-le-rugby-le-nombre-de-plaignants-va-beaucoup-augmenter-20221201
https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/commotions-cerebrales-dans-le-rugby-le-nombre-de-plaignants-va-beaucoup-augmenter-20221201
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Re: Rugby et démence
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Alexandre-lapandry-justifie-son-depot-de-plaintes-contre-clermont-je-suis-oblige-de-parler/1368587
Alexandre Lapandry justifie son dépôt de plaintes contre Clermont : « Je suis obligé de parler »
Joueur discret et fidèle (il a disputé 261 matches avec l'ASM), l'ancien international Alexandre Lapandry, forcé de mettre un terme à sa carrière à 33 ans, explique pourquoi il a décidé de saisir la justice après un AVC sur le terrain, en 2020.
Dominique Issartel, à Clermont-Ferrand
Dans le bureau de son avocat, Alexandre Lapandry déroule le fil de sa vie depuis deux ans et un terrible choc à la tête contre le Stade Français, en octobre 2020, qui se révèlera, plus de deux mois plus tard, être un AVC du cervelet, une affection rare et grave. Il raconte ses symptômes, ses inquiétudes et, surtout, la blessure intime, « l'humiliation profonde » qu'il a ressentie en réalisant que son club, essayait de le pousser vers la sortie alors qu'il était toujours en train de se soigner.
Après de longs mois de silence, il annonce ce lundi la fin de sa carrière et une action en justice puisque quatre plaintes visant le club auvergnat ont été déposées par Me Jean-Hubert Portejoie (lire par ailleurs) jeudi 30 novembre. Joueur discret, fidèle, peu enclin à faire des vagues, le troisième ligne, ex-international (13 sélections), sait que sa démarche va surprendre mais, dit-il, « si je ne parle pas, qui d'autre va le faire ? L'ASM a voulu faire passer le financier avant ma santé ».
« Depuis le 18 octobre 2020 et une commotion contre le Stade Français, on a eu très peu de nouvelles de vous, de votre santé, de votre avenir. Comment allez-vous ?
Pendant ces longs mois, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour me soigner et aujourd'hui, je sais que je ne jouerai plus au rugby, que ma carrière est terminée. Cela a été difficile et douloureux mais ma priorité est devenue ma santé. Je peux désormais partager la nature exacte de ma blessure, annoncer publiquement que j'ai été déclaré inapte puis licencié par mon club il y a quinze jours, et que j'ai décidé de porter plainte. Parler de tout ça n'est pas une chose facile pour moi qui suis de nature pudique, mais je tiens à le faire pour qu'il y ait une prise de conscience collective sur le sujet de la santé des joueurs. J'ai eu le sentiment de ne pas avoir été suffisamment suivi après ma blessure, que des personnes au club ont fait passer le financier avant la santé, et je veux le dire pour que les générations futures puissent mieux se protéger. C'est une évidence mais la santé n'a pas de prix.
Que s'est-il passé dans votre cas ?
Après le choc à la tête subi contre le Stade Français, j'ai été arrêté trois semaines, selon le protocole, car c'était ma deuxième commotion en moins de douze mois. Après avoir validé les paliers d'entraînement sans contact, j'espérais être retenu contre Castres mais dès le premier choc, à l'entraînement, j'ai ressenti le même ébranlement qu'un mois plus tôt, une sensation de vertige. Je l'ai immédiatement signalé et j'ai arrêté l'entraînement. À partir de là, tous les symptômes qui avaient disparu sont réapparus : maux de tête, vertiges... Je n'étais vraiment pas bien.
« J'ai passé une IRM en urgence. Les médecins du club ne me l'avaient jamais proposé »
Avez-vous revu le neurologue ?
Non, j'ai repris le protocole de retour au jeu à zéro, et après validation par le staff médical de l'ASM, j'ai pu reprendre les contacts le 14 décembre (malgré un arrêt de travail qui courait jusqu'au lendemain), dans l'optique de jouer contre le Munster le week-end suivant. Le matin du 14, à l'annonce de l'équipe, je devais être capitaine mais l'après-midi, sur un plaquage lambda, comme j'en ai fait beaucoup, j'ai eu la sensation que ma tête heurtait un bloc de béton en touchant la cuisse d'un coéquipier. J'ai eu la tête qui tournait. Une sensation d'ébranlement anormale. J'ai arrêté immédiatement. Je suis allé voir le coach dans son bureau : "Je n'ai jamais triché Franck (Azéma) mais là, il y a quelque chose de pas normal dans ma tête."
Que ressentiez-vous exactement ?
Beaucoup de pression dans le crâne, des maux de tête permanents, des vertiges, une hypersensibilité à la lumière. Et, surtout, un gros mal-être. Je ne maîtrisais plus du tout mon cerveau, ni mon comportement... J'en ai fait part au staff médical de l'ASM à plusieurs reprises mais j'ai eu l'impression qu'on ne me prenait pas au sérieux. Les médecins associaient mes symptômes à une dépression, liée à la récente disparition de mon papa. Cela m'a dévasté car, au contraire, après son décès (en juillet 2020), j'avais repris avec beaucoup d'envie, en pleine forme, heureux d'avoir été désigné capitaine. Aujourd'hui, deux ans après, je le dis : le deuil et les symptômes post-commotionnels, cela n'a rien à voir. Je peux comprendre qu'on cherche des explications mais j'ai quinze ans de club, je ne me suis jamais trop écouté et là, je leur disais : "Il m'arrive quelque chose de très grave."
Vous n'êtes pas allé consulter ailleurs ?
Une dizaine de jours après ce dernier entraînement, le 23 décembre en rentrant chez ma maman pour Noël, j'étais très mal. Désespéré et surtout esseulé. J'ai alors appelé amicalement Jean Chazal, un neurochirurgien retraité (qui a suivi les joueurs de l'ASM il y a quelques années), pour obtenir de l'aide. Je lui ai décrit mon état, le lien qui était fait avec le deuil. Il m'a dit : "Non, c'est grave, et ça n'a rien à voir avec ton papa." J'ai passé une IRM en urgence. Les médecins du club ne me l'avaient jamais proposé. Je leur ai réclamée.
Les résultats de l'IRM ont révélé une dissection de l'artère vertébrale gauche et un AVC cérébelleux (affection rare et grave du cervelet)...
Oui, plus de deux mois après mon dernier match, et avec des entraînements entretemps ! Quand la radiologue m'a dit que j'avais un caillot de sang dans le cerveau, que j'avais fait un AVC, cela ne m'a pas étonné. Pire, je me suis senti soulagé. J'avais enfin un diagnostic précis, en rapport avec le caractère anormal et persistant des troubles que je ressentais. À partir de là, mon problème vasculaire a été très bien pris en charge au CHU de Clermont-Ferrand ; c'était purement traumatique et pas dû à une cause congénitale ou une anomalie quelconque comme certains ont pu le laisser entendre. J'ai passé cinq mois sous anticoagulants, avec des prises de sang toutes les semaines.
Quelle a été la réaction au club ?
Quand ils se sont aperçus de la réalité et de la gravité de ma blessure, ils ont essayé de donner une version qui n'était pas exacte. Début janvier, ils ont voulu diffuser un communiqué que j'estime mensonger (Il montre un extrait, sur son téléphone) : "Bien au-delà du protocole (de prise en charge des commotions cérébrales), les médecins clermontois ont, à l'écoute du ressenti du joueur, cherché à pousser les investigations en pratiquant une IRM [...]. De façon inattendue et sans lien avec le diagnostic initial, les images ont montré une anomalie d'un vaisseau sanguin du cou, dont les conséquences auraient pu être dramatiques si elle n'avait pas été diagnostiquée et prise en charge..." Je me suis opposé à cette publication, j'étais abasourdi. Franchement, j'aurais pu accepter que le staff médical se trompe sur la gravité de ma blessure et je pense que je n'aurais pas porté plainte pour ça. Mais qu'ils essaient de s'en sortir en racontant des choses fausses, c'est inacceptable. La façon dont les dirigeants ont agi par la suite aussi.
C'est-à-dire ?
En janvier et en mars 2021, lors de deux rendez-vous, le président du club Jean-Michel Guillon, quand je lui avais dit que je ne pouvais pas décider d'arrêter ma carrière sans être allé au bout de mes soins, m'avait apporté sa confiance en me disant que le club ne me laisserait jamais tomber. J'étais content, je l'ai cru. En mai, à la fin de mon traitement à base d'anticoagulants, j'avais toujours des symptômes mais j'ai bien vu que les démarches administratives allaient bien trop vite alors que je n'avais eu aucune discussion collégiale avec les médecins du club. J'ai dit au président que je voulais les voir, avec le neurochirurgien de l'ASM, pour faire un point avec eux. Leur dire, aussi, qu'il me restait beaucoup de symptômes.
Vous aviez besoin d'être entendu ?
J'aurais vraiment aimé que l'on se mette tous autour d'une table afin de protéger ma santé, mes intérêts et ceux du club. Un accord aurait vite été trouvé... Le président a donc convenu d'un rendez-vous avec les médecins du club. Leur avis était de ne pas me laisser continuer le rugby. Pour eux, le risque était trop grand. Je l'entends et je comprends aussi qu'ils aient transmis mon dossier à la commission médicale de la FFR pour solliciter un avis supplémentaire, afin que je prenne la bonne décision. Avant de décider l'arrêt de ma carrière, j'avais besoin de mesurer tous les risques. Il me restait deux ans de contrat, il n'y avait aucune urgence. Sauf que le soir-même, j'ai reçu un e-mail de la FFR : "Votre licence est suspendue avec effet immédiat." Sans consultation médicale de la Fédération. Dessous, il y avait un petit mot : "Merci pour ce que vous avez fait pour le rugby français."
« J'ai eu la conviction que l'aspect financier avait pris le dessus sur ma santé alors que j'aurais pu mourir sur un terrain »
Qu'avez-vous ressenti ?
J'étais vexé, humilié. Plus de licence et l'ASM qui n'a pas eu un mot. Aucune nouvelle pendant trois semaines. C'est le moment le plus indigne que j'ai eu à vivre. À la remise officielle des maillots pour les joueurs partants, je n'ai pas été convié. Je n'en faisais donc pas partie ? Je ne sais pas. Le premier contact avec le club fut un appel du directeur financier : "On a vu que ta licence est suspendue, on veut te voir pour un licenciement." Il m'a dit qu'il n'y avait plus de poste pour moi dans le club. Qu'il allait m'envoyer ma simulation de chômage pour le mois de juillet alors qu'il me restait deux ans de contrat et que mon état n'était pas consolidé, loin de là. Tout ça pour des histoires de salary cap j'imagine. Cela m'a semblé incroyable.
À quel moment avez-vous décidé d'entamer une action en justice ?
Ce n'était pas mon intention au départ. Je voulais juste continuer à me soigner et c'est ce que j'ai fait, à ma charge. À côté de ça, j'ai eu le sentiment à plusieurs reprises que l'ASM essayait de me piéger, pour casser mon contrat. En octobre 2021, ils ont mandaté un médecin-contrôleur chez moi pour vérifier que mon arrêt de travail était bien justifié... Ils m'ont aussi proposé un poste d'entraîneur de la touche alors que je n'étais pas capable de travailler ; mon licenciement pour inaptitude à tout poste l'a d'ailleurs confirmé. Le président Guillon a écrit à l'Ordre des médecins du Puy-de-Dôme pour remettre en cause mon arrêt pour accident du travail. J'ai vécu tout ça comme un acharnement et j'ai eu la conviction que l'aspect financier avait pris le dessus sur ma santé, alors que j'aurais pu mourir sur un terrain et que j'aurai des séquelles à vie.
Depuis le début de votre carrière, vous êtes resté fidèle à votre club ; qu'est-ce qui vous pousse à prendre la parole ? Certains pourraient penser que vous voulez surtout de l'argent...
Ceux-là n'ont sûrement jamais eu de graves problèmes de santé... Il y a encore quelque mois, cela aurait été complètement impossible pour moi d'imaginer une telle action. Quand Jamie Cudmore l'a fait (en 2019), je me disais qu'il avait ses raisons mais c'était hors de ma réalité. Je suis un mec discret, je ne veux pas faire de vagues. Parler, j'ai d'abord cru que ça allait contre qui je suis, ces valeurs de groupe, de solidarité, mais non, c'est complètement en accord avec moi. Parler, aujourd'hui, c'est mon devoir de transmission. Si je ne le fais pas, qui va le faire ? Je suis obligé de parler, de dire ce qui m'est arrivé pour que les mecs derrière moi n'en soient pas réduits à justifier leur état de santé alors qu'ils ont pété leur tête pour le club.
C'est une fin étrange...
Oui. Je me suis senti abandonné ; pendant deux ans, j'ai volontairement disparu des radars pour protéger ma santé, mon club, mes coéquipiers. Les supporters, les anciens avec qui je buvais une bière après les matches n'ont plus eu de nouvelles mais je ne les oublie pas. Même si je ne pourrai pas fêter mes adieux avec eux, mettre les crampons et fouler Michelin une dernière fois, je leur serai toujours fidèle. Le rugby est un sport magnifique. »
Alexandre Lapandry justifie son dépôt de plaintes contre Clermont : « Je suis obligé de parler »
Joueur discret et fidèle (il a disputé 261 matches avec l'ASM), l'ancien international Alexandre Lapandry, forcé de mettre un terme à sa carrière à 33 ans, explique pourquoi il a décidé de saisir la justice après un AVC sur le terrain, en 2020.
Dominique Issartel, à Clermont-Ferrand
Dans le bureau de son avocat, Alexandre Lapandry déroule le fil de sa vie depuis deux ans et un terrible choc à la tête contre le Stade Français, en octobre 2020, qui se révèlera, plus de deux mois plus tard, être un AVC du cervelet, une affection rare et grave. Il raconte ses symptômes, ses inquiétudes et, surtout, la blessure intime, « l'humiliation profonde » qu'il a ressentie en réalisant que son club, essayait de le pousser vers la sortie alors qu'il était toujours en train de se soigner.
Après de longs mois de silence, il annonce ce lundi la fin de sa carrière et une action en justice puisque quatre plaintes visant le club auvergnat ont été déposées par Me Jean-Hubert Portejoie (lire par ailleurs) jeudi 30 novembre. Joueur discret, fidèle, peu enclin à faire des vagues, le troisième ligne, ex-international (13 sélections), sait que sa démarche va surprendre mais, dit-il, « si je ne parle pas, qui d'autre va le faire ? L'ASM a voulu faire passer le financier avant ma santé ».
« Depuis le 18 octobre 2020 et une commotion contre le Stade Français, on a eu très peu de nouvelles de vous, de votre santé, de votre avenir. Comment allez-vous ?
Pendant ces longs mois, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour me soigner et aujourd'hui, je sais que je ne jouerai plus au rugby, que ma carrière est terminée. Cela a été difficile et douloureux mais ma priorité est devenue ma santé. Je peux désormais partager la nature exacte de ma blessure, annoncer publiquement que j'ai été déclaré inapte puis licencié par mon club il y a quinze jours, et que j'ai décidé de porter plainte. Parler de tout ça n'est pas une chose facile pour moi qui suis de nature pudique, mais je tiens à le faire pour qu'il y ait une prise de conscience collective sur le sujet de la santé des joueurs. J'ai eu le sentiment de ne pas avoir été suffisamment suivi après ma blessure, que des personnes au club ont fait passer le financier avant la santé, et je veux le dire pour que les générations futures puissent mieux se protéger. C'est une évidence mais la santé n'a pas de prix.
Que s'est-il passé dans votre cas ?
Après le choc à la tête subi contre le Stade Français, j'ai été arrêté trois semaines, selon le protocole, car c'était ma deuxième commotion en moins de douze mois. Après avoir validé les paliers d'entraînement sans contact, j'espérais être retenu contre Castres mais dès le premier choc, à l'entraînement, j'ai ressenti le même ébranlement qu'un mois plus tôt, une sensation de vertige. Je l'ai immédiatement signalé et j'ai arrêté l'entraînement. À partir de là, tous les symptômes qui avaient disparu sont réapparus : maux de tête, vertiges... Je n'étais vraiment pas bien.
« J'ai passé une IRM en urgence. Les médecins du club ne me l'avaient jamais proposé »
Avez-vous revu le neurologue ?
Non, j'ai repris le protocole de retour au jeu à zéro, et après validation par le staff médical de l'ASM, j'ai pu reprendre les contacts le 14 décembre (malgré un arrêt de travail qui courait jusqu'au lendemain), dans l'optique de jouer contre le Munster le week-end suivant. Le matin du 14, à l'annonce de l'équipe, je devais être capitaine mais l'après-midi, sur un plaquage lambda, comme j'en ai fait beaucoup, j'ai eu la sensation que ma tête heurtait un bloc de béton en touchant la cuisse d'un coéquipier. J'ai eu la tête qui tournait. Une sensation d'ébranlement anormale. J'ai arrêté immédiatement. Je suis allé voir le coach dans son bureau : "Je n'ai jamais triché Franck (Azéma) mais là, il y a quelque chose de pas normal dans ma tête."
Que ressentiez-vous exactement ?
Beaucoup de pression dans le crâne, des maux de tête permanents, des vertiges, une hypersensibilité à la lumière. Et, surtout, un gros mal-être. Je ne maîtrisais plus du tout mon cerveau, ni mon comportement... J'en ai fait part au staff médical de l'ASM à plusieurs reprises mais j'ai eu l'impression qu'on ne me prenait pas au sérieux. Les médecins associaient mes symptômes à une dépression, liée à la récente disparition de mon papa. Cela m'a dévasté car, au contraire, après son décès (en juillet 2020), j'avais repris avec beaucoup d'envie, en pleine forme, heureux d'avoir été désigné capitaine. Aujourd'hui, deux ans après, je le dis : le deuil et les symptômes post-commotionnels, cela n'a rien à voir. Je peux comprendre qu'on cherche des explications mais j'ai quinze ans de club, je ne me suis jamais trop écouté et là, je leur disais : "Il m'arrive quelque chose de très grave."
Vous n'êtes pas allé consulter ailleurs ?
Une dizaine de jours après ce dernier entraînement, le 23 décembre en rentrant chez ma maman pour Noël, j'étais très mal. Désespéré et surtout esseulé. J'ai alors appelé amicalement Jean Chazal, un neurochirurgien retraité (qui a suivi les joueurs de l'ASM il y a quelques années), pour obtenir de l'aide. Je lui ai décrit mon état, le lien qui était fait avec le deuil. Il m'a dit : "Non, c'est grave, et ça n'a rien à voir avec ton papa." J'ai passé une IRM en urgence. Les médecins du club ne me l'avaient jamais proposé. Je leur ai réclamée.
Les résultats de l'IRM ont révélé une dissection de l'artère vertébrale gauche et un AVC cérébelleux (affection rare et grave du cervelet)...
Oui, plus de deux mois après mon dernier match, et avec des entraînements entretemps ! Quand la radiologue m'a dit que j'avais un caillot de sang dans le cerveau, que j'avais fait un AVC, cela ne m'a pas étonné. Pire, je me suis senti soulagé. J'avais enfin un diagnostic précis, en rapport avec le caractère anormal et persistant des troubles que je ressentais. À partir de là, mon problème vasculaire a été très bien pris en charge au CHU de Clermont-Ferrand ; c'était purement traumatique et pas dû à une cause congénitale ou une anomalie quelconque comme certains ont pu le laisser entendre. J'ai passé cinq mois sous anticoagulants, avec des prises de sang toutes les semaines.
Quelle a été la réaction au club ?
Quand ils se sont aperçus de la réalité et de la gravité de ma blessure, ils ont essayé de donner une version qui n'était pas exacte. Début janvier, ils ont voulu diffuser un communiqué que j'estime mensonger (Il montre un extrait, sur son téléphone) : "Bien au-delà du protocole (de prise en charge des commotions cérébrales), les médecins clermontois ont, à l'écoute du ressenti du joueur, cherché à pousser les investigations en pratiquant une IRM [...]. De façon inattendue et sans lien avec le diagnostic initial, les images ont montré une anomalie d'un vaisseau sanguin du cou, dont les conséquences auraient pu être dramatiques si elle n'avait pas été diagnostiquée et prise en charge..." Je me suis opposé à cette publication, j'étais abasourdi. Franchement, j'aurais pu accepter que le staff médical se trompe sur la gravité de ma blessure et je pense que je n'aurais pas porté plainte pour ça. Mais qu'ils essaient de s'en sortir en racontant des choses fausses, c'est inacceptable. La façon dont les dirigeants ont agi par la suite aussi.
C'est-à-dire ?
En janvier et en mars 2021, lors de deux rendez-vous, le président du club Jean-Michel Guillon, quand je lui avais dit que je ne pouvais pas décider d'arrêter ma carrière sans être allé au bout de mes soins, m'avait apporté sa confiance en me disant que le club ne me laisserait jamais tomber. J'étais content, je l'ai cru. En mai, à la fin de mon traitement à base d'anticoagulants, j'avais toujours des symptômes mais j'ai bien vu que les démarches administratives allaient bien trop vite alors que je n'avais eu aucune discussion collégiale avec les médecins du club. J'ai dit au président que je voulais les voir, avec le neurochirurgien de l'ASM, pour faire un point avec eux. Leur dire, aussi, qu'il me restait beaucoup de symptômes.
Vous aviez besoin d'être entendu ?
J'aurais vraiment aimé que l'on se mette tous autour d'une table afin de protéger ma santé, mes intérêts et ceux du club. Un accord aurait vite été trouvé... Le président a donc convenu d'un rendez-vous avec les médecins du club. Leur avis était de ne pas me laisser continuer le rugby. Pour eux, le risque était trop grand. Je l'entends et je comprends aussi qu'ils aient transmis mon dossier à la commission médicale de la FFR pour solliciter un avis supplémentaire, afin que je prenne la bonne décision. Avant de décider l'arrêt de ma carrière, j'avais besoin de mesurer tous les risques. Il me restait deux ans de contrat, il n'y avait aucune urgence. Sauf que le soir-même, j'ai reçu un e-mail de la FFR : "Votre licence est suspendue avec effet immédiat." Sans consultation médicale de la Fédération. Dessous, il y avait un petit mot : "Merci pour ce que vous avez fait pour le rugby français."
« J'ai eu la conviction que l'aspect financier avait pris le dessus sur ma santé alors que j'aurais pu mourir sur un terrain »
Qu'avez-vous ressenti ?
J'étais vexé, humilié. Plus de licence et l'ASM qui n'a pas eu un mot. Aucune nouvelle pendant trois semaines. C'est le moment le plus indigne que j'ai eu à vivre. À la remise officielle des maillots pour les joueurs partants, je n'ai pas été convié. Je n'en faisais donc pas partie ? Je ne sais pas. Le premier contact avec le club fut un appel du directeur financier : "On a vu que ta licence est suspendue, on veut te voir pour un licenciement." Il m'a dit qu'il n'y avait plus de poste pour moi dans le club. Qu'il allait m'envoyer ma simulation de chômage pour le mois de juillet alors qu'il me restait deux ans de contrat et que mon état n'était pas consolidé, loin de là. Tout ça pour des histoires de salary cap j'imagine. Cela m'a semblé incroyable.
À quel moment avez-vous décidé d'entamer une action en justice ?
Ce n'était pas mon intention au départ. Je voulais juste continuer à me soigner et c'est ce que j'ai fait, à ma charge. À côté de ça, j'ai eu le sentiment à plusieurs reprises que l'ASM essayait de me piéger, pour casser mon contrat. En octobre 2021, ils ont mandaté un médecin-contrôleur chez moi pour vérifier que mon arrêt de travail était bien justifié... Ils m'ont aussi proposé un poste d'entraîneur de la touche alors que je n'étais pas capable de travailler ; mon licenciement pour inaptitude à tout poste l'a d'ailleurs confirmé. Le président Guillon a écrit à l'Ordre des médecins du Puy-de-Dôme pour remettre en cause mon arrêt pour accident du travail. J'ai vécu tout ça comme un acharnement et j'ai eu la conviction que l'aspect financier avait pris le dessus sur ma santé, alors que j'aurais pu mourir sur un terrain et que j'aurai des séquelles à vie.
Depuis le début de votre carrière, vous êtes resté fidèle à votre club ; qu'est-ce qui vous pousse à prendre la parole ? Certains pourraient penser que vous voulez surtout de l'argent...
Ceux-là n'ont sûrement jamais eu de graves problèmes de santé... Il y a encore quelque mois, cela aurait été complètement impossible pour moi d'imaginer une telle action. Quand Jamie Cudmore l'a fait (en 2019), je me disais qu'il avait ses raisons mais c'était hors de ma réalité. Je suis un mec discret, je ne veux pas faire de vagues. Parler, j'ai d'abord cru que ça allait contre qui je suis, ces valeurs de groupe, de solidarité, mais non, c'est complètement en accord avec moi. Parler, aujourd'hui, c'est mon devoir de transmission. Si je ne le fais pas, qui va le faire ? Je suis obligé de parler, de dire ce qui m'est arrivé pour que les mecs derrière moi n'en soient pas réduits à justifier leur état de santé alors qu'ils ont pété leur tête pour le club.
C'est une fin étrange...
Oui. Je me suis senti abandonné ; pendant deux ans, j'ai volontairement disparu des radars pour protéger ma santé, mon club, mes coéquipiers. Les supporters, les anciens avec qui je buvais une bière après les matches n'ont plus eu de nouvelles mais je ne les oublie pas. Même si je ne pourrai pas fêter mes adieux avec eux, mettre les crampons et fouler Michelin une dernière fois, je leur serai toujours fidèle. Le rugby est un sport magnifique. »
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Re: Rugby et démence
Scalp a écrit:Ce problème des commotions cérébrales est absolument central dans le Rugby, je ne peux pas me dire que pour notre plaisir, on regarde un spectacle où l'on ne fait pas tout pour préserver la santé des joueurs. Je suis désolé, mais le match France/Bok était de mon point de vue ce que je n'ai pas envie de voir comme Rugby, voir la queue des joueurs au protocole commotion, c'était un signal très alarmant, il n'y avait vraiment pas de quoi s'enthousiasmer après cette hécatombe. Une des solutions qui parait la plus évidente, c'est d'interdire les plaquages en dessous de la poitrine et de sanctionner très sévèrement les gestes comme ceux de Du Toit, 3 semaines, on se fout de la santé des joueurs, c'est inadmissible
Je remonte mon commentaire, ce sujet me parait tellement important !, le Rugby ce n'est pas un combat de gladiateur, on sait tous que les joueurs pro et même ceux qui jouent dans des échelons amateurs, se trainent tous des séquelles physiques, ce sport est dur. Mais en ce qui concerne les commotions cérébrales qui entraînent des séquelles gravissimes, on ne peut pas laisser les choses en l'état, les joueurs ne sont pas des bouts de viande, avec une étiquette et un prix...
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Re: Rugby et démence
Terrible le témoignage d’Alexandre Lapandry. Dingue le fait qu’il ait repris 2 fois en peu de temps alors qu’il y avait des signes inquiétants. Quant à la « gestion » humaine, affligeant. Je lui souhaite de ne pas avoir trop de séquelles et de retrouver le moral. En plus un bon gars visiblement.
À propos de la protection des joueurs ; comme cela a déjà été dit, on ne peut pas attendre d’un joueur qu’il prenne une décision sur le moment : sous l’effets des neurotransmetteurs et autres molécules liées à l’effort, à la douleur, voire à un éventuel énervement, on n’a pas forcément conscience d’un pb. Et je ne parle pas d’un contexte, de pression liée au rugby pro, certes ça peut jouer, mais je dirais que ça joue surtout après, sur la durée de récup, d’éventuels signes dont le joueur ne parlerait pas, etc. Sur le moment, on peut ne pas avoir conscience d'un pb, vraiment (par contre le lendemain au réveil là on peut se rendre compte qu'il y a qqc qui ne va pas).
À propos de la protection des joueurs ; comme cela a déjà été dit, on ne peut pas attendre d’un joueur qu’il prenne une décision sur le moment : sous l’effets des neurotransmetteurs et autres molécules liées à l’effort, à la douleur, voire à un éventuel énervement, on n’a pas forcément conscience d’un pb. Et je ne parle pas d’un contexte, de pression liée au rugby pro, certes ça peut jouer, mais je dirais que ça joue surtout après, sur la durée de récup, d’éventuels signes dont le joueur ne parlerait pas, etc. Sur le moment, on peut ne pas avoir conscience d'un pb, vraiment (par contre le lendemain au réveil là on peut se rendre compte qu'il y a qqc qui ne va pas).
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Humeur : Consterné par le traitement réservé à MJ, la mentalité d'une partie des commentateurs (journalistes et supporters), etc.
Re: Rugby et démence
https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/sports/l-asm-clermont-reagit-aux-plaintes-deposees-par-alexandre-lapandry_14231992/
L'ASM Clermont réagit aux plaintes déposées par Alexandre Lapandry
Lundi, en conférence de presse, Jean-Michel Guillon, président de l'ASM Clermont, a donné la version du club concernant la prise en charge médicale d'Alexandre Lapandry, victime d'une commotion en octobre 2020 et le traitement juridique de son licenciement.
Lundi 12 décembre, lors de sa conférence de presse, Jean-Michel Guillon a lu un long communiqué pour clarifier la position de l’ASM Clermont suite aux plaintes déposées par Alexandre Lapandry concernant le traitement de sa commotion en octobre 2020.
Le président a d’abord tenu à réaffirmer son soutien au joueur. « Nous comprenons que cette fin de carrière subie soit très difficile à vivre pour le sportif engagé et le grand joueur qu’il a été dans notre club... ».
« Un démenti formel »
Le président de l’ASM a ensuite évoqué le fond du dossier. « En revanche, nous avons été profondément blessés et choqués par les accusations (...). Nous défendrons l’intégrité du club avec la plus grande fermeté et la plus grande vigueur (...). L’ASM entend ainsi opposer un démenti formel aux allégations les plus graves selon lesquelles le club aurait négligé le suivi médical d’Alexandre Lapandry. »
Le président a aussi donné la version du club concernant la prise en charge médicale du joueur et le traitement juridique de son licenciement.
L'ASM Clermont réagit aux plaintes déposées par Alexandre Lapandry
Lundi, en conférence de presse, Jean-Michel Guillon, président de l'ASM Clermont, a donné la version du club concernant la prise en charge médicale d'Alexandre Lapandry, victime d'une commotion en octobre 2020 et le traitement juridique de son licenciement.
Lundi 12 décembre, lors de sa conférence de presse, Jean-Michel Guillon a lu un long communiqué pour clarifier la position de l’ASM Clermont suite aux plaintes déposées par Alexandre Lapandry concernant le traitement de sa commotion en octobre 2020.
Le président a d’abord tenu à réaffirmer son soutien au joueur. « Nous comprenons que cette fin de carrière subie soit très difficile à vivre pour le sportif engagé et le grand joueur qu’il a été dans notre club... ».
« Un démenti formel »
Le président de l’ASM a ensuite évoqué le fond du dossier. « En revanche, nous avons été profondément blessés et choqués par les accusations (...). Nous défendrons l’intégrité du club avec la plus grande fermeté et la plus grande vigueur (...). L’ASM entend ainsi opposer un démenti formel aux allégations les plus graves selon lesquelles le club aurait négligé le suivi médical d’Alexandre Lapandry. »
Le président a aussi donné la version du club concernant la prise en charge médicale du joueur et le traitement juridique de son licenciement.
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Re: Rugby et démence
https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/paris/dossier-la-commotion-cerebrale-menace-omnipresente-qui-plane-sur-les-terrains-de-rugby-2736438.html
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Re: Rugby et démence
https://www.rugbyrama.fr/2023/03/21/commotions-cerebrales-et-demence-une-enquete-parlementaire-lancee-au-royaume-uni-pour-etablir-un-lien-11077269.php
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Re: Rugby et démence
https://twitter.com/ArnaudCoudry/status/1638219919664852992?s=20
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Re: Rugby et démence
Rugby : «30% d'autonomie» par jour pour le cerveau de l'ex-All Black Hayman raison des commotions
https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/rugby-30-d-autonomie-par-jour-pour-le-cerveau-de-l-ex-all-black-hayman-raison-des-commotions-20230419
https://www.lefigaro.fr/sports/rugby/rugby-30-d-autonomie-par-jour-pour-le-cerveau-de-l-ex-all-black-hayman-raison-des-commotions-20230419
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Re: Rugby et démence
Rugby: l'effrayant témoignage de Carl Hayman, ancien All Black, atteint de démence précoce
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/rugby-l-effrayant-temoignage-de-carl-hayman-ancien-all-black-atteint-de-demence-precoce_AD-202304190511.html
https://rmcsport.bfmtv.com/rugby/rugby-l-effrayant-temoignage-de-carl-hayman-ancien-all-black-atteint-de-demence-precoce_AD-202304190511.html
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Re: Rugby et démence
Quand va-t-on rendre obligatoire l'abaissement des plaquages en dessous du niveau de la poitrine (ligne des tétons), ce serait déjà une première bonne chose...
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Re: Rugby et démence
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Re: Rugby et démence
Quand on voit l'épaule dans la tête de Lucu d'hier soir sanctionnée d'une simple pénalité, on se dit que le chemin est encore TRRRRREEEEEESSSSS long....
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Humeur : Un essai de l'UBB et c'est toute la semaine qui prend des couleurs....
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Re: Rugby et démence
krahknardz a écrit:Quand on voit l'épaule dans la tête de Lucu d'hier soir sanctionnée d'une simple pénalité, on se dit que le chemin est encore TRRRRREEEEEESSSSS long....
meme pas un appel video sur le choc de Diaby...il ressort avec une oeuf de poule sur le front et ca n'interpelle pas plus que ca l'arbitre...
de toute facon, y a tres tres longtemps que je suis convaincu que les arbitres veulent voir ce quils ont envie de voir.
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Re: Rugby et démence
grospaquet31 a écrit:krahknardz a écrit:Quand on voit l'épaule dans la tête de Lucu d'hier soir sanctionnée d'une simple pénalité, on se dit que le chemin est encore TRRRRREEEEEESSSSS long....
meme pas un appel video sur le choc de Diaby...il ressort avec une oeuf de poule sur le front et ca n'interpelle pas plus que ca l'arbitre...
de toute facon, y a tres tres longtemps que je suis convaincu que les arbitres veulent voir ce quils ont envie de voir.
Sur Diaby c'était choc tête contre tête. Mais Lucu c'est épaule dans la tête et volontaire en plus. Plus rouge que ça seulement le cathédrale en enfonçant la tête dans le gazon....
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Humeur : Un essai de l'UBB et c'est toute la semaine qui prend des couleurs....
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Re: Rugby et démence
krahknardz a écrit:grospaquet31 a écrit:krahknardz a écrit:Quand on voit l'épaule dans la tête de Lucu d'hier soir sanctionnée d'une simple pénalité, on se dit que le chemin est encore TRRRRREEEEEESSSSS long....
meme pas un appel video sur le choc de Diaby...il ressort avec une oeuf de poule sur le front et ca n'interpelle pas plus que ca l'arbitre...
de toute facon, y a tres tres longtemps que je suis convaincu que les arbitres veulent voir ce quils ont envie de voir.
Sur Diaby c'était choc tête contre tête. Mais Lucu c'est épaule dans la tête et volontaire en plus. Plus rouge que ça seulement le cathédrale en enfonçant la tête dans le gazon....
c'est un placage non maitrisé. c'est rouge selon la regle
grospaquet31- J'aime l'Union à la folie
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Re: Rugby et démence
"Vouloir détruire l'adversaire", une "dérive" que dénonce Philippe Chauvin, père endeuillé
https://www.eurosport.fr/rugby/vouloir-detruire-l-adversaire-une-derive-que-denonce-philippe-chauvin-pere-endeuille_sto9576149/story.shtml
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Re: Rugby et démence
Le Rugby doit-il se réformer pour devenir plus sûr ? L'avis résolu du Professeur Chazal
https://www.lerugbynistere.fr/news/le-rugby-doit-il-se-reformer-pour-devenir-plus-sur-lavis-resolu-du-professeur-chazal-1105231539.php
"On nous bassine avec la ligne des épaules en dessous de laquelle il faut plaquer", lance le professeur Chazal. Mais est-ce suffisant ?
Oui, mais même cette mesure, qui parait tellement évidente, qui diminuait le nombre de commotions cérébrales, on n'est même pas capable de le faire...
https://www.lerugbynistere.fr/news/le-rugby-doit-il-se-reformer-pour-devenir-plus-sur-lavis-resolu-du-professeur-chazal-1105231539.php
"On nous bassine avec la ligne des épaules en dessous de laquelle il faut plaquer", lance le professeur Chazal. Mais est-ce suffisant ?
Oui, mais même cette mesure, qui parait tellement évidente, qui diminuait le nombre de commotions cérébrales, on n'est même pas capable de le faire...
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Re: Rugby et démence
https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/Face-aux-commotions-cerebrales-le-rugby-est-il-bien-couvert/1396047
Face aux commotions cérébrales, le rugby est-il bien couvert ?
Les accusations envers leur employeur de Sébastien Vahaamahina ou Alexandre Lapandry, déclarés inaptes à la suite de commotions cérébrales, soulèvent la problématique de l'indemnisation prévue par la convention collective du rugby pro. Même si l'âge limite de couverture va reculer à 31 ans, le dispositif reste protecteur.
Frédéric Bernès
La santé d'un salarié, joueur de rugby ou non, ne devrait pas avoir de prix. Elle a en revanche un coût, c'est indéniable. Dans les témoignages d'Alexandre Lapandry, en novembre, ou de Sébastien Vahaamahina, samedi dernier, publiés par L'Équipe, d'autres thématiques affleuraient derrière le concentré de souffrance physique ou psychologique exposée, derrière les blessures affectives avouées.
Pourquoi la foudre tombe encore au même endroit (le club de Clermont), déjà mis en cause sur le terrain des commotions cérébrales par un autre de ses grognards, Jamie Cudmore ? Cette question reste à éclaircir. La gestion des inaptitudes professionnelles mène à d'autres questions : le rugby professionnel est-il outillé pour protéger ses grands blessés et faire face au poison lent des commotions qui demande du temps (de repos, d'examens neurologiques...) ?
Cette couverture santé à plusieurs chiffres avant la virgule peut-elle devenir une contrainte trop lourde pour les assureurs et les clubs ? Lapandry et Vahaamahina ont clairement posé le mobile financier au coeur du problème, en laissant entendre que l'employeur, soucieux de son salary-cap, cherchait à les pousser à démissionner.
La mécanique de l'indemnisation
Quand un joueur est blessé, à partir du 28e jour, il ne coûte plus rien au club, du moins directement, la sécurité sociale et la prévoyance collective prenant le relais. La convention collective du rugby professionnel prévoit que le joueur en arrêt maladie prolongé touche 77,5% de son salaire brut. Cela peut durer jusqu'à trente-six mois. Quand un joueur « perd » sa licence après avoir reçu la fameuse lettre de la commission médicale de la FFR, comme c'est arrivé à Lapandry et Vahaamahina, il n'est pas déclaré inapte. La FFR peut prononcer une contre-indication définitive à la pratique du rugby mais son verdict n'a pas, en droit du travail, la valeur juridique pour casser le CDD d'un sportif pro.
Comme pour n'importe quel salarié, la rupture n'est consommée qu'une fois tombée la sentence de la médecine du travail. Plusieurs interlocuteurs ont d'ailleurs souligné que la différence de compétence entre les médecins du travail et les médecins spécialisés des clubs, de plus en plus savants au sujet des pathologies liées aux commotions, pouvait poser problème.
Quelle qu'en soit l'origine (classification G3 cervicales, raison cardiaque, commotion cérébrale...), la procédure en cas d'inaptitude permet au joueur de rester trente jours dans les effectifs du club, le temps qu'on lui propose des reclassements. Si aucune option n'est immédiatement envisageable, le contrat s'arrête. Les droits au chômage s'ouvrent. Le joueur déclaré inapte perçoit une indemnisation pour inaptitude professionnelle, fixée par les textes de droit commun du travail et correspondant au double de l'indemnité légale de licenciement.
Il perçoit aussi la « garantie perte de licence », via la convention collective. Cette indemnité est payée par l'assureur du club et varie selon l'âge et le niveau de rémunération. Le joueur peut prétendre également, via l'assureur de la Fédération et au prorata de son pourcentage d'invalidité, d'une couverture comprise dans le contrat de licence FFR. Depuis peu, le dispositif s'est enrichi du « pécule de reconversion », sous forme de cotisations prélevées à la source tout au long de la carrière.
Plus collectif que le foot
En France ou ailleurs, dans le foot ou dans le basket, aucun système de prévoyance n'est équivalent à celui du rugby pro français. Pour répondre à une inaptitude soudaine, la charte professionnelle du football - sport à l'accidentologie bien sûr très différente - prévoit le maintien du salaire pendant trois mois. C'est pourquoi les contrats individuels d'assurance sont la protection quasi exclusive dans le foot, et seulement une pratique d'aide complémentaire qui va crescendo dans le rugby.
Avec les inconvénients inhérents à tout contrat à titre personnel : l'assureur pourra demander l'accès au dossier médical, déceler des fragilités qu'il estimera trop à risques et donc refuser de couvrir le joueur. C'est cette sélection que veut à tout prix éviter le rugby. « On a un très bon outil, convient Mathieu Giudicelli, patron de Provale, le syndicat des joueurs. Je ne me prononcerai pas sur des dossiers particuliers mais il est inconcevable qu'un joueur devienne un mouchoir jetable.»
La zone grise
« C'est un système très protecteur et tant mieux, dit un professionnel des assurances. Mais attention. Il y a des gens qui cherchent à profiter du système et le mettent en péril, conseillés par des cabinets d'avocats qui y voient un filon. En laissant volontairement traîner un arrêt de travail, sachant que cela peut durer trois ans, que cet argent n'est pas assujetti à l'impôt sur le revenu et que ça retarde le chômage. Tôt ou tard, on fera un exemple. Sinon, le rugby risque de devenir inassurable. Avant, des clubs maintenaient intégralement le salaire de leurs joueurs arrêtés. Ils sont tous en train d'y renoncer. Si on a dû baisser, voilà deux-trois ans, l'âge plafond pour toucher la "garantie perte de licence" dans la convention collective, ce n'est pas un hasard.»
De 34 ans, il est descendu à 32 ans et passera à 31 en 2025. Parce que désormais la première raison d'indemnisation pour une perte de licence est liée aux commotions et que personne ne sait comment l'endiguer, sauf à limiter une fois pour toutes le temps de jeu des acteurs. Parce que les assureurs ne voulaient pas endosser des déficits chroniques, qu'ils auraient répercutés sur les clubs en rehaussant les cotisations. « On a fait le choix d'accepter de baisser l'âge limite, explique Giudicelli, et qu'aucune pathologie ne soit exclue de la prévoyance collective. Pour que tout le monde reste couvert pour tout. »
Face aux commotions cérébrales, le rugby est-il bien couvert ?
Les accusations envers leur employeur de Sébastien Vahaamahina ou Alexandre Lapandry, déclarés inaptes à la suite de commotions cérébrales, soulèvent la problématique de l'indemnisation prévue par la convention collective du rugby pro. Même si l'âge limite de couverture va reculer à 31 ans, le dispositif reste protecteur.
Frédéric Bernès
La santé d'un salarié, joueur de rugby ou non, ne devrait pas avoir de prix. Elle a en revanche un coût, c'est indéniable. Dans les témoignages d'Alexandre Lapandry, en novembre, ou de Sébastien Vahaamahina, samedi dernier, publiés par L'Équipe, d'autres thématiques affleuraient derrière le concentré de souffrance physique ou psychologique exposée, derrière les blessures affectives avouées.
Pourquoi la foudre tombe encore au même endroit (le club de Clermont), déjà mis en cause sur le terrain des commotions cérébrales par un autre de ses grognards, Jamie Cudmore ? Cette question reste à éclaircir. La gestion des inaptitudes professionnelles mène à d'autres questions : le rugby professionnel est-il outillé pour protéger ses grands blessés et faire face au poison lent des commotions qui demande du temps (de repos, d'examens neurologiques...) ?
Cette couverture santé à plusieurs chiffres avant la virgule peut-elle devenir une contrainte trop lourde pour les assureurs et les clubs ? Lapandry et Vahaamahina ont clairement posé le mobile financier au coeur du problème, en laissant entendre que l'employeur, soucieux de son salary-cap, cherchait à les pousser à démissionner.
La mécanique de l'indemnisation
Quand un joueur est blessé, à partir du 28e jour, il ne coûte plus rien au club, du moins directement, la sécurité sociale et la prévoyance collective prenant le relais. La convention collective du rugby professionnel prévoit que le joueur en arrêt maladie prolongé touche 77,5% de son salaire brut. Cela peut durer jusqu'à trente-six mois. Quand un joueur « perd » sa licence après avoir reçu la fameuse lettre de la commission médicale de la FFR, comme c'est arrivé à Lapandry et Vahaamahina, il n'est pas déclaré inapte. La FFR peut prononcer une contre-indication définitive à la pratique du rugby mais son verdict n'a pas, en droit du travail, la valeur juridique pour casser le CDD d'un sportif pro.
Comme pour n'importe quel salarié, la rupture n'est consommée qu'une fois tombée la sentence de la médecine du travail. Plusieurs interlocuteurs ont d'ailleurs souligné que la différence de compétence entre les médecins du travail et les médecins spécialisés des clubs, de plus en plus savants au sujet des pathologies liées aux commotions, pouvait poser problème.
Quelle qu'en soit l'origine (classification G3 cervicales, raison cardiaque, commotion cérébrale...), la procédure en cas d'inaptitude permet au joueur de rester trente jours dans les effectifs du club, le temps qu'on lui propose des reclassements. Si aucune option n'est immédiatement envisageable, le contrat s'arrête. Les droits au chômage s'ouvrent. Le joueur déclaré inapte perçoit une indemnisation pour inaptitude professionnelle, fixée par les textes de droit commun du travail et correspondant au double de l'indemnité légale de licenciement.
Il perçoit aussi la « garantie perte de licence », via la convention collective. Cette indemnité est payée par l'assureur du club et varie selon l'âge et le niveau de rémunération. Le joueur peut prétendre également, via l'assureur de la Fédération et au prorata de son pourcentage d'invalidité, d'une couverture comprise dans le contrat de licence FFR. Depuis peu, le dispositif s'est enrichi du « pécule de reconversion », sous forme de cotisations prélevées à la source tout au long de la carrière.
Plus collectif que le foot
En France ou ailleurs, dans le foot ou dans le basket, aucun système de prévoyance n'est équivalent à celui du rugby pro français. Pour répondre à une inaptitude soudaine, la charte professionnelle du football - sport à l'accidentologie bien sûr très différente - prévoit le maintien du salaire pendant trois mois. C'est pourquoi les contrats individuels d'assurance sont la protection quasi exclusive dans le foot, et seulement une pratique d'aide complémentaire qui va crescendo dans le rugby.
Avec les inconvénients inhérents à tout contrat à titre personnel : l'assureur pourra demander l'accès au dossier médical, déceler des fragilités qu'il estimera trop à risques et donc refuser de couvrir le joueur. C'est cette sélection que veut à tout prix éviter le rugby. « On a un très bon outil, convient Mathieu Giudicelli, patron de Provale, le syndicat des joueurs. Je ne me prononcerai pas sur des dossiers particuliers mais il est inconcevable qu'un joueur devienne un mouchoir jetable.»
La zone grise
« C'est un système très protecteur et tant mieux, dit un professionnel des assurances. Mais attention. Il y a des gens qui cherchent à profiter du système et le mettent en péril, conseillés par des cabinets d'avocats qui y voient un filon. En laissant volontairement traîner un arrêt de travail, sachant que cela peut durer trois ans, que cet argent n'est pas assujetti à l'impôt sur le revenu et que ça retarde le chômage. Tôt ou tard, on fera un exemple. Sinon, le rugby risque de devenir inassurable. Avant, des clubs maintenaient intégralement le salaire de leurs joueurs arrêtés. Ils sont tous en train d'y renoncer. Si on a dû baisser, voilà deux-trois ans, l'âge plafond pour toucher la "garantie perte de licence" dans la convention collective, ce n'est pas un hasard.»
De 34 ans, il est descendu à 32 ans et passera à 31 en 2025. Parce que désormais la première raison d'indemnisation pour une perte de licence est liée aux commotions et que personne ne sait comment l'endiguer, sauf à limiter une fois pour toutes le temps de jeu des acteurs. Parce que les assureurs ne voulaient pas endosser des déficits chroniques, qu'ils auraient répercutés sur les clubs en rehaussant les cotisations. « On a fait le choix d'accepter de baisser l'âge limite, explique Giudicelli, et qu'aucune pathologie ne soit exclue de la prévoyance collective. Pour que tout le monde reste couvert pour tout. »
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Re: Rugby et démence
https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/08/25/au-rugby-les-commotions-cerebrales-en-proces_6186501_3242.html#xtor=AL-32280270-%5Btwitter%5D-%5Bios%5D
Au rugby, les commotions cérébrales en procès
Par Martin Untersinger
Enquête : Alors que se profile la Coupe du monde de rugby, d’anciens professionnels multiplient les procédures juridiques pour dénoncer la répétition des commotions et le manque de protection des joueurs.
Ces images de la victoire en finale de la Coupe du monde de rugby de 2003, Steve Thompson les a souvent regardées. On le voit soulever la coupe Webb-Ellis sur la pelouse du stade olympique de Sydney, avec ses coéquipiers de l’équipe d’Angleterre, Jonny Wilkinson et consorts. Mais si les images restent, le souvenir de ces instants de gloire a disparu de la mémoire du joueur désormais retraité. Comme s’ils avaient été effacés. Des trous de mémoire et des absences, Steve Thompson, 45 ans, en a sans cesse. Il a confié au Guardian qu’il en vient parfois à oublier le prénom de sa femme.
La faute à une encéphalopathie traumatique chronique – le terme médical pour la démence – causée, Steve Thompson en est certain, par de multiples chocs reçus à la tête tout au long de sa riche carrière (76 sélections avec le XV de la Rose et plus de 200 matchs en club). Alors, fin 2020, l’ancien talonneur est monté en première ligne d’une action en justice menée au Royaume-Uni par d’anciens joueurs, visant World Rugby, l’instance internationale de ce sport, et les fédérations galloise et anglaise. Ils les accusent de ne pas les avoir suffisamment protégés des commotions à répétition et réclament un dédommagement financier pour faire face à leurs frais de santé. L’objectif est aussi, selon leur avocat, Rylands Garth, « de rendre le jeu plus sûr et de veiller à ce que les joueurs, anciens ou actuels, puissent bénéficier de l’aide clinique nécessaire s’ils souffrent d’une lésion cérébrale ».
Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que le rugby a commencé à prendre en compte le danger de ces chocs. World Rugby a durci les règles concernant les plaquages, qui ne doivent pas viser la tête du joueur, et surtout adopté une série de mesures, que fédérations, clubs et équipes nationales sont censés suivre. Elles imposent notamment la sortie du terrain en cas de suspicion de commotion et, lors d’une commotion avérée, une période de repos avant le retour à la compétition.
Mais, comme en atteste la procédure lancée au Royaume-Uni, un nombre croissant de joueurs considèrent ces règles insuffisantes. En juin, après une longue période de conciliation qui n’a pas abouti, le procès des institutions mondiales du rugby a débuté devant la Haute Cour de Londres. Une action collective réunit 235 joueurs, 66 et 169 professionnels. Parmi eux, outre Steve Thompson, on trouve l’ex-All Black Carl Hayman, et les anciens internationaux gallois Ryan Jones et Alix Popham. En Irlande, 3 anciens joueurs (David Corkery, Declan Fitzpatrick et Ben Marshall) ont attaqué en septembre 2022 la fédération irlandaise, World Rugby et les 4 clubs irlandais (Ulster, Leinster, Connacht et Munster) devant la Haute Cour de Dublin. Ils ont raconté à la presse les coups incessants à la tête et leurs retours sur le terrain malgré les pertes de connaissance. Et, une fois les crampons rangés, les migraines qui s’installent. « Nous sommes attristés par ces récits d’anciens joueurs et nous saluons leur courage. La santé des joueurs a toujours été et continuera d’être notre priorité absolue. Nous nous efforçons de les protéger, en agissant sur la base de preuves et de données scientifiques », confie au Monde un porte-parole de World Rugby.
Mise en danger de la vie d’autrui
Dans l’Hexagone, le premier rugbyman à s’être retourné contre son club s’appelle Jamie Cudmore. Au printemps 2015, le deuxième-ligne canadien de Clermont subit des chocs à la tête lors de matchs de Coupe d’Europe. Ces coups auraient dû, selon lui, conduire à sa sortie du terrain. Il dispute pourtant ces rencontres, sur l’insistance, dit-il, de son club. Il se plaint ensuite de migraines, de vertiges, de vomissements et de sautes d’humeur. En 2017, il a assigné son club en justice avant de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, en 2019. Une plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Clermont-Ferrand a ensuite été déposée en janvier 2020. L’affaire est en cours d’instruction.
Le club de la capitale auvergnate a été visé par un second joueur, Alexandre Lapandry. En novembre 2022, il a déposé quatre plaintes contre X, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires. Selon L’Equipe, le troisième-ligne avait été autorisé à reprendre le rugby après une importante commotion survenue en octobre 2020, avant qu’une IRM ne révèle de graves lésions cérébrales. L’enquête préliminaire est en cours. Le talonneur Quentin Garcia a lui aussi attaqué son club, Chambéry. En 2019, après plusieurs commotions en cours de saison, il dispute un quart de finale de Fédérale 1. Les premières minutes du match le mettent au supplice. Vertiges, nausées… « Je me suis vu mourir », dit-il à L’Equipe. Au bout d’une vingtaine de minutes, ses entraîneurs consentent enfin à le faire sortir. Il porte plainte l’année suivante pour « blessures involontaires ». Des accusations « diffamatoires », tonne le directeur général du club, Johan Colliat.
« Il y a du relâchement dans certains clubs » concernant les règles liées aux commotions, dénonce Antoine Semeria, l’avocat de Quentin Garcia, qui évoque des commotions non déclarées ou des périodes de repos non respectées. Il représente plusieurs joueurs souffrant actuellement d’importants symptômes (pertes de mémoire, dépressions, migraines) qu’ils imputent à leur pratique du rugby et aux nombreux chocs reçus lors de leur carrière.
Les avocats Nino Arnaud et Foucauld Prache défendent eux aussi les intérêts en France d’une vingtaine de joueurs, dont Quentin Garcia, mais aussi Sarah Chlagou, une joueuse contrainte de mettre un terme à sa carrière à cause des commotions, ainsi que certains des joueurs impliqués dans la procédure britannique (Steve Thompson, qui a joué à Brive, et Carl Hayman, ancien de Toulon). D’autres ne veulent pas parler de leurs difficultés dans la presse. Elles sont pourtant dramatiques. « Ce n’est pas un mec qui boite à la fin de sa carrière après s’être abîmé le genou », lance Nino Arnaud, évoquant pêle-mêle des anciens joueurs qui ne peuvent plus se concentrer que quelques heures par jour, oublient leurs enfants à l’école et, pour les cas les plus graves, voient leur « espérance de vie sérieusement compromise ».
La Fédération et la Ligue visées
« A force de répéter les commotions, il peut y avoir des lésions et des zones d’atrophie un peu partout. Et il y a un seuil critique à partir duquel le cerveau ne fonctionne plus correctement et on devient dément, avec des troubles de l’équilibre, de l’humeur… », détaille le neurochirurgien Jean Chazal.
Philippe Decq, autre neurochirurgien en pointe sur la question, est plus prudent : « Des travaux scientifiques semblent montrer que la répétition d’impacts à la tête est liée à la possible survenue d’anomalies constatées dans le cerveau des athlètes. Y a-t-il un lien formel entre ces anomalies et la survenue de problèmes cliniques pouvant aller jusqu’aux maladies neurodégénératives ? C’est un pas que je ne franchirai pas aujourd’hui. » S’il considère que tout n’est pas parfait, le praticien estime que les règles visant à limiter les commotions, « jusqu’ici mal appliquées, le sont de mieux en mieux ».
Cela ne découragera pas Mᵉˢ Arnaud et Prache d’engager un bras de fer avec la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR) pour obtenir un changement de ces règles. Ils envisagent de formuler « dans les prochaines semaines » un recours au nom de leurs clients auprès de ces deux instances, préalable à la saisine du juge administratif. « Nous leur reprochons un manquement à leurs obligations d’information sur les risques liés à la pratique du rugby, et en particulier ceux liés aux commotions. Le cadre général n’est pas suffisamment structuré, rigoureux et impératif pour protéger les joueurs », insiste Nino Arnaud.
Dans un courrier transmis à la FFR et à la LNR, première étape de leur action en justice, les avocats appellent les instances à « réduire l’exposition » des joueurs aux commotions, à « contribuer à la prise en charge et à l’accompagnement des joueurs impactés » et déplorent l’absence de « suivi médical complet, indépendant et rigoureux pour les joueurs ayant subi une commotion ». Ils suggèrent de raccourcir les saisons ou de limiter les entraînements avec contacts.
Sollicitées par Le Monde, la LNR et la FFR soulignent les progrès majeurs effectués ces dernières années dans la prise en compte des commotions au sein du rugby professionnel. Une formation est obligatoire pour tous les personnels médicaux des clubs, et les règles – en particulier pour les plaquages – ont été durcies. Depuis 2012, après toute commotion suspectée ou avérée, un neurologue indépendant détermine les délais de retour au jeu. « On est le seul pays au monde à faire cela », insiste David Brauge, expert des commotions au sein du comité médical de la FFR. Concernant la détection des commotions, « on n’est jamais à 100 %, mais on s’en rapproche », assure Max Lafargue, président de la commission médicale de la LNR, qui rappelle la présence sur les terrains du Top 14, depuis 2019, de médecins indépendants, ainsi que la détection des commotions par vidéo pendant et après les matchs.
« Un problème généralisé »
Si le danger des commotions a fait son chemin ces dernières années dans le monde du rugby, la prise de conscience reste imparfaite, en particulier dans le rugby amateur. « C’est là qu’est le problème de santé publique », affirme David Brauge. D’où la volonté de médiatiser certains cas de joueurs durement touchés par les conséquences de ces graves blessures. « C’est un sujet très sensible, il y a une omerta. Or, sensibiliser et prévenir du risque est une question de santé publique », fait valoir Antoine Semeria, qui a justement créé une association, Alerte commotions, pour favoriser la prise de parole des victimes et leur prise en charge médicale. « La seule façon d’agir est de sensibiliser les gens à ce sujet. On ne peut pas faire le gendarme sur tous les terrains. On le fait sur les terrains professionnels, mais sur le “rugby des champs”, il n’y a que la formation et l’information qui peuvent avoir un effet », reconnaît le neurochirurgien Philippe Decq.
« Au niveau amateurs, c’est du grand n’importe quoi, peu de personnes sont formées sur le sujet et le joueur est livré à lui-même », regrette Antoine Semeria. La FFR tente de juguler ce problème, notamment en diffusant des vidéos de sensibilisation auprès du corps arbitral, après avoir introduit le carton bleu, qui permet à l’arbitre d’exclure un joueur sur commotion, lequel ne peut reprendre le jeu qu’après avis médical.
Cette prise de conscience se heurte toutefois à l’image d’un sport où il a été longtemps vu comme une marque de courage de rester sur le terrain après un choc et où la brutalité et le sacrifice sont glorifiés. Raphaël Ibanez, l’ancien talonneur et actuel manageur du XV de France, a mis un terme à sa carrière en 2009, après avoir subi trois K.-O. la même année. Et au cours de la préparation des Bleus avant la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), l’entraîneur du XV de France, Fabien Galthié, donnait ce conseil au nouveau venu Louis Bielle-Biarrey, 20 ans, pour récupérer des ballons dans les airs : « Zéro respect pour ton corps. C’est simple. »
Au rugby, les commotions cérébrales en procès
Par Martin Untersinger
Enquête : Alors que se profile la Coupe du monde de rugby, d’anciens professionnels multiplient les procédures juridiques pour dénoncer la répétition des commotions et le manque de protection des joueurs.
Ces images de la victoire en finale de la Coupe du monde de rugby de 2003, Steve Thompson les a souvent regardées. On le voit soulever la coupe Webb-Ellis sur la pelouse du stade olympique de Sydney, avec ses coéquipiers de l’équipe d’Angleterre, Jonny Wilkinson et consorts. Mais si les images restent, le souvenir de ces instants de gloire a disparu de la mémoire du joueur désormais retraité. Comme s’ils avaient été effacés. Des trous de mémoire et des absences, Steve Thompson, 45 ans, en a sans cesse. Il a confié au Guardian qu’il en vient parfois à oublier le prénom de sa femme.
La faute à une encéphalopathie traumatique chronique – le terme médical pour la démence – causée, Steve Thompson en est certain, par de multiples chocs reçus à la tête tout au long de sa riche carrière (76 sélections avec le XV de la Rose et plus de 200 matchs en club). Alors, fin 2020, l’ancien talonneur est monté en première ligne d’une action en justice menée au Royaume-Uni par d’anciens joueurs, visant World Rugby, l’instance internationale de ce sport, et les fédérations galloise et anglaise. Ils les accusent de ne pas les avoir suffisamment protégés des commotions à répétition et réclament un dédommagement financier pour faire face à leurs frais de santé. L’objectif est aussi, selon leur avocat, Rylands Garth, « de rendre le jeu plus sûr et de veiller à ce que les joueurs, anciens ou actuels, puissent bénéficier de l’aide clinique nécessaire s’ils souffrent d’une lésion cérébrale ».
Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que le rugby a commencé à prendre en compte le danger de ces chocs. World Rugby a durci les règles concernant les plaquages, qui ne doivent pas viser la tête du joueur, et surtout adopté une série de mesures, que fédérations, clubs et équipes nationales sont censés suivre. Elles imposent notamment la sortie du terrain en cas de suspicion de commotion et, lors d’une commotion avérée, une période de repos avant le retour à la compétition.
Mais, comme en atteste la procédure lancée au Royaume-Uni, un nombre croissant de joueurs considèrent ces règles insuffisantes. En juin, après une longue période de conciliation qui n’a pas abouti, le procès des institutions mondiales du rugby a débuté devant la Haute Cour de Londres. Une action collective réunit 235 joueurs, 66 et 169 professionnels. Parmi eux, outre Steve Thompson, on trouve l’ex-All Black Carl Hayman, et les anciens internationaux gallois Ryan Jones et Alix Popham. En Irlande, 3 anciens joueurs (David Corkery, Declan Fitzpatrick et Ben Marshall) ont attaqué en septembre 2022 la fédération irlandaise, World Rugby et les 4 clubs irlandais (Ulster, Leinster, Connacht et Munster) devant la Haute Cour de Dublin. Ils ont raconté à la presse les coups incessants à la tête et leurs retours sur le terrain malgré les pertes de connaissance. Et, une fois les crampons rangés, les migraines qui s’installent. « Nous sommes attristés par ces récits d’anciens joueurs et nous saluons leur courage. La santé des joueurs a toujours été et continuera d’être notre priorité absolue. Nous nous efforçons de les protéger, en agissant sur la base de preuves et de données scientifiques », confie au Monde un porte-parole de World Rugby.
Mise en danger de la vie d’autrui
Dans l’Hexagone, le premier rugbyman à s’être retourné contre son club s’appelle Jamie Cudmore. Au printemps 2015, le deuxième-ligne canadien de Clermont subit des chocs à la tête lors de matchs de Coupe d’Europe. Ces coups auraient dû, selon lui, conduire à sa sortie du terrain. Il dispute pourtant ces rencontres, sur l’insistance, dit-il, de son club. Il se plaint ensuite de migraines, de vertiges, de vomissements et de sautes d’humeur. En 2017, il a assigné son club en justice avant de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, en 2019. Une plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Clermont-Ferrand a ensuite été déposée en janvier 2020. L’affaire est en cours d’instruction.
Le club de la capitale auvergnate a été visé par un second joueur, Alexandre Lapandry. En novembre 2022, il a déposé quatre plaintes contre X, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires. Selon L’Equipe, le troisième-ligne avait été autorisé à reprendre le rugby après une importante commotion survenue en octobre 2020, avant qu’une IRM ne révèle de graves lésions cérébrales. L’enquête préliminaire est en cours. Le talonneur Quentin Garcia a lui aussi attaqué son club, Chambéry. En 2019, après plusieurs commotions en cours de saison, il dispute un quart de finale de Fédérale 1. Les premières minutes du match le mettent au supplice. Vertiges, nausées… « Je me suis vu mourir », dit-il à L’Equipe. Au bout d’une vingtaine de minutes, ses entraîneurs consentent enfin à le faire sortir. Il porte plainte l’année suivante pour « blessures involontaires ». Des accusations « diffamatoires », tonne le directeur général du club, Johan Colliat.
« Il y a du relâchement dans certains clubs » concernant les règles liées aux commotions, dénonce Antoine Semeria, l’avocat de Quentin Garcia, qui évoque des commotions non déclarées ou des périodes de repos non respectées. Il représente plusieurs joueurs souffrant actuellement d’importants symptômes (pertes de mémoire, dépressions, migraines) qu’ils imputent à leur pratique du rugby et aux nombreux chocs reçus lors de leur carrière.
Les avocats Nino Arnaud et Foucauld Prache défendent eux aussi les intérêts en France d’une vingtaine de joueurs, dont Quentin Garcia, mais aussi Sarah Chlagou, une joueuse contrainte de mettre un terme à sa carrière à cause des commotions, ainsi que certains des joueurs impliqués dans la procédure britannique (Steve Thompson, qui a joué à Brive, et Carl Hayman, ancien de Toulon). D’autres ne veulent pas parler de leurs difficultés dans la presse. Elles sont pourtant dramatiques. « Ce n’est pas un mec qui boite à la fin de sa carrière après s’être abîmé le genou », lance Nino Arnaud, évoquant pêle-mêle des anciens joueurs qui ne peuvent plus se concentrer que quelques heures par jour, oublient leurs enfants à l’école et, pour les cas les plus graves, voient leur « espérance de vie sérieusement compromise ».
La Fédération et la Ligue visées
« A force de répéter les commotions, il peut y avoir des lésions et des zones d’atrophie un peu partout. Et il y a un seuil critique à partir duquel le cerveau ne fonctionne plus correctement et on devient dément, avec des troubles de l’équilibre, de l’humeur… », détaille le neurochirurgien Jean Chazal.
Philippe Decq, autre neurochirurgien en pointe sur la question, est plus prudent : « Des travaux scientifiques semblent montrer que la répétition d’impacts à la tête est liée à la possible survenue d’anomalies constatées dans le cerveau des athlètes. Y a-t-il un lien formel entre ces anomalies et la survenue de problèmes cliniques pouvant aller jusqu’aux maladies neurodégénératives ? C’est un pas que je ne franchirai pas aujourd’hui. » S’il considère que tout n’est pas parfait, le praticien estime que les règles visant à limiter les commotions, « jusqu’ici mal appliquées, le sont de mieux en mieux ».
Cela ne découragera pas Mᵉˢ Arnaud et Prache d’engager un bras de fer avec la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR) pour obtenir un changement de ces règles. Ils envisagent de formuler « dans les prochaines semaines » un recours au nom de leurs clients auprès de ces deux instances, préalable à la saisine du juge administratif. « Nous leur reprochons un manquement à leurs obligations d’information sur les risques liés à la pratique du rugby, et en particulier ceux liés aux commotions. Le cadre général n’est pas suffisamment structuré, rigoureux et impératif pour protéger les joueurs », insiste Nino Arnaud.
Dans un courrier transmis à la FFR et à la LNR, première étape de leur action en justice, les avocats appellent les instances à « réduire l’exposition » des joueurs aux commotions, à « contribuer à la prise en charge et à l’accompagnement des joueurs impactés » et déplorent l’absence de « suivi médical complet, indépendant et rigoureux pour les joueurs ayant subi une commotion ». Ils suggèrent de raccourcir les saisons ou de limiter les entraînements avec contacts.
Sollicitées par Le Monde, la LNR et la FFR soulignent les progrès majeurs effectués ces dernières années dans la prise en compte des commotions au sein du rugby professionnel. Une formation est obligatoire pour tous les personnels médicaux des clubs, et les règles – en particulier pour les plaquages – ont été durcies. Depuis 2012, après toute commotion suspectée ou avérée, un neurologue indépendant détermine les délais de retour au jeu. « On est le seul pays au monde à faire cela », insiste David Brauge, expert des commotions au sein du comité médical de la FFR. Concernant la détection des commotions, « on n’est jamais à 100 %, mais on s’en rapproche », assure Max Lafargue, président de la commission médicale de la LNR, qui rappelle la présence sur les terrains du Top 14, depuis 2019, de médecins indépendants, ainsi que la détection des commotions par vidéo pendant et après les matchs.
« Un problème généralisé »
Si le danger des commotions a fait son chemin ces dernières années dans le monde du rugby, la prise de conscience reste imparfaite, en particulier dans le rugby amateur. « C’est là qu’est le problème de santé publique », affirme David Brauge. D’où la volonté de médiatiser certains cas de joueurs durement touchés par les conséquences de ces graves blessures. « C’est un sujet très sensible, il y a une omerta. Or, sensibiliser et prévenir du risque est une question de santé publique », fait valoir Antoine Semeria, qui a justement créé une association, Alerte commotions, pour favoriser la prise de parole des victimes et leur prise en charge médicale. « La seule façon d’agir est de sensibiliser les gens à ce sujet. On ne peut pas faire le gendarme sur tous les terrains. On le fait sur les terrains professionnels, mais sur le “rugby des champs”, il n’y a que la formation et l’information qui peuvent avoir un effet », reconnaît le neurochirurgien Philippe Decq.
« Au niveau amateurs, c’est du grand n’importe quoi, peu de personnes sont formées sur le sujet et le joueur est livré à lui-même », regrette Antoine Semeria. La FFR tente de juguler ce problème, notamment en diffusant des vidéos de sensibilisation auprès du corps arbitral, après avoir introduit le carton bleu, qui permet à l’arbitre d’exclure un joueur sur commotion, lequel ne peut reprendre le jeu qu’après avis médical.
Cette prise de conscience se heurte toutefois à l’image d’un sport où il a été longtemps vu comme une marque de courage de rester sur le terrain après un choc et où la brutalité et le sacrifice sont glorifiés. Raphaël Ibanez, l’ancien talonneur et actuel manageur du XV de France, a mis un terme à sa carrière en 2009, après avoir subi trois K.-O. la même année. Et au cours de la préparation des Bleus avant la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), l’entraîneur du XV de France, Fabien Galthié, donnait ce conseil au nouveau venu Louis Bielle-Biarrey, 20 ans, pour récupérer des ballons dans les airs : « Zéro respect pour ton corps. C’est simple. »
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Re: Rugby et démence
Scalp a écrit:https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/08/25/au-rugby-les-commotions-cerebrales-en-proces_6186501_3242.html#xtor=AL-32280270-%5Btwitter%5D-%5Bios%5D
Au rugby, les commotions cérébrales en procès
Par Martin Untersinger
Enquête : Alors que se profile la Coupe du monde de rugby, d’anciens professionnels multiplient les procédures juridiques pour dénoncer la répétition des commotions et le manque de protection des joueurs.
Ces images de la victoire en finale de la Coupe du monde de rugby de 2003, Steve Thompson les a souvent regardées. On le voit soulever la coupe Webb-Ellis sur la pelouse du stade olympique de Sydney, avec ses coéquipiers de l’équipe d’Angleterre, Jonny Wilkinson et consorts. Mais si les images restent, le souvenir de ces instants de gloire a disparu de la mémoire du joueur désormais retraité. Comme s’ils avaient été effacés. Des trous de mémoire et des absences, Steve Thompson, 45 ans, en a sans cesse. Il a confié au Guardian qu’il en vient parfois à oublier le prénom de sa femme.
La faute à une encéphalopathie traumatique chronique – le terme médical pour la démence – causée, Steve Thompson en est certain, par de multiples chocs reçus à la tête tout au long de sa riche carrière (76 sélections avec le XV de la Rose et plus de 200 matchs en club). Alors, fin 2020, l’ancien talonneur est monté en première ligne d’une action en justice menée au Royaume-Uni par d’anciens joueurs, visant World Rugby, l’instance internationale de ce sport, et les fédérations galloise et anglaise. Ils les accusent de ne pas les avoir suffisamment protégés des commotions à répétition et réclament un dédommagement financier pour faire face à leurs frais de santé. L’objectif est aussi, selon leur avocat, Rylands Garth, « de rendre le jeu plus sûr et de veiller à ce que les joueurs, anciens ou actuels, puissent bénéficier de l’aide clinique nécessaire s’ils souffrent d’une lésion cérébrale ».
Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que le rugby a commencé à prendre en compte le danger de ces chocs. World Rugby a durci les règles concernant les plaquages, qui ne doivent pas viser la tête du joueur, et surtout adopté une série de mesures, que fédérations, clubs et équipes nationales sont censés suivre. Elles imposent notamment la sortie du terrain en cas de suspicion de commotion et, lors d’une commotion avérée, une période de repos avant le retour à la compétition.
Mais, comme en atteste la procédure lancée au Royaume-Uni, un nombre croissant de joueurs considèrent ces règles insuffisantes. En juin, après une longue période de conciliation qui n’a pas abouti, le procès des institutions mondiales du rugby a débuté devant la Haute Cour de Londres. Une action collective réunit 235 joueurs, 66 et 169 professionnels. Parmi eux, outre Steve Thompson, on trouve l’ex-All Black Carl Hayman, et les anciens internationaux gallois Ryan Jones et Alix Popham. En Irlande, 3 anciens joueurs (David Corkery, Declan Fitzpatrick et Ben Marshall) ont attaqué en septembre 2022 la fédération irlandaise, World Rugby et les 4 clubs irlandais (Ulster, Leinster, Connacht et Munster) devant la Haute Cour de Dublin. Ils ont raconté à la presse les coups incessants à la tête et leurs retours sur le terrain malgré les pertes de connaissance. Et, une fois les crampons rangés, les migraines qui s’installent. « Nous sommes attristés par ces récits d’anciens joueurs et nous saluons leur courage. La santé des joueurs a toujours été et continuera d’être notre priorité absolue. Nous nous efforçons de les protéger, en agissant sur la base de preuves et de données scientifiques », confie au Monde un porte-parole de World Rugby.
Mise en danger de la vie d’autrui
Dans l’Hexagone, le premier rugbyman à s’être retourné contre son club s’appelle Jamie Cudmore. Au printemps 2015, le deuxième-ligne canadien de Clermont subit des chocs à la tête lors de matchs de Coupe d’Europe. Ces coups auraient dû, selon lui, conduire à sa sortie du terrain. Il dispute pourtant ces rencontres, sur l’insistance, dit-il, de son club. Il se plaint ensuite de migraines, de vertiges, de vomissements et de sautes d’humeur. En 2017, il a assigné son club en justice avant de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, en 2019. Une plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Clermont-Ferrand a ensuite été déposée en janvier 2020. L’affaire est en cours d’instruction.
Le club de la capitale auvergnate a été visé par un second joueur, Alexandre Lapandry. En novembre 2022, il a déposé quatre plaintes contre X, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires. Selon L’Equipe, le troisième-ligne avait été autorisé à reprendre le rugby après une importante commotion survenue en octobre 2020, avant qu’une IRM ne révèle de graves lésions cérébrales. L’enquête préliminaire est en cours. Le talonneur Quentin Garcia a lui aussi attaqué son club, Chambéry. En 2019, après plusieurs commotions en cours de saison, il dispute un quart de finale de Fédérale 1. Les premières minutes du match le mettent au supplice. Vertiges, nausées… « Je me suis vu mourir », dit-il à L’Equipe. Au bout d’une vingtaine de minutes, ses entraîneurs consentent enfin à le faire sortir. Il porte plainte l’année suivante pour « blessures involontaires ». Des accusations « diffamatoires », tonne le directeur général du club, Johan Colliat.
« Il y a du relâchement dans certains clubs » concernant les règles liées aux commotions, dénonce Antoine Semeria, l’avocat de Quentin Garcia, qui évoque des commotions non déclarées ou des périodes de repos non respectées. Il représente plusieurs joueurs souffrant actuellement d’importants symptômes (pertes de mémoire, dépressions, migraines) qu’ils imputent à leur pratique du rugby et aux nombreux chocs reçus lors de leur carrière.
Les avocats Nino Arnaud et Foucauld Prache défendent eux aussi les intérêts en France d’une vingtaine de joueurs, dont Quentin Garcia, mais aussi Sarah Chlagou, une joueuse contrainte de mettre un terme à sa carrière à cause des commotions, ainsi que certains des joueurs impliqués dans la procédure britannique (Steve Thompson, qui a joué à Brive, et Carl Hayman, ancien de Toulon). D’autres ne veulent pas parler de leurs difficultés dans la presse. Elles sont pourtant dramatiques. « Ce n’est pas un mec qui boite à la fin de sa carrière après s’être abîmé le genou », lance Nino Arnaud, évoquant pêle-mêle des anciens joueurs qui ne peuvent plus se concentrer que quelques heures par jour, oublient leurs enfants à l’école et, pour les cas les plus graves, voient leur « espérance de vie sérieusement compromise ».
La Fédération et la Ligue visées
« A force de répéter les commotions, il peut y avoir des lésions et des zones d’atrophie un peu partout. Et il y a un seuil critique à partir duquel le cerveau ne fonctionne plus correctement et on devient dément, avec des troubles de l’équilibre, de l’humeur… », détaille le neurochirurgien Jean Chazal.
Philippe Decq, autre neurochirurgien en pointe sur la question, est plus prudent : « Des travaux scientifiques semblent montrer que la répétition d’impacts à la tête est liée à la possible survenue d’anomalies constatées dans le cerveau des athlètes. Y a-t-il un lien formel entre ces anomalies et la survenue de problèmes cliniques pouvant aller jusqu’aux maladies neurodégénératives ? C’est un pas que je ne franchirai pas aujourd’hui. » S’il considère que tout n’est pas parfait, le praticien estime que les règles visant à limiter les commotions, « jusqu’ici mal appliquées, le sont de mieux en mieux ».
Cela ne découragera pas Mᵉˢ Arnaud et Prache d’engager un bras de fer avec la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR) pour obtenir un changement de ces règles. Ils envisagent de formuler « dans les prochaines semaines » un recours au nom de leurs clients auprès de ces deux instances, préalable à la saisine du juge administratif. « Nous leur reprochons un manquement à leurs obligations d’information sur les risques liés à la pratique du rugby, et en particulier ceux liés aux commotions. Le cadre général n’est pas suffisamment structuré, rigoureux et impératif pour protéger les joueurs », insiste Nino Arnaud.
Dans un courrier transmis à la FFR et à la LNR, première étape de leur action en justice, les avocats appellent les instances à « réduire l’exposition » des joueurs aux commotions, à « contribuer à la prise en charge et à l’accompagnement des joueurs impactés » et déplorent l’absence de « suivi médical complet, indépendant et rigoureux pour les joueurs ayant subi une commotion ». Ils suggèrent de raccourcir les saisons ou de limiter les entraînements avec contacts.
Sollicitées par Le Monde, la LNR et la FFR soulignent les progrès majeurs effectués ces dernières années dans la prise en compte des commotions au sein du rugby professionnel. Une formation est obligatoire pour tous les personnels médicaux des clubs, et les règles – en particulier pour les plaquages – ont été durcies. Depuis 2012, après toute commotion suspectée ou avérée, un neurologue indépendant détermine les délais de retour au jeu. « On est le seul pays au monde à faire cela », insiste David Brauge, expert des commotions au sein du comité médical de la FFR. Concernant la détection des commotions, « on n’est jamais à 100 %, mais on s’en rapproche », assure Max Lafargue, président de la commission médicale de la LNR, qui rappelle la présence sur les terrains du Top 14, depuis 2019, de médecins indépendants, ainsi que la détection des commotions par vidéo pendant et après les matchs.
« Un problème généralisé »
Si le danger des commotions a fait son chemin ces dernières années dans le monde du rugby, la prise de conscience reste imparfaite, en particulier dans le rugby amateur. « C’est là qu’est le problème de santé publique », affirme David Brauge. D’où la volonté de médiatiser certains cas de joueurs durement touchés par les conséquences de ces graves blessures. « C’est un sujet très sensible, il y a une omerta. Or, sensibiliser et prévenir du risque est une question de santé publique », fait valoir Antoine Semeria, qui a justement créé une association, Alerte commotions, pour favoriser la prise de parole des victimes et leur prise en charge médicale. « La seule façon d’agir est de sensibiliser les gens à ce sujet. On ne peut pas faire le gendarme sur tous les terrains. On le fait sur les terrains professionnels, mais sur le “rugby des champs”, il n’y a que la formation et l’information qui peuvent avoir un effet », reconnaît le neurochirurgien Philippe Decq.
« Au niveau amateurs, c’est du grand n’importe quoi, peu de personnes sont formées sur le sujet et le joueur est livré à lui-même », regrette Antoine Semeria. La FFR tente de juguler ce problème, notamment en diffusant des vidéos de sensibilisation auprès du corps arbitral, après avoir introduit le carton bleu, qui permet à l’arbitre d’exclure un joueur sur commotion, lequel ne peut reprendre le jeu qu’après avis médical.
Cette prise de conscience se heurte toutefois à l’image d’un sport où il a été longtemps vu comme une marque de courage de rester sur le terrain après un choc et où la brutalité et le sacrifice sont glorifiés. Raphaël Ibanez, l’ancien talonneur et actuel manageur du XV de France, a mis un terme à sa carrière en 2009, après avoir subi trois K.-O. la même année. Et au cours de la préparation des Bleus avant la Coupe du monde (8 septembre-28 octobre), l’entraîneur du XV de France, Fabien Galthié, donnait ce conseil au nouveau venu Louis Bielle-Biarrey, 20 ans, pour récupérer des ballons dans les airs : « Zéro respect pour ton corps. C’est simple. »
La phrase de conclusion est une belle pierre bien posée dans le jardin de FG.
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Re: Rugby et démence
Tothor a écrit:Scalp a écrit:https://www.lemonde.fr/sport/article/2023/08/25/au-rugby-les-commotions-cerebrales-en-proces_6186501_3242.html#xtor=AL-32280270-%5Btwitter%5D-%5Bios%5D
Au rugby, les commotions cérébrales en procès
Par Martin Untersinger
Enquête : Alors que se profile la Coupe du monde de rugby, d’anciens professionnels multiplient les procédures juridiques pour dénoncer la répétition des commotions et le manque de protection des joueurs.
Ces images de la victoire en finale de la Coupe du monde de rugby de 2003, Steve Thompson les a souvent regardées. On le voit soulever la coupe Webb-Ellis sur la pelouse du stade olympique de Sydney, avec ses coéquipiers de l’équipe d’Angleterre, Jonny Wilkinson et consorts. Mais si les images restent, le souvenir de ces instants de gloire a disparu de la mémoire du joueur désormais retraité. Comme s’ils avaient été effacés. Des trous de mémoire et des absences, Steve Thompson, 45 ans, en a sans cesse. Il a confié au Guardian qu’il en vient parfois à oublier le prénom de sa femme.
La faute à une encéphalopathie traumatique chronique – le terme médical pour la démence – causée, Steve Thompson en est certain, par de multiples chocs reçus à la tête tout au long de sa riche carrière (76 sélections avec le XV de la Rose et plus de 200 matchs en club). Alors, fin 2020, l’ancien talonneur est monté en première ligne d’une action en justice menée au Royaume-Uni par d’anciens joueurs, visant World Rugby, l’instance internationale de ce sport, et les fédérations galloise et anglaise. Ils les accusent de ne pas les avoir suffisamment protégés des commotions à répétition et réclament un dédommagement financier pour faire face à leurs frais de santé. L’objectif est aussi, selon leur avocat, Rylands Garth, « de rendre le jeu plus sûr et de veiller à ce que les joueurs, anciens ou actuels, puissent bénéficier de l’aide clinique nécessaire s’ils souffrent d’une lésion cérébrale ».
Cela fait maintenant plus d’une dizaine d’années que le rugby a commencé à prendre en compte le danger de ces chocs. World Rugby a durci les règles concernant les plaquages, qui ne doivent pas viser la tête du joueur, et surtout adopté une série de mesures, que fédérations, clubs et équipes nationales sont censés suivre. Elles imposent notamment la sortie du terrain en cas de suspicion de commotion et, lors d’une commotion avérée, une période de repos avant le retour à la compétition.
Mais, comme en atteste la procédure lancée au Royaume-Uni, un nombre croissant de joueurs considèrent ces règles insuffisantes. En juin, après une longue période de conciliation qui n’a pas abouti, le procès des institutions mondiales du rugby a débuté devant la Haute Cour de Londres. Une action collective réunit 235 joueurs, 66 et 169 professionnels. Parmi eux, outre Steve Thompson, on trouve l’ex-All Black Carl Hayman, et les anciens internationaux gallois Ryan Jones et Alix Popham. En Irlande, 3 anciens joueurs (David Corkery, Declan Fitzpatrick et Ben Marshall) ont attaqué en septembre 2022 la fédération irlandaise, World Rugby et les 4 clubs irlandais (Ulster, Leinster, Connacht et Munster) devant la Haute Cour de Dublin. Ils ont raconté à la presse les coups incessants à la tête et leurs retours sur le terrain malgré les pertes de connaissance. Et, une fois les crampons rangés, les migraines qui s’installent. « Nous sommes attristés par ces récits d’anciens joueurs et nous saluons leur courage. La santé des joueurs a toujours été et continuera d’être notre priorité absolue. Nous nous efforçons de les protéger, en agissant sur la base de preuves et de données scientifiques », confie au Monde un porte-parole de World Rugby.
Mise en danger de la vie d’autrui
Dans l’Hexagone, le premier rugbyman à s’être retourné contre son club s’appelle Jamie Cudmore. Au printemps 2015, le deuxième-ligne canadien de Clermont subit des chocs à la tête lors de matchs de Coupe d’Europe. Ces coups auraient dû, selon lui, conduire à sa sortie du terrain. Il dispute pourtant ces rencontres, sur l’insistance, dit-il, de son club. Il se plaint ensuite de migraines, de vertiges, de vomissements et de sautes d’humeur. En 2017, il a assigné son club en justice avant de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui, en 2019. Une plainte auprès du doyen des juges d’instruction de Clermont-Ferrand a ensuite été déposée en janvier 2020. L’affaire est en cours d’instruction.
Le club de la capitale auvergnate a été visé par un second joueur, Alexandre Lapandry. En novembre 2022, il a déposé quatre plaintes contre X, notamment pour mise en danger de la vie d’autrui et blessures involontaires. Selon L’Equipe, le troisième-ligne avait été autorisé à reprendre le rugby après une importante commotion survenue en octobre 2020, avant qu’une IRM ne révèle de graves lésions cérébrales. L’enquête préliminaire est en cours. Le talonneur Quentin Garcia a lui aussi attaqué son club, Chambéry. En 2019, après plusieurs commotions en cours de saison, il dispute un quart de finale de Fédérale 1. Les premières minutes du match le mettent au supplice. Vertiges, nausées… « Je me suis vu mourir », dit-il à L’Equipe. Au bout d’une vingtaine de minutes, ses entraîneurs consentent enfin à le faire sortir. Il porte plainte l’année suivante pour « blessures involontaires ». Des accusations « diffamatoires », tonne le directeur général du club, Johan Colliat.
« Il y a du relâchement dans certains clubs » concernant les règles liées aux commotions, dénonce Antoine Semeria, l’avocat de Quentin Garcia, qui évoque des commotions non déclarées ou des périodes de repos non respectées. Il représente plusieurs joueurs souffrant actuellement d’importants symptômes (pertes de mémoire, dépressions, migraines) qu’ils imputent à leur pratique du rugby et aux nombreux chocs reçus lors de leur carrière.
Les avocats Nino Arnaud et Foucauld Prache défendent eux aussi les intérêts en France d’une vingtaine de joueurs, dont Quentin Garcia, mais aussi Sarah Chlagou, une joueuse contrainte de mettre un terme à sa carrière à cause des commotions, ainsi que certains des joueurs impliqués dans la procédure britannique (Steve Thompson, qui a joué à Brive, et Carl Hayman, ancien de Toulon). D’autres ne veulent pas parler de leurs difficultés dans la presse. Elles sont pourtant dramatiques. « Ce n’est pas un mec qui boite à la fin de sa carrière après s’être abîmé le genou », lance Nino Arnaud, évoquant pêle-mêle des anciens joueurs qui ne peuvent plus se concentrer que quelques heures par jour, oublient leurs enfants à l’école et, pour les cas les plus graves, voient leur « espérance de vie sérieusement compromise ».
La Fédération et la Ligue visées
« A force de répéter les commotions, il peut y avoir des lésions et des zones d’atrophie un peu partout. Et il y a un seuil critique à partir duquel le cerveau ne fonctionne plus correctement et on devient dément, avec des troubles de l’équilibre, de l’humeur… », détaille le neurochirurgien Jean Chazal.
Philippe Decq, autre neurochirurgien en pointe sur la question, est plus prudent : « Des travaux scientifiques semblent montrer que la répétition d’impacts à la tête est liée à la possible survenue d’anomalies constatées dans le cerveau des athlètes. Y a-t-il un lien formel entre ces anomalies et la survenue de problèmes cliniques pouvant aller jusqu’aux maladies neurodégénératives ? C’est un pas que je ne franchirai pas aujourd’hui. » S’il considère que tout n’est pas parfait, le praticien estime que les règles visant à limiter les commotions, « jusqu’ici mal appliquées, le sont de mieux en mieux ».
Cela ne découragera pas Mᵉˢ Arnaud et Prache d’engager un bras de fer avec la Fédération française de rugby (FFR) et la Ligue nationale de rugby (LNR) pour obtenir un changement de ces règles. Ils envisagent de formuler « dans les prochaines semaines » un recours au nom de leurs clients auprès de ces deux instances, préalable à la saisine du juge administratif. « Nous leur reprochons un manquement à leurs obligations d’information sur les risques liés à la pratique du rugby, et en particulier ceux liés aux commotions. Le cadre général n’est pas suffisamment structuré, rigoureux et impératif pour protéger les joueurs », insiste Nino Arnaud.
Dans un courrier transmis à la FFR et à la LNR, première étape de leur action en justice, les avocats appellent les instances à « réduire l’exposition » des joueurs aux commotions, à « contribuer à la prise en charge et à l’accompagnement des joueurs impactés » et déplorent l’absence de « suivi médical complet, indépendant et rigoureux pour les joueurs ayant subi une commotion ». Ils suggèrent de raccourcir les saisons ou de limiter les entraînements avec contacts.
Sollicitées par Le Monde, la LNR et la FFR soulignent les progrès majeurs effectués ces dernières années dans la prise en compte des commotions au sein du rugby professionnel. Une formation est obligatoire pour tous les personnels médicaux des clubs, et les règles – en particulier pour les plaquages – ont été durcies. Depuis 2012, après toute commotion suspectée ou avérée, un neurologue indépendant détermine les délais de retour au jeu. « On est le seul pays au monde à faire cela », insiste David Brauge, expert des commotions au sein du comité médical de la FFR. Concernant la détection des commotions, « on n’est jamais à 100 %, mais on s’en rapproche », assure Max Lafargue, président de la commission médicale de la LNR, qui rappelle la présence sur les terrains du Top 14, depuis 2019, de médecins indépendants, ainsi que la détection des commotions par vidéo pendant et après les matchs.
« Un problème généralisé »
Si le danger des commotions a fait son chemin ces dernières années dans le monde du rugby, la prise de conscience reste imparfaite, en particulier dans le rugby amateur. « C’est là qu’est le problème de santé publique », affirme David Brauge. D’où la volonté de médiatiser certains cas de joueurs durement touchés par les conséquences de ces graves blessures. « C’est un sujet très sensible, il y a une omerta. Or, sensibiliser et prévenir du risque est une question de santé publique », fait valoir Antoine Semeria, qui a justement créé une association, Alerte commotions, pour favoriser la prise de parole des victimes et leur prise en charge médicale. « La seule façon d’agir est de sensibiliser les gens à ce sujet. On ne peut pas faire le gendarme sur tous les terrains. On le fait sur les terrains professionnels, mais sur le “rugby des champs”, il n’y a que la formation et l’information qui peuvent avoir un effet », reconnaît le neurochirurgien Philippe Decq.
« Au niveau amateurs, c’est du grand n’importe quoi, peu de personnes sont formées sur le sujet et le joueur est livré à lui-même », regrette Antoine Semeria. La FFR tente de juguler ce problème, notamment en diffusant des vidéos de sensibilisation auprès du corps arbitral, après avoir introduit le carton bleu, qui permet à l’arbitre d’exclure un joueur sur commotion, lequel ne peut reprendre le jeu qu’après avis médical.
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Ça reléve preque du sacrifice pour la patrie..., on doit bien avoir conscience que le sport qu'on aime est particuliérement dangereux et traumatisant, car sans parler des comotions cérébrales, les anciens Rugyman souffrent de milles mots, articulations, vertébres, ou autre blessures qu'ils vont de trainer tout le reste de leur vie.
Si on ne veut pas continuer à transformer les joueurs en gladiateurs, il faut vite adopter certaines régles, comme le plaquage en dessous de la ligne des tétons, qui limtera considérablement les commotions cérébrales et favorisera le jeu. La nouvelle régles qui a fait que Palu à pris un rouge va dans bon sens, mais il faut encore surement trouver des solutions dans les zones de rucks, ou on voit toujours des gestes particuliérement dangereux...
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Re: Rugby et démence
https://www.ladepeche.fr/2023/09/29/antoine-dupont-quest-ce-que-le-protocole-hia3-examen-decisif-pour-valider-le-retour-en-coupe-du-monde-de-rugby-du-capitaine-des-bleus-11485686.php
https://www.ouest-france.fr/sport/face-au-fleau-des-commotions-dans-le-sport-lassociation-alerte-commotions-veut-agir-5abeea5e-5bb1-11ee-aaf2-4f45a6c10f18?utm_source=filinfo-livefoot&utm_medium=fluxrss&utm_campaign=banquedecontenu
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Re: Rugby et démence
Chaque année supplémentaire passée à jouer au rugby augmente le risque de lésions au cerveau
https://www.lequipe.fr/Rugby/Actualites/Chaque-annee-supplementaire-passee-a-jouer-au-rugby-augmente-le-risque-de-lesions-au-cerveau/1427242
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